Bénarès (Vârânasî) et environs

 

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Visiter Bénarès

Prière et offrande au soleil levant Bénarès ne se visite pas vraiment, Bénarès se vit. Même pour le plus rapide et le plus blasé des touristes, c'est davantage une expérience particulière qu'une visite comme les autres.

En effet, Bénarès est la ville indienne qui laisse au visiteur une impression profonde de la densité spirituelle qui anime la vie quotidienne des hindous.

Hélas ! L'immense majorité des touristes étrangers, ceux qui voyagent en groupe en tout cas, ne consacrent même pas une journée pleine à cette cité où le dépaysement est pourtant le plus violent. Il est vrai que l'occidental non averti qui débarque là doit remiser ses a priori et ses points de repère. S'il n'est pas révolté par la malpropreté des ruelles des vieux quartiers, la misère affreuse des mendiants, l'âcre odeur des bûchers funéraires, l'étranger sera captivé par une ambiance à nulle autre pareille dont il conservera la nostalgie longtemps après être reparti.

Une vue générale des bords du Gange au petit matin donne déjà une bonne idée 
de l'ambianceBénarès, l'ancienne Kashi, doit son nom de Varanasi, par lequel on la désigne le plus souvent et officiellement, aux deux rivières, la Varuna et l'Assi qui s'y jettent dans le Gange, au nord et au sud. La ville doit sa sainteté à la présence du dieu Shiva Dieu de la Transformation. En effet, c'est au Manikarnika Ghat que Shiva creusa un puits pour retrouver une boucle d'oreille que Pârvatî, son épouse, avait perdue. Le symbole de la puissance créatrice de Shiva, le lingam symbole de Shiva, est présent partout à Bénarès, en innombrables exemplaires.

Située sur la rive gauche du Gange, Bénarès occupe un promontoire dominant le fleuve, face au soleil levant. Cette rive est aménagée de ghats, c'est à dire de grands escaliers qui donnent accès au bord de l'eau. Dès l'aube, une foule dense de pèlerins patiente pour s'y baigner. Car la sainteté de l'eau du Gange est décuplée à Bénarès, ville sainte entre toutes, où chaque hindou devrait venir en pèlerinage au moins une fois dans sa vie.

Le Manakarnika Ghat, 
lieu sacré des crémationsMourir à Bénarès permet de se libérer du cycle des renaissances, c'est à dire d'atteindre directement la Libération. C'est donc le voeu le plus cher de la plupart des hindous, et un grand nombre d'entre eux viennent ici dans l'espoir d'y atteindre le but ultime de la vie, c'est à dire le trépas.

A Varanasi, il faut se rendre sur les Ghats Escaliers d'accès à 
un plan d'eau ou rivière, tôt le matin, à la pointe de l'aube, alors que toute chose baigne dans une lumière floue, légèrement brumeuse. On prend alors une barque pour longer les rives du fleuve et assister aux rituels quotidiens des pèlerins et habitants de la ville. On a ainsi un aperçu de la vie des sadhus, les saints hommes installés presque à demeure sur les ghats. On assiste (de loin) aux cérémonies de crémation traditionnelles (pas de photos). Si l'on dispose de temps, on se promènera à pied le long des ghats, pas tous, bien sûr, car on en dénombre une centaine, dont le nom est indiqué. Le soir, avant le coucher du soleil, une autre ambiance règne sur les ghats.

On flânera dans le Chowk (bazar), à l'animation continue.

Une fois dans l'ambiance, on peut faire les visites, à proprement parler mais les monuments réellement anciens n'existent pas à Varanasi car ils furent rasés à plusieurs reprises par les invasions musulmanes. Les dernières exactions de l'Empereur Aurangzeb à la fin du 17ème siècle détruisirent tout ce qu'il pouvait y avoir de sacré. Les temples les plus anciens ont donc été reconstruits au 18ème siècle sur les sites ancestraux. Néanmoins, le visiteur attentif pourra passer plusieurs jours à découvrir patiemment les coins cachés de la vieille ville.

