Visiter Konarak
Le temple de Konarak est l'un des plus impressionnants qui soit en Inde.
Ce n'est pas un temple-ville à l'instar des grands temples du Tamil Nadu, avec leurs
multiples enceintes concentriques. Ce qui frappe à Konarak, c'est l'aspect monolithique
et écrasant du monument.
Construit au 13 ème siècle sous le règne du roi Ganga Narasimha
Deva 1er, cet ouvrage colossal, dédié au dieu solaire Sûrya
, marque
l'apogée de l'art architectural des Ganga de l'Est
et, du coup,
de l'Orissa historique.
Le lieu choisi par les architectes, en bord de mer à
l'époque, s'avéra plus que discutable : le sous-sol, constitué de sable
dunaire non consolidé, eut le plus grand mal à supporter le poids
de l'édifice qui ne tarda pas à s'affaisser. Un tremblement de terre, en 1630,
aggrava les dommages qui culminèrent avec l'écroulement de la tour (qui
dépassait les 60 m de hauteur) au 19 ème siècle, lors d'une
tempête. Entre temps, des invasions musulmanes destructrices, au
15 ème siècle, avaient profané le sanctuaire et incité
les autochtones à abandonner le temple. Celui-ci fut donc "redécouvert"
à la fin du 19 ème siècle par les Britaniques dans un grave état
de délabrement.
Il est conseillé de visiter le temple le matin (ticket d'entrée 600 Rs).
On pénètre dans l'immense enceinte par l'entrée de l'est, la Porte des Lions. Elle est
gardée, de part et d'autre, par des lions surmontant des éléphants
occupés à dévorer un démon. Ce motif, que l'on retrouve à
différents endroits, est diversement interprété : pour les guides locaux, c'est
le symbole de l'hindouisme triomphant du bouddhisme (!), pour d'autres une commémoration des
victoires royales, à moins qu'il ne s'agisse du triomphe de la connaissance sur
l'ignorance...
Puis, l'on passe près d'un mandapa
surélevé sur une haute plateforme dont les pourtours sont habillés de petites frises et
médaillons gravés de musiciennes, de danseuses (devadâsî
) et de quelques érotiques. C'était, croit-on, un hall de la
danse (nritya mandapa = natmandir), dont subsistent de belles et fines colonnes sculptées que l'on admirera au
premier puis au second niveau.
Du deuxième niveau du Nritya mandir, on jouit d'une belle vue de face sur le temple de Sûrya.
On observe de loin que le porche d'entrée est en pierre sombre. Le jagamohan
est surmonté d'un toit pyramidal à plusieurs niveaux,
décorés de plusieurs sculptures exceptionnelles, que l'on ne peut guère voir qu'à la jumelle.
L'édifice culmine à 39 mètres, ce qui est tout à fait exceptionnel.
Les importantes restaurations réalisées font apprécier la taille colossale de l'ouvrage quand on voit les
ouvriers dans les superstructures de cette toiture à gradins. A la jumelle, on voit assez bien de grandes
statues qui ponctuent cette pyramide : Bhairav dansant à trois têtes se tenant sur un bateau
(= Martanda Bhairav) et plusieurs musiciennes. Ces statues étant en pierre sombre, se détachent bien sur
le fond beige rosé de la pierre du monument.
On redescend du Nritya mandir pour traverser le terrain au centre duquel se dresse le temple de
Suryâ sur son esplanade surélevée. On l'aborde par la face Est. Un large escalier monte vers
l'entrée du monument, dont le grand porche de pierre sombre (chlorite) est délicatement gravé de motifs
décoratifs.
On fera ensuite lentement le tour du temple, admirant et
détaillant au passage, à la base, une frise continue de petits éléphants, puis au dessus,
d'innombrables sculptures de Gajavidala
, de
Nagâ
seuls ou en couples Nagâ-Naginî enlacés,
ainsi que d'assez nombreuses scènes érotiques suggestives.
