L'Hindouisme

 

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L'Hindouisme concerne 82% de la population de l'inde. Les 18% restants se partagent entre les Musulmans (12,12%), les Chrétiens (2,34%), les Sikhs (1,94%), les Bouddhistes (0,76%), les Jains (0,40%), les autres religions (0,39%), et les non déterminés (0,5%). Ces chiffres du recensement de 1991 se rapportaient à une population totale de 838 568 000 personnes. On peut penser que la distribution actuelle n'est pas très différente. Le recensement de 2001 a dénombré la population totale de 1 027 015 247 personnes.

Le dharma

Le mot Hindouisme n'est pas d'origine indienne mais, forgé par les européens, il dérive du terme Sindhu, c'est à dire la partie ouest de la péninsule indienne. L'Hindouisme est désigné en Inde comme Sanathama Dharma, la Loi Eternelle et Naturelle, l'ordre naturel du monde. La notion de divinité n'est pas forcément incluse dans cette définition.

La place et le rôle de l'homme dans le monde sont censés devoir se conformer à cet ordre naturel. Ainsi, chacun doit-il suivre son dharma propre (swadharma). S'écarter de cette ligne de conduite amène au désordre et au chaos social.

Le karma

Un autre concept gouverne la vie de tous les Hindous : c'est le karma action. Ce terme dérive de la racine sanscrite kr qui signifie action. Dans le monde manifesté où nous vivons, toute action (cause) engendre une conséquence (effet). C'est une loi mécanique, sans notion de bien ou de mal. Mais au niveau humain, il est clair qu'une bonne action, c'est à dire conforme au dharma, engendre un "bon" karma. Dans des temps très anciens, on n'est pas sûr que les hommes croyaient en la réincarnation mais il est certain que la pluralité des vies s'accorde parfaitement avec la justice distributive du karma. Chacun est comptable de ses actes. Seule sa responsabilité est en cause. Par exemple, une maladie incurable n'est pas le fait du hasard, de la malchance ou d'une responsabilité externe, mais la conséquence d'un karma passé. Bien entendu, cela ne signifie pas que l'on ne doit pas lutter contre cette maladie. L'Hindouisme n'est pas fataliste mais ne trouve pas de justification humanitaire dans l'acharnement thérapeutique.

Approches de l'Hindouisme

Les trois grandes religions monothéistes que sont le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam ont toutes ont pris naissance au Moyen-Orient dans la même aire culturelle. Chacune d'elles pense posséder la Vérité : Dieu est Un et Il a créé l'homme. Deux d'entre elles, intolérantes et prosélytes (mais intolérance et prosélytisme ne sont-ils pas les deux faces d'une même pièce de monnaie ?), ont essaimé dans le monde entier par la violence. La troisième s'est repliée sur elle-même, confinée au groupe ethnique où elle a vu le jour.

Le sous-continent indien a, pour sa part, développé depuis au moins quatre millénaires un ensemble de croyances autochtones qui se suffisent à elles-mêmes et ne cherchent nullement à convertir les autres peuples. Les invasions musulmanes dès le début du premier millénaire puis chrétiennes à partir de la fin du 15ème siècle, ont tenté par la persuasion et la guerre d'extirper l'Hindouisme de l'Inde. Ce processus de déculturation s'est poursuivi pendant près d'un millénaire avec un succès mitigé. Les Hindous sont encore 82% en Inde, ce qui atteste de l'extrême solidité de leur système culturel et religieux.

A y regarder superficiellement, l'Hindouisme apparaît comme un ensemble de croyances accumulées de bric et de broc au fil des siècles. Cette apparence d'imbroglio et parfois de contradictions fait typiquement partie du génie indien qui englobe mais n'exclut pas. Pour un Hindou, les voies d'accès au divin sont multiples et toutes sont acceptables. On ne peut pas trouver position plus tolérante et moins dogmatique.

La question centrale n'est pas l'existence ou l'inexistence de Dieu. La longue histoire de cette religion, mais n'est-ce qu'une religion ?, a vu se développer des approches différentes du fait religieux.

