Durgâ
Qui est Durgâ ? |
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Durgâ est une incarnation de Devî, la Déesse-Mère, qui symbolise l'Unité des forces divines. Pour les adorateurs de Shiva, Durgâ est l'épouse de Shiva. Pour les adorateurs de Vishnu et pour ceux qui vénèrent la Shakti Durgâ, elle est une autre forme de Ûma ou Pârvatî.
La déesse Durgâ se manifeste lorsque les forces du mal menacent l'existence même des Dieux. Selon la Tradition, pour détruire ces démons, les Dieux offrirent leur force à Durgâ et chacun d'eux devint une partie de son corps. Durgâ obtint aussi une large panoplie d'armes, par exemple le chakra de Vishnu et le trident de Shiva.
Le mot Durgâ signifie "Invincible" en sanscrit. Selon les spécialistes, le phonème "du" se réfère aux quatre démons que sont la Pauvreté, les Souffrances, la Famine et les Habitudes Malfaisantes. Le "r" représente les Maladies et le "ga" est le destructeur des Erreurs, de l'Injustice, du manque de Sens religieux, de la Cruauté et de la Paresse.
On dit aussi que Durgâ est l'"Inaccessible" et qu'elle est une forme combattante de Pârvatî. Elle est simultanément épouse de Shiva et de Kalkî (dernière des incarnations - à venir - de Vishnu).
Durgâ a été vénérée depuis le 5ème siècle, voire probablement beaucoup plus tôt. Elle est citée surtout dans le Ramâyana et le Mahâbharata, divers textes des Purâna, et elle est même mentionnée dans la littérature des Veda. En général, Durgâ est considérée en Inde du Nord comme la gentille épouse, symbole de l'unité familiale, tandis que dans le sud, c'est son aspect guerrier qui prédomine.
Les aspects de Durgâ sont innombrables; ils sont décrits dans les Purâna et les Agama. L'iconographie de la déesse est donc complexe et hétérogène. On la dépeint habituellement pourvue de dix bras qui portent l'épée, la conque marine, le disque (chakra), le chapelet (mala), la coupe de vin, le bouclier, l'arc, la flèche et la lance (ou le trident). Très souvent, elle chevauche un Lion, ce qui lui donne le nom de Simhavahini, "la Déesse qui se tient sur le Roi des animaux". Elle est somptueusement parée d'un vêtement royal et de divers bijoux. Sa chevelure, relevée en couronne (karandamukuta), se répand en longues tresses d'un noir brillant charmantes à voir. Toutes les armes qu'elle porte reflètent la suprémacie qui lui permet de contrôler l'Univers.
Son vâhana (monture) est un Lion, parfois un Tigre dont le nom est Manashthâla.
Elle prend de nombreuses formes : tout d'abord, les neuf formes qui font l'objet de cultes pendant la fête de la Déesse, la Durgâmahotsava ou Durgâ Puja, particulièrement à Calcutta (Kolkota). Mais les autres aspects de la Déesse sont également très importants, par exemple, Mahishâsuramardinî, très connue, Kâlî ou encore Châmunda. On ne saurait oublier les très nombreux autres noms qu'elle peut prendre, par exemple, Bhîmâ, Marîchî, Nârâyanî (Mère Eternelle), Kshemankarî, etc.
Les neuf Durgâ (Navadurgâ) |
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La déesse Durgâ s'est incarnée sous neuf formes différentes; on les vénère chaque jour pendant la fête de neuf jours de la Navaratrî. Cette période de neuf jours qui suit la Nouvelle Lune du mois de Ashvina est considérée comme la plus bénéfique de l'année dans le calendrier Hindou : elle est donc célébrée comme Durgâ Puja. Voici les neuf Durgâ :
Durga Shailputrî
C'est la "Fille de la Montagne", fille du Roi Himalaya et la première parmi les Durgâ. Elle est la réincarnation de Satî, la
fille de Daksha. En fait, cette forme de Durgâ est
exactement la même que celle de Pârvatî et sa légende identique. Donc Durgâ Shailputri = Pârvatî
Brahmâchârini
La seconde Durgâ se nomme Brahmâchârini, c'est à "La Jeune femme qui étudie le Brahman" (qui suit des
ascèses spirituelles). Cette Durgâ est particulièrement
belle. Dans sa main droite, elle tient un mala (chapelet) et le pot à eau (kamandalu) des ascètes dans sa main gauche.
