Introduction
Une partie des textes présentés ici se retrouve sur un des autres sites du même auteur, en l'occurence le Site des Voyages en Inde. Il est, en tout cas, vivement conseillé de lire la totalité de cette introduction avant de se lancer dans la visite de ce site des Dieux et Déesses de l'hindouisme, manière de "se mettre dans le bain".
Quelques notions sur l'Hindouisme
L'Hindouisme concerne 79.9% de la population de l'inde. Les 20% restants se partagent entre les Musulmans (14.2%), les Chrétiens (2.3%), les Sikhs
(1.7%), les Bouddhistes, les Jains et les autres religions. Ces chiffres se rapportent au recensement de 2011.
On peut penser que la distribution actuelle n'est pas très différente.
Le dharma
Le mot Hindouisme n'est pas d'origine indienne mais, forgé par les européens, il dérive du terme Sindhu, c'est à dire la partie
ouest de la péninsule indienne. L'Hindouisme est désigné en Inde comme Sanathama Dharma, la Loi
Eternelle et Naturelle, l'ordre naturel du monde. La notion de divinité n'est pas forcément incluse dans cette définition.
La place et le rôle de l'homme dans le monde sont censés devoir se conformer à cet ordre naturel. Ainsi, chacun doit-il suivre son dharma
propre (swadharma). S'écarter de cette ligne de conduite amène au désordre et au chaos social.
Le karma
Un autre concept gouverne la vie de tous les Hindous : c'est le
karma
Les approches principales de l'hindouisme
Les trois grandes religions monothéistes que sont le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam ont toutes ont
pris naissance au Moyen-Orient dans la même aire culturelle. Chacune d'elles pense posséder
la Vérité : Dieu est Un et Il a créé l'homme. Deux d'entre elles, intolérantes et
prosélytes (mais intolérance et
prosélytisme ne sont-ils pas les deux faces d'une même pièce de monnaie ?), ont essaimé dans le monde entier par la violence. La
troisième s'est repliée sur elle-même, confinée au groupe ethnique où elle a vu le jour.
Le sous-continent indien a, pour sa part, développé depuis au moins quatre millénaires un ensemble
de croyances autochtones qui se suffisent
à elles-mêmes et ne cherchent nullement à convertir les autres peuples. Les invasions musulmanes dès
le début du premier millénaire
puis chrétiennes à partir de la fin du 15ème siècle, ont tenté par la persuasion et la guerre d'extirper l'Hindouisme de l'Inde. Ce processus
de déculturation s'est poursuivi pendant près d'un millénaire avec un succès mitigé. Les Hindous sont encore 82% en Inde, ce
qui atteste de l'extrême solidité de leur système culturel et religieux.
A y regarder superficiellement, l'Hindouisme apparaît comme un ensemble de croyances accumulées de bric et de broc au fil des siècles.
Cette apparence d'imbroglio et parfois de contradictions fait typiquement partie du génie indien qui englobe mais n'exclut pas. Pour un Hindou, les voies
d'accès au divin sont multiples et toutes sont acceptables. On ne peut pas trouver position plus tolérante
et moins dogmatique.
La question centrale n'est pas l'existence ou l'inexistence de Dieu. La longue histoire de cette religion, mais
n'est-ce qu'une religion ?, a vu se développer des approches différentes du fait religieux.
Le Samkhya
Le Sâmkhya
Le Vedanta
L'Advaita Vedanta
Le Yoga
Dans le Yoga, on voit apparaître la notion d'un Dieu,
Ishvara
Le but du Yoga est énoncé de façon concise par Patañjali, dont les Yoga
Sutra (Aphorismes du Yoga) furent écrits au début de notre ère, comme suit :
"Yoga Chitta Vritti Nirodha" qui signifie "Le Yoga est la cessation de
l'activité du mental". C'est l'agitation du mental
sous l'effet permanent des désirs et des craintes, des projections et des sensations, qui empêche l'homme
d'accéder à sa nature
réelle. Tel qu'il est exposé, le but du Yoga semble simple à atteindre. Il n'en est rien et
une seule vie n'y suffit pas. La mise en œuvre d'un
ensemble de techniques sous la conduite d'un maître spirituel qualifié (guru) est requise.
Le Yoga se subdivise en un grand nombre de branches qui se complètent : Raja Yoga, Hatha Yoga, Kriya Yoga,
Jñana Yoga, Karma Yoga, Bhakti Yoga, etc.
Le Bhakti Yoga, ou voie de la dévotion demande l'abandon à la
volonté divine. Par la prise de conscience de la présence divine en toutes choses, le Bhakti Yoga
élargit le champ de conscience du pratiquant jusquà sa Fusion finale dans la Conscience Divine.
Le Karma Yoga, ou voie de l'action, développe l'action désintéressée.
Toutes les actions doivent être accomplies sans en attendre de résultat, et encore moins de valorisation personnelle.
Le Jñana Yoga est la voie de la connaissance. Elle requiert une extrême discipline
psycho-mentale. Par l'étude des textes sacrés et une discrimination permanente, le pratiquant fait passer
dans son propre être l'essence de la Sagesse.
Le Hatha Yoga, ou voie de l'effort, est la voie la plus connue en Occident où ce Yoga est
surtout pratiqué pour ses effets bénéfiques sur le corps et l'équilibre psychique. Mais le Hatha
Yoga, dans la perspective traditionnelle, est beaucoup plus exigeant.
Samkhya, Vedanta, Yoga, ainsi que trois autres voies moins connues, constituent les six méthodes par
lesquelles l'homme peut se rapprocher du divin. Aucune
de ces voies n'est exclusive. Ce sont les six darshana (darshana = points de vue) qui
permettent à l'homme de se libérer de son conditionnement ordinaire.
Telles que très sommairement décrites ci-dessus, les voies de l'Hindouisme peuvent apparaître
terriblement abstraites. Mais le Samkhya est avant tout une philosophie de la conception du Monde : il ne mène pas
à des cultes. Le cas du Vedanta et, singulièrement, de l'Advaïta Vedanta, la branche la plus connue,
magistralement synthétisée au 8ème siècle par Sri Shankaracharya, est plus ambigu.
Admettant que ces concepts sont difficiles d'accès à la majorité des gens et qu'ainsi, il ne
peut satisfaire leurs aspirations spirituelles, Sri Shankaracharya admit et recommanda même l'adoration des Dieux, alors
même que l'Advaïta Vedanta postule leur Non-substantialité. En revanche, dans les voies plus
expérimentales du Yoga, l'adoration des Dieux trouve aisément sa place et rejoint ainsi
l'Hindouisme populaire.
Les Dieux
L'Hindouisme populaire est extrêmement profus. Il vénère et honore une multitude Dieux. Dans les
temps anciens de la période Védique, il y a de cela 3000 à 4000 ans, l'homme adorait les divinités
représentant les forces naturelles comme Indra, Roi des Dieux et Dieu de l'Orage,
Varuna
La manière dont les rapports entre les hommes et les Dieux ont évolué est difficile à
retracer. Dans les Upanishad
De nos jours, on a coutume de dire que l'Hindouisme comporte trois Dieux principaux
L'ensemble de ces trois grands Dieux est désigné sous le nom de Trimûrti
Vishnu est surtout connu à travers les multiples mythes qui content les exploits de ses avatâra. On
dénombre neuf avatara majeurs, le 10ème restant à venir à la fin de notre cycle actuel, le
Kali Yuga
Vishnu est vénéré sous sa forme non-manifestée. Dans les temples, Il est
représenté debout, dans une posture
statique. Il porte une haute coiffe et, dans deux de ses mains, Il porte les emblèmes de la roue (chakra
En réalité, seuls Râma et Krishna sont très largement vénérés par la population et Narasimha dans une moindre
mesure.
L'épopée de Râma est contée dans le Râmâyana, celle de Krishna dans le
Mahâbhârata
Shiva est le dieu vénéré par les Yogis car la discipline spirituelle suivie par ces chercheurs
de Vérité vise leur
transformation profonde. Les temples de Shiva sont multiples et l'on y adore le Lingam
La visite des temples montre que les trois Dieux cités sont vénérés sous des formes
différentes ayant chacune un nom particulier.
Chacun des avatara majeurs de Vishnu peut avoir son propre temple. Les formes de Shiva sont innombrables et les
statues (mûrti), honorées sous leur forme propre, se rapportent chacune à une légende
spécifique. Chaque Lingam de Shiva porte un nom particulier.
Les Déesses
Shiva ainsi que Vishnu représentent le pôle masculin de la divinité. Leur pôle
féminin (parèdre ou
Shakti
L'épouse de Shiva est Parvatî
La parèdre du Dieu Vishnu est la déesse Lakshmî La parèdre du Dieu Brahmâ est la Déesse Sarasvatî Autres divinités
Hormis les trois grands Dieux et leurs épouses, l'Hindouisme voue des cultes à de nombreuses autres
divinités au premier rang desquels
on citera Ganesh Parmi les divinités védiques très anciennes au nombre symbolique de 33, on accorde encore des
cultes de nos jours à
Agni le Feu Sacrificiel, et localement Sûrya
On n'oubliera pas de citer le culte des Neuf Planètes (Navagrahâ
L'Ishta Devata
Chaque Hindou, suivant ses affinités personnelles, est libre d'adorer la divinité de son choix,
son Ishta Devata.
Il lui rend un culte personnel (pûjâ) dans l'intimité de son foyer ou il va l'honorer dans les
temples qui lui sont dédiés. Un adorateur de
Shiva est un Shaiva (Shivaïte), un adorateur de Vishnu est un Vaishnava (Vishnuïte). Il existe ainsi des
adorateurs de Krishna, de Râma, de
Durgâ, de Kâlî, de Parvatî, de Ganesh, d'Hanuman, etc. Chacun se réclame d'une secte
donnée qui regroupe de façon
informelle tous les adorateurs du même Dieu. Le terme de secte ne comporte en Inde aucune connotation
péjorative.
De plus, bien qu'un adorateur d'un Dieu considère tout naturellement son Ishta Devata comme le Dieu
Suprême, supérieur à
tous les autres et pourvu de tous les superlatifs, cela ne l'empêche pas pour autant de se rendre dans
d'autres temples pour honorer les autres divinités.