 Dans le chowk principal, le temple le plus célèbre est le temple de Vishvanath, ou temple d'Or, en raison de la couleur dorée de ses dômes. Consacré à Shiva, il est interdit aux non-hindous : les ruelles qui y donnent accès sont gardées par des militaires armés qui barrent l'entrée du périmètre à toute personne ayant un appareil photo et/ou un portable... Pas question de l'enfermer dans un sac. La seule solution pour avoir un aperçu de ce temple et admirer, sans le photographier, son toit recouvert de feuilles d'or, est de monter à l'étage d'un magasin d'artisanat situé juste en face. Autrement dit, autant oublier cette visite.

 Le temple de Durgâ Déesse terrible, parèdre de Shiva , situé dans le sud de la ville, à 5 minutes à pied de l'Assi ghât, a longtemps été interdit aux étrangers. Des pseudo-guides à l'entrée vous amenaient jusqu'à une véranda d'où l'on pouvait à peine voir l'intérieur. Désormais, l'entrée est permise, pour autant que le touriste se comporte décemment : habillement correct (pas de shirt ni de manches courtes, mesdames, pas de photo). Le pujari vous convie même à vous approcher de la cella Sanctuaire principal où réside la déesse Durgâ, figurée par un visage stylisé peint en vermillon. On laisse une obole et/ou des offrandes achetées à l'extérieur. On remarquera, à l'entrée de la cella, un beau lion de bronze, véhicule de la déesse. Le site et la statue (mûrti de Durgâ) sont cités dans un texte du 12ème siècle. Le bâtiment actuel, de couleur rouge brique, est plutôt élégant, doté d'un shikhara Tour curviligne d'un temple . Il fut reconstruit par la reine Bhavani de Natore (Bengale) au 18ème siècle. Juste au nord, un grand bassin (kunda) sacré permettant aux pèlerins de faire leurs ablutions, semble malheureusement bien mal entretenu.

 Un peu au nord du temple de Durgâ, sur la même avenue, le temple de Tulasi Manas ne date que de 1963. C'est une vaste bâtisse de marbre qui fut édifiée par un riche marchand de Calcutta. Les murs du grand hall à deux niveaux sont revêtus de plaques de marbre gravées du texte du Ramacharita Manasa, version du Ramayana écrite par le poète Tulsidas à la fin du 17ème siècle. Au fond, dans le sanctuaire, sont honorées les représentations de Râma, Sîtâ et Lakshmana Roi, incarnation de Vishnu . On ne manquera pas de monter à l'étage (statue du Sage Tulsi en bas de l'escalier à gauche) pour visiter un petit musée (entrée 2 Rs) qui attire de nombreux visiteurs. On peut y voir des scènes animées par des automates vêtus de riches vêtements, narrant des épisodes du Ramayana. Les compositions sont réalistes, bien conçues et sympathiques. C'est certainement le temple le plus original de Bénarès.

 Encore un peu plus loin au sud, à l'écart de la même avenue, le temple de Sankat Mochan ou temple des singes, vaut vraiment la visite car il y règne une ambiance religieuse intense. D'ailleurs, les habitants de Varanasi considèrent ce temple comme le 3ème plus important de la ville, derrière le temple d'Or et le temple d'Annapurna. Il présente l'avantage d'être ouvert aux non-hindous, donc aux étrangers. On arrive dans une grande cour où s'ébattent de nombreux singes paisibles, au derrière rouge. Un gros banyan au double tronc marque l'emplacement initial où le sage Tulsi installa une image d'Hanuman Chef de l'armée des singes, allié de Râma. La mûrti, très stylisée, se trouve maintenant dans le sanctuaire central. De nombreux fidèles se pressent là. Dans la cour pavée, d'autres fidèles poursuivent leurs dévotions, certains égrenant leur mala contenu dans un petit sac fixé au poignet. D'autres, en dhoti orange, assis sous une véranda, chantent des mantra avec conviction. Un second temple, face au premier, est dédié à Râma, Sîtâ et Lakshmana. Les bâtiments actuels datent de la fin du 19ème siècle. Les murs et colonnes sont largement constellés de marques de vermillon.

