Vishnu
Vishnu est souvent mentionné comme divinité solaire, dès l'époque védique où il est condidéré comme Aditya (lien). L'importance de Vishnu ne fait que croître au fil du temps, en sorte qu'il absorbe une partie des fonctions auparavant dévolues à Indra et Brahmâ-Prajapati. Sa prééminence est affirmée dès lors que "de trois pas", il assure son règne sur toutes les parties de l'Univers.
C'est un dieu bienveillant. Il est habituellement plongé dans une profonde méditation durant l'intervalle qui correspond à la dissolution, la résorption du monde manifesté (pralaya), entre deux cycles successifs de création. Il est alors couché sur le serpent à mille têtes Shesha (Ananta) qui flotte à la surface des Eaux Cosmiques. On désigne cette forme de Vishnu sous le nom de Vishnu Anantashayin ("Vishnu couché sur Ananta"). Durant ce profond sommeil (Yoga Nidrâ), Vishnu médite le monde et, juste avant qu'il ne s'éveille, une tige portant un lotus émerge de son nombril. Assis sur le lotus se trouve Brahmâ qui guidera la création commençante.
Vishnu est le Protecteur, le Conservateur du Cosmos, le gardien des lois universelles, Celui qui soutient la vie. Il réside au Vaikuntha, le plus haut des séjours célestes. Il interfère constamment dans ce qui se passe sur terre. Quand l’ordre prévaut dans le Cosmos, il reste assis ou allongé endormi sur les anneaux d’Adishesha, le Serpent du temps. Quand le désordre se fait par trop excessif, il monte sur son aigle Garuda et revient pour combattre les forces du chaos.
La bienveillance de Vishnu fait qu'il est honoré par une foi intense, la prière fervente, la soumission filiale à son pouvoir. Il est le dieu de la bhakti, cette forme de dévotion très fusionnelle qui relie le fidèle à sa divinité bien-aimée.
Les modes de manifestation (vibhuti) de Vishnu sont de deux ordres : les vyûha ou émanations et les avatâra ou descentes, manifestations. Maintes autres formes de Vishnu sont également connues. Nous allons maintenant entrer dans davantage de détails.
Par Vyuha, on entend une manifestation cosmique d'une divinité, particulièrement de Vishnu. On définit quatre Vyuha (Chaturvyuha) qui sont des manifestations régulières de Vishnu, liées au processus du déploiement de l'Univers.
Bien entendu, à l'arrière-plan de cette manifestation, l'Absolu Suprême (Paramarupa) du dieu demeure inchangé, inaltéré. On se souviendra qu'il en est de même pour les avatâra.
Au début de chaque création, la première manifestation du divin possède les six qualités divines : connaissance, énergie, puissance, force, efficience, vigueur. On la désigne parfois sous le nom de Vasudeva.
Au stade immédiatement subséquent, le dieu se scinde en trois émanations (vyuha) qui se chargent de "fonctions" différentes :
Samkarsana possède les qualités de connaissance et d'énergie utiles
pour assumer la création
Pradyumna, avec les qualités de puissance et de force, s'occupera de la
préservation de l'Univers
Anirrudha, avec efficience et vigueur, assurera la destruction de l'Univers à
la fin d'un cycle.
Les Vyuha ne font pas l'objet de représentations iconographiques.
On constate que ce concept des Vyuha a pour but de focaliser sur Vishnu la totalité des fonctions divines de Création - Préservation - Transformation qui, par ailleurs, sont habituellement dévolues à chacun des membres de la Trimûrti, soit Brahmâ, Vishnu et Shiva. On ne s'étonnera donc pas que les Vyuha soient une façon de voir qui n'appartient qu'aux fidèles du dieu Vishnu.
Les différents types d'avatâra
Vishnu descend de son séjour céleste pour s’incarner sous la forme d’un être humain ou d’un animal afin de remettre les choses dans le droit chemin; dans une optique hindoue, on dira "pour rétablir le dharma". Les Purana indiquent ainsi dix incarnations de Vishnu. Les avatâra de l'Etre Divin rétablissent le Dharma, ramenant le Bien et détruisant l'injustice, en apparaissant sur terre sous ces diverses incarnations.
Selon les Veda et les autres Ecritures, on connaît six sortes d’incarnations du Seigneur. Mais, au total, le nombre d’incarnations est considérable et il peut s’en produire autant que nécessaire. On dit que leur nombre est sans limite, comme les vagues de l’océan…
Le tableau ci-après indique un classement des variétés d’incarnations, ainsi qu’un certain nombre d’entre elles.
Sortes d'avatars | Exemples d'avatars |
1. Purusha-avatâra | Mahâ-Vishnu, Karanodakasayi Vishnu, Garbhodakasayi Vishnu et Ksirodakasayi Vishnu |
2. Lîlâ-avatâra | Matsya, Varâha, Kûrma, Narasimha, Vâmana, Parashurâma, Râma, Krishna, Bouddha ou Bala-Râma, Kalkî |
3. Guna-avatâra | Brahmâ (Rajas), Vishnu (Sattva) and Shiva (Tamas) |
4. Manvantara-avatâra (Manu avatâra) | Les Manu avatâra sont innombrables (504,000 Manu se manifestent durant un cycle de Brahmâ). Les principaux, nommés vaibhava-avatars, sont : Yajña, Vibhu, Satyasena, Hari, Vaikuntha, Ajita, Vâmana, Sarvabhauma, Rishabha, Visvaksena, Dharmasetu, Sudhama, Yogesvara and Brihadbhanu |
5. Kalpa-avatâra | Kumara, Nârada, Varâha, Matsya, Yajña, Nara-Nârâyana, Kardami, Kapila, Dattatreya, Hayashirsa, Hamsa, Dhruvapriya, Rishabha, Prithu, Narasimha, Kûrma, Dhanvantari, Mohinî, Vâmana, Parashurâma, Raghavendra, Vyâsa, Balarâma, Krishna, Bouddha et Kalkî (Ces 25 avatâra se produisent chaque jour de Brahma!) |
6. Saktyavesa-avatâra | Kapila, Rishabha, Ananta, Brahmâ, Chatushana, Narada, Prithu, Parashurâma, Bouddha, ... |
De toutes ces sortes d’avatâra, les Lîlâ-avatâra, ou incarnations totales, sont les plus importants. Ce sont d’ailleurs les seuls que l’on mentionne généralement. D’autres sortes d’avatâra sont encore cités dans les Textes, tels que les Amsa-avatâra, qui sont des incarnations divines partielles, par opposition aux Pûrna-avatâra, incarnations plénières, comme Krishna.
