Chapitre Shiva

Les autres formes de Shiva

 

 Andakâsura-samhara-mûrti
 Bhairava
 Brahmashirashcheda-mûrti
 Gangâdhara et l'histoire de Bhagirata
 Lakulîsha
 Mahâkâla
 Râvanânugraha-mûrti
 Sarabha-mûrti
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

Andakâsura-samhara-mûrti  
Images d'Andakâsura-samhara-mûrti

Andakâsura-samhara-mûrti (ou Andakâsura Vadam) est la forme de Shiva assurant la mise à mort du démon Andaka.

Cette légende rapporte la mise à mort du démon aveugle Andaka par Shiva. Un jour Pârvatî, l'épouse de Shiva, se couvrit, par jeu, les trois yeux de ses mains. Et ne voilà-t-il pas que l'Univers entier fut plongé dans l'obscurité la plus totale. Des gouttes de transpiration tombèrent alors du front de Shiva et se transformèrent en un démon épouvantable. Ce démon était connu sous le nom d'Andakâsura. Ce démon accomplit diverses austérités qui lui permirent d'obtenir l'immortalité de Brahmâ. Cependant, il perdrait la vie s'il lui arrivait d'éprouver du désir pour sa mère. Enivré par son nouveau pouvoir, Andaka ravagea l'univers, causant des souffrances sans nombre à ses habitants. Il rencontra alors Pârvatî et, ignorant que sa venue en ce monde était le résultat du jeu de la déesse, il s'en vint à la désirer. Il s'ensuivit une bataille qui l'opposa à Shiva, au terme de laquelle Shiva l'empala de son trident; au seuil de la mort, Andakâsura implora Shiva de le faire renaître comme l'un de ses adorateurs. Shiva alors le transforma en l'un de ses Gana, Bhringi.

Une belle image de bronze de la manifestation de Shiva en tant que Andakâsura Andakâsura-samhara-mûrti se trouve dans le sanctuaire du temple Vîratteshvarar à Tirukkovilur (près de Tiruvannamalai - Tamilnadu).

Comme on l'a signalé au paragraphe présentant Gajasamhâramûrti, les représentations combinent souvent ces deux formes de Shiva. Bien que la légende d'Andakâsura soit très différente de celle de Gajâsura, les prescriptions iconographiques dans les textes traditionnels sont peu diserts concernant la première de ces formes.

Bhairava  
Images de Shiva Bhairava

Bhairava est un aspect terrible de Shiva. Plusieurs légendes étayent cette dénomination. Une fois de plus, le démon Andhaka, rendu puissant par les dons qu'il avait reçus de Brahmâ, ravageait la terre et menaçait même d'enlever Umâ. Shiva revêtit sa forme terrible et extermina le démon, l'empalant sur sa pique puis se lançant dans une danse violente. Un autre épisode des écritures rapporte que Brahmâ, satisfait d'avoir cinq têtes, tout comme Shiva, s'en vint à se considérer comme l'égal du grand Dieu. Shiva prit sa forme de Bhairava (voir, un peu plus loin, Brahmashirashcheda-mûrti) et coupa la cinquième tête du présomptueux.

Les représentations de Bhairava sont fréquentes et font souvent l'objet de cultes particuliers. Un autre nom de Bhairava est Kshetrapala, "Le gardien du territoire" (du temple). Sa monture est un chien et on le représente nu, tenant un crâne. Dans les temples, on le rencontre en général près de la porte extérieure, posté en sentinelle.

Bhairava est une divinité terrible importante. On l'assimile à une forme de Shiva-Rudra dans son rôle de Protecteur de l'Univers (contre les forces funestes). On connaît 64 formes de Bhairava mais huit sont les principales. Elles ont pour nom : Asitanga (Celui qui a des membres de couleur noire), Sandhara (Le Destructeur des ennemis), Ruru (Le Chien qui chasse les ennemis), Kâla (Le Noir), Krodha (Le Courroucé), Tamra-Chuda (Celui qui a une crête rouge), Chandra-chuda (Celui qui a un croissant de Lune dans sa chevelure), Mahâ (Le Grand). Kâla Bhairav et Mahâ Bhairav sont les deux formes les plus fréquemment représentées.

Comme toujours, la forme effrayante du dieu a pour but d'écarter la confusion dans l'esprit, de combattre et de mettre en fuite les passions et les désirs qui attachent l'homme à son destin terrestre et l'empêchent de progresser sur le chemin de la Libération.

