Dieux et Déesses des Veda

 

Plan du chapitre

Les 33 Dieux Les Vasu Les Rudra Les Marut
  Les Aditya Indra Prajâpati
Les Dieux principaux Sûrya Varuna Mitra
  Agni Soma / Chandra  
Les Déesses Usha Prithivî Aditi
  Vâc/Sarasvatî Nirriti Râtrî
Autres Dieux Dyauspati Kâma Marichî
  Maya Parjanya Pushan
  Savitri Surabhî Vâyu

 
Images de divers dieux

Le terme par lequel on désigne les divinités de l'hindouisme, à l'exception notable des trois grands dieux de la Trimûrti (Brahmâ, Vishnu, Shiva), est Deva. Les ennemis des Deva sont les Anti-dieux ou Asura.

Ce chapitre est consacré aux Dieux et Déesses cités dans les traditions orales puis écrites, lorsqu'il devint l'usage, au moins partiel, de transcrire sur un support (en sanscrit) les textes sacrés des Veda. On sait désormais sans guère de contestation sérieuse, que le premier des Veda, le Rg Veda (prononcer Rig Veda) date au moins de quatre mille années et probablement encore plus. C'est dire que sur ces périodes fort longues, les conceptions cosmogoniques ont eu le temps de se complexifier et d'évoluer.

Sur le sujet des origines des Veda, on consultera avec profit :
http://www.jaia-bharati.org/invasion/index.htm
http://www.indereunion.net/actu/danino/interdanino.htm

Ces deux sites (et d'autres encore) expliquent pourquoi est totalement fausse l'histoire ancienne de l'Inde telle qu'elle a présentée par des linguistes européens imaginatifs dès le 19ème puis au 20ème siècle. On a, en effet, promu l'idée d'une "invasion d'Aryens" nomades venus d'Asie centrale, apportant avec eux leurs croyances (dites védiques) et leur langue (le sanscrit), et qui auraient détruit la civilisation autochtone de la vallée de l'Indus (Harappa, Mohenjo-Daro). Cette histoire n'est en fait étayée par aucun argument sérieux, qu'il s'agisse de preuves archéologiques ou autres. Les Veda sont parfaitement autochtones : les légendes et symboles qu'ils rapportent, la langue magnifique qui les exprime, tout cela résultait d'une longue évolution raffinée et n'était pas le fait de "nomades barbares", fussent-ils Indo-Européens comme se sont plu à le propager les "penseurs" et pseudo-scientifiques des puissances coloniales. Malheureusement, si les milieux scientifiques indiens n'ont plus de doutes sur l'origine essentiellement autochtone de leur civilisation y compris sa période védique, il n'en va pas systématiquement de même à l'ouest où la vieille théorie de l'invasion "civilisatrice" aryenne a la peau dure.

La question du nombre de Dieux a fait l'objet de nombreux commentaires. Pour ne pas dire qu'ils sont en nombre infini, ou indéfini, on dit qu'ils sont au nombre de 33 ou 330 millions. Ce dernier chiffre représente mieux l'idée de multitude et a l'avantage de pouvoir s'énoncer sous la forme de 33 crores, le crore étant une unité indienne très usitée équivalent à dix millions. Trente trois crores nous renvoie de toutes façons à trente trois.

 On gardera à l'esprit, devant cette profusion de divinités, que les entités divines principales honorées et invoquées dans les Veda sont surtout Indra, Agni et Soma. A une moindre fréquence, on trouvera dans ces hymnes Varuna, Sûya, Mitra, les Marut, Brihaspati, Aditya, comme divinités masculines et Usha parmi les déesses.

Les trente trois dieux

La Brihad-Aranyaka-Upanishad indique, sous une forme abstruse, que les dieux sont au nombre de 33 soit :

 huit Vasu (Sphères d'Existence),
 onze Rudra (Principes de Vie,
 douze Aditya (Principes Souverains),
 plus Indra, le Souverain des Cieux,
 et Prajâpati, le Père.

Les Vasu

Les Vasu ou Huit Sphères d'existence sont la Terre (Prithivi), le Feu (Agni), principe de nutrition, l'Espace (Antariksha), le Vent (Vâyu), principe de vie, le Ciel (Dyaus = Dyauspati), le Soleil (Sûrya), principe de l'intellect, les Constellations (Nakshatra) et la Lune (Soma). D'autres Ecritures leur donnent des noms différents mais la signification est la même.

Les Vasu sont les premières manifestations de Brahmâ, la forme visible des Lois de l'Univers. On les dit fils de Manu et de Dharma.

Mais dans les Veda, les Vasu sont les personnifications des éléments naturels . C'est du moins l'interprétation la plus habituelle qui en est donnée de nos jours. Les Vasu sont les fils d'Aditî et les assistants d'Indra. On dénombre Apa, l'Eau, Dhruva, l'Etoile Polaire, Soma, la Lune, Dharâ, la Terre, Anila, le Vent, Prabhasa, l'Aurore et Pratyusha, la Lumière. On y adjoint parfois Ahar, le Jour et Dhânu, le Feu Ardent. Ces divinités ont Ganesh pour chef.

Les Rudra

Les Rudra sont des divinités du monde subtil, le monde intermédiaire entre les plans terrestres et les plans célestes. Les Rudra sont les principes de vie, ils appartiennent à la seconde phase de la Création. C'est parce que le souffle de vie quitte l'homme à sa mort que les Rudra se voient attribuer ce nom dont le sens est "Qui provoque les larmes".

Personnification des souffles vitaux, des énergies vitales au nombre de onze, nés du front de Brahmâ, les Rudra sont :

 Bhava (l'Eau) est la forme de Shiva-Rudra correspondant à l'eau et au goût. Son épouse est Umâ (=Pârvatî) et son fils Sukhla (Vénus)
 Sharva (la Terre ou l'Archer), est la force de la terre et de l'amour. Il est l'époux de Vikeshi et le père de Angaraka (Mars)
 Îshâna (le Soleil), est une forme voisine de Rudra. Il est l'air et le toucher
 Pashupati (le Sacrifice), généralement considéré comme la personnification du sacrifice rituel mais aussi "Le Maître du bétail" (une première forme de Rudra ou de Shiva, l'un des cinq stades de Sa pensée), représente aussi le principe vital, le souffle et correspond à l'élément feu.
 Bhîma (le Formidable), personnalise l'espace et l'éther; il a pour épouses les dix directions de l'Espace (les quatre points cardinaux, les quatre points intermédiaires, le zénith et le nadir)
 Ugra (le Terrible), est parfois appelé Ashani (l'Eclair). Il personnalise le vent. Son épouse est Diksha (Initiation) et son fils Santana
 Mahâdeva (Le Grand Dieu), représente la Puissance Créatrice de Shiva. Son symbole évident est le Lingam. Sa Shakti est Rohinî (La Rouge) et son fils Budha (Mercure)
 Ashani
 Chanda
 Chandikâ
 Vibhîshana

Bien entendu, les similitudes de noms avec des formes de Shiva présentées par ailleurs, ont de quoi dérouter. Il convient de toujours se remémorer que les sources (les Livres de la Tradition) sont tout sauf homogènes...