 Sur l'Assi ghât, le temple de Lakshmi Narayana s'élève sur une plate-forme dominant les escaliers. On le reconnaît aisément à son shikhara principal entouré de quatre petits shikhara secondaires, selon une structure classique dite panchayatana. La cella, inhabituellement hexagonale, abrite une statue de plusieurs métaux représentant Lakshmi-Narayana (Vishnu) et sa Shakti Parèdre d'un dieu . Dans les petits sanctuaires d'angle, on trouvera : le groupe de Râma, Sîtâ et Lakshmana accompagnés de Ganesh Dieu à tête d'éléphant (inattendu), le couple divin Krishna Incarnation de Vishnu et Radha, puis Durgâ et enfin Shiva sous la forme d'un Shiva Lingam Symbole de Shiva en tant que Puissance de 
création. Des peintures naïves de divinités décorent le fronton de chaque cella.

 Au nord du Tulsi ghât, un escalier étroit et raide mène à un petit sanctuaire d'Hanuman dont la statue, très stylisée, aurait été installée là à la fin du 17ème siècle par Tulsi lui-même.

 Dans les ruelles au dessus du ghât, on peut découvrir des petits sanctuaires d'Hanuman et de Ganesh, un Shiva Lingam souterrain censé reproduire le célèbre Lingam d'Amarnath au Cachemire, un petit temple de la déesse Durgâ tuant le démon buffle (c'est la forme dite Mahishasuramardini) et un étonnant bassin sacré, le Lolarka, cité dans le Mahâbhârata, donc vieux de plus de 3000 ans. Il représente la conjonction des eaux de la rivière Assi et du dieu solaire Lolarka pour la destruction des erreurs humaines. Ce lieu est donc particulièrement sacré. Profond de 17 mètres, trois escaliers abrupts y descendent. Une grande stèle de Ganesh vermillon se trouve tout au fond. Ce bassin fut rénové au 18ème siècle par la reine Ahilya Bai. Au sud du bassin, se trouve le petit temple de Lolarkeshvar.

 Une zone tout à fait intéressante est le Manikarnika ghât et ses alentours. On y accède généralement en suivant la rive du fleuve depuis le ghât central (Dasashwamedh ghât). Le Manikarnika ghât ou ghât des crémations est certainement l'un des endroits les plus sacrés de la ville. Selon la légende, le dieu Vishnu serait resté debout pendant 500 000 ans en invoquant Shiva, jusqu'à que ce dernier consente à apparaître. Le ghât tire son nom de Mani = le bijou, qui orne le front de Shiva, et Karnika = les boucles d'oreilles de la déesse Pârvatî Déesse épouse de Shiva, son épouse, qui tombèrent dans le bassin sacré. Dès qu'on arrive en vue du ghât, on est sollicité par de pseudo guides qui informent de l'interdiction de photographier mais de la possibilité de voir les crémations depuis une tour qui domine la rive. Il n'est pas conseillé d'accepter car des femmes âgées nécessiteuses se rassemblent là et l'on fera pression sur vous pour obtenir une obole substantielle destinée, paraît-il, à assurer leur crémation lors de leur (proche) décès. On dit que 30000 crémations ont lieu chaque année à Bénarès dont 70% sur ce ghât. Elles ont lieu 24h/24. De grosses barques apportent le bois de très loin. D'énormes piles s'entassent aux alentours. En contournant les tas de bois, on atteint une ruelle qui redescend vers le nord. L'ambiance est toujours très animée.

Sur le bord du fleuve, un vieux temple penché était déjà dans cette position au 19ème siècle, selon des gravures d'époque. A proximité, sous un pavillon ouvert, on verra le Charana Paduka, plaque de marbre représentant les pieds sacrés de Vishnu . Juste derrière, un petit bassin sacré, le Manikarnika kunda, ou Chakra pushkarini. Dominant le ghât, le temple d'Amety se reconnaît aisément à son shikara central entouré de quatre shikara secondaires. Il date de 1850. On y accède par une étroite ruelle en escaliers qui monte sur la gauche du bassin.

