Les Génies et les Nymphes
Plan du chapitre |
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Nâga | Apsara | Gandharva | Yaksha |
Kinnara | Vidyâdhara | Gana |
Nâga ou Serpents du Monde Souterrain |
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On les représente comme des êtres mi humains mi ophidiens. Ils sont beaux et portent des couronnes et des anneaux d'oreilles. Leur couleur varie selon la tribu à laquelle ils appartiennent. Puissants et dangereux, ils ont des dents empoisonnées. Ils peuvent avoir plusieurs têtes. Les Nâga ont trois rois, les Nâgarâja, que l'on rencontre fréquemment dans la statuaire : Ananta (Shesha), Vâsukî et Takshaka.
Ananta (Infini) est l'aîné et le plus célèbre des trois car
il est le Serpent colossal sur les anneaux duquel Vishnu repose, endormi dans un profond sommeil,
entre deux périodes de création du Monde. Dévot du Seigneur Vishnu, on le nomme aussi Shesha ou
Adishesha (Shesha des origines). Il est pacifique et protecteur.
Vâsukî, le cadet des trois, est le Nâga qui participe au Barattage de
l'Océan des Origines, au commencement des Temps, peu après la Création du Monde. Les Dieux et les Démons décident
alors de baratter le lait de l'Océan des Origines, pour en extraire le Nectar d'Immortalité. Pour ce faire, ils utilisent le corps de
Vâsuki comme corde autour de la baratte qui sera le mythique Mont Meru... On dit aussi que c'est sur la tête de Vâsuki que repose
le Monde et que lorsqu'il bouge, un tremblement de terre se produit. Grand dévot de Shiva, on le voit très souvent au cou de son Seigneur.
Quant à Takshaka, il est dangereux car c'est l'allié
de Râvana, le plus fameux des Râkshasa, dans l'épopée du
Ramâyâna.
Ananta (Shesha), Vâsukî et Takshaka sont tous les trois frères. Ce sont les fils des Rishi Kashyapa et Kadru, qui sont d'ailleurs les parents de tous les serpents.
Cependant, les Agama mentionnent huit Seigneurs des Nâga, soit, en plus des trois déjà cités : Kartôtaka, Abja (= Padma), Mahâmbhuja (= Mahâ-Padma), Sankhadhara et Kulika.
Les Nâga vivent dans leur monde souterrain du Potala Loka. Quand ils vivent sur terre, ils se réfugient dans les cavernes. Les Nâga entretiennent fréquemment des relations avec les hommes. Il arrive que des mariages se produisent...
Le culte des Nâga se retrouve un peu partout en Inde, mais il est plus particulièrement vivace dans le sud du pays, au Tamil Nadu, au Kerala. Il existe ainsi un célèbre temple des Nâga à Mannasarla au Kerala. Les cobras sont d'ailleurs eux-mêmes vénérés. Dans tous les villages, se trouve au moins un arbre au pied duquel un trou donne accès à la demeure (réelle ou virtuelle) du grand reptile. On lui offre régulièrement du lait, des fruits et des noix de coco.
Des images de Nâga sont gravées sur des stèles de pierre. Ces serpents divinisés sont figurés avec une, trois, cinq, voire sept têtes formant un capuchon haut dressé. Ils ont parfois un corps humain au-dessus du nombril et une queue de serpent pour la partie inférieure du corps.
Ces "pierres de serpent" sont placées dans des temples ou bien sur une plateforme entourant un arbre pippal (Ficus religiosa) ou un margousier censé abriter la demeure d'un véritable cobra.
La connexion entre le culte des Nâga et le très antique culte des serpents est évidente. Il est également lié aux cultes de fertilité.
D'une manière générale, les Nâga sont les gardiens des rivières, des lacs et des sources, tous lieux où l'on trouve de l'eau, ce qui est, comme chacun sait, symbole de fertilité.
Apsara ou Nymphes Célestes |
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Les Apsara sont des nymphes qui sortirent en nombre considérable de l’Océan de Lait des origines lors de son barattage par les Dieux et les Asura. Pleines de grâce et de charme, elles sont les compagnes de plaisir des Deva, mais aussi des Asura.
Inspirant l'amour à toutes les créatures vivantes, elles représentent le principe de plaisir. Elles connaissent soixante quatre manières d’éveiller les sens et de réjouir l’esprit. Le roi des dieux Indra aime leur compagnie. Quelques une de ses nymphes favorites sont Menaka, Urvashi, Rambha et Ghritachi.Chaque fois qu’un Sage devient trop puissant en conséquence de ses ascèses, le dieu Indra envoie ses nymphes pour le distraire de leur beauté. Et dès lors que le Sage étreint ces voluptueuses beautés, il perd ses pouvoirs spirituels acquis au prix d’années de contrôle sur soi et d’auto-mortification.