Cette multiplicité des formes et avatars est telle que Vishnu est rituellement salué par une "litanie des mille noms" (Sahasranama), en réalité 1008, un chiffre sacré.
Les dix avatars majeurs de Vishnu (Dashavatâra) |
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Les Dashâvatâra ou dix avatâra majeurs du Seigneur Vishnu sont des incarnations complètes (Lîlâ-avatâra) qui manifestent au cours de leur existence terrestre le summum des qualités du Dieu. La liste en est :
Matsyavatâra, le Poisson
Kûrma, la Tortue
Varâha, le Sanglier
Narasimha, l'Homme-Lion
Vâmana, le Nain
Parashurâma, le Prêtre Guerrier, Râma à la hache
Ramâ, le Prince, dit encore Ramâchandra,
le héros de l’épopée du Ramâyâna
Krishna, le Vacher
Bouddha, le Prince-ascète, le Sage, fondateur du bouddhisme. La plupart des gens
indiquent Balarâma à la place de Bouddha comme 9ème avatar
Kalkî, le Cavalier; ce dixième avatar viendra dans les temps futurs,
à la fin de notre période actuelle.
Matsya, Kûrma, Varâha et Narasimha sont des avatâra du Premier Age (Krita Yuga). Vâmana, Parashurâma et Râma sont avatâra du Deuxième Age (Treta Yuga). Krishna est l'avatar du Troisième Age (Dvapara Yuga). Bouddha et Kalkî sont les avatâra du Quatrième Age (Kali Yuga).
Considérant leur importance, on a dissocié les textes en trois parties :
Matsya, Kûrma, Varâha, Narasimha, Vâmana, Parashurâma,
Bouddha, Kalkî, d'une part,
Râma, de l'autre,
Krishna, enfin.
Incarnations mineures de Vishnu
Les incarnations mineures du Seigneur Vishnu sont détaillées dans un chapitre à part.
Formes particulières de Vishnu
Vishvarûpa |
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Vishvarûpa est une forme de Vishnu beaucoup moins souvent rencontrée. Le mot Vishvarûpa vient de Vishva qui signifie Cosmos et rûpa la forme, la manifestation. Vishvarûpa est donc la représentation de l'Essence de Vishnu en Qui tout le Cosmos est présent. Dans les multiples formes de l'Univers manifesté, il existe un Principe premier qui unifie toutes choses en une seule Entité. Vishnu Visvarûpa est décrit pourvu de sept têtes à droite et sept têtes à gauche, ce qui en fait quinze en tout, avec la tête au centre. Chacune est dotée de sa propre fonction cosmique ou bien représente un aspect du Cosmos. Les dieux représentés sont Shiva, Brahmâ, Hanuman, Agni, (le Feu Divin), Sûrya (le Soleil Divin), Chandra (la Lune Divine), Marut (le Vent Divin), Kubera (le Dieu de l'Abondance), Varuna (le Dieu de l'Elément liquide), Yama (le temps) et les trois fils de Brahmâ. Vishnu occupe la position centrale. Shiva, Brahmâ et Vishnu forment ensemble la Trimûrti, la Divinité en trois, Ganesh et Hanuman représentent la Foi, la Fidélité, Agni la Vie, l'Energie et la Vitalité. Marut, le dieu du Vent, représente l'Espace tandis qu'Indra symbolise les Pluies et l'Equilibre du Cosmos. Yama rappelle la nature infinie du Temps alors que Varuna, le Dieu de l'océan, est l'Eau. Kubera représente la prospérité, les richesses. Soleil et Lune sont le cycle de la naissance, le déclin, la mort et la dissolution finale. Les trois fils de Brahmâ, enfin, représentent le genre humain. Pris tous ensembles comme une Entité unique, ils constituent le Cosmos entier.
L'apparition de Vishnu Vishvarûpa est liée à la légende de Krishna qui, à deux reprises au cours de sa vie, dévoile sa nature cosmique Ultime à sa mère Yashoda au cours de l'enfance, puis à Arjuna sur le champ de bataille du Kurukshetra; cet épisode est magnifiquement rapporté dans la Bhagavad-Gîtâ.
Shrî Vishvarûpa Panchamukha Hanuman, est une représentation d'Hanuman à cinq têtes, chacune d'elles étant une incarnation de Vishnu. Celle qui fait face à l'Est est Hanuman, celle face au Nord est le Seigneur Narasimha. A l'Ouest fait face le seigneur Vâraha tandis que face au ciel demeure le visage d'Hayagriva.
Jagganath |
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Jagganath, le "Seigneur de l'Univers" est l'un des noms du neuvième avatâra de Vishnu sous la forme de Krishna. Son culte, essentiellement à Puri (Orissa) dans le grand temple de Jagannath (entrée interdite aux non-hindous), le représente sous la forme d'une statuette grossièrement façonnée, peinte de couleurs crues, dans les tons noir, blanc et jaune, et assortie d'yeux inquiétants. Jagannath est accompagné, dans le sanctuaire, de statues similaires de son frère Balabhadra (Balarâma) et de sa soeur Subhadrâ.