En continuant cette ruelle, on verra sur la gauche un haut petit sanctuaire où est vénéré le Siddha Vinayaka (Ganesh). Un peu plus loin encore, par une ruelle en cul de sac sur la droite, on ira voir un Lingam souterrain que l'on aperçoit au fond d'un puits d'une dizaine de mètres de profondeur. C'est le Manikarnikeshvar, le premier des 108 sanctuaires que visitent les pèlerins en accomplissant le Panchakroshi Yatra, circuit sacré de 88km en cinq jours, faisant le tour de la ville.

On redescend sur les ghâts et on continue vers le nord jusqu'au Ganga Mahal ghât, marqué par de puissantes fortifications à la base desquelles on remarquera deux beaux Hanuman rouge vermillon dans des renfoncements. En montant un raide escalier, juste en arrivant sur ce ghât, on débouche dans un quartier où de nombreux temples se côtoient dans un lacis de ruelles. On notera en particulier le temple de la déesse Sankatha Devî. On pénètre dans une grande cour où quelques statues sont groupées autour d'un banian sacré. Dans le sanctuaire principal où se pressent de nombreux dévots, on est tout proche de la déesse figurée par une grande statue au visage sombre. Elle est réputée vaincre les dangers qui menacent ses fidèles. Un autre temple intéressant, tout proche, est dédié à la déesse Gangâ Fleuve sacré de l'Inde, divinisé : tout en marbre blanc, on y voit une belle statue de cette déesse fluviale. Le sanctuaire principal abrite un Shiva Lingam auquel fait face un paisible Nandi Taureau blanc, véhicule de Shiva. Sur la gauche de l'entrée, se tient un beau Ganesh de marbre blanc avec des dorures, au large visage bienveillant.

 Le temple de Bharat Mata (= La Mère Inde), dont la caractéristique essentielle est la représentation en marbre (qui a dû être blanc...) du continent indien en relief. Pour en comprendre la signification symbolique, il faut savoir, que Bhârata est l'ancêtre mythique des héros de l'épopée du Mahâbhârata Epopée mythique. Le mot Inde, déformation du terme Sind qui désigne la partie ouest du pays (maintenant au Pakistan), a été adopté par les occidentaux pour tout le pays, mais les "Indiens" appellent normalement leur pays : Bharata, du nom de cet ancêtre. Leur pays est vécu, dans leur inconscient collectif, comme une Mère (=patrie) divine. Il est donc normal de lui dédier un temple. A défaut de savoir cela, on ne comprend rien à la visite.

 Le nouveau temple de Vishvanath dit aussi temple de Birla (car financé par le grand mécène), en 1966. Consacré au dieu Shiva ainsi qu'en atteste le grand lingam de marbre blanc, enchâssé dans son yoni Symbole féminin, constamment honoré, qui s'y trouve, ce temple de marbre ouvert à tous frappe par ses tableaux muraux de marbre rapportant des textes sacrés (quelques uns sont traduits) ou représentant des scènes mythiques et allégoriques.

 Le Bharat Kala Bhavan. Situé sur le vaste campus de l'Université (Banaras Hindu University) aux larges avenues ombragées et paisibles, au sud de la ville, ce musée (entrée 250 Rs) présente d'exceptionnelles pièces anciennes de statuaire. Il s'agit d'une collection de sculptures de pierre de divinités depuis l'époque Kushana jusqu'au Pala-Sena du Bengale et Pratihara de l'ouest, donc, grosso modo du 1er au 13ème siècle dans une grande salle correctement éclairée. On notera quelques belles pièces : Harihara (12ème siècle) Dieu moitié Shiva, moitié Vishnu, Ganesh dansant (9ème siècle), mariage de Shiva et Pârvati (10ème siècle), etc.

