Mumbay (Bombay)
La ville, que dis-je, la mégapole de Mumbay, est certainement l'une des villes les plus fascinantes de l'Inde. On
sent que pour la connaître un peu, il faudrait y consacrer pas mal de temps... En général, on n'en a
pas. Alors, on se limitera à l'essentiel.
Arriver à Mumbay est déjà d'emblée une expérience. L'avion tourne au-dessus de la zone côtière ponctuée de lacs et de marécages, ou bien passe d'assez haut sur la ville dont on se rend alors compte qu'elle s'étire démesurément tout au long d'une presqu'île interminable qui s'enfonce dans la mer et là-bas, tout au bout, vers les quartiers riches de Colaba, s'élèvent quelques gratte-ciels orgueilleux...
Puis l'avion plonge vers la piste, rasant à quelques mètres d'altitude des entassements invraisemblables de bidonvilles jusqu'au bord extrême du bout de la piste. Lorsque la porte de l'avion s'ouvre, la touffeur de l'air moite vous assaille et l'on sait que l'on va avoir chaud.
Mumbay Airport est aussi la plaque tournante du trafic aérien vers la plupart des villes du pays. Les voyageurs
qui y passent de longues heures, parfois des nuits, ponctuées d'annonces éraillées,
reconnaîtront ici une expérience de chaise longue rembourrée où dorment à vos
côtés, allongés dans toutes les postures inimaginables, des dizaines d'autochtones et d'étrangers,
tous soudés dans l'ennui de l'attente.
Mumbay Airport, on peut aussi en sortir (c'est mieux d'ailleurs). C'est pour trouver aussitôt les rues à la circulation encombrée et les trottoirs encombrés aussi, mais de gens installés là à demeure, avec tout leur fourbis miséreux.
Pour atteindre la "vraie ville", il faut rouler longtemps.
Un tour de ville permettra de voir :
La Porte de l'Inde, sorte de petit arc de triomphe construit en 1911 pour
accueillir les souverains britanniques en visite officielle; il est situé à côté de
l'embarcadère d'où l'on part pour se rendre à l'Ile d'Elephanta (voir indications plus loin).
Les abords de la Porte de l'Inde sont très fréquentés toute la journée, mais particulièrement lorsque la fraîcheur de
la fin de l'après-midi incite les promeneurs à venir faire un tour par ici.
En face de la Porte de l'Inde, le luxueux hôtel Taj Mahal,
universellement célèbre, vaut d'aller y faire un petit tour à l'intérieur, même si
l'on ne raffole pas des palaces
Dans le quartier avoisinant de Colaba, de nombreux magasins incitent au
shopping
Non loin de là, le Prince of Wales Museum (entrée
300 Rs plus 30 Rs pour appareil photo - sans flash) est incontournable pour la magnifique statuaire des diverses époques,
Gandhara et autres (Photos), les miniatures Rajasthani
raffinées, une splendide sélection de statues dorées népalaises et tibétaines, datant
parfois de plus de 1000 ans, des thangkas, etc. Une autre salle évoque la préhistoire ou plutôt
la protohistoire de Mohenjo-Daro. Des sceaux de stéatite (originaux ?), utilisés paraît-il
à l'époque par les marchands, sont très finement et joliment gravés d'animaux et du
fameux Dieu cornu assis en lotus que l'on a assimilé à une forme ancienne de Shiva
. Une autre
salle expose des bijoux en or et en argent. Les émaux Minakari (selon la technique du champlevé), des vases
en bidri (incrustations de fils d'argent dans un métal
noirci) et surtout de forts beaux jades blancs façonnés par des artisans Indiens à l'époque
Moghole dans une matière première importée de Chine. Dans une salle voisine, on explique la technique
de fabrication des statues par le procédé de la cire perdue (selon les modalités - vide ou plein) et
quelques statues illustrent ce savoir-faire : deux très beaux Krishnâ
enfant tenant
la boule de beurre et un original Ganesh
de Chamba.