Le Sâmkhya l'une des philosophies de l'Hindouisme, par exemple, indique que tout l'Univers Manifesté procède des interactions entre Purusha Conscience Divine (Conscience Suprême) et Prakriti base de la Matière avant qu'elle ne se manifeste (Matière). Dieu n'a pas sa place dans cette approche dualiste. Purusha est l'Esprit, le Principe Suprême Conscient, non-Né. Etant immobile et inactif, brillant de Sa propre Lumière, il Est, hors du temps. Prakriti n'est pas la Nature au sens où l'entendons communément, mais la Matière Primordiale, antérieure à la Manifestation. Elle contient Tout ce qui est latent, mais non encore exprimé. C'est la base de la Manifestation. Purusha et Prakriti sont donc deux entités irréductibles et le Samkhya ne ne se pose pas la question du Pourquoi de cette dualité. Le Samkhya décrit la Genèse de l'Univers Manifesté à partir de l'interaction entre Purusha et Prakriti sous l'action d'agents de différentiation qualifiante que l'on nomme les Guna modalité d'Etre. Ils sont au nombre de trois et ne sont perçus que par leurs qualités. Le déploiement de la Manifestation se poursuit ensuite par différentes étapes que décrit le Samkhya mais leur énumération sortirait du cadre limité de cet aperçu sur l'Hindouisme.

Pour l'Advaita Vedanta Littéralement Un sans second, la forme la plus abstraite et la plus subtile de la pensée hindoue, toute la Manifestation procède d'une Entité non-née, non-créée, sans qualités, éternelle, à la fois transcendante et immanente, désignée par le terme Brahman Principe Supreme du vedanta (à ne pas confondre avec Brahmane caste des prêtres, la première des quatre castes). Brahman n'est pas Dieu au sens où nous l'entendons communément en Occident. Ou bien, si l'on veut l'appeler Dieu, c'est un Dieu impersonnel, totalement inatteignable au commun des mortels qui ne peut même pas l'imaginer.

Dans le Yoga, on voit apparaître la notion d'un Dieu, Ishvara Seigneur, terme qui signifie Seigneur. Mais les différentes branches du Yoga accordent à cette notion un contenu varié. Là encore, nous sortirions du cadre de ce chapitre en donnant trop de détails.

Le but du Yoga est énoncé de façon concise par Patanjali, dont les Yoga Sutra (Aphorismes du Yoga) furent écrits au début de notre ère, comme suit :

"Yoga Chitta Vritti Nirodha" qui signifie "Le Yoga est la cessation de l'activité du mental". C'est l'agitation du mental sous l'effet permanent des désirs et des craintes, des projections et des sensations, qui empêche l'homme d'accéder à sa nature réelle. Tel qu'il est exposé, le but du Yoga semble simple à atteindre. Il n'en est rien et une seule vie n'y suffit pas. La mise en œuvre d'un ensemble de techniques sous la conduite d'un maître spirituel qualifié (guru) est requise.

Le Yoga se subdivise en un grand nombre de branches qui se complètent : Raja Yoga, Hatha Yoga, Kriya Yoga, Jnana Yoga, Karma Yoga, Bhakti Yoga, etc.

Le Bhakti Yoga, ou voie de la dévotion demande l'abandon à la volonté divine. Par la prise de conscience de la présence divine en toutes choses, le Bhakti Yoga élargit le champ de conscience du pratiquant jusquà sa Fusion finale dans la Conscience Divine.

Le Karma Yoga, ou voie de l'action, développe l'action désintéressée. Toutes les actions doivent être accomplies sans en attendre de résultat, et encore moins de valorisation personnelle.

Le Jnana Yoga est la voie de la connaissance. Elle requiert une extrême discipline psycho-mentale. Par l'étude des textes sacrés et une discrimination permanente, le pratiquant fait passer dans son propre être l'essence de la Sagesse.

Le Hatha Yoga, ou voie de l'effort, est la voie la plus connue en Occident où ce Yoga est surtout pratiqué pour ses effets bénéfiques sur le corps et l'équilibre psychique. Mais le Hatha Yoga, dans la perspective traditionnelle, est beaucoup plus exigeant.

Samkhya, Vedanta, Yoga, ainsi que trois autres voies moins connues, constituent les six méthodes par lesquelles l'homme peut se rapprocher du divin. Aucune de ces voies n'est exclusive. Ce sont les six darshana (darshana = points de vue) qui permettent à l'homme de se libérer de son conditionnement ordinaire.