Une petite salle, gardée comme un coffre-fort, abrite des bijoux impériaux du temps des empereurs Moghols. A l'étage, on visitera plus rapidement (éclairages souvent insuffisants) une salle d'archéologie, une galerie d'arts décoratifs avec quelques beaux objets d'ornements (belles boites ouvragées en laiton, des masques de la fête de Ras Lila, etc.), une salle de Bénarès, surtout intéressante pour ses gravures du 18ème et 19ème siècle, et enfin une salle consacrée à Alice Boner (1889-1981), Suissesse qui vécut longtemps en Inde. On y expose quelques unes de ses sculptures et peintures.

Au rez de chaussée, la salle des miniatures est vaste et présentée sans goût. Les miniatures sont alignées sans souci de mettre en évidence les différentes écoles. L'éclairage est médiocre.

 Des autres monuments de Varanasi, on citera : l'observatoire de Jaisingh et le temple népalais en bordure du Gange, un endroit agréable à l'écart de l'agitation de la ville.

 Une cérémonie de l'aarti se déroule tous les jours, en fin d'après midi, sur la rive du Gange, près du ghat de Dasasvamedha. Cinq prêtres, vêtus de blanc et de rouge, y conduisent ce rituel de la lumière, dédié au Gange (Mère Gange : Gangâ Ma), accompagnés de chants de mantra Sons sacrés et de sons frappés sur des cymbales de fer. Il est très recommandé d'y assister. La cérémonie dure 45 à 50 minutes.

Pourquoi venir à Bénarès ?

Pour de nombreux visiteurs étrangers, Bénarès semble une destination touristique secondaire. La plupart y restent 24 heures, surtout les groupes. Ils arrivent par avion, de Khajuraho ou du Népal, font un petit tour à Sarnath, visitent en fin d'après-midi une boutique de soieries (où leur guide prélèvera sur leurs achats une grasse commission), font un stop rapide à l'ârti, à 18 heures au bord du Gange, le temps de prendre quelques photos, dînent éventuellement avec musique ou danse folklorique dans leur hôtel climatisé de luxe. Le lendemain matin, réveil à 5 heures pour les emmener faire une balade en barque sur le Gange au lever du soleil. Puis, dans la matinée, ils vont jeter un coup d'oeil distrait au temple d'Or et au temple de Durgâ, avant de s'embarquer pour une autre destination. Dieu merci, les gens voyageant en individuels sont souvent moins pressés, tentant de saisir l'ambiance de cette ville unique. Certains, enfin, restent plusieurs semaines à plusieurs mois pour apprendre l'hindi, un instrument de musique ou pratiquer yoga et méditation.

Enfin, une frange de jeunes révoltés contre la société occidentale (mais qui n'oublient cependant pas de toucher le RSA ou de taper papa-maman, ces crétins qui travaillent et payent des impôts), s'installent pour des durées indéterminées dans des pensions minables. Ils peuvent être happés par la drogue ou, ce qui n'est pas forcément mieux, par des pseudo gurus qui leur font croire qu'ils suivent un itinéraire spirituel. Déguisés en saddhus, ils sont plus indiens que les indiens.

L'environnement physique de Bénarès est assez effrayant. C'est une ville surpeuplée aux rues souvent défoncées et à la circulation anarchique. Un trajet en cyclo-rickshaw du sud au nord entre Assi ghât et Raj ghât donnera aux masochistes une bonne idée de ce qu'est une foule. Dire que Bénarès est une ville extrêmement sale est un euphémisme. Dès la moindre pluie, on patauge dans la bouillasse. Les innombrables vaches crottent évidemment partout et, sur les ghâts, au bord du Gange, leurs excréments voisinent avec ceux des chiens et des hommes. Les tas d'ordures s'amoncellent à tous les coins de rues et, bien sûr, sur les rives du fleuve sacré dont les eaux brunes et peu engageantes ne découragent pas les milliers d'hindous qui, tous les jours, hiver comme été, viennent y faire leurs ablutions rituelles puis leur toilette, leur lessive...