Un Shivaïte ira dans un temple de Krishna pour l'honorer; de même un Vishnuïte honorera le Lingam
de Shiva. L'un comme l'autre prieront Ganesh en
premier, car c'est l'Intercesseur le plus familier.
Les temples et les cultes
Les temples sont les demeures des Dieux. Dans le sanctuaire intérieur le plus sacré
(garbhagriha
Aller au temple ne fait pas partie des obligations religieuses mais tout Hindou s'y rend cependant
régulièrement, certains chaque jour, pour obtenir
le darshan
Les prêtres, presque toujours de la caste des Brahmanes, assurent le service de la divinité
tout au long de la journée. Tôt le matin,
celle-ci est éveillée, lavée, ointe, habillée, nourrie. A divers moments de la
journée sont accomplis des rituels (pûjâ
Toute personne fortunée est libre de faire bâtir un temple à la gloire du Dieu de son choix et
d'appointer des prêtres Brahmanes pour
y assurer le culte. On citera, par exemple, les temples dédiés à Laxmi Narayana (une forme de Vishnu) que l'industriel Birla a fait ériger
dans des villes comme Delhi, Jaipur, Hyderabad, Bhopal, ...
Certains temples sont particulièrement fameux car très sacrés et ils attirent d'énormes
foules en pèlerinage. Les Indiens
aiment citer le temple de Sri Venkateshvar (une forme de Vishnu) à Tirupati-Tirumalai (Andhra Pradesh) qui
serait la deuxième puissance
financière religieuse du monde après le Vatican. Des dizaines de millions de personnes s'y rendent
chaque année.
Les grands temples nourrissent quotidiennement des milliers d'indigents et créent diverses oeuvres
caritatives : hôpitaux, écoles, etc.
Quelques éléments sur le symbolisme des Dieux
Les représentations des Dieux ne sont pas le fruit d'un hasard ou de l'imagination des artistes. Chaque
divinité est caractérisée par diverses légendes qui rapportent ses exploits. L'origine de
ces légendes se perd dans la nuit des temps. Sont-elles le reflet de visions inspirées qu'ont pu
avoir des Sages et des Méditants ? Rapportent-elles des faits historiques plus ou moins déformés
comme l'on pense être le cas pour les évènements des grandes épopées du
Mahâbhârata et du Râmâyana ? Quoiqu'il en soit, les Dieux se retrouvent définis
par un ensemble d'informations qui, à leur tour, orientent l'inspiration des artistes chargés de les
représenter dans la pierre. Depuis des siècles, les formes divines statufiées se doivent
d'obéir à des règles iconographiques tout à fait précises. Le nombre de bras, les
emblèmes ou armes tenus dans les mains, la position des mains et les gestes des doigts (mudrâ
Par exemple, Nandi
Les Dieux ont quatre bras, voire plus. C'est d'ailleurs leur caractéristique la plus voyante pour le voyageur
néophyte. De même, ne sourient-ils jamais (bien que selon les légendes, ils puissent être
satisfaits des sacrifices et offrandes qui leur sont prodigués ou, au contraire, courroucés si on
dédaigne de les honorer), et leur présence
parmi nous serait immédiatement détectable car Ils n'ont pas d'ombre !!
Que sont les Dieux ?
Ce court aperçu sur les divinités de l'Hindouisme amène à préciser les points
suivants :
Les pèlerinages
Se rendre en pèlerinage (yatra) dans un lieu saint fait partie des projets
de vie de tout Hindou, qu'il soit pauvre ou
riche. L'inconfort, la difficulté physique qu'exigent certains pèlerinages sont considérés
normaux pour que ceux-ci prennent toute leur signification : surpasser sa condition quotidienne en accomplissant un acte
religieux. L'Inde est en permanence sillonnée par des millions de personnes
qui se rendent à pied, en bus ou en train vers un site sacré. Dans l'univers Hindou, de nombreux lieux
sont sacrés et en particulier les sept
fleuves ou rivières principaux : le Gange (Gangâ Tous les douze ans, et à tour de rôle, d'immenses pèlerinages, les Kumbh
Mela, rassemblent des foules
inimaginables. On attend ainsi 50 millions de personnes à la Kumbh Mela d'Allahabad en janvier 2007.
Les rituels de la vie (samskara)
La vie d'un Hindou est jalonnée par des rituels (samskara) qui marquent
les différentes étapes de
l'existence. Traditionnellement au nombre de seize chez les Brahmanes orthodoxes, beaucoup d'entre eux sont
désormais optionnels.
Ce ne sont pas les mêmes prêtres qui assurent les rites familiaux, les prêtres qui accomplissent
les rituels plus complexes des temples ou qui
assistent les familles pour les rituels des crémations. Ces derniers, en particulier, sont entachés
d'impuretés qui les contraignent à
des rituels de purification exigeants.
Les périodes de la vie (ashrama)
Une autre notion traditionnelle divise la vie de l'Hindou en quatre périodes, les
ashrama :
Ce schéma traditionnel modèle encore la pensée hindoue mais pour de multiples raisons, les
entorses sont nombreuses. La plus commune
a trait au passage du grihastha au vanaprashta. Dans la plupart des cas, le père au sommet de son pouvoir ne
délègue pas à ses
enfants qui, bien qu'adultes et compétents, restent sous sa férule.
Il arrive également que des jeunes gens, éprouvant un attrait irrésistible pour la vie spirituelle sous la conduite d'un guru
éclairé, choisissent de prendre le sannyas et renoncent ainsi à toute vie sociale.
La recherche spirituelle
Le Samsara La Réalité est Une, permanente et intemporelle. Pour l'expérimenter, il faut se libérer
des conditionnements ordinaires qui nous
façonnent. Cette Libération, Moksha
C'est un processus extrêmement long et difficile qui requiert des vies d'apprentissage. Ceux qui
expérimentent Moksha au cours de leur vie sont appelés des Jivan Mukta (Libérés Vivants) et
atteignent ainsi un état permanent de Félicité que l'on nomme
Samadhi. Dans son livre "Le jeu de la Conscience", Swami Muktananda a raconté cette expérience
exceptionnelle.
Les Upanishads Dans notre vie de tous les jours, nous nous identifions constamment à nos expériences et à
nos sensations : "Moi, je..". C’est l'ego qui est l'acteur de ces identifications. L'Hindouisme apprend que l'ego,
ahamkara Ces désirs et ces peurs sont l'expression actualisée des
empreintes (samskara) laissées par les
karma passés. Dans les pratiques les plus élémentaires de yoga, pendant une relaxation, le corps
entièrement au repos, l'élève est invité à se poser la question :"Suis-je ce corps ?"
et la réponse est forcément "non". Ainsi commence le processus de désidentification qui un jour
mènera à Moksha.
Un contresens demeure cependant parfois répandu dans l'esprit des Occidentaux qui ont des idées
préconçues sur les approches spirituelles "orientales" (le Bouddhisme est également
concerné). Si l'on est libéré de la joie et du chagrin, du plaisir et de
la douleur, etc. comment peut-on être vivant ? Cet état, s'il existe, doit être bien morose
(d'où l'accusation de nihilisme dont le Bouddhisme a été affublé pendant bien longtemps...).
Mais ceux qui témoignent de cette expérience de Moksha rapportent qu'il n'est pas de plus grande
Félicité. Les perceptions et la conscience se dilatent sans limites. Tous les êtres sont vus,
sentis comme équivalents et chacun renferme la présence de Dieu.
Les Grands Etres ne manquent pas pour témoigner de cette Réalité Suprême : Ramakrishna,
Ma Ananda Moyi, etc.
Un sannyasin est quelqu'un qui consacre sa vie à la recherche spirituelle. La recherche spirituelle n'est pas
une vague aspiration vers Dieu. Elle requiert un engagement total et constant, une autodiscipline sans faille et un
dévouement et une confiance sans limites envers le maître choisi. Pour le disciple (sheshya), le
maître (guru, prononcer gourou) représente Dieu. L'apprenti disciple demande au maître de l'accepter
mais celui-ci est libre de donner ou non son accord. En tout état de cause, une longue période
probatoire, souvent dans l'ashram (ermitage) du guru, testera la solidité de
l'engagement de l'apprenti disciple. Une fois admis comme disciple, aucun retour en arrière n'est normalement
possible. En effet, le guru a pris une décision irrévocable qui l'engage en prenant sur lui le
karma du nouveau disciple, dans cette vie comme dans les suivantes sur la voie spirituelle.
La voie spirituelle a pour but ultime la Libération (Moksha) du cycle des réincarnations, par la fusion
dans le Divin. Un libéré vivant (jivan mukta) est quelqu'un qui est passé au-delà de
la psyché ordinaire et dont les actes n'entraînent plus aucun karma. Cet
état, rarement atteint, est inimaginable pour l'homme ordinaire.
Pour guider son disciple sur la voie spirituelle, le guru utilisera des méthodes adaptées au profil
psychologique et mental de celui-ci. L'ensemble de ces méthodes constitue le Yoga.
Quelles que soient les étapes préliminaires, la pratique approfondie de la méditation est
nécessaire pour libérer progressivement l'esprit des conditionnements. On cite ainsi l'exemple de
grands Sages qui méditent de longues années pour arriver à
l'Eveil (Samadhi pour les Hindous, Nirvana pour les Bouddhistes), par exemple Milarepa, Muktananda, Vivekananda,
Yogananda ainsi que le Bouddha dans sa propre voie.
L'homme dans la société
Si les mots respect et obéissance gouvernent la vie de la femme, celui de devoir modèle celle des
hommes. Dans l'hindouisme, chaque personne est responsable de ses actes, vis à vis d'elle-même et vis à vis de sa communauté
propre. Le mot qui désigne cette obligation morale de comportement est dharma. Dharma veut dire Nature. Tout ce
qui existe suit son dharma. S'appliquant à l'homme, le dharma est l'ensemble des règles naturelles qui lui permettent de vivre
en harmonie avec lui-même et les autres.
