Devî est le terme générique sanscrit désignant les déesses, contreparties féminines (Shakti) des Dieux ( Deva). Si le terme et le concept même de Shakti n'est pas extrêmement ancien, quoiqu'il se soit considérablement développé et étoffé vers la fin du premier millénaire avec le tantrisme, le concept de la Déesse-Mère Divine est aussi vieux que l'humanité...

Devî signifie littérallement "brillante". La parèdre (contrepartie féminine) d'un Dieu n'est pas "en soi", différente de Lui; elle n'est pas une autre entité, mais une autre expression : elle est sa puissance de création, on peut aussi dire sa force spirituelle.

On constate dans la Tradition, une tendance à subordonner toutes les déesses, toutes les Devî, sous l'"autorité" d'une Déesse unique, suprême en quelque sorte que l'on désigne tout simplement (encore qu'elle reçoive de multiples noms, elle aussi...) par le même nom de Devî (Déesse) ou mieux Mahâdevî (Grande Déesse).

En fait, il y a deux approches :

 une Déesse particulière, Shakti d'un dieu, est conçue comme la plus importante; elle est parée de toutes les qualités et pouvoirs, donc supérieure à toutes les autres qui lui sont subordonnées : c'est la position classique de toutes les "branches" de l'hindouisme. Pour un adorateur de la Shakti sous sa forme de Durgâ, Durgâ est l'Etre Suprême.

 La multiplicité des déesses, correspondant à d'innombrables fonctions demande, exige une Unité "par le haut". Cette Grande Déesse rassemble en Elle toutes les autres déesses qui ne sont que des manifestations d'Elle-Même. Ce qui est surprenant, c'est que dans cette seconde approche, la description de la Mahâdevî corresponde à celle d'une Déesse spécifique...

La Mahâdevî possède tous les attributs, toutes les capacités de Pouvoir, Créativité, Activité, Transcendance, Féminité. Elle est la racine de l'univers, Celle qui est sans égal, Celle qui transcende l'univers manifesté, Celle qui dirige Tout, Celle qui est présente en Tout, Celle que l'on ne peut mesurer, Celle qui crée des Univers innombrables, Celle qui est omniprésente, Celle qui est la Force vivante en chacun, Celle qui dirige tous les êtres vivants, etc.

L'une des idées philosophiques fondamentales concernant la Mahâdevî, c'est qu'elle est Shakti, c'est à dire "Pouvoir". La Shakti, c'est la dimension active de la divinité, le pouvoir divin qui sous-tend la capacité d'un dieu à créer le monde et à l'animer. Tandis que le pôle masculin de la Divinité tend à la quiétude et au silence, son pôle féminin est Shakti. Mais l'un est inséparable de l'autre; ils sont totalement et intimement interdépendants.

Cependant, dans le culte de la Shakti, on observe une nette tendance à privilégier ce pôle féminin, comme s'il était prédominant, et la divinité masculine réduite à un rôle secondaire.

Dans une veine similaire, la Mahâdevî est parfois assimilée à la Prakriti ou à la Mâyâ .

Parèdres des grands Dieux

Par grands dieux, on entend les dieux de la Trimurti, à savoir Brahmâ, Vishnu et Shiva

Dans l'hindouisme populaire, les Déesses sont vues commes les épouses des Dieux. Ainsi :

 Sarasvatî, la Déesse du Savoir et de la Connaissance, est-elle l'épouse de Brahmâ, le Créateur,

 Lakshmî, Déesse de la Richesse et de l'Abondance, est celle de Vishnu, le Préservateur,

 Pârvatî est celle de Shiva, le Transformateur, lorsqu'elle est bienveillante,

 Durgâ, quand elle combat les démons, et

 Kâlî, lorsqu'elle préside à la destruction et à la mort.

Chacune d'elles portent divers noms qui sont souvent synonymes mais peuvent aussi s'appliquer à tel ou tel aspect de la Déesse, selon la forme et la fonction qu'elle assume.

Devî peut assumer un grand nombre de formes, innombrables variantes des grandes Déesses citées plus haut : Mahâlakshmî, Ûma, Gaurî, Haimavatî, Bhavanî, Shyama, Chandî, Bhairavî, Vâch, Chinnamastaka, Satî, Kanyâ, etc.

On sait que les adorateurs de Shiva sont les Shaiva, ceux de Vishnu, les Vaishnava et ceux de la Déesse, les Shâkta. Pour eux, la Shakti est le Principe Féminin Suprême, et Pârvatî en est son illustration. Dans les temples du Sud de l'Inde (Tamil Nadu), les pèlerins Shâkta sont habillés de rouge, la couleur du sang menstruel dont la venue annonce un nouveau cycle et la possibilité de fécondation.

Les Mahâvidyâ

Un autre classement des formes de la Déesse est celui des Mahâvidyâ. Ce nom vient des racines Maha (Grand) et Vidya (Connaissance transcendantale, Sagesse). La Mahâvidyâ est donc le "Grand Savoir des choses subtiles" et ce terme se trouve dans la philosophie du Tantrisme. Ce Grand Savoir est représenté par dix types d'énergie, dix "objets de connaissance", pourrait-on dire, ou encore dix aspects du cycle du Temps. Ce sont donc dix aspects du Divin, dix types d'Energie qui sont à l'origine du monde et l'animent. Autrement dit, ce sont des Shakti, des Déesses.

Les Saptamâtrikâ

Les Mère Divines, au nombre de sept ou huit, sont également des Devî. On leur donne le nom générique de Saptamâtrikâ. On constatera qu'elles sont les contreparties féminines (Shakti) de divers Dieux. Dans les temples, on les repère souvent sur un linteau surmontant un porche.

Autres déesses

Un certain nombre d'autres déesses cadrent mal avec leur rattachement avec l'une ou l'autre des grandes déesses précédemment indiquées. Certaines sont des désses bienveillantes, d'autres des déesses terribles, effrayantes. Elles sont rassemblées dans le chapitres des Autres déesses Shivaïtes.

Les Yoginî, Assistantes de Durgâ

Les Yoginî sont, dans l'hindouisme, des émanations de la déesses Durgâ. Leur nombre varie varie de 8 à 64, voir même 81, selon les textes qui les citent. Les huit sont : Mârjani, Karpûra-Tilakâ, Malaya-Gândhîni,-Kaumudikâ, Bherundâ, Mâtâlî, Nâyakî et Jayâ (ou Shubhâchârâ).