On retrouve le terme de Rudra pour désigner une forme de Shiva.

Les Marut

Egalement divinités du monde subtil, les Marut sont considérés comme similaires aux Rudra (c'est pourquoi on ne les compte pas dans les 33), mais parfois on les estime distincts... Principes d'Immortalité, ils sont aussi les dieux des Vents et donc le Souffle Vital de la nature et du cosmos.

Marut signifie "Brillant", "Immortel". Ce terme désigne un groupe de divinités védiques, fils du taureau de Rudra et de la vache Prishni (leur filiation est différente selon les textes). Compagnons du dieu Indra et de sa Shakti Indranî, ils résident au nord et symbolisent les vents du nord-ouest. Selon les textes qui les citent, leur nombre varie de 11 à 49. Les onze Marut dans le Mahâbhârata sont : Mrigavyadha (Le Tueur de Biches), Sarpa, le Serpent, Nirriti, la Malchance, Ajaekapada, le Bouc à un seul pied, Ahirbhudnya, le Serpent de mer, Pinakin, l'Archer, Dahana, l'Incendiaire, Ishvara, le Seigneur, Kapali, le Porteur de crânes, Sthanum, l'Arbre sec et Bhaga, le Fortuné.

En fait, les noms mêmes par lesquels on les désigne sont sujets à de plusieurs variantes.

Les Aditya

Les Aditya sont les Douze Principes Souverains. Ce sont les Personnifications des principes moraux et intellectuels qui fondent l'existence du Monde et l'harmonisent. Six des Aditya ont des fonctions sur le plan humain, six sur le plan céleste. Assimilés aussi aux douze mois du calendrier solaire, ils structurent le Temps et son déroulement.

Les Aditya sont les fils d'Aditî, la divinité de l'espace des origines, le ciel sans limite, l'énergie pure et libre. On l'invoque dans le Rig Veda comme Devamata, mère des Deva (les Dieux). Elle est fille de Daksha et, mariée au Sage Kashyapa, a engendré huit fils mais rejeté le dernier, Martanda (un autre nom de Sûrya, le Soleil).

Les douze Aditya sont : Mitra, l'Amitié, Varuna le Destin, Âryaman, la Noblesse, les Lois de la Société, Daksha, le Savoir du Rituel, Bhaga, le Partage, Amsha, la Chance, Tvashtri, l'Industrie, Savitri, la Magie, Pushan, le Progrès, Shakra, le Courage, Visvashvat, la Morale humaine, Vishnu, le Savoir Cosmique.

Les principes qui gouvernent la société des hommes sont Mitra, Aryaman, Bhaga et, dans une moindre mesure, Tvashtri, Pushan et Vivashvat. Les principes qui gouvernent le monde cosmique sont Varuna, Daksha, Amsha et, dans une moindre mesure, Savitri, Shakra et Vishnu.

Les Aditya ont Varuna pour chef; ils gouvernent les lois du Karma.

Selon les Purâna, les Aditya ont douze fils qui sont : Sûrya, Aryama, Pushan, Tvashta, Savita, Bhaga, Dhata, Vidhata, Varuna, Mitra, Indra, et le Seigneur Vâmana.

Indra  
Images d'Indra

Ce dieu est abondamment célébré dans le Rig Veda puisque le quart des hymnes lui sont consacrés. C’est donc le dieu le plus populaire du Veda. Les hymnes le décrivent comme un être aux caractéristiques humaines : bras, mains, mâchoire, lèvres, barbe. Doté d’une forte personnalité, c’est un grand buveur du Nectar des dieux (Soma) et un amateur de nymphes sensuelles. Il apparaît donc comme une sorte de guerrier fougueux et généreux avec du panache. Mais il ne faut certainement pas oublier que tout le langage des Veda correspond à des symboles ou des approches poétiques dont le sens s'est complètement perdu.

La mythologie d’Indra comporte des éléments agressifs. Dans l’un des épisodes, Indra armé de son vajra (foudre comme arme de jet) tue Vrita, le serpent des temps primordiaux qui étranglait de ses anneaux le vase dans lequel reposent les Eaux Originelles du monde et les Principes de la Vie. A l’issue du combat dont il sort évidemment victorieux, Indra délivre les Eaux qui s’écoulent ainsi librement, devenant les cours d’eau qui apportent la vie sur terre. Une autre interprétation dit que Vrita est le démon de la sécheresse qu’il combat à coups de d’éclairs et de pluie.

Au cours d’autres combats, il détruit les cités de pierre des Asura. Il combat souvent Vishnu-Krishna mais doit s’incliner. Il lui arrive aussi d’être vaincu par des démons. C’est ainsi que Shumba et Nishumba, deux puissants Asura, vinrent à s’opposer à Indra. Ils le vainquirent et le dépouillèrent des Trois Mondes sur lesquels il régnait. Heureusement Durgâ vint et les tua, libérant Indra et lui rendant sa souveraineté.

Indra est le chef des dieux, les Deva. Il réside sur le Mont Meru, dans son paradis appelé Svarga, dont la capitale est Amaravati. Il demeure également dans un char volant du nom de Vimana (ou Pushpaka) tiré par le cheval Uchchairvas et conduit par Matali, son cocher. Son arc magique (Shakradhanus) est l’arc-en-ciel et son animal-véhicule (vâhana) l’éléphant Airavata à sept têtes (ou sept trompes).

Indra représente la source de la vie cosmique qu’il transmet à la terre par l’intermédiaire de la pluie. Il libère aussi les forces de vie telles que la lumière et le feu. Sa force réside dans le sperme de tous les êtres. Compagnon de Vishnu avec lequel il est étroitement associé, il est le chef des Marut, tonitruante cohorte des divinités de l’orage et fils de Rudra. On le dit éternellement jeune. Il est aussi le chef des Vasu.