Bhairav fait l'objet d'une vénération particulière dans la vallée de Kathmandu où l'on rencontre diverses sous-formes : Sveta Bhairav au visage blanc affreux, Kâla Bhairav à six bras, portant une guirlande crânes et foulant aux pieds un cadavre, et Akash Bhairav ou Bhairav de l'Ether, que par définition l'on ne peut pas voir.

Bhairava, né du sang de Shiva, est un autre dieu de cette catégorie. Le Tantrasâra mentionne huit formes de Bhairava, convenant au culte. Sa forme générale le montre avec une chevelure nattée ébouriffée, trois yeux et un corps de couleur rouge. Ses symboles sont le trident, l’épée, le nœud coulant, et le damaru. Il est dévêtu et une foule de toutes sortes de démons et d’esprits le suivent ; il chevauche un chien. Hemadrî décrit Bhairava comme un dieu ventripotent avec des yeux ronds rouges, un visage effrayant, des dents sortant de la bouche et de larges narines. Il porte une guirlande de crânes et des serpents en ornements ; ainsi paré, il fait peur même à ses épouses qui l’accompagnent. La partie supérieure de son corps, de couleur sombre, est couverte d’une peau d’éléphant. Il a de nombreux bras et portent toutes sortes d’armes destructrices.

Le Silpasâra le décrit assis sur trône de joyaux sous l’arbre céleste mandâra, étroitement enlacé par la déesse. Le même ouvrage mentionne trois autres sortes de Bhairava, c’est à dire Pañchavaktra-Bhairava, Gôvinda-Bhairava et Samhâra-Bhairava. Le second a quatre bras et porte la conque, le disque, une coupe à boire, et la massue. A son côté se tient la déesse Vaishnavî-Shakti et son véhicule l’aigle Garuda. Le troisième de ces Bhairava a cinq visages et dix bras et parmi ses armes, on voit aussi la conque et le disque de Vishnu.

Toujours selon le Silpasâra, Kâla-Bhairava porte une guirlande de clochettes à sa ceinture ainsi que, dans ses mains, l’épée, le trident, le tambour et la coupe à boire. Il a un visage qui inspire la frayeur avec des dents saillantes, une guirlande de crânes et des cheveux hirsutes. Dans le village de Durgî (district de Guntur), on voit le chien, son animal-véhicule, en train de mordre une tête humaine que le dieu tient dans sa main gauche inférieure. La déesse, avec son compagnon se tiennent à droite, apeurés qu’ils sont par l’aspect terrible de Bhairava.

Brahmashirashcheda-mûrti

On a vu que Bhairava coupa la cinquième tête de Brahmâ qui prétendait être son égal. La tête de Brahmâ resta attachée à la main de Shiva. Cette image de Brahmashirashcheda "la décapitation de Brahmâ" a des sourcils froncés et un regard féroce, les cheveux comme des flammes. Il tient le tambour, le lasso et la tête de mort. Ses ornements sont une guirlande de crânes et des grelots.

Cet évènement est censé s'être produit à Tirukkandiyur près de Tanjore et une image de cette forme de Shiva y est vénérée.

Cette forme de Shiva n'est pas très différente de celle de Bhikshâtana-mûrti dans la mesure où, dans la légende, Brahmashirashcheda-mûrti précède Bhikshâtana-mûrti.

Gangâdhara et l'histoire de Bhagirata  
Images de Gangâdhara Shiva

Diverses légendes racontent comment la rivière Gangâ descendit du ciel jusque sur terre. Les flots de Gangâ se formèrent lorsque Brahmâ lava les pieds de Vishnu dans son incarnation de Vâmana. Puis, ayant arrosé le Mont Kailash, ils coulèrent sur la tête de Shiva. Puis, de là, sur le nord de l'Inde pour y former le Fleuve Sacré du Gange et les lacs. Pour d'autres, Gangâga serait venue des pieds de Brahmâ ou des doigts de Pârvatî.

Mais la légende la plus célèbre est la suivante. En ce temps là, le maître d'Ayodhya, le Roi Sagar, un ancêtre de Rama, de race solaire, décida d'accomplir par 99 fois le grand Sacrifice d'Ashwamedha. Mais le cheval choisi sortit à chaque fois indemne de l'épreuve. Indra, le Roi des Dieux, par jalousie, kidnappa et cacha ce cheval dans l'ermitage de Kapila Muni (le Sage Kapila).

Les soixante mille fils du roi Sagar se rendirent à l'ermitage de Kapila pour rechercher l'animal et, accusant à tort Kapila d'être le kidnappeur, se ruèrent sur lui. Kapila, furieux de cette agression, usa de ses pouvoirs magiques pour les réduire tous en cendres.