Se promener le long des ghâts est d'ailleurs une expérience indispensable. Il faut tout d'abord résister aimablement mais fermement aux innombrables propositions : les hommes vous hèlent en criant "boat, sir" ou d'autres voudraient bien vous emmener dans des magasins de soieries, les enfants veulent vous vendre des cartes postales, des poudres colorées, des coupelles d'offrandes, d'autres demandent à être photographiés en échange de quelques roupies. D'autres ne vendent rien : les pèlerins qui se livrent à des ablutions ou consultent des guru et des astrologues installés sous des parasols. Et puis aussi les jeunes qui s'exercent à faire voler des cerfs-volants sommaires ou à jouer au cricket avec les moyens du bord, les dhobi (laveurs de linge) qui tapent comme des forcenés sur leur planche toute la matinée, après quoi le linge est étalé à sécher sur les escaliers, balustrades et murs, quelques personnes lisant leur journal ou méditant et bien sûr, les buffles rassemblés en troupeaux en certains lieux lieux comme le Mahanirvani ghât, qui poussent des mugissements rauques et sont capables de monter et descendre les escaliers avec agilité.

Se promener sur les ghâts, c'est aussi rencontrer de nombreux chiens jaunes amicaux, accompagnés de leurs chiots qui folâtrent, de belles grandes chèvres qui parfois s'obstinent à mâcher un bout de plastique et le rejettent découragées après quelques minutes. De temps à autre, on verra des femmes, voire des fillettes collecter la bouse des bovins et confectionner des galettes plates qu'elles appliquent sur les murs pour les faire sécher et qui serviront ensuite de combustibles domestiques. De place en place, on vend du thé dans des installations plus ou moins sommaires.

Les bâtiments ???? qui surplombent les ghâts, bien qu'ayant souvent le statut de palais, sont bien décrépits et l'ensemble, quoique pittoresque, n'est pas vraiment beau.

Mais alors, direz-vous, pourquoi venir à Bénarès et, pire, s'y attarder ?

Hé bien, voilâ, on ne sait pas, mais cette ville est magique. Elle laisse au visiteur une impression très forte, positive ou non, cela dépend, mais on n'en revient pas indifférent. Son extrême ancienneté, pratiquement attestée depuis plus de 3000 ans, ses milliers de temples, oratoires à chaque recoin de rue, son labyrinthe de ruelles étroites et mystérieuses où il est aisé de s'égarer, la piété populaire qui s'exprime abondamment dans chaque endroit sacré, créent une ambiance sans pareil. Il faut prendre le temps d'assister intégralement à la cérémonie religieuse de l'ârti qui se déroule chaque soir à la tombée du jour au Dasashwamedh ghât (ghât central), au milieu de la foule des centaines de personnes recueillies qui y assistent.

Il faut se lever au petit jour et descendre sur les ghâts quand le soleil apparaît de l'autre côté du fleuve et éclaire tout le paysage d'une lumière surnaturelle, ocre clair et légèrement voilée. Le Gange aux eaux sombres miroite comme du métal. En quelques trop courtes minutes, l'astre du jour s'élève rapidement dans le ciel, passe du rouge à l'orange puis au jaune doré éclatant. C'est l'heure où les touristes louent une barque et font leur petit tour d'une heure.

Il ne faut pas oublier que Bénarès est la ville de la mort. Le Dieu Shiva qui préside aux transformations est ici partout présent : dans les Lingams des temples et sanctuaires que les gens fleurissent et vénèrent, comme sur les champs de crémations du Manikarnika ghât et du Harischandra ghât. Les hommes accompagnent sobrement leurs morts qui, jour et nuit, brûlent sur les bûchers. Parfois, quand une famille pauvre n'a pas les moyens de payer les 250 kg de bois nécessaires, elle confie le défunt enveloppé dans son linceul aux vives couleurs à un batelier qui l'immerge au milieu du fleuve sans autre cérémonie.

L'impression que l'on peut avoir de Bénarès dépend beaucoup de l'époque et du temps qu'il y fait. En hiver, s'il fait froid, gris et pluvieux, vous repartirez découragé. En été, pendant la mousson, les hautes eaux du Gange recouvrent les ghâts et débordent jusque dans les rues voisines, rendant impossibles de nombreuses balades. En revanche, au printemps ou à l'automne, dès qu'il fait beau, tout est transformé. Vous organiserez votre journée en fonction de la température, réservant les heures chaudes à une petite sieste réparatrice si vous vous êtes levé avant le soleil.