On représente Indra comme un homme jeune et vigoureux, armé d’un chakra et d’un vajra, l’éclair. Mais dans la statuaire, ce qui le distingue le plus aisément, c'est son éléphant à plusieurs têtes (ou à plusieurs trompes ou plusieurs paires de défenses) qu'il chevauche ou qui l'accompagne.

L’épouse d’Indra est Sîtâ (ne pas confondre avec l’épouse de Râma). Sîtâ signifie sillon. Elle est la divinité védique des labours et du blé. Un autre nom de l'épouse d'Indra est Indranî. Le terme désigne alors surtout la Shakti correspondante.

Dans les époques récentes, Indra n’est plus que le chef des Huit Régents de l’Espace (Dikpala), appelés encore Régents du Monde (Lokapala). Ce sont des divinités chargées de protéger les quatre points cardinaux principaux et les quatre points cardinaux intermédiaires. Indra en est le Régent de l’Est.

Ce reflux historique du culte d'Indra trouve un écho dans une légende bien connue de la vie de Krishna qui relate lépisode de la montagne de Govardhana. Un jour, les habitants de Vrindavan organisèrent, comme ils le faisaient périodiquement, des sacrifices rituels en l'honneur du grand dieu Indra, qui préside aux pluies et, par conséquent, permet d'abondantes moissons. Mais Krishna, encore jeune homme, vint à passer par là et les convainquit d'adresser leurs prières à Lui-même plutôt qu'à Indra. Ce dernier, tout à fait furieux de l'offense, déclencha un terrible déluge et des inondations catastrophiques pendant sept jours et sept nuits. Krishna souleva d'un seul doigt la colline proche de Govardhana et abrita en dessous les habitants du village et leurs troupeaux. Les orages et les éclairs se succédaient mais demeuraient sans effets. Indra reconnut alors la grandeur de Krishna et s'en vint pour le prier et reconnaître sa suprémacie.

Le rôle d'Indra en tant que dieu des pluies s'est maintenu, ainsi qu’un rôle de magicien. Il pourchasse toujours les démons.

Il est le Père d'Arjuna, l'un des protagonistes les plus importants dans le Mahâbhârata.

On donne d’autres noms à Indra : Vajrapâni (Porteur de foudre), bien connu dans le bouddhisme du Mahayana (Tibet) où il est un Yaksha identifié à Indra. Les Vajrapani sont également des hypostases courroucées d’Indra. D'autres noms encore sont Shakra (le Puissant), Vritahan (le Destructeur de Vrita, le démon de la Sécheresse), Purandara (le Destructeur des Cités, aux mille yeux), Jishnu (Chef des légions célestes).

Prajâpati

Prajâpati est un autre nom de Brahmâ, dans sa fonction de Seigneur de tout ce qui vit, Père de toutes choses. Tout être vivant procède de Lui. Au fil des siècles, on en est venu à désigner comme Prajâpati les Mahârishi, les Grands Sages qui, bien entendu, ne sauraient procéder d'aucune autre entité que de l'esprit de Brahmâ, au point d'en être identifiés à Lui.

Selon les textes, ces Prajâpati sont au nombre de sept (Saptarishi), dix ou vingt et un. Les sept sont : Gautama, Bharadvâja, Vishvamitra, Jamad-Agni, Kashyapa et Atri. Les dix sont : Mârîchî, Atri, Angiras, Pulastya, Pulaha, Kritu, Vashistha, Daksha, Bhrigu et Nârada. Les sept Rishi sont représentés par les sept étoiles de la Grande Ourse. De nombreuses légendes, contant leurs faits et gestes, s'attachent à ces Sages (Rishi).

Evolutions

Indra, Vishnu, Rudra, Sûrya, Mitra, Varuna, Vayu, Agni et Soma sont les principales divinités de l'époque védique bien qu'il soit malaisé de préciser quelles sont les divinités qui sont importantes et celles qui ne le sont pas. D’innombrables divinités secondaires enrichissent en effet le panthéon. Leur origine est extrêmement ancienne et difficile à dater.

En revanche, dès les débuts de notre ère, de profonds remaniements ont déjà eu lieu dans les hiérarchies des Dieux. Beaucoup des anciennes divinités ont perdu de leur prestige et de leur puissance. Le développement et la complexité progressive de ce corpus des Puissances Célestes va désormais polariser le culte autour de trois divinités principales Brahmâ, Vishnu et Shiva qui prendront, il est vrai, de multiples formes.

De plus, de nouvelles figures divines vont faire leur apparition. Cela ne signifie pas nécessairement que les anciens Dieux vont disparaître, mais leurs fonctions et leur importance vont s'en trouver réévaluées.

Ayant dénombré les trente trois dieux de la Tradition, revenons plus en détail sur certains d'entre eux qui occupent une place importante.

Les Dieux principaux

Sûrya  
Images de Sûrya

Sûrya (le dieu Solaire) est l'une des plus importantes divinités des Veda. Sa représentation, selon les Agama, doit toujours être placée au centre de la série des Planètes, et regarder vers l'Est. On le montre sur un char tiré à travers les cieux par sept chevaux, ou bien par un cheval à sept têtes. Sur d'autres figurations, ses quatre mains tiennent une roue (chakra), une conque, un lotus, la quatrième montrant le geste de protection. Le conducteur de son char est Aruna, le dieu de l'Aurore, représenté sans jambes, qui tient un fouet à la main.

Sur d'autres images, encore, il est rond de formes, rouge, décoré de fleurs rouges; il porte des vêtements bigarrés; et des drapeaux ornent son char.

Sûrya est supposé être un Kshatriya, fils du Sage Kashyapa. Il porte aussi une cotte de mailles. Debout dans une posture hiératique ou assis sur un lotus, il montre dans ses deux mains levées des fleurs de lotus. Sur sa bannière figure un lion. Telle est la description du Dieu Soleil comme Chef des Planètes.

Source de lumière et de chaleur, Sûrya contrôle les saisons; il a le pouvoir de faciliter ou d'arrêter la maturation des cultures. L'agriculture ayant été, autrefois, l'activité humaine primordiale, Sûrya est placé au plus haut niveau des Dieux, spécialement parmi les agriculteurs.