Une balade dans le centre ville permet de jeter un oeil sur la Gare de Victoria (Victoria Central Station), monument britannique remarquable du 19ème siècle de style "Gothique Victorien" (sic). Quelques autres monuments de la même époque sont regroupés aussi dans le cente ville.
Puis l'on peut suivre la Marine Drive, qui longe la mer, au rythme de la circulation et se rendre à Malabar Hill, dans les jardins publics, dits Jardins suspendus, agréables parce que ventilés par l'air marin. Ils sont voisins des Tours du Silence de la communauté Parsi, que la curiosité pousse à essayer de voir, mais que l'on ne voit pas.
Proche des Jardins suspendus de Malabar Hill, le temple de Walkeshvar est accessible
par une étoite rue animée qui descend vers la mer. Une cohorte de nécessiteux signale la
proximité du temple et l'approche du Bassin de
la Bangangâ. Celui-ci est bordé de ghats et d'une série de petits temples peut-être
anciens mais d'aspect récent. L'origine du lieu se rattache
à un mythe. Le Dieu Râma
, en route
pour Lanka
afin de livrer bataille au roi Ravana
, se serait arrêté ici. Il envoya une flèche dans le monde des enfers pour libérer
Bhogavati, la Gangâ
souterraine qui y demeurait prisonnière, d'où le nom de Bangangâ. Tous les jours,
Râma avait pris l'habitude de vénérer un Shiva Lingam
que son frère Lakshmana apportait tout exprès de Kashi (Varanasi) chaque matin. Un jour, Lakshmana
étant en retard, et la pûjâ ne pouvant attendre, Rama confectionna à la place un Lingam de
sable. Le nom Walkeshvar du temple signifie "Dieu de sable" (Waluka Ishvar). Le bassin actuel date de la période
Silahara (810 à 1250) mais fut rénové plus tard
pendant la période Yadava.
Un peu plus loin, une terrasse côté mer permet de voir des enfants debout sur le toit des cahutes en tôle, jouant avec des cerfs-volants sommaires. Un petit sanctuaire abrite un beau Ganesh de marbre. Par des escaliers, on peut remonter vers la rue principale où circulent des véhicules.
Un peu plus loin au nord, le temple de Mahalakshmî est d'aspect moderne.
Diverses statues de marbre peint ont chacune leur oratoire, de gauche
à droite : Rama et Sîtâ, Ganesh, Mahalakshmî
, Hanuman
,
Krishna de couleur noire, Krishna à la flûte. Devant
Mahalakshmî, dans la chapelle, est placé un Lingam surmonté de cobras que précèdent
Nandi
et
Kurma, la tortue avatar de Vishnu
. Les
gens vont et viennent continuellement, recueillis.
Le Victoria Garden est en principe le lieu où peut se visiter le Victoria and Albert Museum. Mais il est actuellement en rénovation depuis juin 2003 et la durée des travaux n'est pas précisée... On peut profiter de cette carence pour visiter le zoo installé dans des jardins bien entretenus, ombragés de neems et de palmiers. Ce n'est pas un zoo très fascinant : 2 lions, 3 éléphants, 3 crocodiles s'ennuyant dans leur eau croupie, 3 émeus, de belles et nombreuses antilopes, 2 léopards, 1 macaque. Heureusement, la partie réservée aux volières d'oiseaux est plus intéressante : perroquets de divers coloris, toucans, cygnes, pigeons, tourterelles, canaris, paon, corbeau blanc et toute une variété de hérons ou oiseaux apparentés à longs becs et longues pattes.
Si l'on en a le temps, Mumbay propose plusieurs bazars animés comme le Javeri
Bazar des bijoutiers. Tout proche, on ne manquera pas de visiter le
temple de Mumbay Devî
dont la rue avoisinante abonde d'échoppes colorées vendant des articles religieux. Le Chor bazar,
dans Mutton Street, regroupe des brocanteurs qui proposent meubles, bibelots, porcelaines, vases, etc. Le
quartier est aussi encombré de ferrailleurs. Dans le Crawford Market qui
déploie son architecture
néo-gothique, on admirera les étals colorés de fruits de toutes sortes, même les plus rares,
anones, caramboles, etc.
