Quelques éléments de compréhension des rituels
Plan du chapitre |
||
---|---|---|
Les rituels domestiques | Les rituels des étapes de la vie | Les rituels publics |
La civilisation ancienne dont les Veda sont le remarquable et toujours vivant témoignage accordait une importance de tout premier plan aux rites destinés à permettre la communication entre le plan divin et le plan humain.
On sait d'ailleurs que le védisme est avant tout une religion du rite, de même d'ailleurs que l'hindouisme de nos jours. La stricte et précise application du rite est absolument requise : elle seule est garante de l'"efficacité" de la pratique religieuse. C'est pourquoi la réalisation du rite est confiée aux spécialistes que sont les brahmanes, dûment formés pendant de nombreuses années. La non-observation du rite ou son exécution erronée sont, par conséquent, considérés comme susceptibles d'entraîner de grands désordres dans l'ordre du monde. Bien entendu, une analyse rationnelle occidentale de ce concept nous conduirait à postuler qu'il s'agit d'une imposture des brahmanes pour conforter leur suprématie sur les autres couches de la société; mais qu'en savons-nous ?
La notion chrétienne de foi est assez différente de l'approche hindoue. Le terme de shraddha, souvent traduit par foi dans les livres, doit s'entendre par confiance totale dans les pouvoirs du divin et en l'efficacité du rite. Ce n'est pas une croyance théologique.
Le culte védique s'appuie essentiellement sur la notion de sacrifice, yajña. Ce sacrifice est une offrande que l'on fait aux dieux dans un but pratique, c'est à dire pour obtenir quelque chose en échange. Il ne s'agit pas, là, de "rendre grâce à Dieu", mais de demander quelque chose (santé, réussite, etc.) à une puissance divine.
On objectera peut-être que cette approche est bassement intéressée. Mais l'action complexe et très longue du rituel requiert de l'officiant une concentration totale qui peut l'amener vers des plans de méditation avancée dans lesquels la communication avec les Sphères supérieures est facilitée.
De plus, le sacrifice rituel a valeur de sublimation. Au-delà des fleurs, fruits, nourriture, encens, lumière, etc; présentés à la divinité en même temps que sont récités les mantra et textes adaptés, il faut comprendre que le pûjâri (officiant, prêtre) fait don aux dieux de son ego et tente de fusionner avec eux.
On distingue essentiellement deux sortes de rites :
Les grihya) ou rites domestiques simplifiés, que chacun peut réaliser
chez soi (dans les castes supérieures seulement) et
les rites solennels (shrauta) qui requièrent des officiants
spécialisés, de caste brahmane.
Les rituels domestiques
Les rituels domestiques comportent les offrandes quotidiennes de céréales (riz, blé, orge) en l'honneur de plusieurs
divinités comme Agni, Prajapati, Sûrya. A ces rites quotidiens, s'ajoutent les cinq grands rites (mahâyajña) pratiqués
tous les jours tôt le matin et le soir.
Tous les évènements particuliers (les fêtes agricoles, la construction d'une maison, l'achat d'une voiture, un changement de
domicile, un examen, l'ouverture d'un commerce, etc.) font l'objet de rituels particuliers.
Les rituels des étapes de la vie
Bien entendu, les étapes de la vie sont également jalonnées de rites spéciaux que l'on nomme les
samskara. On cite :
De nos jours, certains de ces rituels ont tenance à tomber en désuétude.
Les rituels publics
Comme indiqué plus haut, ils sont compliqués. Le nombre des officiants requis dépendra du type de sacrifice pratiqué.
L'agnihotra, ou offrande au feu, ne demande qu'un seul prêtre (de caste brahmane); c'est donc le rite le moins
complexe. Il consiste en une offrande de ghee (beurre clarifié) versé sur le feu sacré pour l'entretenir, tout en récitant
des mantra appropriés; il est effectué chaque jour le matin en l'honneur de Sûrya et de Prajapati.
Nous ne détaillerons pas des rituels tels que le darshapurnamasa, l'agnistoma, le parvargya, le vajapeya, ou à plus forte raison
l'antique ashvamedha (sacrifice du cheval), car ils sont surtout d'intérêt historique.