Beaucoup plus tard, l'un des petits enfants du roi Sagar alla trouver Kapila et lui demanda de trouver une solution au problème. Il apprit que les eaux de la rivière Gangâ pourraient miraculeusement ramener les princes morts à la vie. Mais il n'existait aucun moyen de faire descendre Gangâ de son séjour céleste.

Son descendant Bhagiratha voulut, à son tour, purifier les cendres de ses ancêtres. Mais le rite destiné à leur libération comportait une offrande d'eau. Bhagiratha décida donc d'amener Gangâ, la déesse-rivière céleste, jusqu'au monde souterrain. Dans ce but, il commença une sévère ascèse afin d'obtenir les pouvoirs nécessaires à son dessein. Quand elle fut satisfaite de ses pénitences, Gangâ accepta de descendre sur terre. Shiva se rendit compte du danger de laisser ce flot puissant et tumultueux couler librement vers la terre, où il aurait tout saccagé. Il stoppa son mouvement et fit entrer Gangâ dans la masse de sa chevelure touffue. Bhagiratha supplia le Seigneur de libérer Gangâ. Désormais domptée, Gangâ put paisiblement s'écouler vers la terre et constituer le fleuve sacré que l'on connaît de nos jours.

Cette légende est à l'origine de la représentation de Shiva avec la Gangâ sur sa tête. Normalement toutes les images de Shiva devraient montrer Gangâ nichée parmi les mèches de ses nattes. Mais une image particulière, nommée Gangâdhara, "Porteur de la Gânga", évoque spécifiquement ce mythe.

C'est pourquoi l'on considère souvent Gangâ comme une épouse de Shiva que l'on représente avec la déesse présente dans sa chevelure tressée.

Patiemment, Bhagiratha conduisit la rivière depuis les Himalaya jusqu'à la mer; cependant, incapable de localiser le lieu où les cendres de ses ancêtres se trouvaient, il demanda à Gangâ de choisir elle-même son itinéraire. Aussi, dans la région du Bengale, Gangâ se divisa-t-elle en une centaine de branches qui formèrent un delta. L'une de ces branches s'en vint laver les cendres, ce qui permit de sauver les âmes des disparus. L'île sur laquelle cet évènement se produisit est connue sous le nom d'île Sagar. Les gens croient que se baigner au lieu de rencontre de la rivière avec la mer est bénéfique lors de la fête de Makara Sakaranti.

La pénitence de Bhagirata et la Descente du Gange sont illustrés dans la pierre dans le site de Mahabalipuram, d'époque Pallava.

Une autre légende dit que Gangâ interrompit l'ascèse d'un sage de l'Himalaya nommé Jahnu. Celui-ci, mécontent, but la rivière pour finalement lui permettre de ressortir par l'une de ses oreilles. C'est pourquoi on donne le nom de Jahnavi à Gangâ.

Une autre légende encore dit que Gangâ descendit sur terre sous une forme humaine et se maria au roi Shantanu, un ancêtre des Pandava du Mahabharata, obtint de lui sept enfants qu'elle rejeta à la rivière sans que l'on sache pourquoi. Mais le huitième, Bhîshma fut épargné, grâce à l'intervention du roi Shantanu. Cependant, Gangâ le quitta alors. Bhîshma joue un rôle de premier plan dans la grande épopée du Mahâbhârata.

Il existe encore une autre légende selon laquelle Pârvatî, la Mère Universelle confia à Agni, le dieu du feu, le foetus de Skanda, son fils pas encore né. Agni, incapable de faire face à cette responsabilité, demanda à Gangâ de s'en charger. C'est pourquoi Gangâ est aussi considérée comme l'une des mères de Skanda.

La forme de Shiva qui permet au Gange de s’écouler de ses cheveux nattés comme une rivière raisonnable se nomme Gangâvisdarjanamûrti. Il n’existe toutefois pas de différence entre Gangâdhara et Gangâvisdarjanamûrti.

Shiva est debout sur un piédestal de lotus, la jambe droite tendue et la gauche un peu de biais. Il enlace la déesse Gaurî, la consolant et l’assurant que son affection n’ira pas vers Gangâ. L’un de ses bras droits lève en l’air une mèche de ses cheveux sur laquelle on peut voir la déesse Gangâ. Un des bras de gauche porte l’antilope. La déesse Gaurî, le visage maussade (virahitânanâ) est représentée en samabhanga avec le pied gauche posé bien droit sur le piédestal et le droit un peu penché. Sa main gauche est pendante, parfois posée sur la hanche, tandis que la gauche tient une fleur. Le Dieu comme la Déesse sont richement parés.