Il est conseillé de consacrer une demie-journée pour se rendre à l'Ile
d'Elephanta; l'embarcadère des bateaux qui y conduisent (90 Rs) en une heure se trouve à la porte de
l'Inde. Une fois arrivé sur l'île, un petit train ferraillant (8 Rs) permet de joindre rapidement le
début de la visite, évitant le parcours de la longue jetée.
On escalade un long mais facile escalier ombragé par des arbres et les toiles de protection des
deux rangées d'échoppes proposant des bricoles de tout genre. Les escaliers deviennent plus raides en fin de
parcours. De confortables chaises à porteurs sont disponibles pour les personnes fatiguées. L'entrée
du site est payant (250 Rs).
Les grottes sont taillées dans le rocher dont un colossal temple de Shiva. Les lieux ont été gravement endommagés par les militaires portugais qui tirèrent au canon sur les grottes pour s'amuser... ou pour supprimer les témoignages de cette religion impie qu'ils abhorraient !
La grotte principale est immense et semble comme "soutenue" par de grosses colonnes cannelées à
mi-hauteur
et terminées en bulbe vers le haut. De petites figurines (Ganesh, Gana
) en ornent les angles. Un Shiva
Natarâja, le Maître de la Danse Cosmique, et un Shiva Yogeshvara, le Maître de méditation,
donnent d'emblée une idée de l'aspect grandiose de la statuaire
mais, aussi, hélas, des énormes dégats subis. Sur la droite, dans un renfoncement, un féroce
Bhairava
armé d'une
épée et tenant un crâne, vient de trucider le démon Andaka.
Le sanctuaire central abrite un Shiva Lingam; les portes en sont gardées par des Dvârapâla
colossaux (4,50 m
de hauteur)... A quelques mètres, se trouve la scène classique de Kalyana Sundara Mûrti (Mariage
de Shiva et de Pârvatî
). Les mains
des divinités sont hélas cassées mais les visages sont beaux. Derrière
la jeune épousée, Himavan, son père, est plein de puissance. Sur le côté, un beau
Chandra
présente le vase
d'ambroisie (Amrita
).
Comme sur la plupart de ces compositions, diverses figures célestes
occupent le registre supérieur : Brahmâ
volant dans les airs avec ses oies, Indra
sur
l'éléphant Airavata, Vishnu sur l'aigle Garuda
,
Ganesh parfois et, bien entendu, les Gandharva
, musiciens célestes.
On se rend ensuite devant la pièce maîtresse de cette grotte, la grande sculpture de la Trimûrti
. La lumière du matin est la plus appropriée pour bénéficier d'un
éclairage latéral. C'est un ensemble vraiment magnifique. Les trois visages représentent
Brahmâ, le Seigneur de la Création, Vishnu, le Seigneur du Maintien du Monde Manifesté, et Shiva sous
son aspect féroce (Bhairav), le Seigneur de la Destruction.
Sur sa droite, un autre panneau sculpté représente Shiva Gangâdhara; la Déesse à
trois visages se niche dans la chevelure du Dieu Shiva. On sent que Pârvatî, l'épouse de Shiva, un
peu à l'écart, en semble contrariée. Un peu plus loin, sur la gauche, la forme androgyne
d'Ardhanarishvara étonne
les visiteurs étrangers.
Pour rejoindre la cour de l'Est, on passe devant devant deux autres reliefs bien abîmées : le premier
représente Shiva jouant aux dés avec Pârvatî sur le Mont Kailash
, leur demeure
céleste. Le second montre le Démon Ravana secouant le Mont Kailash.
La cour de l'Est donne accès à une nouvelle grotte aux colonnes sans décoration. Le sanctuaire central abrite un Shiva Lingam. Il est gardé par deux grands Dvârapâla et un déambulatoire en fait le tour. Sur le côté droit, une série en mauvais état des Sept Mères est accompagnée d'un Ganesh. Sur le mur latéral, un autre gros Ganesh serait remarquable s'il n'était abîmé.
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