Telles que très sommairement décrites ci-dessus, les voies de l'Hindouisme peuvent apparaître terriblement abstraites. Mais le Samkhya est avant tout une philosophie de la conception du Monde : il ne mène pas à des cultes. Le cas du Vedanta et, singulièrement, de l'Advaïta Vedanta, la branche la plus connue, magistralement synthétisée au 8ème siècle par Sri Shankaracharya, est plus ambigu. Admettant que ces concepts sont difficiles d'accès à la majorité des gens et qu'ainsi, il ne peut satisfaire leurs aspirations spirituelles, Sri Shankaracharya admit et recommanda même l'adoration des Dieux, alors même que l'Advaïta Vedanta postule leur Non-substantialité. En revanche, dans les voies plus expérimentales du Yoga, l'adoration des Dieux trouve aisément sa place et rejoint ainsi l'Hindouisme populaire.

Les Dieux

L'Hindouisme populaire est extrêmement profus. Il vénère une multitude de Dieux. Dans les temps anciens de la période Védique, il y a de cela 3000 à 4000 ans, l'homme adorait les divinités représentant les forces naturelles comme Indra, Roi des Dieux et Dieu de l'Orage, Varuna Dieu védique, Dieu des eaux profondes, Vâyu Dieu védique, Dieu du vent, Agni Dieu védique, Dieu du feu. Ce dernier symbolise la vie et nombre de stances du Veda lui sont adressées dans le cadre de rites sacrificiels.

La manière dont les rapports entre les hommes et les Dieux ont évolué est difficile à retracer. Dans les Upanishad Textes sacrés majeures, qui datent de quelques siècles avant notre ère, apparaît déjà le concept abstrait d'un Dieu Suprême, impersonnel, désigné sous le nom de Brahman. Mais le Dieu des Sages et des méditants n'est pas celui de l'homme ordinaire. Celui-ci a besoin de divinités plus proches auxquelles il peut adresser ses prières et présenter ses offrandes. La période médiévale, après l'an 1000, a ainsi vu se développer des cultes dévotionnels très intenses (Bhakti dévotions sans limite), adressés à Krishna Incarnation majeure de Vishnu et Râma Incarnation majure du Dieu Vishnu, deux des avatara Incarnation majeurs du Dieu Vishnu Dieu de la Conservation du Monde.

De nos jours, on a coutume de dire que l'Hindouisme comporte trois Dieux principaux

 Brahmâ Dieu de la Création du Monde, le Créateur (à ne pas confondre avec Brahman)
 Vishnu (prononcer Vishnou), le Conservateur dont des émanations (Avatar, pluriel Avatara) prennent naissance dans le monde humain lorsque le dharma est gravement menacé
 Shiva Dieu de la 
Destruction-Transformation, le Destructeur, qui procède aux transformations et aux changements nécessaires dans le monde.

L'ensemble de ces trois grands Dieux est désigné sous le nom de Trimûrti Dieu sous ses trois formes, (ce qui signifie "à trois visages", "à trois formes"). Brahmâ est à l’origine de la naissance du monde. Pour diverses raisons, son culte s'est affaibli et on ne lui connaît que deux temples en Inde dont le plus réputé se trouve à Pushkar, au Rajasthan.

Vishnu est surtout connu à travers les multiples mythes qui content les exploits de ses avatâra. On dénombre neuf avatara majeurs, le 10ème restant à venir à la fin de notre cycle actuel, le Kali Yuga période de temps ou Age des conflits, marqué par la dégradation morale totale des hommes.

Vishnu est vénéré sous sa forme non-manifestée. Dans les temples, Il est représenté debout, dans une posture statique. Il porte une haute coiffe et, dans deux de ses mains, Il porte les emblèmes de la roue (chakra Roue, attribut de Vishnu) et de la conque (shanka conque). Lorsque ses parèdres l'accompagnent, Elles l'encadrent et portent les noms de Sri Devi et Bhu Devi. Mais, le plus souvent, Vishnu est vénéré sous la forme manifestée d'un de ses avatara majeurs : Matsya le Poisson, Kûrma la Tortue, Varâha le Sanglier, Narasimha l'Homme-Lion, Vâmana le Nain qui se transforma en Géant (Trivikrama), Parashurâma le Guerrier à la hache, Râma le Prince, Krishna le Bouvier, Buddha l'Eveillé et Kalkî, le 10ème avatar qui viendra à la fin de l'actuel Kali Yuga.

En réalité, seuls Râma et Krishna sont très largement vénérés par la population et Narasimha dans une moindre mesure.