L'ensemble de ce temple de Sûrya a été conçu, par ses bâtisseurs, comme un
immense char solaire de pierre. C'est pourquoi l'on voit les restes imposants des chevaux qui tiraient ce char avec ses
roues de pierre. Les roues du char solaire, qui atteignent près de 3 m de diamètre, sont plus nombreuses et
en meilleur état sur la face sud que sur la face nord. Il en reste huit, sur un total initial appparent de 16
(8 paires). Chaque roue est divisée en 24 rayons rassemblés par groupes de trois; on dit que chacun correspond
à une division du jour. Sur les roues, des petites sculptures dans des médaillons, dépeignent des
scènes de la vie quotidienne; leur place est déterminée en fonction du moment de la journée
(voir en particulier la quatrième roue au sud).
Des sept chevaux initiaux probables (trois à l'avant droite, trois à l'avant gauche, et un frontal), il
n'en reste que deux, bien abîmés, et l'emplacement visible d'un troisième.
A l'arrière du jagamohan, la tour (deul
) s'est effondrée, comme on l'a dit, il y a plusieurs siècles. En grimpant par l'extérieur,
on peut admirer les belles sculptures du dieu Sûrya, aux trois points cardinaux du Nord, de l'Ouest et du Sud, le plus
exceptionnel. Dans une grande niche, se tient la plus célèbre représentation en chlorite
vert sombre de Suryâ. Debout dans une posture hiératique sur son char, le dieu
majestueux porte des bottes persanes finement décorées; sa ceinture est ornée de bijoux.
A ses pieds, de part et d'autre, deux orants agenouillés le regardent, mains jointes, avec adoration et
vénération. Celui de gauche est certainement le roi constructeur de ce temple, car une épée
est posée à son côté. Le second est Aruna, le cocher du char solaire, dont les
sept chevaux figurent, plus petits, sur le registre inférieur. Un Sage barbu, est visible sur la droite. Des
êtres célestes volètent au-dessus de la tête du Dieu.
Derrière le temple principal, un temple secondaire, dit de Mayadevî, possède
quelques bas-reliefs, une statue de Suryâ, un éléphant furieux attrapant
un homme.
Dans la cour, au nord, ont été placées une paire de lions qui
auparavant, gardaient l'entrée nord, et regardaient vers l'extérieur.
On ne quittera pas le site sans s'être rendu au
temple des Navagrahâ dans un petit bâtiment sans
caractère, hors de l'enceinte, à l'angle nord-est. Un superbe et gigantesque
monolithe en chlorite sombre y est installé. C'est l'architrave qui autrefois surmontait
le porche principal du temple de Sûrya. Il représente les Navagrahâ
qui sont honorées quotidiennement par des prêtres. Les
divinités sont impressionnantes et noircies par les onctions et la fumée des lampes à huile.
Un peu plus loin, dans le village, on pourra consacrer quelques minutes à l'honnête
Musée, bien propre et bien aménagé (entré 20 Rs, photo libre). Trois salles
présentent des pièces dont quelques unes valent la visite.
Le temple de Sûrya mérite de nombreuses photos. Vous
n'en trouverez pas moins de quatre séries en cliquant ci-après :
Chaurasi
Il faut une bonne dose de patience et de motivation pour dénicher le petit temple de Varahî à
Chaurasi à une trentaine de kilomètres de Konarak. Ce temple, de la fin du 10 ème siècle,
aux dimensions modestes et à l'architecture classique, offre trois surprises qui récompensent le voyageur :
à l'extérieur, une niche dans le mur sud abrite un Ganesh debout au maintien élégant,
dans un état de conservation parfait. Dans une autre niche, à l'ouest, se tient un magnifique Sûrya
assis sur son char (on rappelle qu'à Konarak, Sûrya est debout). L'accès du sanctuaire
intérieur est libre : la plus belle ou l'une des plus belles Varahî
(Shakti
de Varahâ
) de l'Inde en a fait sa
résidence. Rareté, beauté et dimensions de cette statue divine se doivent d'être
signalées.
Voir des photos de Chaurasi.
Se loger
On loge d'habitude à Puri ou
Bhubaneshvar. Cependant, il existe
sur le site, plusieurs hôtels, dont, face à l'entrée du complexe du temple, le Panthanivas au confort modeste mais suffisant (2000 Rs).
Nourriture correcte et bon accueil.