Le style rustique de ces images particulières est expliqué par diverses légendes.
Dans la première, Krishna apparut un jour à l'un de ses grands dévots, le Roi Indradyumna à qui il ordonna de se rendre sur la plage de Puri pour y ramasser un tronc d'arbre rejeté par l'océan et y sculpter son image. Le Roi trouva le bois et rechercha un sculpteur expert pour en faire une belle statue. Il finit par dénicher un vieux brahmane qui promit de mener l'oeuvre à bien en quelques jours. Mais l'homme de l'art exigeait qu'on le laissât faire sans être interrompu et, de fait, il boucla sa porte. Chaque jour, le Roi et la Reine se rendaient à l'atelier mais la porte restait close et l'on entendait, à l'intérieur, le bruit des outils. Au bout d'une semaine, on n'entendit plus rien. La reine, impatiente, fit enfoncer la porte : on trouva les divinités à moitié finies, mais l'artisan avait disparu... Cet artisan n'était autre, en fait, que Vishvakarma, l'architecte des dieux. Le roi était furieux car les divinités n'avaient ni bras ni jambes ! Fort marri d'avoir interrompu le travail du sculpteur, le Roi ne retrouva son calme que lorsque le Sage Narada lui apparut et lui donna l'assurance que le Divin assumait aussi la forme que le Roi voyait dans cette oeuvre inachevée.
La seconde histoire raconte que Krishna avait l'habitude d'écouter aux portes pour entendre les Gopi parler de Lui, de ce qu'il représentait pour elles, combien elles l'aimaient, etc. Subhadra, la soeur de Krishna, fut priée par les Gopi de faire le guet pour s'assurer que Krishna n'était pas dans les alentours pendant que les Gopi parlaient de Lui entre elles. Mais après un bon moment, Subhadra fut, elle aussi, submergée par la dévotion des Gopi et totalement absorbée à les écouter. Elle ne se rendit pas compte que Krishna et Balarâma arrivaient. En entendant ce qui se disait, les deux frères eurent les cheveux qui se dressèrent sur leur tête, leurs bras se raccourcirent, leurs yeux s'écarquillèrent de plus en plus et ils sourirent largement, complètement extasiés. C'est pourquoi Jagannath, Balarâma et Subhadra ont l'aspect qu'on leur voit !!
La troisième légende dit que tué accidentellement par un chasseur, Krishna resta quelques temps dans un bois sans sépulture. Des habitants d'un village voisin recueillirent ses ossements et les mirent dans une boîte. Vishvakarma, le Grand Architecte de l'Univers, accepta, à la demande de Vishnu, de réaliser une image creuse de Krishna dans laquelle on pourrait mettre ses ossements. Vishvakarma commença son travail, mais il fut malencontreusement dérangé et l'image resta à l'état d'ébauche que Vishvakarma ne termina jamais. Les ossements furent cependant mis dans cette statue que les fidèles vénèrent à Puri.
Tous les ans, lors de la fête des chars (rathayatra), en juin-juillet, les statues sont emmenées en procession sur d'énormes chars de bois (ratha) tirés par des volontaires dans un grand concours de population.
Au 19ème siècle, des missionnaires anglais malintentionnés (y en avait-il de bien intentionnés ?) propagèrent la rumeur que les "fanatiques hindous" se sacrifiaient sous les roues des chars de procession pour atteindre la libération. Si des accidents eurent lieu, en effet, ce ne fut jamais délibéré. Toujours est-il que les fameux missionnaires déformèrent le nom de Jagannath en Jaggernaut pour donner à ce vocable le sens de "force inéluctable qui écrase tout sur son passage".
Venkatêsha
En fait, Tirupati est la grosse agglomération au pied de la montagne sacrée de Tirumala, là où se trouve le temple,
dans le district de Chittoor (sud de l'Andhra Pradesh).
Le temple ancien et sacré de Shrî Venkateshvara se trouve sur le septième sommet des montagnes de Venkatachala, dans les Ghâts de l'Est. C'est pourquoi le
Seigneur Vishnu que l'on honore ici porte le nom de Venkateshvara, le Seigneur de la Montagne de Venkata. De nombreuses écritures sacrées sont
unanimes à proclamer qu'au cours de ce Kali Yuga, l'on peut atteindre moksha seulement en priant le Seigneur Venkateshvara.
Les Vaishnavites croient que l'image de Balaji-Venkateshvara est la plus sainte de toutes les formes de Vishnu. Ils croient que Balaji est la manifestation du Seigneur Vishnu sous sa forme originelle et
pas seulement une incarnation. Tirumala, le siège de Balaji, est par conséquent son seul séjour sur terre car lorsqu'il a quitté le Vaikunta, son séjour céleste, c'est
ici, et non en un quelconque autre lieu des trois mondes, qu'il est venu s'installer. Sa présence à Tirumala est donc pleine, entière, absolue.
Aller en pèlerinage à Tirumala pour obtenir le Darshana (la Vision Bénissante) du Seigneur Venkateshvara, qui ne dure qu'une poignée de secondes tant il y a de monde
à longueur d'année, demande beaucoup de patience, des heures et des heures de queue. La mûrti (image sacrée) de Balaji, d'une hauteur de deux mètres, est de
couleur noire et elle est couverte de bijoux d'or.
On connaît, dans le sud de l'Inde, plusieurs temples de Shrî Balaji :
Vitthâla ou Vithoba
Le plus souvent assimilé à un avatar du Seigneur Vishnu ou de Krishna, im est aussi arrivé, dans le cours du temps, que Vithoba soit associé à Shiva, à
Bouddha, voire aux deux ! On connaît encore d'autres variantes de son nom, comme Vitthalnath (au Gujarat), Vithurâyâ (le Roi Vitthala), Vithai (le Mère Vitthala), Pandharinath, voire
Hari et Nârâyan. Quant à Panduranga, ou Pandaranga, c'est un terme qui signifie "Dieu blanc" en sanscrit (bien que Vithoba soit de couleur sombre).