L'épopée de Râma est contée dans le Râmâyana, celle de Krishna dans le Mahâbhârata action et maints autres textes. Les représentations de l'un et de l'autre sont innombrables, aussi bien dans les sculptures des temples que dans l'art pictural. La parèdre de Râma est Sîtâ, celle de Krishna est Râdhâ.

Shiva est le dieu vénéré par les Yogis car la discipline spirituelle suivie par ces chercheurs de Vérité vise leur transformation profonde. Les temples de Shiva sont multiples et l'on y adore le Lingam cylindre de pierre représentant Shiva , symbole phallique représentatif de la capacité créatrice du Dieu : en effet, c'est de la destruction que procède la création.

La visite des temples montre que les trois Dieux cités sont vénérés sous des formes différentes ayant chacune un nom particulier.

Chacun des avatara majeurs de Vishnu peut avoir son propre temple. Les formes de Shiva sont innombrables et les statues (mûrti), honorées sous leur forme propre, se rapportent chacune à une légende spécifique. Chaque Lingam de Shiva porte un nom particulier.

Les Déesses

Shiva ainsi que Vishnu représentent le pôle masculin de la divinité. Leur pôle féminin (parèdre ou Shakti Pôle féminin et créateur de la Divinité) est vénéré en tant que Déesse ou épouse du Dieu dans la religion populaire.

L'épouse de Shiva est Parvatî Epouse de Shiva sous sa forme bienveillante, également connue sous les noms de Annâpurnâ, Ûma, Gaurî, Bhûbaneshvarî, etc. La forme courroucée ou combattante de la Déesse est Durgâ Forme terrible de la Déesse dont l'une des représentations les plus connues est Mahîshâsuramardinî. La forme terrifiante de la déesse est Kâlî Forme terrible de la Déesse, à la langue rouge pendante, au collier de têtes de morts et dansant sur un cadavre. Cette même Kâlî terrible à laquelle on fait des sacrifices sanglants de poulets ou de chevreaux pour apaiser son courroux (temple de Kalighat à Calcutta) est honorée comme la Mère généreuse et universelle...

La parèdre du Dieu Vishnu est la déesse Lakshmî Déesse de la Prospérité qui symbolise la prospérité et les biens matériels. On en connaît huit formes principales.

La parèdre du Dieu Brahmâ est la Déesse Sarasvatî Déesse des 
Arts et de la Connaissance qui préside aux Arts et à la Connaissance.

Autres divinités

Hormis les trois grands Dieux et leurs épouses, l'Hindouisme voue des cultes à de nombreuses autres divinités au premier rang desquels on citera Ganesh Dieu à tête d'éléphant, le Dieu à tête d'éléphant, "fils" de Shiva et de Parvatî et son frère Kârtikeya Frère de Ganesh (Murugan ou Subrahmanyan dans le sud).

Parmi les divinités védiques très anciennes au nombre symbolique de 33, on accorde encore des cultes de nos jours à Agni le Feu Sacrificiel, et localement Sûrya Dieu Solaire, le Dieu solaire.

On n'oubliera pas de citer le culte des Neuf Planètes (Navagrahâ Planètes) très vivant dans le sud du pays, le culte d'Hanuman Général de l'armée des Singes, allié du Dieu Rama , valeureux général des singes qui vint en aide au Dieu Râma (avatar de Vishnu), ainsi qu'une multitude de déesses locales incorporées tardivement dans l'Hindouisme, comme Sitala, la déesse qui protège les enfants de la variole, Mariamman, Danteshvarî, chez les Bastar, assimilée à Durgâ, ...

L'Ishta Devata

Chaque Hindou, suivant ses affinités personnelles, est libre d'adorer la divinité de son choix, son Ishta Devata. Il lui rend un culte personnel (pûjâ) dans l'intimité de son foyer ou il va l'honorer dans les temples qui lui sont dédiés. Un adorateur de Shiva est un Shaiva (Shivaïte), un adorateur de Vishnu est un Vaishnava (Vishnuïte). Il existe ainsi des adorateurs de Krishna, de Râma, de Durgâ, de Kâlî, de Parvatî, de Ganesh, d'Hanuman, etc. Chacun se réclame d'une secte donnée qui regroupe de façon informelle tous les adorateurs du même Dieu. Le terme de secte ne comporte en Inde aucune connotation péjorative.