Les pûjâ quotidiennes sont menées plusieurs fois par jour dans les temples en l'honneur des
divinités. Elles comportent en particulier l'âratî, offrande du feu à la divinité,
accompagnée de mantra. Le rituel complet de la pûjâ comprend dix-sept étapes :
Encore s'agit-il d'une liste type susceptible de modifications dans le nombre des étapes et l'ordre dans lequel elles sont accomplies.
Généralement, les étrangers qui visitent un temple (c'est particulièrement sensible en Inde du sud) ont une impression
de bruit et d'agitation, mais pas de recueillement. Les gens s'installent dans tous les coins, assis tranquillement au sol, ou
vaquant à leurs occupations. Dès qu'une pûjâ débute, annoncée par des clochettes ou des gongs, tout le monde
se rassemble devant l'entrée du sanctuaire pour avoir le darshan (vision) de l'image divine
(mûrti) honorée ici.
La pûjâ est une longue suite de présentations de la flamme des lampes devant la divinité, de mantra psalmodiés
sur un rythme rapide, d'aspersions d'eau, d'eau de coco, de lait sur la forme divine, le tout accompagné de cloches, gongs
ou autres instruments dont il semble que le but soit de faire le plus de bruit possible, pour éveiller la divinité et s'assurer de
son regard bienveillant sur les gens rassemblés.
Le garbhadana, pour obtenir la fécondation de la nouvelle épouse,
Le pumsavana, au cours du troisième mois de grossesse ou un peu après,
afin d'obtenir un héritier mâle,
Le jatakarma qui s'étend sur plusieurs jours après la naissance du
bébé,
Le namakarana, une douzaine de jours après la naissance, au cours duquel
on donne son nom à l'enfant,
L'annaprashana ou cérémonie du sevrage
Le chudakaranam, entre le troisième et le cinquième anniversaire, lorsque
l'on coupe les cheveux de l'enfant pour la première fois, ne lui laissant qu'une touffe de cheveux sur le haut du crâne,
L'upanâyâna, rite très important, après quelques années
de prise en charge de l'enfant par un maître spirituel (guru) pour lui inculquer les éléments d'éducation sacrée
(essentiellement les rituels dont il aura besoin comme adulte). C'est alors que l'enfant reçoit le cordon sacré (yajñopavita) qui
marque sa deuxième naissance. L'âge de l'upanâyâna dépend de la caste. Après ce rituel de
l'upanâyâna, le jeune homme est un brahmachârin
Le keshanta à l'occasion du premier rasage de barbe de l'adolescent
Le samavartana marque la fin des études de l'adolescent, et sa préparation au mariage
Le vivâha, ou mariage, qui est un rituel complexe, à l'issue duquel le
jeune homme est un maître de maison (grihashtha) (chez nous, on dira chef de foyer). Pour les filles, le mariage est la
seule cérémonie d'initiation
L'antyeshti, ou funérailles par crémation, est l'ultime rituel de la vie. Il
est destiné à faciliter le passage du défunt dans l'Au-delà
Le shraddha, quelques temps après la mort (entre 10 et 31 jours), est
pratiqué ensuite chaque mois pour nourrir l'âme du défunt de boulettes de riz, ce qui lui permet d'accéder au
statut d'ancêtre bienveillant (pitri).
L'Achamaniya consiste à avaler deux ou trois cuillérées d'eau en
répétant (japa) le nom de la divinité que l'on invoque. L'achamaniya se place au début de la pûjâ
Avahana
L'Asana consiste à offrir un siège à la divinité pour
qu'elle y prenne place
Le Padya, ou offrande de l'eau pour laver les pieds de la divinité
Arghya,
Achamaniya, de nouveau
Sñana
Vastra,
Upavastra, offrande de vêtements à la
divinité que l'on peut remplacer par une offrande de feuilles de tulsi (basilic)
Gantha, son de la cloche
Pushpâ, offrande de fleurs
Dhûpa, offrande d'encens
Dîpa, offrande des flammes de la lampe à
ghee (ou huile)
Nivedaya, offrande de nourriture
Pradakshinâ,circumambulation autour de
l'image de la divinité dans le sens des aiguilles d'une montre
Mantrapushpa, offrande de fleurs et récitation
simultanée de textes sacrés et mantra
Nâmaskara. Salutation à la divinité.
Haut de page
Page d'accueil