Les spécialistes en histoire religieuse ne sont pas d'accord entre eux sur l'ancienneté et la nature du culte de Vitthoba. Par exemple, le lieu central de culte de Vithoba est son temple dans
la ville de Pandharpur (sud Maharashtra); ce temple date du 13ème siècle, mais il semble évident que le culte de Vithoba est bien antérieur et aurait évolué
au cours des siècles, en en faisant successivement, une pierre de héros (célébrant un personnage ancien fameux pour ses actions), une divinité pastorale, une manifestation
de Shiva, un saint jain, Bouddha, voire, à la même période, plusieurs d'entre eux pour beaucoup de gens...
Vithoba est décrit comme un jeune garçon de teinte sombre à deux bras (rare pour une divinité), se tenant debout sur une brique, les mains posées sur les hanches.
Quelquefois, il est représenté accompagné de sa parèdre Rakhumai (=Rukmini), ce qui valide d'ailleurs, sa parenté avec Krishna. Dans son temple principal de Pundharpur,
sa mûrti est constituée d'une statue de pierre sombre (basalte) de 1.10 m de hauteur. Il porte sur la tête une couronne tronconique, ce qui a fait considérer qu'il s'agissait d'un Shiva
Lingam. Ses emblèmes sont ceux de Vishnu (conque, chakra). Il porte un vêtement jaune, comme à Pandharpur, mais parfois il est représenté sommairement vêtu,
voire nu (Digambara).
On trouve aussi des représentations de Vithoba à Tirupati (Andhra Pradesh) et à Ahobilam (Tamil Nadu). Hormis Pandharpur, un
autre temple célèbre de cette divinité est le temple de Vitthala (milieu 15ème siècle, époque Vijayanagar),
sur le site archéologique de Hampi (Karnataka)
Selon divers Purâna, Vishnu est la Réalité Ultime Omniprésente et Sans-Forme. Toutefois, des règles strictes doivent être
mises en oeuvre pour Le représenter :
On doit toujours représenter Vishnu, tenant dans ses mains les quatre attributs qui lui sont associés :
Une autre définition fait de la conque le symbole de l'éther, du disque, le
symbole de l'air, de la massue, le symbole du feu, et du lotus, le symbole de l'eau.
Dans certains cas, les mains inférieures montrent les mudra abhaya et varada,
ou bien la main gauche inférieure se pose nonchalamment sur sa hanche
Une guirlande de fleurs et de pierres précieuses en alternance (Vanamâla), sur
cinq rangs, descend jusqu'à ses genoux. Elle symbolise l'énergie primordiale
non créée et la Mâyâ.
En règle habituelle, les représentations de Vishnu, hormis celles qui
sont liées aux avatâra majeurs, le montrent sous l'une des trois formes suivantes :
1. Debout dans une posture raide et hiératique (dite samabhanga) sur une fleur de lotus, souvent en compagnie de Lakshmî, se tenant à
son côté sur un piédestal similaire. Dans des variantes, les déesses Srî ou Lakshmî (la Prospérité), ainsi que Mahî
ou Prithivî se tiennent à sa droite et à sa gauche, respectivement.
Venkatêsha, que l'on nomme encore Venkatarâma, Shrînivâsa, ou
encore Venkatêshvara ou enfin, plus familièrement, Balaji, est une forme de
Vishnu que l'on trouve à Tirupati (Andhra Pradesh), haut lieu de pèlerinage. Certains pensent que le Vishnu de Tirupati est en fait
une forme mixte Vishnu-Shiva.
Sur le plan iconographique, Vishnu Venkateshvara présente une singularité qui le différencie des autres représentations
"classiques " du Seigneur Vishnu. Un écran protecteur à peu près rectangulaire blanc, avec une marque verticale rouge (tilaka)
est placé devant les yeux et la plus grande partie du front, et ne permet pas d'avoir le contact direct avec le regard de la mûrti. Cet
écran est appelé le Thiruman kappu. Une explication habituelle est que le regard de la divinité est trop puissant pour être
découvert directement mais certains fidèles n'acceptent pas cette explication car le regard de Venkateshvara ne saurait être autre
que bienveillant, compatissant et bénéfique. Le jeudi, ce cache est enlevé; on dit en effet que le jeudi a été
été le jour du mariage de Shrî Venkateshavara avec Lakshmî, et que donc, ce jour-là, le
regard du Seigneur est "adouci".
A Bangalore (Karnataka)
A Hampi (Karnataka)
A Mangalore (Karnataka)
A Hyderabad (Andhra Pradesh)
A Chilkur, district d'Hyderabad (Andhra Pradesh)
A Nerul (Maharashtra)
A Ariyakkudi, Karaikkudi, district Sivaganga (Tamil Nadu)
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ainsi que quelques uns aux USA et en Grande Bretagne.
Cette divinité est principalement vénérée au Maharashtra, ainsi qu'au Karnataka et en Andhra Pradesh. Originaire,
semble-t-il, du Maharashtra, elle est également désignée par les noms, pratiquement similaires, de Vitthala et Panduranga. Le
nom Vitthala peut être transcrit de plusieurs façons : Vitthal, Viththal, Vittala ou Vithal.
Les adorateurs exclusifs de Vithoba constituent le groupe religieux des Varkari (qui se rattache donc à la tradition Vishnouïte), qui eurent un fort impact régional du 13ème au
18ème siècle. Leur recrutement parmi les basses castes pauvres des campagnes explique leur désir de surpasser les limitations de caste par l'amour inconditionnel (bhakti) du Divin
Vithoba et de pratiquer des qualités d'équanimité et de sacrifice personnel. C'est un dévot du nom de Pundalik qui aurait été le moteur, vers le 13ème
siècle, du développement du culte de Vithoba. Un autre groupe, les Haridâsa, pratique aussi son culte.