De plus, bien qu'un adorateur d'un Dieu considère tout naturellement son Ishta Devata comme le Dieu Suprême, supérieur à tous les autres et pourvu de tous les superlatifs, cela ne l'empêche pas pour autant de se rendre dans d'autres temples pour honorer les autres divinités. Un Shivaïte ira dans un temple de Krishna pour l'honorer; de même un Vishnuïte honorera le Lingam de Shiva. L'un comme l'autre prieront Ganesh en premier, car c'est l'Intercesseur le plus familier.

Les temples et le culte

Les temples sont les demeures des Dieux. Dans le sanctuaire intérieur le plus sacré (garbhagriha Sanctuaire intérieuyr d'un temple) a été installée, souvent depuis des siècles, une statue ou image divine (Mûrti). Pour un Hindou, cette image est vivante et recèle la Conscience du Dieu qu'elle représente. Certaines des mûrti sont dites Swayambhu-Mûrti, c'est à dire Nées d'Elles-mêmes. On pense ainsi que de toute éternité, la Conscience du Dieu a été présente dans cette forme. On connaît surtout des Swayambhu Mûrti du Lingam de Shiva et parfois de Ganesh. Mais dans la plupart des cas, la Conscience Divine dans la forme est éveillée au moyen de rites particuliers.

Aller au temple ne fait pas partie des obligations religieuses mais tout Hindou s'y rend cependant régulièrement, certains chaque jour, pour obtenir le darshan Action de voir la Divinité et d'être vu par Elle de la divinité. On peut traduire darshan par "vision bénissante". Le fidèle est vu par la mûrti devant laquelle il se tient. Les offrandes et les prières renforcent la relation qui s'établit alors.

Les prêtres, presque toujours de la caste des Brahmanes, assurent le service de la divinité tout au long de la journée. Tôt le matin, celle-ci est éveillée, lavée, ointe, habillée, nourrie. A divers moments de la journée sont accomplis des rituels (pûjâ Rite d'un culte) comportant des offrandes diverses selon un cérémonial précis : nourriture, feu, encens. Le soir, la divinité est symboliquement couchée. Dans la journée, une partie de ces pûjâ sont publiques et des fidèles y assistent. La corporation des prêtres n'est soumise à aucune autorité ecclésiastique centrale car l'Hindouisme ne connaît pas d'Eglise. Néanmoins, pour des raisons pratiques, chaque temple de quelque importance possède une organisation administrative interne (devasthanam).

Toute personne fortunée est libre de faire bâtir un temple à la gloire du Dieu de son choix et d'appointer des prêtres Brahmanes pour y assurer le culte. On citera, par exemple, les temples dédiés à Laxmi Narayana (une forme de Vishnu) que l'industriel Birla a fait ériger dans des villes comme Delhi, Jaipur, Hyderabad, Bhopal, ...

Certains temples sont particulièrement fameux car très sacrés et ils attirent d'énormes foules en pèlerinage. Les Indiens aiment citer le temple de Sri Venkateshvar (une forme de Vishnu) à Tirupati-Tirumalai (Andhra Pradesh) qui serait la deuxième puissance financière religieuse du monde après le Vatican. Des dizaines de millions de personnes s'y rendent chaque année.

Les grands temples nourrissent quotidiennement des milliers d'indigents et créent diverses oeuvres caritatives : hôpitaux, écoles, etc.

Quelques éléments sur le symbolisme des Dieux

Les représentations des Dieux ne sont pas le fruit d'un hasard ou de l'imagination des artistes. Chaque divinité est caractérisée par diverses légendes qui rapportent ses exploits. L'origine de ces légendes se perd dans la nuit des temps. Sont-elles le reflet de visions inspirées qu'ont pu avoir des Sages et des Méditants ? Rapportent-elles des faits historiques plus ou moins déformés comme l'on pense être le cas pour les évènements des grandes épopées du Mahâbhârata et du Râmâyana ? Quoiqu'il en soit, les Dieux se retrouvent définis par un ensemble d'informations qui, à leur tour, orientent l'inspiration des artistes chargés de les représenter dans la pierre. Depuis des siècles, les formes divines statufiées se doivent d'obéir à des règles iconographiques tout à fait précises. Le nombre de bras, les emblèmes ou armes tenus dans les mains, la position des mains et les gestes des doigts (mudrâ Gestes des mains), l'animal qui souvent accompagne le Dieu ou la Déesse (vâhana Animal-véhicule), tout est défini.