Quand les humains, embrasés de passion, veulent s’unir à des Apsara, ils doivent faire une promesse. Si la promesse n’est pas tenue, l’Apsara retourne dans son séjour céleste. Ainsi, le roi Pururava épousa la nymphe Urvashi après qu’il eut promis que personne désormais ne le verrait nu sauf elle. Un jour, des voleurs dérobèrent les vaches du palais et le roi, qui était dans la chambre à coucher d’Urvashi, se rua à leur secours sans prendre la peine d'enfiler des vêtements. Toute la ville le vit nu et ce fut la fin de son mariage avec la nymphe.
Filles de Kashyapa, les Apsara sont des nymphes soit célestes, soit terrestres. Dans ce dernier cas, elles résident habituellement dans les lacs et rivières. Elles sont souvent liées aux Gandharva (voir plus loin), leurs partenaires habituels.
La statuaire les représente à profusion (par exemple à Angkor, au Cambodge) comme de belles jeunes filles aux courbes sensuelles déhanchées, à la taille fine, (très) légèrement vêtues de pagnes de mousseline laissant à nu les seins ronds bien développés.
Gandharva, musiciens Célestes |
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Initialement, dans les Veda, les Gandharva sont des divinités de l'eau et des archers habiles. Brillant d'une vive lumière, ils vivent dans les espaces célestes des nuages, où ils représentent l'harmonie et la senteur des parfums. En effet, leur nom de Gandharva vient de ce qu’ils ont des corps parfumés et qu'ils se nourrissent des senteurs parfumées. Toute personne qui les sent en tombe amoureux. Quand des Ghandarva viennent à aimer des femmes, ils les oublient dès qu’ils retournent dans leur séjour céleste.
Un jour, ils dérobèrent le nectar sacré, le Soma. Pour le récupérer, la déesse Sarasvatî les charma en jouant une musique envoûtante sur son luth (vîna). Les Gandharva aimèrent tellement cette musique que non seulement ils rendirent le Soma aux dieux mais, de ce jour, ils devinrent les musiciens célestes du paradis d'Indra (Svarga) où ils aiment à se tenir dans les arbres. Ils distraient les Deva de leur superbe musique. Avec les Apsara, ils suivent le dieu de l’amour Kâma partout où il se rend.
Divinités masculines, leurs représentations les montrent souvent dotés d'une tête humaine et d'un corps d'oiseau. Ce sont les époux des Apsara. Ils servent souvent de messagers entre les deux et les hommes.
Les Gandharva sont cités à plusieurs reprises dans le Mahabharata, associés aux dieux et aux Yaksha; dans ce dernier cas, ce sont d'excellents guerriers.
Yaksha ou Génies des forêts |
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Dans les mythologies hindoue ainsi que bouddhiste, les Yaksha sont des génies, des démons de la terre et des forêts, protecteurs du monde végétal et
génies de la fertilité. Ils sont généralement pacifiques, non agressifs, et on les voit parfois apparaître dans les troncs d’arbres ou au
voisinage des trous d'eau, qu'ils gardent. Ce sont les gardiens traditionnels des trésors; leur Maître est
Kubera, le Seigneur des Richesses et des Trésors.
Ainsi que leurs compagnes, les Yakshi (ou Yakshini), ce sont des divinités de rang secondaire, évoquées dès les plus anciens textes du Rg Veda, et ils ont certainement fait l'objet de cultes animistes. Créés en même temps que les Rakshasa, démons maléfiques, les Yaksha en sont le pendant bénéfique et protecteur. Les hommes qui, pénétrant dans les forêts, surprennent leurs danses et leurs chants sont aussitôt séduits par leur grande beauté. Ils ont l’apparence de beaux jeunes hommes, et les Yakshi de belles femmes dansant. Aujourd'hui encore, les hommes déposent des offrandes dans les forêts pour se concilier leurs bonnes grâces.
Mais ils sont aussi parfois (dans des traditions tardives, sutout bouddhistes) montrés sous un aspect maléfique, comme des génies au visage grimaçant.
Yaksha et Yakshi sont les serviteurs des demi dieux Gandharva et Apsara. Alors que les Gandharva constituent un groupe d'êtres dansant et chantant, les Yaksha ont des rôles plus divers, par exemple en tant que messagers des dieux.
Leurs images sont variées : parfois ces sont des êtres solides et opulents, parfois des nains trapus et ventrus. On les dépeint aussi portant un sac de pierres précieuses et des monnaies d’or. Les Yakshî, leurs épouses, sont des femmes plantureuses aux caractéristiques féminines accentuées, qui symbolisent bien l’idéal de vie et de fécondité des époques préhistoriques. Les seins sont parfaitement ronds, les bras et les jambes sont souples.