Il a quatre bras, deux yeux et c'est une divinité masculine. Les quatre bras indiquent sa nature toute puissante et omniprésente. Les deux bras inférieurs se
rapportent à l'existence physique de Vishnu tandis que les deux bras supérieurs indiquent sa présence dans le monde de l'Esprit.
la couleur de sa peau est d'un bleu de nuage naissant; le bleu est la couleur de l'infini du ciel et de l'océan sur lesquels il règne
il possède la marque du pied du sage Bhringu sur sa poitrine
sur sa poitrine aussi, on voit une marque auspicieuse le Srivatsa, le Noeud Infini, symbolisant sa parèdre Lakshmî, souvent marqué simplement par une touffe de poils
sur sa poitrine encore, il porte un pectoral (kausthubha) représentant les âmes des êtres
sa tête est ornée d'une haute couronne qui représente son autorité suprême
il porte deux boucles d'oreilles qui symbolisent les paires d'opposés présents dans la création : connaissance et ignorance, joie et peine, plaisir
et souffrance
enfin, une étoffe jaune (pîtâmbara, symbole des Veda), son vêtement principal, ceint ses
reins
Une conque marine ou Shanka (=Shankhya), qui a pour nom Panchajanya que tient sa main
droite inférieure : elle représente la créativité. Panchajanya est à l'origine des cinq éléments ou Panchabhoota que sont
l'eau, le feu, l'air, la terre et le ciel ou espace. Le son qu'émet la conque quand on souffle dedans est le son primordial de la création.
Un Chakra, arme en forme de disque rotatif mince, du nom de Sudarshana, que tient sa main
droite supérieure; en tant que disque solaire, il symbolise le mental. Le mot Sudarshana est dérivé de Su qui veut dire bon, et Darshan, la vision. Le chakra
en tant qu'arme rappelle la nécessité de détruire l'ego et l'existence illusoire, ainsi que de développer la vision juste permettant de s'identifier à la Vérité ultime.
Le disque du chakra possède six pointes, comme un lotus à six pétales.
une massue ou Gadâ, nommée Kaumodaki, que tient la main gauche
inférireure de Vishnu : elle représente l'existence individuelle c'est à dire, en l'occurence, la force originelle d'où dérivent toutes les capacités physiques et mentales.
Une fleur de lotus, ou Padma, que tient la main supérieure gauche : elle représente le changement dans la
manifestation, la libération. Elle symbolise aussi l'épée, qui représente Mâyâ (pouvoir d'illusion). Le lotus représente, en un
seul symbole, a/ le Pouvoir d'où émerge l'Univers, b/ la Vérité, ou Satya,
c/ l'origine des règles de conduite, ou Dharma, d/ la Connaissance ou Ghyana (Jñana).
2. Allongé sur un Shasha Nâga aux mille anneaux enroulés, en compagnie de son épouse Lakshmî, assise à ses
pieds; l'ensemble repose sur le Kshira Sagar (Océan de lait). Brahmâ est assis sur un lotus dont la tige émerge du nombril de Vishnu.
3. Assis seul , mais c'est une forme plus rare.
Mais il arrive aussi que l'on représente Vishnu sous une forme purement symbolique, ainsi qu'on le fait pour Shiva lorsqu'il est figuré par le Lingam. Dans ce cas, Vishnu n'apparaît que
comme l'empreinte d'une paire de pieds sur le sol. On indique ainsi que Vishnu ne saurait être montré sous une forme anthropomorphe et que sa nature ultime est autrement plus subtile. Les
"pieds de Bouddha" sont, dans le même ordre d'idées, chargés d'un symbolisme identique.
Formes debout |
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Les vingt quatre noms les plus courants de Vishnu sont répétés par
les brahmanes dans les prières quotidiennes. Ils sont connus sous le nom de
sandhyâvandana et correspondent aux formes de Vishnu debout portant dans ses
quatre mains les attributs décrits plus haut, la conque, le disque, la massue et
le lotus. Le tableau ci-après les recense.
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Les 24 formes de Vishnu portent chacune un nom particulier. Dans la liste ci-après (par ordre alphabétique), C est conque, D disque, L lotus et M massue et l'ordre des mains est MDI, MDS, MGS, MGI.