Cette définition, neutre au départ, va forcément générer un code de conduite morale. Selon sa place dans la
société et
la période de sa vie, le dharma de chacun présente des caractéristiques propres. Le dharma d'un
soldat n'est pas celui d'un marchand. C'est pourquoi le pacifisme en soi n'est pas, pour
les Hindous, une vertu, car s'il s'inspire souvent de sentiments honorables, il peut aussi cacher la couardise, la
peur. Ainsi, dans la Bhagavad Gîta, Arjuna,
guerrier courageux, hésite-t-il à la dernière minute à s'engager dans une bataille
mortelle où périront nombre de ses
parents et amis. Mais Krishna l'exhorte à l'action car la lutte est juste et nécessaire. Le dharma
d'Arjuna est de combattre. De la même manière, le dharma d'un commerçant est de gagner de l'argent
de façon honnête, celui d'un prêtre est d'honorer les Dieux, celui d'un père de famille
est de faire vivre sa famille. Ainsi le dharma de chacun est-il fonction de sa place dans la société
et il évolue au cours de la vie.
L'homme hindou a des devoirs de respect envers ses parents. Pour un Hindou, le premier guru (prononcer gourou) est
le père. C'est celui qui va le former à sa future vie d'homme et lui apprendre les rites familiaux accomplis
quotidiennement pour honorer les divinités.
L'Hindou conserve toute sa vie un fort sentiment d'appartenance à sa lignée familiale. Il fut un temps,
pas très lointain, où l'homme exerçait le même métier que son père. Le groupe
professionnel auquel il se rattachait de naissance s'appelle la jâti. Les membres
d'une même jâti se doivent assistance. Le dharma social propre à chaque jâti se traduit
par un certain nombre de règles
comportementales ainsi que d'interdictions. Dans telle jâti, on pourra manger du poulet, dans telle autre, on sera
végétarien. Dans son foyer, on
ne prend ses repas qu'avec des gens de la même jâti, éventuellement d'une jâti
compatible. Ces règles évoluent au fil du
temps car des comportements plus "moraux" ou rituellement plus "purs" élèvent la jâti dans
la hiérarchie sociale. De nos jours, l'éducation des jeunes gens en milieu urbain leur donne l'occasion
d'exercer des métiers différents de ceux des pères, voire des métiers nouveaux.
Cette tendance à la spécialisation professionnelle familiale n'est pas limitée aux
Hindous. On remarquera, par exemple, que beaucoup de
bijoutiers sont des Musulmans et que de nombreux pêcheurs des régions côtières sont des
Chrétiens.
Le poids des contraintes qui pèsent sur l'homme Hindou semble avoir des conséquences pas toujours
heureuses sur son comportement dans la société. Soumis à son père, soumis à son
patron (qui le traite souvent fort mal), il va avoir tendance à compenser, en étant à son tour
arrogant avec ceux qui lui sont inférieurs dans la sphère professionnelle et méprisant ou
indifférent envers ceux d'un bas niveau social.
L'Hindouisme professe la compassion car tous les êtres humains, animaux, et tout ce qui existe, sont
l'expression de la puissance divine. Pour le
Mahatma Gandhi, il n'y avait aucune distance sociale réelle entre un éboueur (Intouchable de la plus
basse espèce) et un prêtre
Brahmane. Mais cette vision est celle des Saints, pas celle des hommes ordinaires, empêtrés dans les
préjugés de caste et l'égoïsme.
Il parait que les "merci" et "excusez-moi" n’existent pas en Hindi. De fait, leur équivalent anglais n'est
utilisé qu'exceptionnellement et par des gens
qui connaissent bien les usages des Occidentaux. Vous achetez un objet dans un magasin, vous le payez le prix
convenu avec le commerçant, pourquoi
voudriez-vous qu'il vous dise merci ? Vous avez votre objet, il a son argent, chacun est satisfait et ne doit rien
de plus à l'autre. L'échange est équilibré. Le merci est superflu, mais on vous
aura certainement offert un thé ou toute autre boisson, ce qui est une autre forme de politesse.
Le terme "excusez-moi" n'est employé que par les commerçants qui veulent attirer votre attention dans
la rue et vous faire entrer dans leur magasin.
En revanche, quelqu'un qui vous bouscule dans la rue ne s'excusera pratiquement jamais. Il va son chemin, vous suivez
le vôtre.
Dans la rue ou sur la route, les règles théoriques de bonne conduite cèdent la place à
l'empirisme total : c'est le plus gros qui passe
le premier. Le camion prend le pas sur la voiture, la voiture sur les deux-roues, lesquels frôlent les
piétons sans vergogne. Bref, c'est du chacun pour soi
dans une société stratifiée où le plus fort commande.
La notion de comportement citoyen est encore faible. Ceci explique peut-être que les Hindous, si soucieux
dans leur sphère personnelle et familiale
de "pureté rituelle", soient si négligents quant à l'hygiène des lieux publics. Chacun
lance ses papiers gras n'importe où, crache glaires ou longs jets de salive rougis de bétel, et se mouche
dans ses doigts. L'accélération exponentielle de l'utilisation des matières plastiques, particulièrement
les sacs plastiques, aggrave la situation, jusque dans les villages. Il n'y a pas si longtemps, les vaches se faisaient un devoir d'avaler journaux cartons et papiers
d'emballage. Maintenant le moindre coup de vent fait apparaître des milliers de cerfs-volants fous et disgracieux.
La faiblesse et le manque de moyens des services municipaux de nettoyage expliquent aisément la saleté repoussante des rues dans les quartiers
populaires des villes.
En revanche, les intérieurs sont très propres, à tel point que l'usage est de se déchausser en entrant. Les
Indiens sont soignés de leur personne et en voyageant, il est fréquent de voir des gens, le long des routes, au bord des bassins ou
des rivières, s'enduire de savon et se frotter énergiquement. Ce qui ne les empêche pas d'avoir des vêtements
rapiécés ou tâchées... mais propres. Cette impression positive est curieusement contrecarrée par des avis contraires.
Parmi les obligations d'un "bon" Hindou, figure celle de donner l'aumône aux mendiants et de nourrir les
saddhus. Les uns comme les autres sont
souvent massés près des temples et autres lieux sacrés. Ainsi, chacun peut leur donner une
piécette. Cet acte est considéré comme méritoire et porteur de bon karma. La compassion
envers les démunis est absente de ce geste.
La société indienne manque-t-elle de charité ? Il est difficile de répondre à
cette question. D'un côté,
d'innombrables associations, animées par des bénévoles, portent assistance aux gens dans le
besoin : orphelins, lépreux, handicapés, veuves, paysans sans terre, etc. Ce sont évidemment
des sentiments de charité et compassion qui les guident. Mais, par
ailleurs, les classes moyennes ou supérieures qui emploient comme domestiques des petits cousins
de la campagne ou des enfants
enlevés à leurs parents par des organisations mafieuses dans des coins reculés du pays, les
exploitent honteusement plutôt qu'ils ne
les protègent. Les journaux mentionnent fréquemment des cas de viols et de mauvais traitements.
Sans aller jusqu'à ces
extrémités, les infortunés qui tombent sous la coupe de ces méchants maîtres ne
reçoivent aucun salaire ou un
salaire de misère, mangent mal et dorment par terre. De toutes façons, les petits employés
sont toujours mal payés et exploités
par leurs patrons. Quant aux enfants non scolarisés, encore en trop grand nombre, ils sont une proie de
choix pour fournir une main d'oeuvre quasiment
gratuite.
Dans la vie en société, l'homme indien semble plutôt placide. Il ne s'énerve pas au
volant, ni dans les encombrements, encore qu'il use de
son klaxon à tout propos...
Cette tranquillité apparente cache un volcan. Les rassemblements de foule provoquent souvent des incidents,
des bousculades parfois mortelles, quand ce
ne sont pas des affrontements intercommunautaires qu'un rien peut déclencher. Les policiers, armés de
longs bâtons (lathi), connaissent bien
ce genre de risques et réagissent rapidement avec brutalité.
Mais c'est dans la sphère privée que l'homme manifeste le plus sa violence. Une enquête
récente rapporte que 18 à 45% des
hommes (la fourchette est large mais significative) reconnaissent abuser de leur femme : viols, mauvais traitements.
Dès l'âge de la puberté, la
jeune fille est le point de mire de la concupiscence des cousins et des oncles. Inceste et surtout viols sont loin
d'être rares mais l'on n'en parle que depuis peu,
par exemple dans le film "Le mariage des moussons". Le jeune indien romantique en face de la jeune fille qu'il convoite,
semble avoir laissé depuis peu la
place à un mâle brutal qui n'hésite plus à agresser, défigurer ou tuer la jeune
fille qui l'éconduit.
Les inhibitions sexuelles masculines expliquent très certainement cette violence. La promiscuité
dans les familles élargies,
l'éducation séparée des garçons et des filles, le puritanisme des dynasties Musulmanes
qui gouvernèrent l'Inde pendant
des siècles, avant d'être évincées et remplacées par des colonisateurs Britanniques
à la morale tout aussi rigide, ainsi
sans doute que d'autres facteurs, concourent à créer une société compartimentée
et apparemment névrosée.
L'un des rares psychiatres indiens à avoir été formé selon l'école
freudienne, Sudhir Kakar, estime que l'homme indien est un être immature. Elevé uniquement par des femmes
dans sa prime jeunesse, il est choyé par sa mère, ses tantes et cousines. Tout ce qui est
féminin est vu comme bon. Après son initiation de l'
upanayana vers 11-12 ans, il va désormais
vivre dans le monde séparé et machiste des hommes. Il en gardera une image double et ambiguë de la
féminité qui se traduit parfaitement dans les croyances religieuses. Tantôt, la Déesse est
aimante, douce et protectrice, tantôt elle est cruelle, dévorante et destructrice. Ainsi en est-il de
Kâlî qui symbolise parfaitement cette ambivalence. La mère est à la fois aimée,
vénérée mais aussi redoutée. L'homme adulte ne parvient pas à assumer une
relation d'équilibre avec une femme. C'est pourquoi tant d'indiens préfèrent se marier avec
des gamines à peine nubiles qu'ils peuvent aisément subjuguer et terroriser.
Les annonces matrimoniales demandent la plupart du temps que la future épouse soit bien éduquée.