Connu aussi sous le nom de Savitar ou Savitrî, qui serait l'éclat créatif de Sûrya, ce dieu était très populaire dans les temps anciens, mais il perdit ultérieurement de l'importance au profit de Vishnu. Malgré tout, il est le Dieu auquel le célèbre Gâyatrî Mantra s'adresse chaque jour, lorsqu'il paraît à l'horizon. Chaque jour, tôt matin, on peut voir des foules innombrables de dévots psalmodiant les mantra et offrant une coupe d'eau au dieu Soleil. Gayatrî est d'ailleurs une déesse (Voir Gayatrî).

Un autre nom de Sûrya est Ravi (ou encore Ravikiran et parfois Rabi ou Ravi).

L'épouse de Sûrya est Prishnî (Rayon de Lumière), c'est à dire Sa manifestation, ou Shakti.

Comme il est logique, Sûrya, l'Astre Solaire divinisé, occupe la première place parmi les Planètes. C'est le chef de file des Navagrahâ, et certains de ses autres noms le soulignent, par exemple : Grahapati, Maître des Planètes, ou Graharâja, Roi des Planètes.

Parfois, dans la flamme circulaire derrière sa tête, on reconnaît, au lieu d'un visage unique, les trois têtes des Dieux de la Trimûrti : le Seigneur Nârâyana (Vishnu), au corps d'or, qui assume la forme matinale de Brahmâ, le Seigneur Mahêshvara (Shiva) qui représente le milieu de journée et le Seigneur Vishnu la fin de la journée. Cette forme composite rare du Dieu Soleil qui, dans ses mains, exhibe, entre autres, la conque et le disque, est debout sur un piédestal en forme de lotus. On la trouve à Chidambaram. Sur le piédestal, l'on voit les sept chevaux, conduit par Aruna.

Sûrya est également considéré comme les trois Veda personnifiés, comme celui qui, seul, supporte l'Univers manifesté. Resplendissant sur son char, il est entouré de ses épouses, des Planètes et de jeunes filles célestes. On connaît une douzaine de noms de Sûrya (certains disent trente deux), selon la couleur de sa lumière ou d'autres caractères.

Parfois, ses serviteurs Danda-Pingala et Ati-Pingala l'encadrent en le priant. Ses fils Rêvanta, Yama et les deux Manu, ses quatre épouses Râjnî, Svarnâ, Chhâyâ et Suvarchasâ sont à ses côtés.

De petites images et diverses représentations du dieu Soleil peuvent se voir dans les temples dédiés à d'autres dieux, mais il ne bénéficie que rarement de temple propre. L'une des exceptions est le très connu temple du Soleil à Konarak, en Orissa.

Une des plus anciennes représentations de Sûrya, dans la grotte de Bhaja (Maharashtra) est d'époque Satavahana (2ème siècle avant notre ère). Gravée sur le rocher, elle le montre debout sur son char traîné par quatre chevaux, le turban sur la tête.

On attendra la période Gupta pour voir le dieu équipé de manière plus martiale. Les lotus dans les deux mains, les bottes à revers (que l’on dit d’origine persane), la présence à ses côtés de ses deux serviteurs Danda et Pingala deviennent à partir de cette époque une iconographie standard. De même, le thème des sept chevaux se développe-t-il progressivement. On aboutit au modèle achevé que l’on peut admirer au temple de Sûrya à Konarak. Ce Sûrya sur son char est exceptionnel et c’est un spécimen parfait du style du Ganga oriental.

On cite aussi un bel exemplaire Pala de Kashipur au Musée Ashutosh (Calcutta).

Varuna  
Images de Varuna

Plusieurs divinités du panthéon védique reçoivent dans le Rig Veda l’épithète Asura (demi-dieu), notamment les Aditya, Dyauspita, Rudra. Toutefois c’est à Varuna que ce titre s’applique au premier chef. Très souvent associé au dieu Mitra dans la "paire" (dvanta) Mitra-Varuna, montrant que ces dieux sont complémentaires. Varuna apparaît comme l’une des figures les plus importantes du panthéon védique.

C’est d’abord le souverain des mondes "qui a séparé en les étayant les deux vastes mondes, qui a poussé bien haut l’immense voûte du Ciel et les étoiles d’un coup, et a étendu la Terre" ( Rig Veda, VII, 86, 1). Cette divinité est aussi la gardienne du rita, la régularité morale et la norme rituelle car Varuna sait distinguer l’Ordre du Désordre. Grâce à sa puissance magique créatrice (mâyâ) lui permettant de créer ou de modifier des formes, Varuna est l’auteur des principaux phénomènes naturels : cycle nycthéméral, saisons, pluie, etc. Il est également un dieu qui sait tout et qui voit tout.

Varuna apparaît sous les traits d’un dieu redoutable et justicier qui retient dans ses liens le pécheur coupable de délits rituels ou moraux et qui ligote de ses lacets (pasha) le menteur.

Varuna est aussi le dieu des Océans, représenté sous les traits d'un homme au teint clair, chevauchant un démon-poisson nommé Makara, qui a la tête et les jambes d'une antilope. Varuna peut être doté de deux ou quatre bras; l'une des ses mains de droite porte un noeud coulant.

Du caractère initial de cette divinité, il n'a gardé, dans les temps plus récents, que le titre de Régent de l'Occident (voir Dikpala). L'explication mythologique de cette baisse d'influence est qu'un grand conflit se produisit entre les dieux et les démons. Une fois ce conflit achevé, il fut convenu que chaque dieu aurait une sphère d'influence clairement définie pour éviter les conflits ultérieurs. De ce jour, Indra resta le dieu de l'atmosphère tandis que Varuna, évincé de son rôle de gardien des cieux, se voyait attribuer la haute main sur les océans. Il contrôle ainsi tous les démons des eaux.

Varuna est assis, en compagnie de son épouse Varunanî, sur un trône de diamants. Les dieux et déesses des rivières, lacs et sources forment son entourage.

Mitra

Varuna partage ses attributions de dieu souverain et ses fonctions cosmiques, notamment celle de gardien du rita avec un autre dieu, Mitra. Celui-ci est également connu dans le monde iranien où il est une divinité solaire importante du panthéon mazdéen. En revanche, le Mitra indien n’occupe pas une place centrale dans les Veda.

L’étymologie du terme Mitra associe le nom de ce dieu à l’idée de "contrat" dont il est en quelque sorte la personnification. Mitra aide les hommes à tenir leurs engagements tout en maintenant un juste équilibre entre les intérêts de chaque partie. En regard du lointain, sombre et violent Varuna, Mitra apparaît comme un dieu proche et aimable en qui l’on a confiance.