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L'Infaillible, MLDC |
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Sphère Universelle, LMCD |
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Celui qui n'a pas d'adversaire, DMCL |
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Celui qui a le Contrôle, LCMD |
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Le Vacher, DMLC. Nom donné à Vishnu en tant que sauveur de la terre. Le même nom s'applique à Krishna |
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Celui qui enlève (la Douleur), Celui qui efface (l'Ignorance), CDLM. Hari est la forme de Vishnu qui console, qui éloigne le chagrin et la douleur |
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Le Maître des sens, MDLC. Ce nom de Vishnu est aussi un nom de Krishna |
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La Terreur de Hommes, LDCM. Ce nom de Vishnu est aussi un nom de Krishna |
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Le Chevelu, LCDM. Deux temples célèbres au Karnataka sont consacrés à cette forme de Vishnu : le temple de Keshava à Somnathpur, et le temple de Chennakeshava à Belur. Ce nom de Vishnu est aussi un nom de Krishna |
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L'Attirant, CMLD. La description et le mythe en sont donnés dans un chapitre particulier |
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Le Maître du Savoir, MDCL. On célèbre son culte à Prayaga. Sa Shakti est Madhavî. Ce nom de Vishnu est aussi un nom de Krishna |
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Le Destructeur du démon (Rakshasa) Madhu, DCLM. Le frère de Madhu, un Rakshasa du nom de Kaithaba, né des oreilles de Vishnu, tenta de tuer Brahmâ. Vishnu l'en empêcha et le tua; c'est pourquoi Vishnu est aussi connu sous le nom de Kaitabhajit |
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L'Homme-Lion, DLMC. La description et le mythe en sont donnés dans un chapitre particulier |
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Celui qui repose sur les eaux, CLMD. Vishnu Nârâyana est la forme de Vishnu dormant (Voir plus loin) |
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Celui dont le nombril est le Lotus du Monde, CLDM. C'est aussi l'un des noms de Brahmâ |
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Le Plus Riche, DCML. Pour le Mahâbhârata, Pradyumna est l'un des fils de Krishna et de Rukminî, et le père d'Aniruddha. Il mourut lors d'une bataille à Dvaraka |
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Le Meilleur des Hommes, DLCM. Le Purushottama représente l'esprit global de l'Univers, l'Ame du monde |
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Le Porteur de Richesse, MCLD |
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Le Porteur de la Fortune, LDMC |
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Le Conquérant des Trois Mondes, LMDC. C'est le nom que prend Vishnu lorsque le Nain Vâmana grandit démesurément. La description et le mythe en sont donnés dans un chapitre particulier |
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Le Frère d'Indra, CMDL |
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le Nain, CDML. La description et le mythe en sont donnés dans un chapitre particulier |
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Celui qui réside à l'intérieur, MCDL. Roi des Yadava, Vasudeva aurait été le père de Krishna et de Balarâma. On le représente vêtu d'une robe jaune |
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Le Seigneur Immanent, MLCD |
Il est intéressant de constater que des formes spécifiques, dotées d'une iconographie particulière, comme par exemple Trivikrama, Vâmana, Padmanâbha, Narasimha, Krishna, ou encore Nârâyana, figurent dans cette liste. Cela veut dire qu'il existe deux manière de représenter, disons Trivikrama : l'une avec la jambe haut levée (qui rappelle la légende), la seconde de façon formelle, debout en posture statique, avec quatre bras et les armes à l'emplacement ad hoc...
Quatre de ces vingt quatre formes, à savoir Vâsudeva, Sankarshana, Pradyumna et Aniruddha portent quelquefois des armes autres que celles indiquées...
Parmi les dix avatara, les plus fréquemment vénérés dans les temples sont Varâha, Narasimha, Vâmana, Râma et Krishna. Les autres avatara, quoique abondamment représentés, ne sont pas les déités majeures d'un temple.
Formes assises ou couchées |
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Vishnu Nârâyana |
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Vishnu Nârâyana est la forme du Seigneur allongé sur les
multiples anneaux du Serpent Shesha (=Ananta), flottant sur les eaux, qui
figurent les vestiges de la manifestation suspendue. L'Univers se dissout alors dans son
état sans forme, que l'on représente comme l'Océan Causal. Dans
les nombreuses images de cette forme de Vishnu, on voit souvent émerger du nombril
du Seigneur un fil au bout duquel se dresse un lotus, sur lequel est assis Brahmâ,
le dieu qui bientôt présidera à la nouvelle manifestation de
l'Univers. Ananta est un serpent à cinq ou sept têtes et il est blanc ce qui indique
une immense Félicité (un autre sens d'ananta).
Nârâyana se nomme également Anantasâyin,
Sheshasâyin, Padmanâbha et Ranganâtha.
Padmanâbha ("Celui qui a un nombril de lotus") fait référence
au fil sortant du nombril de certaines des représentation de Vishnu endormi, au bout
duquel flotte dans les airs un lotus sur lequel est assis Brahmâ à quatre
têtes.
Ranganâtha est "Le Seigneur du Ranga" - le ranga est la salle
d'assemblée.
Vishnu Nârâyana est spécifiquement honoré dans les
temples de Srirangam (Tamil Nadu) et de Trivandrum (Kerala). Une belle représentation
du Vishnu couché se trouve à Mahâbalipuram, au mandapa de
Mahishâsura-mandapa. Dormant sur les gigantesques anneaux du serpent Ananta,
Vishnu à deux bras dort. Sa main droite est négligemment posée sur
le corps du serpent tandis que son bas gauche est levée, pliée. Le
dieu porte un vêtement autour de la ceinture qui descend jusqu'à ses pieds. La
guirlande a glissé du cou du dieu jusqu'à son bras droit, soulignant
son profond endormissement. Au pied de Vishnu, se tient Lakshmî agenouillée,
qui le salue de ses mains jointes. Devant elle, se tiennent deux autres personnages assis
sur le serpent. Il s'agit soit de Brahmâ et de Shiva, soit des serviteurs de Vishnu,
Jaya et Vijaya. Au-dessus du dieu endormi, volettent deux figures de lutins. Près
de ses pieds, le regardant en face, se tiennent deux personnages vigoureux, l'un
semblant dissuader l'autre de vouloir attaquer le dieu endormi. Empêtrés
dans la tige du lotus, ce sont les démons Madhu et Kaithaba.
D'autres représentations de Vishnu endormi sur le serpent Ananta se trouvent
dans diverses localités : à Udayagiri, Bandhavgarh et Dhar
(Madhya Pradesh), au temple de Shri Ranganath à Srirangapatnam près de
Mysore (Karnataka), à Budhanilkantha au Népal, etc.
Il arrive, par extension, que l'on donne le nom de Nârâyana à Vishnu, même si la représentation ne le montre
pas couché sur Ananta (Shesha).
Vaikuntha-Nârâyana est la forme assise du dieu Vishnu sur le serpent
enroulé. On signale cette représentation à Badami (Karnataka), où
Vishnu est assis en posture de méditation et seul, mais aussi à
Nammakal (Tamil Nadu), où il est assis, une jambe pendante, l'autre pliée
au genou, pendant que Lakshmî et Prithivî se tiennent à ses
côtés.