Hélas,
il arrive encore, même si elle est pourvue d'un diplôme qui lui permettrait d'exercer un bon métier,
que la jeune femme se voit confinée dans son foyer par un mari jaloux, le choix d'une épouse
éduquée n'étant qu'un prétexte pour rehausser son propre statut social.
Heureusement, les femmes éduquées se laissent de moins en moins prendre à ce genre de piège,
et beaucoup de jeunes femmes sont moins pressées de se marier que les
hommes.
L'homme indien se dit facilement sentimental. On veut bien le croire. L'énorme industrie
cinématographique produit des centaines de films par an dont la grande majorité mélange
danses rythmées, scènes d'amour naïves avec héroïne au regard de biche et mâle
au regard protecteur, et chansons d'amour. Le succès de ces films est phénoménal. L'amour y est
bluette romantique : les héros ne s'embrassent jamais. De vrais problèmes sont néanmoins
abordés avec intelligence, contribuant à faire évoluer les idées. Mais l'amour reste
avant tout sentimental, ce qui est incompréhensible dans un pays où les mariages sont arrangés
par les parents et où l'amour ne naît éventuellement que dans l'épanouissement d'une vie
de couple réussie.
Sentimental, l'Indien l'est aussi dans sa dévotion envers des divinités telles que Râma et
Krishna. Un grand nombre de bhajans (chants dévotionnels) font partie de la pratique de la Bhakti,
dévotion sans limite envers le Divin.
Ainsi, le tableau du comportement de l'homme, s'il est souvent peu flatteur, est-il en fait contrasté. La
société de consommation qui se répand de façon fulgurante dans ce pays à la forte
croissance économique, renforce le matérialisme et la recherche de l'argent et des plaisirs à
tout prix. Les différences de niveaux de vie, surtout en ville, accroissent l'anxiété masculine
et son agressivité.
On espère cependant que l'Inde en voie de modernisation ne perd pas son âme. Si le voyageur est
souvent attiré par ce pays, c'est que la spiritualité, l'ambiance religieuse, sont omniprésentes.
Il suffit de regarder autour de soi. Les chauffeurs de camions, voitures, moto rickshaws, ont tous une ou plusieurs
divinités sur le tableau de bord de leur véhicule. Les commerçants, quand ils ouvrent leurs
échoppes, brûlent de l'encens pour honorer la divinité du petit autel qu'ils y ont immanquablement
installé. Des gens passant dans la rue touchent le dos ou la bosse d'une vache pour quérir sa
bénédiction. Dans certaines villes, comme Varanasi (Bénarès), il est d'usage qu'un
Ganesh de pierre, placé au-dessus des portes d'entrée, accueille le visiteur. Au Rajasthan, à
l'occasion des mariages, on peint des Ganesh sur les murs de la maison des nouveaux mariés. Dans les rues,
la présence d'un temple se signale par d'innombrables guirlandes de fleurs vendues à proximité.
Des quotidiens lus par des millions de personnes, comme le Times of India ou l'Hindustan Times, ont leur page
religieuse et spirituelle. Plusieurs chaînes de télévision sont consacrées à des
émissions religieuses. De nombreuses fêtes religieuses ponctuent la vie tout au long de l'année :
Dipavali, Holi, Ganesh Chaturthi, Mahashivaratri, Durgâ Pûjâ (Navaratri), Ramnavami, etc. sont
l'occasion de prières, cérémonies dans les temples, jeûnes, largement suivis par les Hindous.
L'Inde est le seul pays où l'on enseigne une langue morte encore parlée par de nombreuses
personnes car le sanscrit est la langue des textes sacrés.
Le Web fourmille de portails et sites consacrés à la religion hindoue. On peut y commander des
pûjâ en ligne, écouter des mantras...
La femme dans la société
La société indienne est patriarcale. Les hommes et, en particulier le père ou l'aîné de la famille, détiennent
l'autorité morale et économique. Il serait cependant caricatural de ne voir en la femme indienne qu'une servante soumise.
Dès son plus jeune âge, la petite fille est formée par sa mère et toutes les femmes de la maisonnée, à son futur rôle
de mère et d'épouse. Elle participe aux tâches ménagères (dans les campagnes collecte du bois, de l'eau, etc...). Elle s'occupe des
enfants cadets. Le souci obsessionnel des parents sera de la marier sans tarder, bien que le mariage des jeunes enfants soit interdit de longue date. Lorsqu'il était
pratiqué, la jeune mariée retournait d'ailleurs sous le toit de ses parents jusque ce qu'elle soit nubile. Actuellement, le mariage est autorisé à
partir de 18 ans pour les filles et de 21 ans pour les garçons.
Dans l'immense majorité des cas, les mariages sont arrangés par les parents. Ils entreprennent, seuls ou avec l'aide de personnes appointées
(guru de la famille, entremetteuse, agence matrimoniale, petites annonces) la recherche du conjoint adéquat. Celui-ci doit être de caste identique ou similaire
et présenter des garanties d'avenir.
La scolarisation des filles est en retard par rapport à celle des garçons. Pour l'ensemble de l'Inde, les femmes sont scolarisées à 48%
et les hommes 70%. Ce chiffre déjà défavorable recouvre de fortes disparités : si elles sont scolarisées
à 86,2% au Kerala (93,6% pour les hommes), elles ne le sont qu’à 20,4% au Rajasthan (55,0% pour les hommes). L'idée qu'une femme puisse
avoir un travail indépendant bien rémunéré progresse mais elle est relativement récente et urbaine (64% des femmes sont
scolarisées dans les villes à l'échelle du pays). Les filles scolarisées dans les campagnes arrêtent l'école très
tôt pour retourner aux travaux ménagers et des champs.
La dot des filles est, en principe, interdite par la loi. Elle est cependant toujours d'actualité et pèse lourdement sur les finances des parents. Quand
ce sont de petits agriculteurs, il est fréquent qu'ils s'endettent pour des années auprès de l'usurier local. Qu'advienne une succession de
mauvaises récoltes et l'impossibilité de rembourser intérêts et capital entraînera trop souvent la perte du seul bien de la famille,
à savoir le lopin de terre qui la fait vivre.
En effet, les exigences des familles de garçons sont d'autant plus exorbitantes que la future épouse est peu éduquée ou a la peau
sombre. Les biens de consommation : scooter, télévision, machine à laver, etc... constituent autant de requêtes hors de portée des
gens modestes. Les dots non payées intégralement peuvent générer des drames dans des familles avides : la jeune femme sera
maltraitée, battue et parfois même arrosée d'essence dans la cuisine pour y être brûlée vive !! Les journaux rapportent
périodiquement ce genre de drame.
Une fois mariée, la jeune femme réside avec son mari sous le toit de ses beaux-parents. La famille traditionnelle, dite élargie, peut ainsi
comporter trois ou quatre générations sous le même toit, soit plusieurs dizaines de personnes. Les femmes y sont soumises à
l'autorité de la belle-mère qui, seule, détient les clés des provisions et règle dans les moindres détails la bonne marche
de la maisonnée. Les prescriptions relatives à la préparation des repas et aux rites de purification
sont aussi sous son autorité.
Soumise à sa belle-mère, la jeune femme l'est également à son mari auquel elle doit respect et obéissance. Les films indiens
sont le reflet de cette vertu féminine qui va jusqu'au pardon inconditionnel de l'époux infidèle. Si un homme trompe sa femme, la première
réaction de celle-ci sera de se demander :"Qu'ai-je fait de mal pour qu'un pareil malheur arrive ?".
Dès qu'elle a un enfant mâle, la jeune femme voit son statut changer de façon de façon sensible. Elle a contribué à la
continuité de la lignée. Respectée, elle restera toujours quand même sous l'autorité et la protection des hommes de la famille.
En revanche, elle est souveraine dans son domaine : éducation des enfants jusqu'à l'upanayana vers 11-12 ans, la cuisine, les rituels religieux familiaux
quotidiens qu'elle accomplit seule ou avec son mari. Plus elle avance en âge, plus son emprise sur la maisonnée est grande.
La dépendance morale et économique envers les hommes rend le veuvage particulièrement difficile. En théorie, une veuve n'a plus de
rôle social. Vêtue de blanc, elle ne doit plus porter de bijoux. Si elle n'est pas prise en charge par l'un de ses fils, sa situation est précaire. C'est
pourquoi de nombreuses associations ont pour rôle principal d'aider les veuves dans le besoin. Autrefois, dans les classes supérieures, il était
même recommandé que la veuve ne survive pas à son mari et s'immole sur son bûcher funéraire. Cette coutume, appelée
Sati, a pris naissance chez les Kshatriya au cours des luttes contre les invasions musulmanes, c'est à dire après le
12ème siècle. Les Sati étaient considérées par les gens comme des saintes. Des stèles de pierre ou des empreintes de
mains sur les murs portent témoignage de cette ferveur populaire. La coutume se développa et s'étendit à d'autres castes. Elle fut interdite
dès 1829 sous l'occupation coloniale, par les Britanniques, sous la pression d'intellectuels hindous modernistes. Mais elle se poursuivit clandestinement,
certaines Sati n'étant pas volontaires. Il semble que de nos jours, cette coutume soit enfin (presque) abolie.
Une autre coutume est celle du purdah, ou claustration des femmes (purdah désigne aussi le voile qu'elles portent
en public). Le purdah a pris naissance également à l'ouest du pays, au Rajasthan, et pour les mêmes raisons que le Sati, afin de protéger
les femmes des envahisseurs musulmans et plus généralement de la concupiscence masculine. Le purdah s'est d'autant plus aisément
installé que les musulmans procédaient de même. Ainsi le zenana, quartier réservé aux femmes dans la maison ou le palais,
gardé par des eunuques, correspond exactement à la notion de harem. Le purdah s'est donc développé et étendu aux
commerçants bourgeois. Les paysannes que l'on voit aujourd'hui porter un voile dans les campagnes ne se cloîtrent pas mais protègent leur
visage contre le regard inquisiteur et contre le vent brûlant et asséchant. Le purdah reste cependant limité au nord de l'Inde.