Mitra représente le plan du pouvoir spirituel (brahman) tandis que Varuna exerce celui du pouvoir temporel (kshatra). Au regard de la société, Mitra est en rapport avec les brahmanes (prêtres) et Varuna avec les kshatriya (guerriers)avec l’idée de la primauté du premier sur le second.

Sur un plan plus psychologique, Mitra est en rapport avec l’intention et la réflexion, tandis que Varuna est lié à l’exécution, c’est à dire l’action. Mitra est le connaisseur, Varuna l’exécutant.

Mitra et Varuna ont perdu, depuis l’époque védique, l’essentiel de leur importance. Varuna subsiste cependant, on l'a vu plus haut, en tant que divinité des Eaux des océans et il est le Dikpala de l’ouest.

Agni  
Images d'Agni

Agni est le feu sous toutes ses formes. On remarquera une similitude de racine avec le latin ignis. Bien que peu anthropomorphisé, on l’invoque en rappelant ses mâchoires d’or et de flamme, sa chevelure flamboyante, sa langue qui aspire les offrandes de lait ou de ghee qu’il transmet ensuite aux autres dieux.

Présent depuis les origines dans les trois mondes, on le représente parfois avec trois têtes : dans le Ciel, Agni est le soleil, dans l’atmosphère, il est l’éclair intermédiaire entre les nuées et la terre, et sur terre, il est le feu destructeur des forêts, mais aussi le feu domestiqué des hommes, qui alimente les sacrifices. Agni est un dieu âgé puisqu’il a connu la naissance du monde; mais, en tant que feu du sacrifice, il est doué d’une éternelle jeunesse qui se renouvelle chaque jour. Il est donc immortel.

Curieusement, Agni a des rapports avec l’eau. En effet, le feu originel pénètre les eaux pour les féconder et créer la vie. Enfin, Agni est présent dans les plantes, puisque de deux morceaux de bois frottés l’un contre l’autre jaillit le feu.

Sa place de premier plan dans le Veda s’explique par son rôle en tant que feu sacrificateur. Il y a similarité entre le feu du sacrifice et le prêtre qui l’accomplit. Agni est donc le premier prêtre (purohita). Agni est ainsi médiateur entre les hommes et les dieux.

Agni, autrefois extrêmement important en tant que divinité du feu sacrificiel, garde, malgré un affaiblissement notable, une place de choix dans le rituel. Parmi les Dikpala, il est le Régent du sud-ouest.

Selon qu’il est feu céleste, atmosphérique ou terrestre, Agni, on l’a vu, a trois aspects. C’est pourquoi, sous une forme anthropomorphisée, il est représenté bi ou tricéphale. Il est pourvu de sept bras qui portent divers attributs rappelant ses fonctions : vase à ghee, trident, etc. et il est revêtu du cordon sacré (yajñopavita). Son animal-véhicule est le bélier.

Soma / Chandra

Soma désigne à la fois une plante que peuvent représenter des hallucinogènes comme le cannabis, et le mythique breuvage des dieux extrait de cette plante (Amrita, le Nectar d'Immortalité). Censé avoir des vertus fortifiantes, stimulant l’énergie sexuelle et la puissance de la pensée, il représentait un élixir de longue vie. Les dieux en consomment par plaisir, mais aussi avant des prouesses prodigieuses, des combats. Mais les hommes en consomment aussi avant les sacrifices, dans un cadre rituel complexe : il provoque alors une sorte d’ivresse mystique et permet la communication avec les dieux. Il n’est donc pas étonnant que cette boisson se soit vue accorder un statut divin.

Soma désigne également la Lune, en tant qu'épouse de Sûrya.

La Lune est aussi connue sous le nom de Chandra, une divinité masculine. On le représente comme un homme de la couleur du cuivre, tirant une flamme rouge derrière son char à trois roues que tire une antilope, ou bien dix chevaux blancs. Habituellement, il n'a que deux bras, l'une portant une masse, l'autre faisant le geste de l'abhaya mudra. On dit qu'il est le fils de Dharma, ou de Varuna, le Seigneur des eaux, d'où la Lune surgit.

Selon une légende, Sûrya nourrit la Lune des eaux de l'océan quand Soma est épuisé par tous les êtres qui se repaîssent de sa substance. Ainsi, durant la moitié du mois, trente trois mille divinités tirent leur énergie de Soma, assurant ainsi leur immortalité. Cette histoire combine nettement les deux aspects de Soma : en tant que nectar d'où les dieux obtiennent leur force, et en tant que lune qui brille puis disparaît.

La légende du bannissement de Soma par Brahmâ hors de l'atmosphère peut aussi être interprêtée comme un autre mythe expliquant comment les boissons alcooliques en vinrent à être bannies de la société hindoue.

 

Ainsi, Agni et Soma sont les divinités sacrificielles du Veda; selon la formule de Louis Renou, ce sont "les manifestations divinisées du culte".

Les Déesses

Usha

Dans le Rg Veda, la Déesse Usha (= Ushas) est identifiée à l'Aube, l'Aurore. Elle se révèle quotidiennement avec la venue du jour. C'est une jeune fille au teint resplendissant qui, traversant le ciel sur son char doré tiré par cent chevaux, précède Sûrya. Elle dissipe les noirceurs de la nuit et, du même coup, écarte les démons. Elle stimule la vie et met le monde en mouvement. Elle accorde force et renommée. Elle est associée à l'énergie vitale, au souffle des créatures vivantes et à tout ce qui meut le rita (l'ordre cosmique social et moral). La régularité de son retour souligne la force qui, en elle, participe de l'ordre cosmique, au détriment du chaos qui, toujours, menace l'univers.

Usha est donc une déesse bénéfique associée à la lumière et à l'abondance. On la compare parfois à une vache. D'ailleurs, dans le Rg Veda, on la désigne sous le nom de "Mère des vaches". Bien qu'elle figure toujours sous les traits d'une belle jeune fille, on la dit "Mère des dieux", "Mère des Ashwins", et aussi, "Mère du foyer".

Eclairant le monde, elle voit les faits et gestes de chacun : elle est l'oeil des dieux, mais elle ne juge rien des erreurs humaines. Représentée comme une chasseresse, elle fait se dépérir la vie des gens dont elle éloigne la jeunesse. C'est pourquoi on la prie d'accorder une longue vie, elle qui voit le temps limité d'existence des êtres sur terre.