Garuda-Nârâyana |
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Une forme appelée Garuda-Nârâyana représente Vishnu chevauchant l'aigle Garuda, et portant un arc et une flèche, la conque et le disque. On la voit à Chidambaram (Tamil Nadu) en particulier, mais aussi en de nombreuses autres localités.
Une célèbre légende voit Vishnu transporté dans les airs par Garuda. C'est la scène de Gajendra Moksha (Libération de Gajendra) dans laquelle on voit Gajendra, le Roi des Eléphants attaqué par un monstre des marais, une sorte de crocodile géant. Incapable de se dégager de l'étau des machoires mortelles qui se proposent de l'entraîner par le fond, Gajendra, qui est un dévot de Vishnu et l'une de ses incarnations mineures, appelle à l'aide. Aussitôt, Vishnu monte sur son aigle Garuda et vient le délivrer.
Le bas-relief le plus saisissant de cette légende se trouve à Deogarh (Uttar Pradesh) au temple des Dashavatara.
Images de Gajendramoksha |
Yogêshvara-Vishnu |
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Des images de Vishnu à quatre bras, assis dans une posture de méditation, sont nommées Yogêshvara-Vishnu; il peut alors être assis sur un lotus, les yeux mi-clos, le regard tourné vers la pointe du nez. Une autre image, similaire mais assise sur le serpent enroulé, se trouve à Kumbakonam (Tamil Nadu), et le dieu est ondoyé par deux déesses tenant des pots à ablutions.
On le voit aussi sous le nom de Yoga Nârâyana.
Les accompagnateurs |
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Lorsque Vishnu n'est pas représenté seul, ce qui est fréquent, il est souvent accompagné de l'une ou de deux de ses épouses (=Shakti), c'est à dire Lakshmî et Prithivî (ou bien Shri Devî et Bhû Devî). La situation la plus connue est celle de Lakshmî-Nârâyana détaillée plus loin.
Dans d'autres cas, ce sera Garuda son véhicule (vâhana) que, le plus souvent, Vishnu chevauche (voir Garuda-Nârâyana plus haut). Aux côtés de Vishnu, l'accompagnant sur Garuda, on voit souvent une ou deux Shakti.
Quelquefois, Vishnu est assisté d'une troupe d'êtres célestes ou bien encore, de ses armes personnifiées. Reprenons plus précisément quelques cas.
Les Shakti
La Shakti ou épouse de Vishnu, Lakshmî, en l'occurence, est présentées dans un
chapitre à part, ainsi que ses multiples autres noms.
Lorsque le Seigneur Vishnu est représenté avec son épouse, il s'agit en général de la
forme dite Lakshmî-Nârâyana dans laquelle la belle Déesse est assise sur
le genou gauche de son Seigneur, lui-même assis. Mais tous les deux peuvent aussi être debout, Lakshmî à gauche du Seigneur Vishnu.
Lorsque le Seigneur Vishnu est debout et que deux épouses (Shakti) l'encadrent, il s'agit des Déesses
Shrî Devî et Bhû Devî.
Lorsque le Seigneur est lui-même représenté comme une femme, c'est la forme qui a pour nom
Mohinî, "Celle qui trompe".
Vishnu prit cette forme féminine par ruse pour tromper les Asura et leur reprendre
le Nectar d'Immortalité (Amrita) qu'ils avaient dérobé.
On dit que Shiva se serait épris de Mohinî, en raison de sa grande beauté, et qu'il se serait uni à elle pour former
l'être ambivalent qu'est Harihara. A une autre occasion aussi, Mohinî prêta main forte
à Shiva lorsque, sous la forme de l'ascète errant Bhikshâtana, il rendit
visite aux Rishi dans la forêt. Pendant que Shiva séduisait les femmes des Rishi par sa grande
beauté, Vishnu survint et prit la forme de la superbe déesse Mohinî pour éprouver les Sages eux-mêmes... C'est pourquoi l'image de Mohinî est souvent
placée proche de celle de Bhikshâtana dans les temples.
Laksmî-Nârâyana |
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Laksmî-Nârâyana est une forme de Vishnu dans laquelle, debout à la gauche du dieu ou bien assise sur son genou gauche, se trouve la belle et gracieuse déesse Lakshmî. Parfois, elle passe la main droite autour du cou de son époux, pendant qu'elle tient, de l'autre main, un lotus. De même, la main gauche de Vishnu encercle la taille de Lakshmî. A Nammakal, la déité féminine nommée Siddhi se tient à leur côté, avec un chasse-mouche en main. Garuda, le vâhana de Vishnu, est à sa droite, au pied du dieu. La conque (shanka) et le disque (chakra) ne sont pas tenus par le dieu mais par deux nains qui se tiennent devant Lui. Brahmâ et Shiva aussi sont là, priant Vishnu de leurs mains jointes.
Cette forme de Vishnu, lorsque les deux divinités sont assises, est équivalente à celles où l'on voit Shiva en compagnie de sa Shakti Pârvatî, par exemple Umâmahêshvara.
Garuda |
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Le véhicule (monture) de Vishnu est l'aigle Garuda. De même que Nandi, le vâhana (monture) de Shiva est le plus souvent placé face au sanctuaire du dieu, à l'extérieur du temple, de même Garuda n'est-il pas toujours aux côtés de Vishnu, mais juste en face du sanctuaire central. Cependant, dans bon de nombre de représentations, Vishnu chevauche son aigle qui le conduit à travers les cieux.
L'importance de Garuda dans les représentations et les légendes de Vishnu justifient qu'on lui dédie un chapitre particulier.
