Chapitre Devî
 Sarasvatî, déesse védique

Sarasvatî

 

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Quoique la Déesse Sarasvatî fut initialement une déification de la Rivière du même nom, les évolutions ultérieures lui accordèrent une personnalité indépendante et différente. Mais originellement "Déesse rivière", elle garde son association avec tout ce qui coule : l’eau, la parole, la musique.

Sarasvatî, Déesse de la connaissance, de l'éloquence, de la sagesse, Maîtresse des arts, Mère de la poésie, révèla à l'homme le langage et l'écriture. Epouse (Shakti) de Brahmâ, le Dieu Créateur et sortie de son front, elle en est le pouvoir créatif; leur union souligne la notion que la connaissance est une condition sine qua non de la création.

A l'aube du monde, Brahmâ tombe amoureux de sa première création, Shatarupa ou Savriti, la déesse de l'existence matérielle, et se fait pousser cinq têtes pour pouvoir la contempler et la surveiller en permanence. Shiva arrache une de ses têtes pour contenir le désir de Brahmâ qui demande assistance à Sarasvatî - la connaissance, la sagesse - pour améliorer son contrôle sur lui-même. Mère des Veda, Sarasvatî dispense donc l’intelligence cosmique nécessaire à la création du monde.

Sarasvatî transmet alors à Brahmâ la discipline de l'esprit et les enfants de la déesse, les Veda, enseignent à Brahmâ comment échapper aux distractions et aux tentations du monde sensuel. Depuis, les quatre têtes restantes de Brahmâ chantent les Veda. Sarasvatî est créditée de l'invention du sanscrit et de l'écriture devanâgarî. Elle est évidemment une déesse populaire parmi les écoliers et les étudiants..

Les possessions matérielles ne l'intéressant pas, elle est habituellement habillée d'un simple sari blanc et porte peu de bijoux, par rapport aux standards indiens. Elle est représentée comme une femme gracieuse, de couleur blanche, assise parfois sur une fleur de lotus, parfois sur un cygne blanc, un mince croissant de lune à son front. Elle a deux, quatre ou huit bras. Elle joue de la vînâ (une sorte de luth) et, dans ses autres mains, elle tient un livre, les Veda, un chapelet (mala) ou encore un crochet à éléphant. D'autres attributs, plus rares, sont une flèche, une massue, un épieu, un disque, une conque, une cloche, une charrue, un arc.

 Le livre tenu dans la main gauche indique que la connaissance acquise doit être utilisée avec amour et bienveillance pour contribuer au bien-être du monde
 La vînâ tenue par sa main droite exprime l’idée que le chercheur doit accorder son intellect à son cœur
 Le cygne ou le paon, à côté de la déesse, a un bec extrêmement sensible lui permettant de distinguer le lait pur d’un mélange de lait et d’eau : la connaissance acquise et utilisée avec discernement contribue au bien de tous. La connaissance dominée par l’ego peut détruire le monde.
Ce paon est désireux de lui servir de monture. Mais le comportement de l'oiseau est versatile; aussi, ne sert-il pas réellement de monture à la déesse. Cela signifie que le chercheur spirituel doit surmonter son indécision et sa versatilité pour acquérir la vraie connaissance, celle qui mène à la libération.

En Inde, Sarasvatî est vénérée par les étudiants, professeurs, scientifiques, artistes, écrivains…, mais peu présente dans les temples. Chaque année, sa fête annonce le printemps. Le cinquième jour de lune montante du mois de Magha, Basant Panchami (cinquième jour du printemps), son anniversaire est fêté avec enthousiasme : les jeunes enfants apprennent leurs premiers mots, de nouvelles écoles sont inaugurées, et tous ceux qui cherchent l’illumination spirituelle offre des rituels. C’est le grand festival du printemps. Ce jour consacré à Sarasvatî, on ne peut ni lire, ni jouer de la musique. Les instruments de musique sont nettoyés, placés sur un autel et vénérés comme les demeures de la déesse.

 

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