Ne manquez pas de flâner dans les chowks (bazars) aux innombrables petites échoppes exposant un peu de tout : cartes postales de divinités, colliers de perles de verre, jouets en bois peint de couleurs vives, statuettes en laiton et quincaillerie, bijoux en or, soieries pour lesquelles vous serez immanquablement sollicité, cotonnades, boutiques Internet fréquentées par des hordes de Coréens, ...

Vous aurez un peu de mal à circuler au milieu des gens qui vous bousculent, de motos qui foncent en klaxonnant, des charrettes à bras lourdement chargées et des vaches presque aussi larges que la ruelle, sur le passage desquelles il est préférable de s'écarter... Même si vous vous perdez, le fleuve est à l'Est...

Sarnath

La structure de briques du Dhâmekh stûpa à Sarnath atteint 35 m de hauteur Sarnath (à 10 km de Bénarès), fut le berceau de l'enseignement bouddhiste. C'est ici que Bouddha L'Eveillé vint "mettre en branle la Roue de la Loi" (Dharmachakra). Il y prêcha son premier sermon, dans le Parc aux daims.

Les ruines du vihara donnent à peine une idée de l'importance qu'eut Sarnath comme centre monastique On y visite un intéressant musée (entrée 100 Rs) avec de remarquables représentations :

 

 Le fameux chapiteau de la colonne de l'Empereur Ashoka L'un des empereurs les plus 
importants de l'Inde (emblème de l'Union Indienne), datant du 3ème avant notre ère, et de nombreuses statues d'époques anciennes, Gupta Importante dynastie du nord en particulier
 Un linteau des neuf Planètes Planètes divinisées, aux têtes malheureusement brisées, avec Ganesh Dieu à tête d'éléphant à leur gauche, Lakshmî Déesse de la Prospérite au centre et Sarasvatî Déesse des Arts à droite
 Un autre linteau des Planètes, entier celui-là, avec Brahmâ Dieu de la Création, Vishnu Dieu de la Conservation et Shiva
 Un gigantesque Shiva terrassant le démon Andaka
 Un beau Bhairava Forme terrible de Shiva
 Un Vishnu sur Garuda Aigle véhicule de Vishnu dans un médaillon
 Un léoglyphe, mais surtout
 Un exceptionnel Bouddha à l'auréole entière
 Une bonne série de Tara Déesse du bouddhisme, dont une grande debout, dans le style des nymphes célestes de Khajuraho; etc.

Juste en face du musée, dans un parc harmonieux (entrée 300 roupies par personne), on visite les ruines de monuments antérieurs à notre ère, comme le Dharmarajika Vihâra (monastère), et surtout le stûpa Dhâmekh. Le monastère Dharamarajika fut construit du temps de l'empereur Ashoka, au 3 ème siècle avant notre ère et aurait longtemps conservé les reliques du Bouddha avant d'être détruit au 17ème siècle. Le stûpa Dhâmekh est une massive construction de briques de la période Maurya, d'une quinzaine de mètres de hauteur qui fut, à la période Gupta, recouverte de pierres appareillées gravées de motifs divers, feuillages et lotus. De nombreux pèlerins bouddhistes en font la circumambulation à longueur de journée. Plus loin, cinq restes de colonne couverts d'inscriptions en langue Pali constituent la colonne d'Ashoka qui, à l'origine, atteignait 15 m de hauteur et était surmontée du chapiteau des quatre lions que l'on voit au Musée.