Prithivî

La déesse Prithivî est presque toujours associée avec la Terre, la Planète où vivent les humains. Mais, en plus, dans le Rg Veda, Prithivî est presque toujours mentionnée (et invoquée) en même temps que Dyaus, la déité masculine assimilée au Ciel. Ensemble, ils embrassent le centre du monde; leur complémentarité les sanctifie mutuellement. Ils sont les parent universels qui créèrent le Monde et les dieux. Comme on peut s'y attendre Dyaus est le Père et Prithivî la Mère. Dans un passé immémorial, ils ne faisaient qu'un mais une décision de Varuna les sépara. Dyaus fertilise Prithivî des pluies qu'il provoque.

En plus de son rôle de "production matérielle", Prithivî, avec Dyaus, est invoquée pour son aide en toutes choses de la vie. Immobile, vaste, elle accorde à ceux qui l'invoquent pouvoir, richesses, bonheur, ainsi, bien sûr, que des pluies généreuses et fertilisantes.

Dans un hymne védique funéraire, le défunt est prié de partir dans le sein de la gracieuse terre-mère Prithivî. On prie celle-ci d'accueillir le défunt gentiment et de le protéger avec douceur, comme une mère protège son enfant de son vêtement.

L'hymne le plus important dédié à Prithivî se trouve dans l'Atharva Veda (plus tardif que le Rg Veda) mais ne mentionne pas Dyaus. Elle est donc devenue une divinité indépendante. Le puissant dieu Indra est son conjoint et la protège de tous dangers. Elle est en association avec d'autres divinités également protectrices : Vishnu, Parjanya, Prajâpati, Vishvakarma et Agni. Sa fertilité est soulignée car elle est la source de toutes les plantes, surtout les plantes cultivées, et elle nourrit toutes les espèces qui vivent sur elle car ses seins sont pleins de nectar. Elle est patiente et forte, supportant également le bon et le méchant, les dieux et les démons.

La statuaire classique fournit une représentation anthropomorphe de Prithivî dans le mythe, abondamment représenté, de Varâha, l'incarnation de Vishnu sous la forme d'un sanglier, ramenant Prithivî du fond de l'Océan où le roi-démon Hiranyaksha l'a tenue prisonnière pendant 1000 ans.

Aditi

La Déesse Aditi, bien qu'assez souvent mentionnée dans le Rg Veda, n'est pas aisée à décrire : aucun hymne ne lui est spécifiquement adressé et, contrairement aux autres divinités védiques, elle n'est associé à aucun phénomène naturel. Sa seule caractéristique évidente est son statut maternel : elle est mère des Aditya, mais elle est aussi mère du grand dieu Indra, mère des rois et mère des dieux... Cependant, elle demeure sans contrepartie masculine.

On prie Aditi pour sa maternelle présence, de donner santé, sécurité et abondance. Quelquefois, elle est identifiée à une vache et son lait est alors dit être le Soma Lui-même.

Etant sans limites et parfaitement libre, elle est Celle qui lie ou qui délie. Ceux qui la prient lui demandent donc de les délivrer de leurs limitations ou empêchements, fonction qu'elle a en commun avec Varuna, que l'on considère d'ailleurs comme son fils. Gardienne du rita (l'ordre cosmique), elle permet donc aux hommes que leur vie se déroule dans un cadre moral en accord avec les lois naturelles.

Vâc / Sarasvatî

Dans le Rg Veda, le son, la parole, très spécifiquement la parole rituelle, est une Puissance créatrice participant au maintien de l'ordre Cosmique. Vâc (prononcé Vatch), qui signifie parole, est cette Présence qui inspire les Rishi (Sages) et qui fait qu'une personne ordinaire peut devenir un Brahmane. Elle est Vérité, cette particularité permettant à quelqu'un d'entendre, appréhender, saisir, puis exprimer en mots la vraie nature des choses. Vâc est le véhicule de la perception visionnaire : par conséquent, elle est intimement liée aux Rishi et aux rituels qui expriment ou capturent les vérités contenues dans leurs visions. Vâc est une part essentielle de l'expérience mystique des Rishi et des rituels sacrificiels associés.

Peut-être pour refléter son rôle de dispensatrice de la vision mystique, Vâc est gratifiée du nom de Reine des dieux, Reine Céleste. On la décrit comme une femme raffinée et élégante, lumineuse et couverte de bijoux d'or. Elle est bienveillante et généreuse, à l'instar de la plupart des Déesses védiques.

Elle ne se contente pas d'accorder aux gens les richesses du langage et la vision supra-mentale; elle donne aussi lumière et force. C'est pourquoi, au niveau des gens "ordinaires", on l'assimile parfois à une Vache Divine qui distribue à profusion nourriture et autres bienfaits matériels, permettant à tous de vivre en bonne entente.

Ses hymnes se trouvent principalement dans les Brahmana. On la crédite de la création de trois des Veda : le Rg Veda, le Yajur Veda, et le Sama Veda.

Dans les Veda, Sarasvatî est une déesse fort proche de Vâc, à tel point que l'on peut se demander s'il ne s'agit pas de la même déesse, mais à des époques différentes, Vâc étant plus ancienne, Sarasvatî plus récente. Qu'on en juge.

L'association étroite entre des phénomènes naturels et des divinités védiques se retrouve chez Sarasvatî qui est assimilée à une rivière puissante du même nom qui exista dans des temps préhistoriques. Mais vénérait-on une déesse du même nom que la rivière ou la rivière elle-même ? On dit que Sarasvatî est non seulement une rivière puissante, elle est la Puissance de l'eau même. Ses flots tumultueux sont inépuisables, ils brisent les montagnes et viennent de l'Océan céleste. Elle n'est pas une simple rivière mais un flux venu du ciel pour bénir la terre.

Bien entendu, on la prie pour la fertilité qu'elle apporte et qui se manifeste aussi dans l'abondance des biens, la vitalité, les enfants, etc. Sa généreuse présence fait qu'on la considère comme la meilleure des Mères, assez semblablement à Prithivî.

Sarasvatî est aussi étroitement associée au culte védique, dont elle est à la fois une participante, le témoin et la gardienne.

Et dès le Rg Veda, les hymnes la décrivent comme une déesse instigatrice des chants harmonieux, et des pensées élevées. En cela, elle est semblable à Vâc; les Brahmana assimilent d'ailleurs l'une à l'autre.