Par exemple, Nandi Taureau blanc de Shiva est le Taureau blanc serviteur du Dieu Shiva, l'aigle Garuda Véhicule du Dieu Vishnu, celui du Dieu Vishnu, le rat Musakha, celui du Dieu Ganesh Dieu qui lève les Obstacles et protège le foyer .

Les Dieux ont quatre bras, voire plus. C'est d'ailleurs leur caractéristique la plus voyante pour le voyageur néophyte. De même, ne sourient-ils jamais (bien que selon les légendes, ils puissent être satisfaits des sacrifices et offrandes qui leur sont prodigués ou, au contraire, courroucés si on dédaigne de les honorer), et leur présence parmi nous serait immédiatement détectable car Ils n'ont pas d'ombre !!

Que sont les Dieux ?

Ce court aperçu sur les divinités de l'Hindouisme amène à préciser les points suivants :

 Les Dieux les plus anciens représentent des forces naturelles
 Des personnages que l'on pense historiques (Râma, Krishna) ont été élevés au rang divin par la légende et la vénération
 Les Dieux assument des fonctions divines. Ils sont par conséquent partie intégrante de la Manifestation et, bien que leur existence soit supra-humaine, Ils n'en demeurent pas moins sujets, tout comme les hommes, à des sentiments : passion, colère. Ils se résorbent dans la matrice indifférenciée des origines à la fin d'un kalpa Durée d'un cycle de la 
Manifestation
 Les Dieux sont aussi innombrables que l'on peut en concevoir, tout comme l'Univers est Multiplicité. C'est pourquoi l'on dit symboliquement qu'il en existe 33 millions, ou 330 millions (33 crores). Mais au final, cette multiplicité n'est qu'apparence, illusion, Maya, comme l'enseigne le Vedanta. Elle n'est pas pourvue d'une existence propre, intrinsèque. Donc les Dieux existent-ils ? La question demeure sans réponse.

Les pèlerinages

Se rendre en pèlerinage (yatra) dans un lieu saint fait partie des projets de vie de tout Hindou, qu'il soit pauvre ou riche. L'inconfort, la difficulté physique qu'exigent certains pèlerinages sont considérés normaux pour que ceux-ci prennent toute leur signification : surpasser sa condition quotidienne en accomplissant un acte religieux. L'Inde est en permanence sillonnée par des millions de personnes qui se rendent à pied, en bus ou en train vers un site sacré. Dans l'univers Hindou, de nombreux lieux sont sacrés et en particulier les sept fleuves ou rivières principaux : le Gange (Gangâ Le Gange divinisé), la Yamunâ Rivière affluent du Gange , l'Indus, la Sarasvatî (rivière mythique souterraine), la Narmadâ Fleuve du centre de l'Inde , la Godavari et la Kaveri. La plus sacrée est le Gange, né de la chevelure du Dieu Shiva et, le long de son cours, Hardwar, Allahabad et Varanasi (Bénarès) sont les trois principaux lieux de pèlerinage. Le confluent du Gange, de la Yamunâ et de la Sarasvatî à Allahabad, en un lieu nommé Prayag, est forcément le point central de pèlerinage. Les gens se rendent en pèlerinage vers ces rivières sacrées pour s'y immerger rituellement et s'y purifier, obtenir le darshan des saddhu (moines errants) présents qui viennent de tout le pays, ou encore y immerger les cendres d'un parent disparu ou accomplir un rite annuel (sraddhha) à sa mémoire.

Tous les douze ans, et à tour de rôle, d'immenses pèlerinages, les Kumbh Mela, rassemblent des foules inimaginables. On attend ainsi 30 millions de personnes à la Kumbh Mela d'Ujjain en avril 2004.

Les rituels de la vie (samskara)

La vie d'un Hindou est jalonnée par des rituels (samskara) qui marquent les différentes étapes de l'existence. Traditionnellement au nombre de seize chez les Brahmanes orthodoxes, beaucoup d'entre eux sont désormais optionnels.