Chandraghanta
Le nom de la troisième Shakti est Chandraghanta. Elle porte sur le front une demie-lune. Elle est pleine de charme et d'éclat. Dotée de trois yeux et de dix bras, portant
autant de sortes d'épées; d'armes et de flèches, elle est assise sur un Lion et prête au combat. Elle est l'image même
de la bravoure. Le son de la cloche (ghanta) qu'elle agite effraye les démons et
Danava.
Kushmanda
Le nom de la quatrième Shakti est Kushmanda. De son seul sourire, elle crée l'Oeuf Cosmique, c'est à dire l'Univers.
Résidant dans le système solaire où elle
brille comme un Soleil dans les dix directions de l'espace. Elle a huit bras et tient sept sortes d'armes plus un chapelet (mala) dans la
huitième main. Elle chevauche un Lion
Skanda Mata
Le nom de la cinquième Shakti est "Skanda Mata", c'est à dire "Mère de Skanda".
Skanda est le Dieu de la Guerre, Chef de
l'armée des Dieux. Skanda Mata, tenant son Fils sur ses genoux, a trois yeux et quatre bras. De couleur blanche, elle est assise sur un lotus.
Katyayanî
Le nom de la sixième Durgâ est Katyayanî, c'est à dire fille du
Rishi (Sage) Katyayana. Elle a trois yeux et huit mains qui tiennent diverses armes.
Son véhicule est le Lion.
Kalratrî
La sixième Durgâ est Kalratrî, noire comme la Nuit. Les cheveux défaits, elle s'est parée de bracelets
étincelants comme des éclairs. Elle a trois yeux brillants,
ronds comme l'Univers. Des milliers de flammes sortent de son nez lorsqu'elle respire. Elle chevauche un âne et tient une épée
tranchante dans la main droite. Sa seconde main droite esquisse le geste de bénédiction (varada mudra) alors que sa main gauche
supérieure tient une torche enflammée et que sa main gauche inférieure forme le geste de l'absence de peur
(abhaya mudra) pour rassurer ceux qui la prient. C'est une forme auspicieuse de la Déesse et, à cause de cela, on l'appelle "Shubhamkari".
Mahishâsuramardinî |
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Forme de Durgâ exterminant le Démon-Buffle Mahishâsura, montée sur son Lion et brandissant ses seize bras armés, telle est Mahishâsuramardinî. C'est probablement la première des formes de Durgâ à avoir été vénérée.
Ramba et Karamba étaient les deux fils du démon Dhanu (en fait, on utilise le terme démon pour Asura, mais, en réalité Asura = A-Sura, c'est à dire non-Dieu, ce qui est moins péjoratif que démon). Tous deux décidèrent de s'adonner à de sévères austérités. Karamba s'immergea jusqu'au cou dans de l'eau pendant que son frère entrait dans un grand feu. Indra, Roi des Dieux, se sentit menacé par ces actions, car les austérités procurent des Pouvoirs immenses. Prenant l'aspect d'un crocodile, il tua Karamba pendant qu'il méditait dans l'eau. Ramba prit peur et s'apprêtait à se suicider mais Agni, Dieu du Feu, s'interposa et lui offrit un Voeu. Ramba demanda alors de ne plus pouvoir être tué par un homme, qu'il soit mortel ou immortel.
Retournant chez lui, Ramba rencontra sur son chemin une démone très belle, semblable à un buffle. Il en tomba amoureux et la ramena à la maison pour l'aimer. A minuit, alors qu'ils goûtaient aux joies de l'amour, un buffle mâle attaqua la maison et tua Ramba. La démone désespérée se jeta sur son bûcher funéraire. Mais le don d'Agni se manifesta et le bébé fruit de leur union, naquit du feu crématoire. Il reçut plus tard le nom de Mahishâsura, le démon-buffle.