La femme moderne qui a reçu une éducation supérieure et vit dans les villes a, bien entendu, tendance à rejeter ces contraintes de la
société patriarcale. La dimension réduite des appartements (l'immobilier coûte cher) disloque les structures de la famille élargie.
Les liens familiaux restent néanmoins très puissants mais leurs effets se font moins sentir dans la vie de tous les jours. Le jeune couple garde des
obligations morales et financières vis à vis des parents et des frères et soeurs mais mène sa vie quotidienne comme il l'entend. La femme
moderne travaille, a le droit d'ouvrir un compte en banque séparé. La loi lui reconnaît droit à une part d'héritage. Cette dernière
disposition est cependant rarement appliquée et les recours en justice sont difficiles et aléatoires. Selon la tradition, c'est le fils aîné qui
hérite, évitant ainsi la dispersion des biens, surtout de la terre.
En ville, se produisent plus facilement et plus fréquemment des mariages inter castes, voire avec des étrangers. Mais si les parents ont des
conceptions traditionnelles rigides, de tels mariages sont considérés comme des mésalliances pouvant entraîner la rupture des relations.
Le mariage arrangé reste toutefois la norme, même en milieu urbain. Les futurs époux peuvent se rencontrer, et la jeune femme a la
possibilité de récuser un garçon qui ne lui plaît pas. Le mariage d'amour à l'occidentale est donc exceptionnel. Le succès
médiatique de la Saint Valentin (à cette occasion fleurissent d'innombrables cartes de voeux) traduit certainement les aspirations de nombreux jeunes,
mais n'a aucun impact sur les pratiques sociales réelles.
Les femmes jouent un rôle considérable dans la vie politique et leur présence numérique dans les partis et les instances
gouvernementales (9% de femmes au Parlement fédéral) ce qui n'est pas si mal par rapport à la France (11% en 2002), qui est cependant
à l'avant-dernière position dans l'Union Européenne).
Le divorce, autorisé par la loi depuis 1955, reste rare, les femmes n'ayant que rarement l'indépendance économique et restant soumises aux
pressions familiales. Qu'une femme divorce est un déshonneur pour sa famille qui devient la risée du village. Réfugiée par défaut
sous le toit de ses parents, s'ils l'acceptent (car ils lui devront alors nourriture et protection), elle n'a aucune perspective de remariage. La loi reconnaît à
la divorcée une pension de 20% des revenus du mari, mais cette disposition est inappliquée dans la plupart des cas. Une décision récente
de la Haute Cour de Justice de porter ce pourcentage à 50 le serait encore plus, mais montre que les autorités sont conscientes des problèmes
économiques que rencontrent ces femmes.
Le système des castes
Le terme caste vient du portugais casta, ou catégorie pure, non mélangée (allusion à
l'étanchéité des castes entre elles), qui fut introduit en Inde au 16ème siècle. Il
est ambigu et, bien que largement employé (surtout en Occident car les Indiens sont d'habitude bien discrets sur le sujet, sauf dans les
journaux), il ne reflète pas l'arrière-plan qui explique l'origine
et le développement de cette organisation de la société.
On lui préfère le terme varna, qui signifie couleur et englobe les quatre
grands groupes sociaux originels suivants :
Dans la conception traditionnelle, telle que décrite dans les Dharma Shastra, l'appartenance d'un homme
à une varna donnée dépend de sa naissance : un fils de Brahmane naît Brahmane. Cette
appartenance est intangible pour la durée de cette vie. S'il est né dans une basse caste, Sudra, par
exemple, il ne pourra améliorer son statut qu'au cours d'une incarnation ultérieure par l'effet des bons
karma accumulés au cours de la présente vie. Pour l'Hindouisme, cette division de la société
est naturelle et correspond aux tempéraments et prédispositions de l'être humain. Telle personne avec une grande force de caractère et de la bravoure est Kshatriya par nature.
A l'époque moderne, le Mahatma Gandhi restait fermement partisan de cette subdivision de la
société en quatre catégories. Cependant, quelques rares textes anciens laissent entendre que le
passage d'une varna donnée à une autre est possible au cours d'une même vie. Un enseignant (Brahmane)
peut ainsi devenir commerçant (Vaishya). Mais l'on ignore si cette facilité était exceptionnelle ou
la règle à certaines époques. La courte durée de la vie, la sédentarité dans
les villages, l'absence d'éducation de la grande majorité des gens, expliquent aisément et
justifient cette conception des varna ainsi que la spécialisation professionnelle héréditaire
dans le cadre des jâti. Les siècles d'occupation par des pouvoirs étrangers ne peuvent qu'avoir
renforcé le conservatisme de la société hindoue.
Les mythes rapportent que la race humaine est issue d'un Etre divin géant, à forme humaine, Purusha. De sa bouche, sont venus les Brahmanes, de ses bras les Kshatriya, de ses cuisses les
Vaishya et de ses pieds les Sudra. Dans cette conception, il est bien évident que nul n'est supérieur
à l'autre. L'humble artisan n'est pas inférieur au puissant guerrier ni au prêtre intercesseur des
divinités. Il leur est complémentaire et indispensable. De tous temps, ont existé des intellectuels
et des Sages d'une part, des gens de pouvoir et d'action d'autre part, des hommes d'argent et de commerce aussi et enfin
des ouvriers et des serviteurs. L'asservissement de certains par d'autres est une faiblesse humaine, non une loi naturelle.
Au fil des siècles, cette organisation s'est complexifiée. A la notion de varna s'est surimposée
celle de jâti ou groupement socioprofessionnel spécifique. Dans la
société traditionnelle, le fils reprenait souvent le métier du père. Mais la
société indienne est ainsi faite que chaque jâti a voulu se différencier des autres par un
ensemble de règles comportementales et sociales particulières : c'est le dharma de la jâti. Parmi
ces règles, celles qui portent sur la pureté rituelle des habitudes quotidiennes, alimentaires entre
autres, sont très contraignantes. Le mariage endogamique est également la règle, mais il
évite les risques de consanguinité en recherchant les opportunités de partenaire dans d'autres
villages. Les règles qui gouvernent les jâti évoluent progressivement, mais toujours dans le sens
d'exigences accrues, d'exclusions variées qui ont pour but de rehausser le statut de la jâti en question.
Il faut en effet savoir que plus une catégorie est haut placée dans la hiérarchie sociale, plus
elle se doit de suivre des règles de vie exigeantes. Ainsi, les Brahmanes très orthodoxes seront-ils
soumis à des règles de pureté rituelle très complexes. A l'autre bout de l'échelle
sociale, aucune exigence ne pèse sur les gens. Les jâti sont très nombreuses, plus de 4300. D'une
province à l'autre, la place d'une jâti donnée dans la hiérarchie sociale peut varier
très sensiblement.
L'apparition de l'intouchabilité au cours histoire de l'Inde s'explique
probablement par les deux facteurs suivants :
Reste à savoir si les métiers "sales" n'étaient pas justement les seuls qui restaient accessibles
à des gens exclus du corps social...
Ce phénomène de l'intouchabilité s'est développé au cours des siècles au point
d'atteindre un pourcentage significatif de la société (201 millions de personnes au recensement de 2011) car
l'intouchabilité, comme d'ailleurs l'appartenance à n'importe quelle caste, est une donnée
héréditaire. Il nous paraît stupéfiant que la grave erreur d'un père soit transmise
à toute sa descendance, mais il en est ainsi dans la société hindoue où la notion de karma
collectif prime sur toute autre analyse. C'est la croyance en la pluralité des vies qui, seule, permet de
changer de statut.
Les Intouchables étant des hors castes, il apparaît logique que les non-Hindous soient également
considérés comme des Intouchables. Ainsi en est-il des populations tribales (Adivasi) des régions
reculées du pays. Ainsi en est-il également des minorités religieuses.
Les discriminations liées à l'intouchabilité ou à l'appartenance à quelque caste
que ce soit ont été abolies par la constitution (article 17) de l'Inde indépendante dès 1950.
Mais force est de constater que l'ostracisme social dont les Intouchables sont frappés n'a que partiellement
évolué. Dans les villages, les Intouchables sont relégués à la périphérie
et doivent avoir leur propre puits, car l'accès au puits communautaire ne leur est pas permis. L'entrée
dans les temples ne leur a été concédée qu'avec réticence. Autrefois, que l'ombre
d'un Intouchable touche celle d'un Brahmane était considéré comme une offense. Les Intouchables,
qui se désignent eux-mêmes sous le nom de Dalits (opprimés) sont
encore l'objet de persécutions et de mauvais traitements. L'action du gouvernement tente de corriger les
inégalités sociales qui les frappent. Une déclaration de décembre 2006 du premier Ministre d'alors, Mr. Manmohan
Singh, s'insurgeait contre la persistance du sort malheureux des intouchables et le comparait aux effets
pervers de l'Apartheid en Afrique du Sud. Moins scolarisés que la moyenne, du fait de la pauvreté
des familles et des réticences des villageois à voir leurs enfants admis à l'école, ils
bénéficient en compensation d'une politique de discrimination positive qui leur réserve des quotas
d'emplois dans la fonction publique, en proportion de leur importance numérique. Ces dispositions pourtant
déjà anciennes ne sont pas pleinement efficaces. Les quotas ne sont pas atteints et les emplois pourvus
sont le plus souvent subalternes. D'autre part, cette politique de discrimination positive est fortement critiquée
par les castes supérieures, surtout les Brahmanes qui, traditionnellement lettrés et bien
éduqués, estiment qu'ils sont défavorisés et qu'une telle politique ne peut qu'affaiblir
le niveau général de l'éducation.
Un débat actuel pose la question d'appliquer cette politique d'emplois réservés aux Intouchables
dans le secteur privé. De nombreuses voix s'élèvent pour s'opposer à une décision qui
n'est pas de la responsabilité des Pouvoirs Publics et amoindrirait l'efficacité du secteur privé,
surtout en matière de compétitivité internationale. D'autres voix plaident pour
l'équité sociale.
Intouchable ne signifie pas forcément pauvre et exclu. De nombreux hommes d'affaires, des médecins et
avocats réputés, des politiciens influents, ont émergé de la masse des Intouchables et
militent souvent en faveur de leurs droits.