 Le douzième jour après sa naissance, le bébé reçoit son nom au cours d'une cérémonie familiale. Le père écrit le nom de la déité familiale, la date de naissance de l'enfant et son prénom, puis le murmure dans l'oreille droite du bébé. La famille bénit l'enfant.
 Au 3ème ou 4ème mois, quelquefois, on fait une cérémonie pour la première visite de l'enfant au temple
 Vers 7-8 mois, nouvelle cérémonie à l'occasion de la première nourriture solide
 A un an, cérémonie pour la première coupe de cheveux
 Vers 11-12 ans, a lieu la cérémonie la plus importante, l'Upanayana, qui marque le passage de l'enfance à l'adolescence, pour les garçons, qui reçoivent à cette occasion le cordon sacré (pour les trois premières castes seulement)
 Le mariage est, bien entendu, un rite très important. Le mariage religieux est enregistré administrativement depuis une loi de 1955. Ce n'est pas toujours appliqué dans les campagnes. Les mariages sont pratiquement toujours arrangés par les parents. Le jour du mariage est fixé en fonction de l'horoscope. On évite la période d'août à novembre en raison de la mousson et des grandes fêtes religieuses de l'automne. La cérémonie a lieu au temple puis au domicile des parents de la mariée et à leurs frais (en plus de la dot). Il est d'usage d'inviter tous les parents même éloignés. La cérémonie religieuse, menée par des prêtres appointés connaissant les rituels complexes, dure plusieurs heures. Elle comporte, en particulier, des offrandes au Dieu du Feu, Agni. Les jeunes époux font plusieurs fois le tour de ce feu sacré en prononçant des paroles rituelles
 La crémation. Après son décès, le corps d'un Hindou est brûlé. Seuls les sannyasin sont enterrés. Les rites funéraires sont accomplis pour les femmes par le mari ou le fils aîné, pour un homme par le fils ou le frère, avec l'assistance d'un prêtre spécialisé
 Une dernière cérémonie est faite 11 jours après le décès en hommage au disparu, puis tous les ans.

Ce ne sont pas les mêmes prêtres qui assurent les rites familiaux, les prêtres qui accomplissent les rituels plus complexes des temples ou qui assistent les familles pour les rituels des crémations. Ces derniers, en particulier, sont entachés d'impuretés qui les contraignent à des rituels de purification exigeants.

Les périodes de la vie

Une autre notion traditionnelle divise la vie de l'Hindou en quatre périodes, les ashrama :

 De l'Upanayana jusqu'à son mariage, c'est le brahmacharya, sous la conduite d'un maître spirituel (guru) qui peut être son propre père, pour autant que celui-ci en ait les compétences; le jeune homme apprend les textes sacrés en sanscrit qui l'éclairent sur son dharma propre. C'est une période de célibat, chasteté et obéissance au maître
 Après son mariage commence le grihastha ou vie du maître de maison. L'homme a la responsabilité de sa famille; il exerce son métier.
 Lorsque son fils a un fils à son tour, la continuité de la lignée familiale est assurée. L'homme peut alors se retirer progressivement des affaires et déléguer ses responsabilités à la génération suivante : c'est le vanaprastha. L'homme n'a plus qu'une responsabilité morale sur les actes importants comme le mariage des petits enfants
 La quatrième période est optionnelle, c'est le sannyas. L'homme abandonne tous ses biens et même son nom, quitte définitivement sa famille pour vivre la vie d'un ascète errant ou d'un saddhu méditant dans les montagnes.

Ce schéma traditionnel modèle encore la pensée hindoue mais pour de multiples raisons, les entorses sont nombreuses. La plus commune a trait au passage du grihastha au vanaprashta. Dans la plupart des cas, le père au sommet de son pouvoir ne délègue pas à ses enfants qui, bien qu'adultes et compétents, restent sous sa férule.

Il arrive également que des jeunes gens, éprouvant un attrait irrésistible pour la vie spirituelle sous la conduite d'un guru éclairé, choisissent de prendre le sannyas et renoncent ainsi à toute vie sociale.

La recherche spirituelle

Le Samsara L'Impermanence est l'Univers changeant et impermanent que nous vivons dans notre vie quotidienne. Rien n'est stable, tout passe. Nous sommes attachés à nos cinq sens et aux expériences qu'ils procurent. L’Hindouisme nous dit que cet Univers est sans réalité véritable et que sa connaissance n'est pas La Connaissance (Vidya).

La Réalité est Une, permanente et intemporelle. Pour l'expérimenter, il faut se libérer des conditionnements ordinaires qui nous façonnent. Cette Libération, Moksha Libération du cycle des 
incarnations, est le but ultime de toute recherche spirituelle, quel que soit le chemin suivi.