On trouvera dans un chapitre particulier, d'autres indications sur Sarasvatî en tant que parèdre (Shakti) de Brahmâ, le Dieu qui préside à la Création du Monde.

Nirriti

Autant les déesses védiques sont généralement bienveillantes et pourvoyeuses d'abondance, force et bien-être, autant Nirriti, à vrai dire peu souvent mentionnée dans le Rg Veda, est à éviter. Elle n'apporte que mort, malchance, décrépitude, colère, lâcheté, destruction et il vaut mieux s'en protéger.

Nirriti est donc la face sombre de la Vision védique de la divinité féminine.

Des textes postérieurs au Rg Veda la citent plus fréquemment. On la dépeint de couleur sombre, vêtue de tissus noirâtres. Elle vit au sud, le royaume des morts, et on l'associe à la souffrance. Les offrandes qui lui sont faites visent à l'éloigner de l'aire des rites sacrificiels et des gens, en général.

Râtrî

Cette déesse est presque toujours associée à la nuit. On la prie donc pour s'assurer s´curité et confort pendant la nuit. Son apparence est rarement mentionnée, ou alors comme une jeune fille lumineuse, parée d'innombrables étoiles, qui accompagne sa soeur Usha. Elle est bienveillante et apporte le repos et la force.

Mais, en curieuse opposition, elle est aussi mentionnée dans le Rg Veda comme stérile, triste et inamicale, en sorte qu'elle est chassée par Agni. A la fois gardienne de la nuit et pourvoyeuse des dangers de la nuit, il faut la prier pour éloigner ces dangers, cazr elle peut être aussi bien bienveillante qu'hostile.

Son association avec Usha souligne bien l'alternance cosmique de la nuit et de l'aube, la structure du Temps, la stabilité des rythmes de la lumière et de l'obcurité.

Déesses védiques mineures

Un certain nomnbres de déesses sont citées dans le Rg Veda mais si peu souvent que leurs caractéristiques demeurent incertaines.

Puramdhi, Pârendi, Râkâ et Dhishanâ sont des déesses de l'Abondance et du Bien-être. Sinivâlî, déesse aux larges hanches, est invoquée pour avoir des enfants.

D'autres déesses, comme Ila, et accessoirement Bhâratî, Mahî et Hotrâ sont associées au culte sacrificiel et invoquées aux côtés d'Agni, l'intercesseur principal des hommes auprès des dieux.

Le dieu Sûrya a une fille du nom de Sûryâ que plusieurs dieux (Soma, Pushan, les jumeaux Ashvin) veulent épouser. Ces derniers obtiennent la main de la jeune fille et, satisfaits, l'emmènent sur leur char à travers le Ciel.

Un autre hymne mentionne la déesse Aranyânî. On ne la voit guère, car elle disparait facilement et vit loin des villages dans les forêts, où on peut l'entendre la nuit. C'est une présence bienveillante dont l'identité préfigure les Yakshî qui apparurent dans l'hindouisme plus tardif.

On remarquera que les grand dieux des Veda ont sans doute des épouses mais que celles-ci occupent une place tout à fait effacée, surtout quand on la compare avec la position privilégiée qu'elles occupèrent par la suite en tant que Shakti Devî. Indrânî, Varunânî, Agnâyî, Rudrânî, sont des désses des Veda, mais parfaitement secondaires, à l'exception d'Indrânî.

Les déesses védiques fournissent un choix apprécié de prénoms féminins dans l'Inde contemporaine.

Autres dieux

Le nombre considérable de dieux fait qu'une sélection est forcément opérée ci-après. D'autre part, on retrouve un certain nombre de ces noms dans d'autres chapitres que des liens permettent d'atteindre pour resituer le dieu en question dans un contexte plus complet.

Les descriptions sont données dans un ordre alphabétique pour éviter toute interprétation, qui serait erronée, de l'importance d'un dieu par rapport à un autre.

Dyauspati

Dyauspati, le Ciel Père, est extrêmement ancien. Il reste peu actif puisque l’essentiel de ses fonctions ont été reprises par Varuna. Sa parèdre est Prithivimata, la Terre Mère. Elle est célébrée pour toutes les choses qu’elle porte, fait croître et amène à maturité. Les deux sont invoqués ensemble dans les hymnes, sous le nom double de "Dhyâvâ-Prithivî".

Kâma  
Images de Kâma

Kâma, dieu de l’amour et du désir sexuel, a déjà des racines dans le Veda en tant que force de désir cosmique. Mais le concept de son rôle a subi un glissement considérable qui en fait une divinité très proche des hommes.

Kâma est le dieu de l’amour, du désir et de l’amour charnel. Pritî et Ratî, les déesses du désir et de la luxure, sont ses épouses. Le dieu du printemps, Vasanta, les Apsara et les Gandharva sont ses compagnons. Ils transportent son étendard sur lequel flotte son symbole, le makara.

Kâma utilise une tige de canne à sucre comme arc, et une ligne d’abeilles bourdonnantes comme corde de l’arc. Ses cinq flèches, composées de fleurs d’essences différentes, portent chacune un nom particulier.

Il chevauche un perroquet à travers les trois mondes. En décochant ses flèches faites de cinq fleurs alignées, il éveille les cinq sens, il charme et ensorcelle l’esprit avec des visions de beauté.

Mais l’on n’accorde pas de culte à Kâma. On l’identifie avec le principe du désir qui prend l’âme au piège du samsara. En fait, le Bouddhisme le nomme Mara, le démon, l’ennemi de tous les êtres illuminés.

Lorsque Kâma expédia son dard d’amour dans le cœur de Brahmâ, celui-ci fut si submergé de désir qu’il remua violemment les paisibles eaux cosmiques, mettant ainsi en branle le cycle de la vie.

Mais il commit la maladresse de décocher également son trait vers Shiva qui méditait continûment. Le trouble envahit le Grand Dieu qui s’enflamma de désir pour Pârvatî. Furieux d’avoir été interrompu dans sa méditation, Shiva réduisit Kâma en cendres par le seul pouvoir de son troisième œil.

C’est sans doute pourquoi on dit que Kâma ne possède pas de corps. Heureusement, l’épouse de Kâma, la belle Ratî, éperdue de douleur, vint implorer Shiva qui permit au dieu de l’amour de reprendre un autre corps.