Armes personnifiées
On décrit encore une forme de Vishnu debout à quatre bras; des deux mains
supérieures il porte le lotus et la conque et, au lieu de tenir dans les mains
inférieures ses armes que sont le chakra et le disque, il pose ses paumes de
mains sur les têtes de deux personnages nains, l'un masculin, l'autre
féminin, portant des chauri dans les mains et regardant Vishnu. Ces
deux personnages sont en fait les armes personnifiées de Vishnu, Chakra
(le disque) et Gada (la massue). D'autres formes de Vishnu, Sankarshana, Pradyumna et
Aniruddha sont accompagnées aussi des armes personnifiées.
Vishvakshêna
Vishvakshêna est un serviteur de Vishnu qui, de même que Ganesh est, chez
les Shivaïtes, prié au début de toute cérémonie,
fait l'objet, chez les Vishnouïtes, du culte préliminaire.
Son rôle, comme celui de Ganesh, est d'écarter les obstacles. Tournant
son regard vers le sud, c'est une divinité gardienne des temples de Vishnu. Dans
trois de ses mains, il tient les symboles de Vishnu, la conque, le disque, la massue,
tandis que la quatrième fait de ses doigts le geste (mudra) de la menace (tarjani).
Il est assis la jambe droite dépliée et la gauche ramenée vers lui.
Les temples de Vishnu sont fort nombreux. Ce serait une tâche considérable
que de les recenser tous; de surcroît, l'intérêt de cet inventaire serait
limité pour les objectifs de ce site.
Néanmoins, un certain nombre de ces temples sont cités ci-après
à titre d'exemples et parce que le nom qu'ils portent désigne souvent Vishnu
ou l'un des avatâra sous un aspect spécifique.
Madhya Pradesh
Bhopal : temple de Lakshmî Nârânaya
Rajasthan
Jaipur : temple de Lakshmî Nârâyana, temple de Govind Deo
Orissa
Puri : temple de Jagannath
Andhra Pradesh
Hyderabad : temple de Venkateshvar
Tamil Nadu
Chennai : temple de Parthasarathi (Krishna sous sa forme du conducteur du char d'Arjuna)
Vitthâla ou Vidhoba : forme locale de Vishnu, peut-être originaire du Karnataka),
vénérée principalement à Pandharpur (Maharashtra),
considérée
comme étant Vishnu lui-même par les saddhu, et comme une forme de Krishna par les
tenants de la branche des Madhva. Cette divinité est représentée debout sur
une brique, les deux mains sur les hanches. Ses adorateurs sont appelés les
Varkari.
Dans la même ville de Pandharpur, on prie une forme particulière de Vishnu appelée
Pânduranga, avec seulement deux bras, et tenant une conque.
Certaines armes de Vishnu peuvent être représentées comme un personnage :
c'est le cas de Sudarshana, le disque (chakra), qui reçoit un culte spécifique
dans les temples vishnouites, sous le nom de Chakra-Perumal.
Le Sudarshana est aussi brillant que le feu; il possède seize bras et ses mains tiennent
les symboles suivants :
conque, disque, arc, hache, épée, flèche, trident, noeud coulant,
crochet à éléphant, lotus, foudre, bouclier, araire, pilon, massue et
lance. Son visage a des dents proéminentes, des cheveux de flamme et trois yeux. Il
est richement habillé et décoré. Juste derrière lui, se trouve
une étoile à six branches constituée de deux triangles emboîtés
inversés. Dansant au centre du disque en flammes, le Sudarshana a le pouvoir
d'exterminer tous les ennemis. Parfois, son image à huit ou quatre mains porte le
disque dans chacune d'entre elles. Le Sudarshana est parfois appelé Vajranâbha.
Le temple de Chakrapâni de Kumbakonam (Tamil Nadu) est dédié à Sudarshana.
Gwalior : temple de Chaturbhuja, près de la Porte de Lakshman (Fort), temples de
Sas-Bahu, temple de Teli-ka-Mandir
Orchha : temple de Lakshmî Nârâyana, temple de Ram Raja, temple de
Chaturbhuja
Khajuraho : temple de Varaha, temple de Lakshmana (Vishnu à quatre bras sous sa
forme Vaikuntha), temple de Jagadambi (actuellement image de Pârvatî, mais
autrefois Vishnu), temple de Vâmana (quatre bras), temple de Brahmâ (en
réalité affecté au culte de Vishnu), temple de Chaturbhuj (Vishnu
à quatre bras de 2,7 m de hauteur, image dite Dakshina-mûrti)
Deogarh : temple de Dashavatâra,
Ujjain : Gopal Mandir dans le bazar (images en argent de Krishna)
Amber : temple de Jagatshiromani (Krishna), petit temple de Narsinghji
Udaipur : Jagdish mandir
Nagda : temples de Sas-Bahu
Nathdwara : temple de Krishna (statue de marbre noir)
Tirumalai : temple de Sri Venkateshvar
Tirupati : temple de Govindarajaswami (Vishnu et Krishna)
Tadpatri : temple de Ramalingeshvara, temple de Venkaterama (Vishnu)
Mahabalipuram : mandapa (temple rupestre) de Varaha, mandapa de Krishna, mandapa de
Ramanuja (Shiva puis Vishnu), temple du Rivage (Vishnu et Shiva)
Kumbakonam : temple de Sarangapani (Vishnu), temple de Ramaswami
Trichy : temple de Ranganathswami à Srirangam
Kanchipuram : temple de Vaikuntha Perumal (Vishnu, Seigneur de Vaikuntha), temple de
Varadarajaswami (Seigneur dispensateurs des dons)
Uttaramerur : temple de Vaikunthaperumal, temple de Sundaravarada Perumal (trois images de
Vishnu debout, assis, couché du rez de chaussée au second)
Rameshvaram : temple de Ramanath Swami (= Ramalingeshvar)
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