Mahishâsura fut élevé par des parents de Ramba qui l'éduquèrent pour devenir roi. Il rendit des cultes au Seigneur Brahmâ et pratiqua des austérités. Le Seigneur Brahmâ lui apparut et lui accorda le don de ne pouvoir être tué par un être mâle (il ne pouvait imaginer que ce pourrait être une femelle...). Après quoi, Mahishâsura développa son royaume jusqu'à envahir la Terre (Prithvi Loka), terrorisant les populations et le Ciel (Swarga Loka) pour livrer bataille à Indra, qu'il vainquit, et expulser de là tous les Deva. Ceux-ci vinrent se plaindre de leur pénible situation auprès de Brahmâ, Vishnu et Shiva. Connaissant l'invincibilité de Mahishâsura, ceux-ci chargèrent les déesses Sarasvatî, Lakshmî et Pârvatî de régler le problème. Les trois se consultèrent et créèrent une entité féminine, Durgâ, possédant les pouvoirs de la Trinité masculine (Trimûrti) et la beauté de la Trinité féminine.
De Shiva, elle prit la Lumière, de Vishnu elle retint les dix bras, et de Brahmâ les jambes. Les Dieux furent stupéfaits de son Energie immense et sa beauté parfaite. Ils lui rendirent grâce et lui donnèrent, de surcroît, maints présents : Shiva lui remit son trident et Vishnu son disque magique, le chakra. Varuna, Dieu des eaux, lui donna sa conque marine et Agni, Dieu du Feu, lui donna une lance. De Vayu, le Dieu du Vent, elle reçut des flèches. Le Roi des Dieux, Indra, fit cadeau de son arme suprême, la Foudre. Vishvakarma, l'Architecte des Cieux, lui remit une hache parfaitement polie et une armure magique. Dieu des Montagnes, Himalaya lui confia, en vue de la bataille, un magnifique Lion qu'elle pouvait chevaucher.
Ainsi équipée, elle s'assit gracieusement sur le Lion, et poussa des rugissements tonitruants qui ébranlèrent les Trois Mondes.
Les démons qui s'étaient ralliés à Mahishâsura eurent à peine le temps d'admirer le visage lumineux de la déesse. Les armées de Chikasura et de Chamara, les deux commandants en chef de Mahishâsura, furent immédiatement détruites. Puis, ce fut le tour de Mahishâsura Lui-même, car il se rendit vite compte que son pouvoir ne le protègerait pas d'une force féminine. Il eut l'idée de se retirer de la bataille mais Durgâ l'insulta, blessant son ego, et il se sentit obligé de combattre, malgré la situation désespérée et l'écrasement de son armée. Il tenta une dernière manoeuvre en se métamorphosant en sa forme initiale de buffle et chargea furieusement sur le champ de bataille, tuant et blessant de nombreux soldats de Durgâ de ses longues cornes acérées et de sa queue semblable à un fouet. Le lion de Durgâ, mis en furie par la présence de ce buffle, l'attaqua. Durgâ en profita pour l'attraper en lançant son lasso autour du cou. Mahishâsura changea à nouveau de forme pour tenter de s'échapper. En fin de compte, après neuf jours d'efforts, la Déesse réussit, le dixième jour, à lui couper le cou : du buffle émergea Mahishâsura sous sa forme humaine. Durgâ lui transperça la poitrine avec son trident, délivrant ainsi le monde d'un pouvoir diabolique.
Les Dieux retournèrent dans les Cieux et, se joignant aux Sages sur la Terre, chantèrent les louanges de la Déesse, en lui offrant des fleurs. .
Cette légende très connue est fréquemment représentée dans l'iconographie des lieux sacrés.
La sélection des images présentées retient, sous la dénomination de Mahishâsuramardinî non seulement la Déesse combattant ou terrassant l'Asura, mais aussi celles où elle se tient debout sur une tête de buffle, rappelant par là sa victoire sur les forces du mal.