Blessé par les traits de Kâma, l’homme gémit après les merveilles de l’existence, la beauté de la vie. Kâma excite l’artiste, inspire le poète. Il est le patron des Arts. Kâma aveugle les amoureux. Il conduit l’abeille à la fleur, l’homme à la femme, catalysant ainsi la création d’une nouvelle vie.

On le considère comme le fils de Lakshmî et de Vishnu. Fils de la déesse de l’opulence, il s’accompagne de la richesse et accorde lorsqu’il le veut bien, le luxe et le plaisir. Fils de Celui qui maintient le Monde, il fait que les gens sont attachés à la vie et totalement impliqués dans les affaires de ce monde.

D’autres légendes font renaître Kâma comme l’un des fils de Krishna, du nom de Pradyumna.

Le Rg Veda le dit supérieur aux autres dieux par la puissance. L’Atharva Veda l’assimile à Agni, le feu sacrificiel car le désir est aussi brûlant et dévorant que le feu. On le dit "né de Lui-même" (Swayambhu), mais dans le Taittiriya Brahmana, on précise qu’il est fils de Dharma (la Loi Cosmique) et de Shraddha (la Foi).

Marichî

Marichî est une divinité parfois féminine parfois masculine, dont le nom signifie "Rayon de Lumière". Féminine, elle est reine du ciel et protège de la guerre. Masculine, c'est l'un des Rishi/Prajâpati, chef des Marut et père de Kashyapa. Il donne le pouvoir de l'invisibilité pour se protéger des dangers.

Marichî est également vu comme synonyme de Usha, la dininité de l'Aube, moment où justement, apparaît le Rayon de Lumière.

La belle déesse Usha personnifie l’Aurore. Les hymnes la décrivent comme une jeune femme éclatante et désirable, joliment vêtue. Elle repousse, le moment venu, la noirceur de sa sœur la Nuit ( Nakta) et chaque matin, éveille toute chose de sa lumineuse présence. Elle régénère ainsi le mouvement et la vie. Mais en se renouvelant chaque jour, l’Aurore enlève un peu de sa vie à l’homme.

Maya

Maya est le Maître des Mondes Inférieurs; c'est donc un Dânava, qui est aussi l'architecte des Asura. C'est lui qui construisit la triple cité de la Terre, des Airs, et des Cieux nommé Tripura que Shiva, sous sa forme de TripurântakaMaya était le beau-père de Râvana, le terrible Rakshasa à dix têtes que combattit Râma avec l'aide d'Hanuman, et le créateur des sciences de la Magie.

On prendra garde à ne pas confondre cette divinité avec Mâyâ, le Pouvoir d'Illusion créé par la Shakti des Dieux.

Parjanya

Parjanya, le "dispensateur de pluie", parfois assimilé à tort à Indra, est un dieu bruyant et furieux qui personnifie les tempêtes et les pluies tropicales violentes de la mousson. Il est parfois compté parmi les Aditya. Deux hymnes seulement lui sont dédiés dans le Rg Veda.

Il fut l'un des importants Rishi du cinquième Manvantara et, selon le Vishnu Purana, il est le gardien du mois de Kartik. Ces diverses définitions montrent que son identité est assez mal définie.

Pushan

Pûshan, selon le Rg Veda, est en relation avec les mythes solaires. Mais progressivement, il est devenu un dieu protecteur dont les fonctions s'organisent autour de tout ce qui a trait aux rencontres. Ainsi est-il responsable des mariages, des voyageurs qu'il faut protéger des dangers et mauvaises rencontres sur les routes, des troupeaux qu'il faut nourrir. Il montre le chemin aux hommes et aux bêtes qui, hors des routes, sont menacés de périls. Il guide aussi la fiancée qui se rend chez son futur époux. Il conduit enfin les hommes vers l’au-delà. Admirons les points communs des fonctions de ce dieu.

C'est l'un des douze fils des Aditya et huit hymnes lui sont consacrés dans le Rg Veda. Portant une lance dorée symbole de son activité, il se déplace sur un char tiré par des chèvres. Pushan a aussi la caractéristique de ne pas avoir de dents. Il aurait, en effet, reçu malencontreusement un coup de poing de Shiva lors des évènements qui suivirent le sacrifice de Daksha. Aussi, ses fidèles doivent-ils lui offrir des nourritures molles.

Savitri

Presque semblable à Sûrya, l’astre solaire, on connaît Savitri, dieu qui, présidant au déroulement du cycle circadien, régit toutes les activités humaines.

Surabhî

Surabhî, ou Vache d'Abondance, est la vache mythique, fille de Kashyapa et de Dakshâ. Elle est le symbole de la Terre nourricière et par conséquent elle est très vénérée dans les cultes populaires. Elle est le prototype, ou plutôt l'archétype de la "Vache Sacrée".

Surabhî, est la mère de Kâmadhenu, la vache céleste qui exauce tous les voeux. On peut aussi considérer que Kâmadhenu et Surabhî sont deux noms qui désignent la même déité.

Kâmadhenu a le visage d'une belle femme et le corps d'une vache blanche. On dit aussi qu'elle naquit lors du barratage de l'Océan de Lait et qu'elle fut alors donnée au Sage Vashishta.

Vâyu

Vâyu est le dieu du vent. D'aspect très gracieux, il va bruyamment de ci de là sur un char brillant tiré par une paire de chevaux rouges ou pourpres. Parfois, le nombre de ces chevaux s'accroît jusqu'à quarante neuf, et même un millier. Ce dernier chiffre caractériserait certainement ce qui se passe lors d'un cyclone.

On représente aussi Vâyu comme un homme de bel aspect chevauchant un daim, ou une gazelle, et arborant un drapeau blanc. Il peut avoir deux ou quatre bras et porter un aiguillon et une roue (chakra).

Mais Vâyu n’est pas une simple divinité du vent comme on le croit communément. Les hommes le célèbrent comme un dieu fougueux, conjointement à Indra. Il est le souffle du monde et la force universelle semblable à Prana (souffle de la vie).

Souvent associé à Indra, Vâyu gagna la course pour être le premier à boire une gorgée du jus de Soma (ambroisie). Il n'occupe pas une position très importante dans les hymnes védiques. Il aime l'eau. Selon les légendes, il aurait eu pour fils Hanuman (le dieu singe), qui joua un rôle de premier plan dans le Râmâyana ou bien Bhim, selon le Mahâbhârata.

Parmi les Dikpala, Vâyu est le Régent du Nord-Ouest.

 

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