Le Mahatma Gandhi les appelait Harijan ou enfants de Dieu, marquant ainsi qu'il ne voyait pas de différence
entre le plus puissant et le plus démuni. Mais cette vision d'un saint homme ne changea en rien la situation de
ces malheureux et l'appellation fut même considérée comme paternaliste et malencontreuse car Harijan
signifie également bâtard.
La situation commença à bouger de manière significative lorsque le Docteur Ambedkar,
lui-même Intouchable et membre du Parlement, se convertit en 1956, peu avant sa mort, au Bouddhisme, religion
qui ne reconnaît pas les castes, entraînant avec lui des centaines de milliers de personnes, rien qu'au
Maharashtra.
La conversion à une autre religion est apparue à beaucoup d'Intouchables
comme une solution pour sortir de leur état. Le Christianisme en a largement profité, par exemple dans les
Etats du Nord-est (Nagaland, Tripura, etc.), christianisés à 90%, car peuplés de tribaux hors castes.
Les missionnaires, souvent américains et se réclamant de sectes chrétiennes diverses, continuent
à exercer une forte influence prosélyte dans les régions tribales arriérées. Leur
action humanitaire indéniable ne peut cependant occulter l'objectif premier et persévérant de
conversion obtenue par la persuasion et la distribution de nourriture.
Le cas des conversions à l'Islam est assez similaire. Si certains empereurs fanatiques comme Aurangzeb
(17-18ème siècle) ont converti des populations entières par l'épée, les conversions
pacifiques n'en ont pas moins existé tout au long des longues périodes de pouvoir Musulman en Inde. Elles
concernaient déjà des Intouchables ainsi que certains courtisans du Palais qui acquéraient ainsi
considération et pouvoir. A certaines époques, l'impôt prélevé sur les non-Musulmans (jizia) a également joué un rôle d'incitation.
De nos jours, les conversions d'Hindous à l'Islam sont rares et se produisent, par exemple, lorsqu'une femme
hindoue épouse un musulman.
Les Musulmans font ainsi de l'Inde le troisième pays musulman du monde (ex-aequo avec le
Bengladesh), après l'Indonésie et le Pakistan.
L'Hindouisme, lui-même non prosélyte, voit d'un oeil très défavorable les activités
de conversion des missionnaires. Il est cohérent avec sa propre vision du monde : chacun naît dans un
certain milieu, avec une religion donnée et doit assumer ses origines et sa culture. Les Hindous ne sont pas
davantage favorables à ce que des étrangers, Occidentaux par exemple, se convertissent à
l'Hindouisme, sans du moins s'y impliquer très sérieusement.
Malgré leur situation souvent misérable, la plupart des Intouchables ne se révoltent pas contre
le système des castes puisque celui-ci résulte de l'ordre naturel des choses. On observe même que
les Intouchables créent entre eux des catégories qui se comportent entre elles comme des castes. Il existe
donc des Intouchables plus Intouchables que d'autres. Ceci est une preuve, s'il en est, de l'extrême solidité
du système.
Cette rigidification et stratification de la société ne correspondent plus du tout aux conceptions
philosophiques initiales car elles génèrent des antagonismes et non des complémentarités.
Lorsque des castes agraires, comme les Jats et les Gujars, qui devraient être très proches l'une de l'autre,
en viennent à se jalouser et se combattre, on peut penser que les impératifs de survie économique
sont désormais étroitement liés aux intérêts propres à chaque caste. En ce sens,
la caste a encore de beaux jours devant elle. D'autant que 65% des gens vivent encore dans les campagnes ou de petites
agglomérations.
Cependant, la croissance rapide des grandes villes (Mumbay 14 millions d'habitants, Delhi 11 millions) a
déjà commencé à nuancer le tableau. La caste y est de moins en moins liée à
la jâti. Les changements de profession de père à fils s'accélèrent. L'émergence
d'une société aisée, voire riche, la vie en famille nucléaire, l'éducation
supérieure, éloignent progressivement les gens des conceptions étroites de la caste et de ses
contraintes. On ne saurait dire si le jeune Brahmane a des amis Intouchables mais ce n'est désormais plus
impossible.
Le monde moderne altère sensiblement sinon la théorie de cette organisation sociale, du moins sa
pratique. On ne change toujours pas de varna mais la caste de naissance influe de moins en moins sur le cours de la vie,
du moins dans les villes. L'éducation moderne, l'allongement considérable de la durée de la vie, la
grande mobilité, sont autant de facteurs qui facilitent les changements personnels et professionnels, quand ils
n'y obligent pas.
On peut se demander si de nouvelles jâti ne vont pas se créer avec d'autres modes de fonctionnement. Mais
leurs membres seront issus de castes différentes, par exemple un informaticien peut être Brahmane ou Sudra.
C'est sans importance dans l'exercice du métier (jâti) mais l'on ignore jusqu'à quel point la
sphère personnelle et comportementale (dharma) en est modifiée. Autrement dit, les varna sont-elles
appelées à se dissoudre ou s'uniformiser ? On ne peut préjuger de l'avenir car l'on assiste en
même temps à des phénomènes contradictoires. Par exemple, dans de nombreuses annonces
matrimoniales, il est fréquent de lire : "caste indifférente". Dans le même temps, la revendication
religieuse peut aller jusqu'à l'expression d'un extrémisme violent (conflit d'Ayodhya). Dans un autre
registre, l'on constate la persistance du mariage arrangé et des exigences des familles face aux aspirations des
jeunes gens.
La vache en Inde
La vache en Inde est sacrée, tout le monde sait cela. Mais pourquoi vénérer un animal présumé aussi peu intelligent, qui
rumine bêtement en vous regardant de ses yeux ternes ? La perspective de l'Hindou est totalement différente. Sur un plan simplement pratique, la vache,
ou plus globalement le bovin, est d'une utilité extrême dans une économie encore très rurale. Même mal nourrie, elle fait preuve
d'une rusticité étonnante. Elle fournit du lait à la famille.
Le réseau coopératif de collecte et de vente de lait s'est développé en Inde depuis des décennies, même dans des
régions reculées. On peut voir sur les routes des vélos et des motos avec leurs bidons, collectant les surplus de production des petits paysans.
Bien entendu, de grosses unités de production laitière existent également aux abords des grandes villes.
Les bovins fournissent aussi un travail appréciable dans les travaux des champs ou en tirant les charrettes qui acheminent les produits locaux vers les
marchés.
Sa bouse, mélangée à de la paille séchée, confectionnée en galettes plates séchées au soleil,
fournit un combustible lent adapté à la cuisson longue des aliments. Dans un pays très peuplé où les forêts ont
régressé de façon considérable et où les ressources en bois sont donc insuffisantes, cet appoint énergétique
est essentiel. Une partie de ces galettes est employée comme engrais naturel sur les cultures
maraîchères.
Et, surprise, l'urine de la vache, utilisée depuis longtemps pour désinfecter les sols des maisons
à la campagne, ainsi qu'en shampooing pour exterminer les parasites, s'est vu reconnaître officiellement
des propriétés inattendues. En effet, des recherches ont établi qu'un distillat
d'urine de vache renforce les effets d'antibiotiques et de fongicides permettant ainsi d'en diminuer les doses prescrites et
allégeant du même coup leurs effets secondaires nocifs. Un brevet a été déposé aux
Etats Unis. Cette avancée scientifique tend ainsi à valider l'emploi traditionnel de l'urine de vache ou
d'autres animaux en thérapie ayurvédique.
En revanche, c'est peut-être aller un peu loin que de commercialiser, comme le fait une organisation Hindoue
intégriste, de l'urine de vache en bouteille comme traitement de maux divers allant des
maladies du foie à l'obésité et même au cancer...
Cependant, cette utilité de la vache ne suffit pas à expliquer pourquoi elle est sacrée. Elle joue en effet un rôle essentiel dans la
mythologie : Au commencement des Temps, les Dieux et les Démons se réunirent et décidèrent d'un commun accord de baratter
l'Océan de Lait Primordial afin d'en extraire le Nectar d'Immortalité (Amrita) qui assurerait leur primauté définitive. Comme baratte, ils
choisirent le Mont Meru, demeure des Dieux, et le posèrent sur le dos de Kûrma, la Tortue (le deuxième avatar du dieu Vishnu). Ils
demandèrent au grand serpent Vasuki d’être la corde de la baratte. Les Dieux se groupèrent d'un côté de la corde, les Démons
de l'autre, et ils commencèrent le barattage. Des merveilles apparurent alors dans l'Océan de Lait, dont le fameux nectar d'immortalité. Les
Dieux s'en emparèrent après une lutte féroce contre les démons, mais ceci est autre histoire...
Parmi les merveilles, sortit de l'Océan une vache miraculeuse dont le corps contenait tous les dieux : Kamadhenu, la vache céleste, dont les pis
généreux fournissaient du lait en abondance à toute l'humanité.
Le visiteur sera surpris de voir, dans les villes de l'Inde, les vaches déambuler librement. Ce ne sont pas des vaches errantes. Chacune appartient à
une famille. Le soir, elles rentrent au domicile ou, si ce n'est pas possible, elles restent groupées dans un angle de rue. Elles débarrassent les
marchés des débris végétaux et contribuent ainsi au nettoyage des villes. Là où elles sont parquées, il n'est pas
rare de voir une femme vendre des poignées d'herbe fraîche que des passants achètent pour les leur
offrir. Cet acte est considéré comme méritoire et porteur de bon karma. Une vache dans la rue n'est jamais
maltraitée, même si elle bloque la circulation. Ces animaux placides ne s'énervent pas, même au milieu des klaxons et de la circulation la
plus démentielle. Parmi les diverses races qui coexistent, les vaches à bosse sont les plus belles : doux pelage et regard en amande... Dans certaines
régions du sud, leurs cornes sont peintes de vives couleurs : rouge, jaune, bleu,...
Dans une ruelle étroite, elles vont leur chemin et c'est à vous de vous garer.