Sur une première représentation, à Gangaikondacholapuram, Gaurî semble désireuse qu’on la laisse seule et tranquille, mais son époux la tient fermement. On voit parfois des images de Gangâdhara dans lesquelles Gaurî est absente. Des quatre mains de Shiva, la supérieure droite tient alors Gangâ sur sa chevelure, et la gauche porte le daim. La main droite du bas est posée sur la tête du taureau contre lequel le dieu s’adosse et la gauche reste le long de sa taille. Bhagîratha, l’initiateur de cette venue de Gangâ sur terre, est parfois représenté, avec d’autres Rishi, à la droite de Shiva.

Une autre représentation de Gangâdhara est celle que l’on voit à Trichy; elle vaut d’être citée. L’image centrale de Shiva a quatre bras. Sa main supérieure droite tient en l’air une mèche de cheveux, attendant que Gangâ descende des nuages. La main supérieure de gauche tient un mala. Celle du bas, toujours à gauche est appuyée à la taille tandis que la main inférieure droite tient par la queue un serpent au capuchon dressé. Le pied gauche de Shiva est posé bien droit sur le sol, et le second, plié, s’appuie sur la tête d’un démon, peut-être Mulalagan, qui lève le bras gauche pour soulever le pied de Shiva. Le Dieu est abondamment décoré.

A ses côtés l’accompagnent quatre Sages, dont deux avec un genou à terre, et les deux autres les mains jointes en prière. Au-dessus du groupe, deux Deva volettent dans les aires de chaque côté de la tête de Shiva.

Lakulîsha  
Images de Lakulisha Shiva

Il s'agit de Shiva sous la forme d'un ascète méditant dans une forêt. Il porte un bâton, ou plutôt une solide massue dans la main gauche. Il est généralement assis en posture de méditation. Il n'est pas rare que Shiva Lakulîsha soit représenté le sexe en érection.

Mahâkâla  
Images de Mahâkâla

Mahâkâla, une forme terrible de Shiva, et assez voisine de celle de Shiva Bhairava, puisqu'elle représente l'aspect destructeur et terrible de Shiva dans l'une de ses formes les plus redoutables. Mahâkâla ne signifie rien moins que "Le Grand Temps". C'est en effet le Temps qui fait inéluctablement disparaître toutes choses de ce Monde. Sous cet aspect, Shiva est représenté avec huit bras et levant au-dessus de sa tête le voile de la nuit. Il porte un serpent en place du nœud coulant. Dans un ouvrage, le Lalitôpâkhyâna, on décrit Mahâkâla accompagné de sa Shakti Kâlî, l’enlaçant et buvant avec elle dans la coupe (qui est en fait l’œuf du Monde), le Vin, essence de la Création. Les visages du dieu, au nombre de cinq, sont effrayants à regarder, comme ceux de la mort, et ils menacent constamment d’avaler l’Univers.

Kâla (Le Noir) est aussi le Temps et dans les Veda, on l'assimile à Yama, dieu de la Mort. Origine de toutes choses, Shiva en est parfois l'incarnation. C'est pourquoi Kâlanatha est un autre nom de Shiva Seigneur du Temps.

Dans l'hindouisme on représente peu Mahâkâla. En revanche cette divinité sous un aspect terrible, le plus souvent, est omniprésente sous de multiples, et très complexes, représentations dans le bouddhisme tibétain. Dans cette religion, Mahâkâla est un des huit Dharmapâla, c'est à dire un Gardien et un Protecteur de la Loi bouddhique (Dharma). Il protège les monastères. Les huit Dharmapâla sont : Kâladevî, Brahmâ, Beg-Tshe, Yama, Kuvera (Kubera), Hayagrîva, Chos-gshed, Srung-ma.

C'est pourquoi Mahâkâla est fréquemment rencontré au Népal. On lira avec profit l'article publié sur son site par Exoticindiaart.com, site Web commercial dont nous reproduisons précisément des images de Mahâkâla.

Mais l'on sait qu'au Népal bouddhisme tibétain et hindouisme se côtoient étroitement et forment un ensemble de croyances quasi-syncrétiques. C'est pourquoi les représentations de Mahâkâla et de Bhairava y sont quasi identiques au point de les confondre, ou en tout cas de les désigner sous le même nom.

Kâlabhairava (Bhairav noir) est une forme de Shiva sous un aspect terrible.

