Quelques caractéristiques des temples de l'Orissa

 

L'architecture des temples de l'Orissa a été codifiée vers le début du premier millénaire dans des textes qui nous sont parvenus. Globalement, ces temples se rattachent au style Nagara, ou style des temples du nord de l'Inde, mais avec des particularités spécifiques à la région.

Comme tous les temples de l'Inde, leur disposition symbolise la montagne cosmique.

Les parties principales du temple

Le temple dans son ensemble, est un deul, mais le même terme peut désigner la tour du temple. Le temple ne comporte, dans la plupart des cas, que deux salles :

 Le sanctuaire (cella) où réside l'effigie du dieu, se nomme garbha-griha, comme ailleurs en Inde. C'est le plus souvent une petite pièce de forme carrée, sans ouverture si ce n'est une entrée, où seuls sont admis les prêtres qui réalisent les rituels (puja). Ethymologiquement, garbha-griha signifie "maison-matrice".
 La salle plus grande où les visiteurs et pèlerins se rassemblent pour assister aux rituels ou simplement avoir le darshana (vision) de l'image divine, est le jagamohan ou mandir. Dans d'autres régions de l'Inde, le jagamohan s'appelle le mandapa.
 Le sanctuaire et le jagamohan sont quelquefois séparés par un court vestibule, l'antarala.

 

Au dessus du sanctuaire, s'élève la tour, ou shikhara. Dans le style de cette région, la tour possède arêtes curvilignes (rekha) et elle est construite sur un plan carré. L'ensemble du sanctuaire et de la tour-shikhara qui le coiffe est dédigné comme le rekha deul.

Dans quelques cas rares, comme le temple Vaital Deul de Bhubaneshvar, la tour du temple est un dôme "en forme de demi-courge", ce que signifie son nom khakhara. La cella est alors rectangulaire.

Mais dans la plupart des temples, la tour, d'une allure curviligne simple au début, la tour va peu à peu évoluer et s'entourer de sortes de grappes de shikhara en miniature, souvent surmontés de l'amalaka (voir plus loin).

La décoration des tours n'est pas en reste. On y voit :

 Des sortes de lucarne ou niches en fer à cheval (kudu) illustrées de groupes sculptés de divinités, ou tout simplement d'un visage.
 Des niches et panneaux dont l'intérieur est souligné de bas-reliefs divers (shardula ou lions mythiques cornus, kirtimukha ou visage de gloire, surasundari ou nymphes célestes, etc).
 Des shikhara émergent des modillons, sortes de petites consoles renversées, qui portent des animaux mythiques, comme les vyala, lionnes couchées ou ailées.
 Souvent, sur la partie frontale, un médaillon, le bho, représente un masque de monstre (Rahu) soutenu par des effigies de nains.
 Diverses figures féminines associées à l'arbre.
 Les Lokapala (= Dikpala ou Gardiens de l'Espace), déités associées aux huit points cardinaux.

Le shikhara est surmonté, dans sa partie sommitale, d'un couronnement, le mastaka. C'est un ensemble d'éléments qui, de bas en haut, sont :

 Un rétrecissement en forme de gorge, le beki
 L'amalaka, sorte de coussinet de pierre, aplati et côtelé. L'amalaka est le fruit du mirobolan. Dans d'autres régions de l'Inde, on trouve aussi l'amalaka au sommet des piliers de temples rupestres
 Surmontant l'amalaka, un motif en forme de vase, le kalasha, posé sur une partie renflée, le khapuri, qui fait transition avec l'amalaka.

Revenons vers la grande salle du jagamohan.

Le jagamohan est couvert, dans les temples les plus anciens, par de grandes plaques de pierre se chevauchant (temple de Parashumareshvar). Au fil du temps, avec la maîtrise des matériaux, la construction se complexifie et l'on voit se former, en toiture du jagamohan, une pyramide à degrés, plus ou moins pentue. Cette pyramide, à un ou plusieurs ressauts, se nomme pirha. Le jagamohan dans son ensemble (bâtiment et couverture) peut être désigné sous le nom de pirha deul.

Pour la description, on peut aussi subdiviser le temple en plusieurs parties, de sa base au sommet.

A la base se trouve évidemment la plateforme (pishta), très souvent moulurée.

Au dessus de la plateforme, viennent reposer les murs (bara).

Les murs de la partie basse du shikhara constituent l'extérieur de la cella. On constate que ces murs affectent des angles rentrants et saillants. Le nombre de ces décrochements (ratha) est de trois, cinq, sept, voire neuf. Cette disposition permet d'obtenir, à l'extérieur de la cella, une superficie importante de murs sur lesquels peuvent ainsi être exposées de nombreuses statues de divinités. Ces alternances de saillies et de renfoncements se prolongent vers le haut du shikhara.

Les murs extérieurs du jagamohan sont parfois percés de fenêtres carrées, les gavaksha, avec treillis ou écrans de pierre perforée (jâlî), parfois couverts de figures en bas-reliefs et de frises.

Au dessus des murs, vient reposer la couverture. Celle du shikhara se nomme gandi. Le shikhara peut se décomposer en plusieurs niveaux ou bhumi.

La partie sommitale de la tour, décrite plus haut, est le couronnement (mastaka).

La partie sommitale du jagamohan comporte aussi parfois un mastaka. Mais le beki et l'amalaka y sont séparés par un élément en forme de cloche, le ghanta.

Dans le cas de grands temples comme le Lingaraja ou l'Ananta Vasudeva, le temple est composé d'une cella et de plusieurs salles. La plus proche du sanctuaire est le jagamohan, décrit plus haut. Puis vient le natmandir ou salle de la danse. C'est là qu'autrefois les danseuses du temple (devadasi) exécutaient les danses sacrées. Enfin, la salle la plus éloignée du sanctuaire est le bhogamandir ou salle des offrandes; c'est le lieu où les visiteurs déposent les présents qu'ils apportent à la divinité. Ces mandapa en alignement devant le sanctuaire sont construits avec des toitures de hauteurs décroissantes. Le natmandir et le bhogamandir sont des ajouts postérieurs au temple initial.

 

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