La plupart des hindous sont végétariens. Certains mangent du poulet et des oeufs, mais jamais de viande de boeuf. Il parait que dans un lointain
passé, il n'en était pas ainsi. Seuls les Brahmanes, pour des raisons de pureté rituelle, ne consommaient pas de viande. Cette pratique s'est
progressivement étendue aux différentes castes. Evidemment, les Musulmans, qui constituent 12% de la population, mangent de la viande
(excepté le porc). On sait aussi que des bovins sur pied sont exportés discrètement vers le Pakistan carnivore voisin. Ces activités sont
très mal vues dans les milieux des Brahmanes orthodoxes. Périodiquement, des pétitions intégristes demandent au Gouvernement
d'interdire l'abattage des bovins sur le territoire (pratiqué par des Musulmans et des Chrétiens), sans succès jusqu'à présent.
On rappellera qu'en 1857, les soldats qui servaient la britannique et très coloniale Compagnie des Indes (Cipayes) furent à l'origine d'un énorme
soulèvement national contre l'occupant. Pour amorcer les cartouches dont ils se servaient, ils devaient en effet arracher avec les dents un carton enduit de
graisse de boeuf et de porc. Hindous et Musulmans refusèrent d'obéir. En 1943, au Bengale, une famine tua des millions de personnes qui
préférèrent mourir que de manger du boeuf. Pour la petite histoire, cette famine eut pour origine le refus du Gouverneur britannique de
distribuer
une partie des stocks de grains dont les silos étaient pleins, au motif qu'on pouvait craindre une pénurie.
Dans la société Hindoue, les professions liées au commerce de la viande, à l'équarrissage des peaux, au travail du cuir,
sont réservés à des Intouchables.
Le respect de la vache qui nous frappe tant n'est, en fait, que l'une des manifestations de l'attitude de l'Hindou envers tous les êtres vivants : humains,
animaux, végétaux (surtout les arbres) et même minéraux. En effet, la présence divine est immanente en toutes choses. Tout ce
qui nous entoure porte témoignage de l'Omnipotence de dieu. Cette croyance bien ancrée modèle le sens moral et le comportement individuel.
C'est peut-être pourquoi on peut observer qu'en Inde les animaux s'approchent plus près des êtres
humains, car ils ne les craignent pas et c'est encore ici qu'existent des hospices pour vaches âgées.
Des économistes formés à la pensée rationnelle sont effarés par la très faible productivité du cheptel
bovin indien. A quoi sert, disent-ils, de conserver tous ces animaux efflanqués ? Pour un Hindou, cette remarque est aussi incongrue que celle qui conseillerait
d'abattre tous les miséreux et paysans squelettiques qui accablent l'Inde. L'interdépendance de tout ce qui est vivant constitue l'un des fondements de
l'Hindouisme. La rationalité économique ne peut que s'y casser les dents.
Evolution des relations entre les Européens et l'Hindouisme
Lorsque les Européens commencèrent à fréquenter les Indiens pour
des raisons commerciales, ils emmenèrent avec eux des hommes de religion (Jésuites et
autres) qui furent offusqués des expressions imagées de ce qui leur
apparaissait, au mieux comme une religion de barbares, au pire comme un paganisme diabolique.
Les Portugais, en particulier, s'illustrèrent par des conversions violentes. Le plus
sinistre est qu'ils rencontrèrent au Kerala un christianisme autochtone très
ancien, de rite syriaque, et qu'ils le persécutèrent avec une égale vigueur.
Les conquistadores, qui étaient, eux, les vrais barbares, tels Vasco de Gama et
Albuquerque, laissèrent
de lourdes traces de leurs exactions... mais l'hindouisme survit. Ceci se passait aux
16ème et 17ême siècles et n'atteignit jamais que les franges littorales du
pays.
Au cours des siècles suivants, Portugais, Hollandais, Français et Anglais se firent
la guerre dans diverses régions de l'Inde du Sud. On sait qu'il en résulta la
prééminence anglaise et la main-mise par une compagnie privée britannique, la
Compagnie des Indes, sur le commerce d'exportation indien, et bientôt sur
l'administration d'une grande partie du territoire. La compréhension de la religion autochtone
par ces colonisateurs ne dépassa jamais, hormis quelques esprits éclairés,
un mépris amusé. A l'évidence, les "natives" ne pouvaient pas
professer autre chose qu'un amalgame de superstitions stupides.
Il faut attendre pratiquement la fin du 18ème siècle pour que le regard
de l'intelligentzia occidentale sur le monde indien commence à bouger. Vint d'abord, avec les premières
traductions du sanscrit, une connaissance encore fragmentaire des textes des Veda. Les poètes
romantiques français et allemands s'enthousiasmèrent pour la culture antique de l'Inde. Tout vient de l'Inde, disait-on.
Puis, quelques décennies plus tard, le mouvement s'inversa : on s'ingénia à dénigrer et à trouver
barbare ce que l'on avait dit être sublime. C'est dans ce contexte que le mythe Aryen prit naissance. En gros, on inventa, sans quasiment
pas le début d'une preuve archéologique, un mythe selon lequel des populations nomades ou semi-nomades venues d'Asie Centrale
auraient envahi le nord-ouest de l'Inde, détruisant la civilisation autochtone (civilisation de l'Indus, marquée par les cités
de Mohenjo Daro et d'Harappa, dont la datation indique environ 3000 avant notre ère). Ces populations d'envahisseurs, auxquelles on donna
le nom d'Aryens, auraient apporté avec elles, la religion des Veda et la langue sanscrite. Cette thèse
connut un succès fulgurant, à tel point qu'elle demeure encore largement prédominante bien que de nombreux éléments
l'infirment.
Accessoirement, si l'on peut dire, on notera que la thèse des Aryens a nourri le Nazisme du mythe d'une soit-disant "race blanche"
supérieure.
. Ce terme dérive de la racine sanscrite kr qui
signifie action. Dans le monde manifesté où nous vivons, toute action (cause) engendre une conséquence (effet). C'est une loi mécanique,
sans notion de bien ou de mal. Mais au niveau humain, il est clair qu'une bonne action, c'est à dire conforme au dharma, engendre un "bon" karma. Dans des
temps très anciens, on n'est pas sûr que les hommes croyaient en la réincarnation mais il est certain que la pluralité des vies s'accorde
parfaitement avec la justice distributive du karma. Chacun est comptable de ses actes. Seule sa responsabilité est en cause. Par exemple, une maladie incurable n'est pas
le fait du hasard, de la malchance ou d'une responsabilité externe, mais la conséquence d'un karma passé. Bien entendu, cela ne signifie pas
que l'on ne doit pas lutter contre cette maladie. L'Hindouisme n'est pas fataliste mais ne trouve pas de justification humanitaire dans l'acharnement
thérapeutique.
indique que tout l'Univers
Manifesté procède des interactions entre Purusha
(Conscience Suprême) et Prakriti
(Matière). Dieu n'a pas sa place dans cette approche dualiste. Purusha est l'Esprit, le Principe Suprême Conscient,
non-Né. Etant immobile et inactif, brillant de Sa propre Lumière, il Est, hors du temps. Prakriti n'est pas la
Nature au sens où l'entendons communément, mais la Matière Primordiale, antérieure à la
Manifestation. Elle contient Tout ce qui est latent, mais non encore exprimé. C'est la base de la Manifestation. Purusha
et Prakriti sont donc deux entités irréductibles et le Samkhya ne ne se pose pas la question du Pourquoi de
cette dualité. Le Samkhya décrit la Genèse de l'Univers Manifesté à partir de
l'interaction entre Purusha et Prakriti sous l'action d'agents de différentiation qualifiante que l'on nomme
les Guna
. Ils sont au nombre de trois et ne sont perçus que par leurs qualités. Le déploiement
de la Manifestation se poursuit ensuite par différentes étapes que décrit le Samkhya mais leur
énumération sortirait du cadre limité de cet aperçu sur l'Hindouisme.
, la forme la
plus abstraite et la plus subtile de la
pensée hindoue, toute la Manifestation procède d'une Entité non-née, non-créée,
sans qualités, éternelle, à la fois transcendante et immanente, désignée
par le terme Brahman
(à ne pas
confondre avec Brahmane
, la première des
quatre castes. Brahman n'est pas Dieu au sens où nous
l'entendons communément en Occident. Ou bien, si l'on veut l'appeler Dieu, c'est un Dieu impersonnel, totalement
inatteignable au commun des mortels qui ne peut même pas l'imaginer.
, terme qui signifie Seigneur. Mais les différentes branches
du Yoga accordent à cette notion un contenu varié. Là encore, nous sortirions du cadre de ce chapitre en
donnant trop de détails.
, Dieu des eaux profondes,
Vâyu
, Dieu du vent, Agni
, Dieu du feu. Ce dernier
symbolise la vie et nombre de stances du Veda lui sont adressées dans le cadre de rites sacrificiels.
majeures, qui datent
de quelques siècles avant notre ère, apparaît déjà le concept abstrait d'un Dieu
Suprême, impersonnel, désigné
sous le nom de Brahman. Mais le Dieu des Sages et des méditants n'est pas celui de l'homme ordinaire. Celui-ci
a besoin de divinités plus proches
auxquelles il peut adresser ses prières et présenter ses offrandes. La période
médiévale, après l'an 1000, a ainsi
vu se développer des cultes dévotionnels très intenses (Bhakti
), adressés
à Krishna
et Râma
, deux
des avatara
majeurs du Dieu Vishnu
.
Brahmâ
, le
Créateur (à ne pas confondre avec Brahman)
Vishnu (prononcer Vishnou), le Conservateur dont des émanations (Avatar, pluriel Avatara) prennent naissance dans le monde humain lorsque le dharma est gravement menacé
Shiva
, le Destructeur, qui procède aux transformations et aux changements nécessaires dans le monde.
, ce qui
signifie "à trois visages", "à trois formes"). Brahmâ est à l’origine de la naissance du
monde. Pour diverses raisons, son culte s'est affaibli et on ne lui connaît que deux temples en Inde dont
le plus réputé se trouve à Pushkar, au Rajasthan.
ou Age des conflits,
marqué par la dégradation morale totale des hommes.