Les Yaksha aiment énormément les énigmes - ceux qui répondent à leurs énigmes sont richement récompensés, ceux qui ne le font pas risquent la mort. Ainsi, dans le Mahâbhârata, les frères Pandava arrivèrent au bord d’un lac gardé par un Yaksha. Il exigea que l’on réponde à son énigme avant de boire l’eau du lac. Aucun des frères, sauf l’aîné Yudhishtira, ne prêta attention à l’exigence du Yaksha. Furieux, celui-ci tua tous les Pandava sauf Yudhishtira. Il demanda à celui-ci : "Quelle est la plus grande merveille de la vie ?" et Yudhishtira répondit : "C’est que chaque jour des hommes meurent, mais que tous les autres vivent comme s’ils étaient immortels". Content de cette réponse, le Yaksha donna sa bénédiction à Yudhishtira, ressuscita ses frères et leur fit de riches présents.
On a vénéré les Yaksha en Inde depuis des temps immémoriaux. Leur popularité était telle que même les bouddhistes et les jains se sentirent incités d’inclure ces mystérieux esprits dans leur imagerie divine. Les images de Bouddha et des Jina sont souvent montrées flanquées de Yaksha et de leurs épouses, les Yakshî. Les murs des temples Hindous sont décorés d’images de Yaksha. Pendant des centaines d'années, les Yaksha, ainsi que les Apsara, furent représentés en nombre sur les murs des grands temples, que ce soit à Khajuraho ou à Bhubaneshvar, etc. Dans les représentations les plus anciennes (Bharut, Sanchi), c'est sur les monuments bouddhiques qu'on les voit le plus souvent.
Selon la légende, les Yaksha édifièrent et régnèrent sur la cité dorée de Lanka au milieu de l’océan avant que les Râkshasa ne les en chassent. Leur chef Kubera construisit alors la cité d’Alaka dans le nord.
Yaksha et Râkshasa sont les descendants du Sage Pulatsya-Vaishravana. Les Yaksha comme les Râkshasa considèrent Shiva comme leur maître spirituel. Mais, tandis que l’on honore les Yaksha, on a peur des Râkshasa, car ce sont des démons malfaisants.
Kinnara ou Hommes des Cieux |
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Un Kinnara est un génie céleste à corps d'oiseau mais à tête humaine. Dans la mythologie hindoue comme bouddhiste, les Kinnara sont des musiciens célestes, mi humains mi chevalins (Inde) ou mi oiseaux (Asie du Sud-Est). Ils symbolisent les couples idéaux et éternellement amoureux, jamais séparés. Ils n'enfantent pas et sont toujours enlacés. Ils vivent dans une joie permanente.
A l'origine, les Kinnara (ou Kimnara) sont des êtres pourvus d'un corps d'homme et d'une tête de cheval, parfois l'inverse. Dans d'autres cas, ils ont des pattes de coq; la partie médiane de leur corps est humaine, mais leur visage a le bec de Garuda et ils ont des ailes déployées. Ils portent une couronne sur la tête et tiennent une vînâ dans les mains.
Ils volent dans les espaces célestes tout en chantant la gloire des Dieux et en jouant de la musique sur leur instrument. Tout comme les Yaksha, ils sont sous la responsabilité de Kubera; d'ailleurs ils logent dans son paradis. Compagnons des Apsara, ils sont voisins des Gandharva. On leur donne aussi le nom d'Ashvamukha, ce qui signifie "Tête de cheval".
Ils ont des contreparties féminines, les Kinnarî. La Kinnari est mi femme mi oiseau. Elle a la tête, le torse et les bras d'une femme, mais les aîles, la queue et les pieds d'un cygne. Elle danse, chante et déclame des poésies avec talent. Elle est un symbole traditionnel de beauté féminine, de grâce et de perfection.
De ces descriptifs ainsi que des exemples de figurations que l'on peut voir ici ou là, il est clair que les représentations des Kinnara et Kinnari sont relativement hétérogènes.
On voit des Kinnara sur la grande fresque de la "Descente du Gange" gravée sur le rocher de Mahabalipuram. D'autres images célèbres se trouvent à Bangkok (Thailande), dans l'enceinte du Palais Royal, près du Wat Phra Kaeo (Temple du Bouddha d'Emeraude).
Vidyâdhara ou Porteurs de Sagesse |
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Les Vidhyâdhara sont en tous points semblables à des hommes, mais ils sont dotés de pouvoirs
magiques qui leur permet de changer instantanément d'aspect. Ce sont des esprits de l'air, habitant les contrées montagneuses, et des
serviteurs d'Indra.
Gana ou Serviteurs de Shiva |
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Les Gana constituent la troupe, la cohorte nombreuse des serviteurs de Shiva, sous le commandement de Ganesh/Ganapati (Maître des Gana). Ils se présentent sous la forme de nains contrefaits, capables de toutes les pitreries, mais aussi de méchancetés lorsqu'on les contrarie. Ils se trouvent sur le Mont Kailash, la résidence de Shiva. C'est pourquoi le Mont Kailash est parfois désigné comme Ganapârvata, la Montagne des Gana.
Les Gana sont fréquemment représentés sur les murs des temples, ou en haut des piliers dont ils s'amusent à soutenir le chapiteau.
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