Kâlâgni-Rudra, le "Terrible Rudra", décrit dans le Kâshyapa-Silpa , ressemble étroitement à Bhairava; c’est peut-être l’une de ses formes. Ses armes sont l’épée, le bouclier, la flèche, l’arc, et il porte un vêtement rouge. Cette forme est signalée à Durgî.

Râvanânugraha-mûrti  
Images de Râvanânugraha-mûrti

La légende rapporte que Râvana passait au-dessus du Mont Kailasha sur son char volant quand, s'approchant trop près de la demeure de Shiva, il fut arrêté par le taureau Nandi, le portier de Shiva. Râvana s'en offusqua car personne ne s'était jamais avisé de se mettre en travers de son chemin. Il descendit donc du char et, de sa puissante épaule, s'appuyant sur la montagne afin de l'arracher de sa base. Il réussit à la soulever mais à ce moment Shiva, d'une simple pression de son orteil, appuya sur le sommet de la montagne, écrasant Râvana en-dessous. Le démon reconnut la gloire de Shiva et se mit à chanter ses louanges. Shiva lui pardonna et lui accorda sa faveur. Cette forme de Shiva est fréquemment représentée, mais elle ne semble pas faire l'objet d'un culte.

Le sens caché est plus complexe. Râvana était roi de Lanka, un excellent souverain, en fait, plein de dévotion sincère envers Shiva. Ses ascèses lui permirent ainsi d'obtenir du Grand Dieu l'immortalité et des pouvoirs magiques considérables. Sa puissance était telle (en effet, il était même capable de commander les mouvements du Soleil et de la Lune) qu'on s'accorde à le représenter doté de 10 têtes et de 20 bras.

Malheureusement, son ego se développa aussi et il se crut l'égal des dieux. Pour symboliser son pouvoir, il voulut déplacer le Mont Kailash, la Résidence des dieux, et le transporter jusque sur l'île de Lanka. Ceci signifie qu'il voulait s'approprier le Pouvoir total de la Shakti. Il se rendit au pied du Kailash et commença à le secouer et le soulever dans le but de la déraciner. Shiva et Pârvatî, assis au sommet de la montagne, sentirent celle-ci trembler sur ses bases et Shiva comprit immédiatement de quoi il s'agissait. Il se contenta d'appuyer sur le sol avec l'orteil de son pied gauche et la montagne retrouva sa stabilité.

Râvana réalisa la Puissance de Shiva et la vanité de ses efforts dissipa son ego. Il rendit grâces à Shiva et fabriqua une vîna avec ses nerfs pour chanter les louanges du Seigneur qui le combla alors de sa grâce (anugraha).

Simhaghna-mûrti ou Sarabha-mûrti

Vishnu s'étant incarné en Homme-Lion (Narasimha) et ayant mis à mort le démon Hiranya, resta plein de fureur et ne retrouva pas son état équanime de Vishnu. Il menaçait l'harmonie parmi les dieux et son épouse, Lakshmî avait même peur de lui. Aussi s'en vinrent-ils tous trouver Shiva pour le prier d'intervenir. Shiva prit la forme d'un être complexe combinant les aspects d'un homme, d'un lion et d'un oiseau sous le nom de Sarabha qui défia Narasimha en combat. Très vite, ce dernier se rendit compte que Sharaba n'&eacutait autre que le Grand Seigneur et, retrouvant son calme, il lui rendit grâces.

Sarabha, doté d'un teint de cristal, a trois yeux qui sont le soleil, la lune et le feu. Kâlî et Durgâ sont ses ailes, Indra les griffes, Kâlâgni le ventre, Kâlamrityu la cuisse. Deux des quatre pattes descendent vers le sol; les deux autres, comme la queue, montent vers le ciel. Le vêtement est en peau d'animal. Huit bras tiennent un tambourin, une hache, un trident, une épée, un bouclier, une flèche, un arc et un gourdin. Sarabha est représenté dans une posture dite danse de la destruction (samhâratândava). Narasimha est représenté à ses pieds. Cette image très puissante n'est montrée pour le culte que dans le temple de Tirupuvanam. First in fierceness comes the form of the fabulous Sarabha Murti which was assumed by Shiva in order to suppress the pride of Narasimha, the man lion incarnation of Vishnu. The karanagama describes Sarabha as having eight legs, three eyes, long nails, two hands, and a body like glowing fire. The image has a lion's face and two wings one of which is said to represent the fierce goddess Durga and the other Death.

 

Haut de page Page d'accueil