) et de
la conque (shanka
). Lorsque ses parèdres
l'accompagnent, Elles l'encadrent et portent les noms de Sri Devi et Bhu Devi. Mais, le plus souvent, Vishnu est
vénéré sous la forme
manifestée d'un de ses avatara majeurs : Matsya le Poisson, Kûrma la Tortue, Varâha le Sanglier,
Narasimha l'Homme-Lion, Vâmana le Nain qui se transforma en Géant (Trivikrama), Parashurâma
le Guerrier à la hache, Râma le Prince, Krishna le Bouvier, Buddha l'Eveillé et Kalkî, le
10ème avatar qui viendra à la fin de l'actuel Kali Yuga.
et maints autres
textes. Les représentations de l'un et de l'autre sont innombrables, aussi bien dans les sculptures des temples
que dans l'art pictural. La parèdre de Râma est Sîtâ, celle de Krishna est
Râdhâ.
, symbole phallique représentatif
de la capacité créatrice du Dieu : en effet, c'est de la destruction que procède la création.
)
est vénéré en tant que Déesse ou épouse du Dieu dans la religion populaire.
sous sa forme
bienveillante, également connue sous les noms de Annâpurnâ, Ûma,
Gaurî, Bhûbaneshvarî, etc. La forme courroucé ou combattante de la Déesse est
Durgâ
dont l'une des
représentations les plus connues est Mahîshâsuramardinî. La forme terrifiante de la déesse est
Kâlî
, à la
langue rouge pendante, au collier de têtes de morts et dansant sur un cadavre. Cette même Kâlî
terrible à laquelle on fait des sacrifices sanglants de poulets ou
de chevreaux pour apaiser son courroux (temple de Kalighat à Calcutta) est honorée comme la Mère
généreuse et universelle...
qui symbolise la prospérité et les biens matériels. On en connaît huit formes principales.
qui préside aux Arts et à la Connaissance.
,
le Dieu à tête d'éléphant, "fils" de Shiva et de Parvatî et son frère
Kârtikeya
(Murugan ou Subrahmanyan dans le sud).
,
le Dieu solaire.
) très vivant dans le sud du pays, le
culte d'Hanuman
, valeureux général des singes qui vint en aide au Dieu Râma (avatar de Vishnu), ainsi
qu'une multitude de déesses locales incorporées tardivement dans l'Hindouisme, comme Sitala, la déesse qui protège les enfants de
la variole, Mariamman, Danteshvarî, chez les Bastar, assimilée à Durgâ, ...
) a
été
installée, souvent depuis des siècles, une statue ou image divine (Mûrti). Pour un Hindou,
cette image est vivante et recèle la Conscience
du Dieu qu'elle représente. Certaines des mûrti sont dites Swayambhu-Mûrti, c'est à dire
Nées d'Elles-mêmes. On pense ainsi
que de toute éternité, la Conscience du Dieu a été présente dans cette forme. On
connaît surtout des Swayambhu
Mûrti du Lingam de Shiva et parfois de Ganesh. Mais dans la plupart des cas, la Conscience Divine dans la forme
est éveillée au moyen de
rites particuliers.
de la divinité. On peut traduire darshan par "vision bénissante".
Le fidèle est vu par la
mûrti devant laquelle il se tient. Les offrandes et les prières renforcent la relation qui
s'établit alors.
)
comportant des offrandes diverses selon un cérémonial précis : nourriture, feu, encens. Le
soir, la divinité est symboliquement
couchée. Dans la journée, une partie de ces pûjâ sont publiques et des fidèles y
assistent. La corporation des
prêtres n'est soumise à aucune autorité ecclésiastique centrale car l'Hindouisme ne
connaît pas d'Eglise. Néanmoins,
pour des raisons pratiques, chaque temple de quelque importance possède une organisation administrative
interne (devasthanam).
), l'animal qui souvent
accompagne le Dieu ou la Déesse (vâhana
), tout est
défini.
est le Taureau blanc
serviteur du Dieu Shiva, l'aigle Garuda
, celui du
Dieu Vishnu, le rat Musakha, celui du
Dieu Ganesh
.
Les Dieux les plus anciens représentent des forces naturelles
Des personnages que l'on pense historiques (Râma, Krishna) ont
été élevés au rang divin par la légende et la vénération
Les Dieux assument des fonctions divines. Ils sont par conséquent
partie intégrante de la Manifestation et, bien que leur existence soit supra-humaine, Ils n'en demeurent
pas moins sujets, tout comme les hommes, à des sentiments : passion, colère. Ils se résorbent
dans la matrice indifférenciée des origines à la fin d'un kalpa
Les Dieux sont aussi innombrables que l'on peut en concevoir, tout comme
l'Univers est Multiplicité. C'est pourquoi l'on dit symboliquement qu'il en existe 33 millions, ou 330 millions
(33 crores). Mais au final, cette multiplicité n'est qu'apparence, illusion, Maya, comme l'enseigne le Vedanta.
Elle n'est pas pourvue d'une existence propre, intrinsèque. Donc les Dieux existent-ils ? La question demeure
sans réponse.
), la
Yamunâ
, l'Indus, la Sarasvatî (rivière mythique
souterraine), la Narmadâ
, la Godavari et la Kaveri. La
plus sacrée est le Gange, né de la chevelure du Dieu Shiva et, le long de son cours, Haridwar,
Allahabad et Vârânasî (Bénarès) sont
les trois principaux lieux de pèlerinage. Le confluent du Gange (Gangâ), de la Yamunâ et de la Sarasvatî
à Allahabad, en un lieu nommé Prayag, est
forcément le point central de pèlerinage. Les gens se rendent en pèlerinage vers ces
rivières sacrées pour s'y immerger
rituellement et s'y purifier, obtenir le darshan des saddhu (moines errants) présents qui viennent de tout
le pays, ou encore y immerger les cendres d'un parent disparu ou accomplir un rite annuel (sraddhha) à sa
mémoire.
Le douzième jour après sa naissance, le bébé
reçoit son nom au cours d'une cérémonie familiale. Le père écrit le nom de la
déité familiale, la date de naissance de l'enfant et son prénom, puis le murmure dans l'oreille
droite du bébé. La famille bénit l'enfant.
Au 3ème ou 4ème mois, quelquefois, on fait une cérémonie
pour la première visite de l'enfant au temple
Vers 7-8 mois, nouvelle cérémonie à l'occasion de la
première nourriture solide
A un an, cérémonie pour la première coupe de cheveux
Vers 11-12 ans, a lieu la cérémonie la plus importante,
l'Upanayana, qui marque le passage de l'enfance à l'adolescence, pour
les garçons, qui reçoivent à cette occasion le cordon sacré (pour les trois premières
castes seulement)
Le mariage est, bien entendu, un rite très important. Le mariage religieux
est enregistré administrativement depuis une loi de 1955. Ce n'est pas toujours appliqué dans les
campagnes. Les mariages sont pratiquement toujours arrangés par les parents. Le jour du mariage est fixé
en fonction de l'horoscope. On évite la période d'août à novembre en raison de la mousson
et des grandes fêtes religieuses de l'automne. La cérémonie a lieu au temple puis au domicile des
parents de la mariée et à leurs frais (en plus de la dot). Il est d'usage d'inviter tous les parents
même éloignés. La cérémonie religieuse, menée par des prêtres
appointés connaissant les rituels complexes, dure plusieurs heures. Elle comporte, en particulier, des offrandes
au Dieu du Feu, Agni. Les jeunes époux font plusieurs fois le tour de ce feu sacré en prononçant
des paroles rituelles
La crémation. Après son décès, le corps d'un Hindou
est brûlé. Seuls les sannyasin sont enterrés. Les rites funéraires sont accomplis pour les
femmes par le mari ou le fils aîné, pour un homme par le fils ou le frère, avec l'assistance
d'un prêtre spécialisé
Une dernière cérémonie est faite 11 jours après le
décès en hommage au disparu, puis tous les ans.
De l'Upanayana jusqu'à son mariage, c'est le
brahmacharya, sous la conduite d'un maître spirituel (guru) qui peut être
son propre père, pour autant que celui-ci en ait les compétences; le jeune homme apprend les textes
sacrés en sanscrit qui l'éclairent sur son dharma propre. C'est une période de célibat,
chasteté et obéissance au maître
Après son mariage commence le grihastha ou
vie du maître de maison. L'homme a la responsabilité de sa famille; il exerce son métier.
Lorsque son fils a un fils à son tour, la continuité de la
lignée familiale est assurée. L'homme peut alors se retirer progressivement des affaires et
déléguer ses responsabilités à la génération suivante : c'est le
vanaprastha. L'homme n'a plus qu'une responsabilité morale sur les actes
importants comme le mariage des petits enfants
La quatrième période est optionnelle, c'est le
sannyas. L'homme abandonne tous ses biens et même son nom, quitte
définitivement sa famille pour vivre la vie d'un ascète errant ou d'un saddhu méditant dans
les montagnes.
est
l'Univers changeant et impermanent que nous vivons dans notre vie quotidienne. Rien n'est stable, tout
passe. Nous sommes attachés à nos cinq sens et aux expériences qu'ils procurent. L’Hindouisme nous
dit que cet Univers est sans
réalité véritable et que sa connaissance n'est pas La Connaissance (Vidya).
, est le but ultime de toute recherche spirituelle, quel que soit le chemin suivi.
enseignent l'identité de Brahman
et d'Atman. Atman
, que nous traduisons par âme, faute de terme
adéquat, est le correspondant en l'homme (microcosme) du principe de Brahman (macrocosme). La
différence essentielle entre atman et âme tient à ce que atman ne renferme pas l'idée
d'une entité spirituelle individualisée, encore que certaines branches de l'Hindouisme aient
évolué en ce sens...
,
est une entité illusoire. Il est créé et façonné par nos désirs et nos peurs
et interfère constamment avec l'expérience des sens.
Les Brahmanes, dont sont issus les prêtres
Les Kshatriya qui fournissent les gouvernants et les
guerriers
Les Vaishya ou agents économiques
(commerçants)
Les Sudra ou artisans, au service des trois
premières varna.
D'une part, certains métiers (vidangeurs, équarisseurs, etc.) sont
par nature très sales. Les gens excluaient ceux qui manipulaient des substances pouvant propager des maladies.
D'autre part, certains délits graves étaient punis d'une proscription
sociale totale et définitive : meurtre d'un Brahmane ou d'une vache, mariage de grave mésalliance.
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