C'est un processus extrêmement long et difficile qui requiert des vies d'apprentissage. Ceux qui expérimentent Moksha au cours de leur vie sont appelés des Jivan Mukta (Libérés Vivants) et atteignent ainsi un état permanent de Félicité que l'on nomme Samadhi. Dans son livre "Le jeu de la Conscience", Swami Muktananda a raconté cette expérience exceptionnelle.

Les Upanishads Textes sacrés enseignent l'identité de Brahman La Réalité Absolue et d'Atman. Atman Principe du Brahman dans l'Homme, que nous traduisons par âme, faute de terme adéquat, est le correspondant en l'homme (microcosme) du principe de Brahman (macrocosme). La différence essentielle entre atman et âme tient à ce que atman ne renferme pas l'idée d'une entité spirituelle individualisée, encore que certaines branches de l'Hindouisme aient évolué en ce sens...

Dans notre vie de tous les jours, nous nous identifions constamment à nos expériences et à nos sensations : "Moi, je..". C’est l'ego qui est l'acteur de ces identifications. L'Hindouisme apprend que l'ego, ahamkara Principe de l'Ego, est une entité illusoire. Il est créé et façonné par nos désirs et nos peurs et interfère constamment avec l'expérience des sens.

Ces désirs et ces peurs sont l'expression actualisée des empreintes (samskara) laissées par les karma passés. Dans les pratiques les plus élémentaires de yoga, pendant une relaxation, le corps entièrement au repos, l'élève est invité à se poser la question :"Suis-je ce corps ?" et la réponse est forcément "non". Ainsi commence le processus de désidentification qui un jour mènera à Moksha.

Un contresens demeure cependant parfois répandu dans l'esprit des Occidentaux qui ont des idées préconçues sur les approches spirituelles "orientales" (le Bouddhisme est également concerné). Si l'on est libéré de la joie et du chagrin, du plaisir et de la douleur, etc. comment peut-on être vivant ? Cet état, s'il existe, doit être bien morose (d'où l'accusation de nihilisme dont le Bouddhisme a été affublé pendant bien longtemps...).

Mais ceux qui témoignent de cette expérience de Moksha rapportent qu'il n'est pas de plus grande Félicité. Les perceptions et la conscience se dilatent sans limites. Tous les êtres sont vus, sentis comme équivalents et chacun renferme la présence de Dieu. Les Grands Etres ne manquent pas pour témoigner de cette Réalité Suprême : Ramakrishna, Ma Ananda Moyi, etc.

Un sannyasin est quelqu'un qui consacre sa vie à la recherche spirituelle. La recherche spirituelle n'est pas une vague aspiration vers Dieu. Elle requiert un engagement total et constant, une autodiscipline sans faille et un dévouement et une confiance sans limites envers le maître choisi. Pour le disciple (sheshya), le maître (guru, prononcer gourou) représente Dieu. L'apprenti disciple demande au maître de l'accepter mais celui-ci est libre de donner ou non son accord. En tout état de cause, une longue période probatoire, souvent dans l'ashram (ermitage) du guru, testera la solidité de l'engagement de l'apprenti disciple. Une fois admis comme disciple, aucun retour en arrière n'est normalement possible. En effet, le guru a pris une décision irrévocable qui l'engage en prenant sur lui le karma du nouveau disciple, dans cette vie comme dans les suivantes sur la voie spirituelle.

La voie spirituelle a pour but ultime la Libération (Moksha) du cycle des réincarnations, par la fusion dans le Divin. Un libéré vivant (jivan mukta) est quelqu'un qui est passé au-delà de la psyché ordinaire et dont les actes n'entraînent plus aucun karma. Cet état, rarement atteint, est inimaginable pour l'homme ordinaire.

Pour guider son disciple sur la voie spirituelle, le guru utilisera des méthodes adaptées au profil psychologique et mental de celui-ci. L'ensemble de ces méthodes constitue le Yoga.

Quelles que soient les étapes préliminaires, la pratique approfondie de la méditation est nécessaire pour libérer progressivement l'esprit des conditionnements. On cite ainsi l'exemple de grands Sages qui méditent de longues années pour arriver à l'Eveil (Samadhi pour les Hindous, Nirvana pour les Bouddhistes), par exemple Milarepa, Muktananda, Vivekananda, Yogananda ainsi que le Bouddha dans sa propre voie.

 

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