Un peu plus loin, dans un enclos accessible à tous, le temple de Malaghandakuti, construit en 1931, est en activité. Un grand Bouddha doré, encadré de fleurs artificielles et de petites lampes en forme de lotus, reçoit les prières des moines et pèlerins. Dans la cour attenante, un grand arbre de la Bodhi est cerné de guirlandes de morceaux de tissus votifs. Une enceinte a été construite autour de l'arbre dans les années 80 avec des niches vitrées où sont installées de belles statues de marbre blanc des 28 Bouddhas ayant précédé Gautama Bouddha. Devant l'arbre, dans un petit pavillon, on a représenté le Bouddha prêchant à ses cinq premiers disciples.

Ramnagar

A quelque 20 km de Varanasi, le Fort de Ramnagar (entrée 15 Rs) surplombe le Gange. De nombreux visiteurs fréquentent deux petits temples de Shiva postés sur ses remparts. Le palais, les ghats en contrebas et le Gange, composent un ensemble harmonieux. On aperçoit au loin les ghats de Varanasi baignés dans la lumière floue de la ville.

Dans l'enceinte du palais où loge encore le Mahârâja littéralement Grand Roi de Ramnagar, on visite un petit musée cocasse. S'y côtoient de vieilles voitures et carosses, des palanquins et howdah en ivoire, argent, plaqué os..., et, dans des vitrines poussiéreuses, des armes anciennes bien briquées, des ustensiles anciens en laiton, une imposante collection d'armes à feu et d'armes blanches, une vitrine de petits ivoires magnifiquement travaillés, etc

En ressortant de la massive porte d'accès à la forteresse, à gauche sur le trottoir de la rue menant au pont flottant, étroit, cahotant et bruyant, un marchand de lassi réputé dans tout Varanasi, dit-on, propose, dans des coupelles de terre cuite, son produit frais et délicieux.

Se loger à Varanasi

Toutes sortes d'hôtels sont disponibles à Varanasi. Les hôtels les moins chers se situent au centre ville et non loin du Gange, mais l'entretien peut laisser à désirer et les rencontres ne sont pas toujours les meilleures.

Dans une catégorie moyenne, on y conseille le Temple on Ganges (20 €) (Assi Ghat). Extrême propreté, accueil efficace du manager, personnel gentil, agréable terrasse donnant sur le Gange. Le service pourrait être amélioré et plus rapide, mais on ne peut pas tout avoir.

Nettement plus loin du centre, dans le quartier aéré du Cantonment, sont concentrés la plupart des hôtels haut de gamme. En catégorie moyenne, le Surya (30 €) peut être recommandé. Il dispose d'un bon restaurant (le Canton) s'ouvrant sur un jardin intérieur.

Faire des achats

Varanasi est l'une des cités indiennes spécialisées dans le tissage et le commerce de la soie. Même si l'on n'est pas tenté par les beaux tissus, on aura plaisir à visiter l'un des magasins qui proposent un choix incroyable. Acheter un sari n'est pas une mince affaire. Il faut savoir que la qualité des pièces de tissus présentées est extrêmement variable et qu'un sari peut valoir de 100 euros (ou moins) à 1000 euros ou plus...

Un vaste magasin, le Cottage Industries, se situe en face de l'hôtel Taj. Cadre luxueux, beau choix et prix en conséquence. On pourra cependant s'y rendre, ne serait-ce que pour admirer les tapis haut de gamme et les soieries. Exposition explicative des étapes de fabrication, depuis le ver à soie jusqu'au métier à tisser.

Deux magasins d'artisanat spécialisés dans les statues de bronze, peuvent être recommandés; beaucoup de choix, souvent de très bonne qualité : Toy Museum, dans le Chowk principal (Vishvanath Galli) pour les bronzes classiques et le Banaras Art Gallery, sur l'avenue qui mène du centre vers l'Assi Ghat pour de remarquables bronzes tribaux du Chattishgargh.

Dans le chowk (bazar), on flânera parmi d'innombrables échoppes vendant à peu près de tout. On notera les petits jouets bon marché en pièces de bois peintes de vives couleurs figurant des dieux et déesses. Les amateurs de colliers, bracelets, malas (rosaires) de pierres fines à des prix défiant toute concurrence seront comblés. Ou bien, on achètera pour un prix ridicule des perles de verre pour créer soi-même des colliers.

 

 
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