Il s'agit de l'une des Déesses les plus importantes parmi les formes que la Grande déesse peut revêtir pour assumer Ses rôles. On la considère parfois comme une des formes de Durgâ, mais nous choisissons de lui consacrer un chapitre à part pour mieux rendre ce qu'Elle a de spécifique.
Châmunda |
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Châmunda Mata (Mère Châmunda), parfois nommée Ranî-Chandî ( =Chandikâ, Chandâ, la Déesse Guerrière) est la Déesse du Pouvoir, et une autre forme de Durgâ. D'autres variantes de son nom sont Chamundi et Charchika. Elle semble double, aussi peut-on encore l'appeler Chandî-Chamundâ. Cette Mère féroce a de grands yeux; habillée de rouge et de vert, parée de guirlandes de fleurs, elle se tient, avec son vâhana, le Lion, devant elle.
La légende est la suivante : deux démons du nom de "Chanda" et "Munda" se livrèrent à de grandes austérités pour plaire au Seigneur Brahmâ qui leur apparut alors. Ils lui demandèrent la grâce de devenir des guerriers puissants pour pouvoir régner sur la Terre et sur le Ciel. Ils obtinrent ce don. Comme on peut s'en douter, il en résulta un grand trouble dans l'Univers. Les démons, de plus en plus avides, tentèrent de conquérir les trois Séjours Célestes, le Vaikuntha de Vishnu, le Kailasha de Shiva et Brahmaloka de Brahmâ. Les trois grands Dieux s'en vinrent voir la grande déesse-mère Pârvatî pour prendre la forme même de Chandî et Châmunda pour tuer les démons. Cependant, Châmunda est plus habituellement considérée comme une forme de Durgâ que de Pârvatî, sans doute parce qu'elle est assez effrayante.
Si elle est fondamentalement une variante de Durgâ, Châmunda fait également partie des Matrikas, ainsi que des Yoginis.
En tant que l'une des Saptamatrika, elle figure à l'extrême droite des groupes de statues de ces déesses, par exemple
à Ellora ou aux grottes d'Elephanta. On la considère comme la plus importante et il est intéressant de noter que Châmunda est une émanation de
Pouvoir (Shakti) directement de la Grande Déesse (Devî), alors que les autres Matrika sont les Shakti de dieux mâles. C'est pourquoi
Châmunda bénéficie d'un culte particulier aors que les autres matrika sont vénérées en tant que groupe.
Le culte de Châmunda comporte des sacrifices d'animaux et des offrandes de vin, alors qu'autrefois des sacrifices humains étaient
également pratiqués. C'est pourquoi Châmunda est étroitement associée à Kâlî.
Châmunda est aussi la déité principale parmi les 64 (ou 81) Yoginî tantriques,
émanations (Shakti) féroces, assistantes de Durgâ. Châmunda a elle-même créé sept autres Yoginî formant
avec elles un groupe particulier de huit.
Son image se trouve souvent dans les temples mais rares sont ceux qui lui sont spécifiquement dédiés :
En Himachal Pradesh, non loin de Palampur (District de Kangra), le Châmunda Devî temple
Au Gujarat, deux temples situés dans les collines de Chotila et Panera
Au Karnataka, le temple fameux de Chamundeshvarî sur la Chamundi Hill, non loin de Mysore, où la déesse est
assimilée à Durgâ Mahishâsuramardinî
Au Rajasthan, le Châmunda Mataji temple, situé dans le Fort Mehrangarh à Jodhpur.
Ambajî
Ambajî représente le Pouvoir de l'Etre Suprême qui maintient l'ordre moral (dharma) et la rectitude dans la création. Elle
est un autre nom de Durgâ.
C'est à Gabbar (ou Arasur, 65 km de Palanpur et 45km de Mont Abu) au nord du Gujarat que la ville de la déesse Ambajî se trouve.
C'est l'un des 51 Shakti Pitha de la déesse et le coeur de Satî serait tombé ici.
Dans son temple, très ancien, la déesse est seulement représentée par le Vishva Yantra, de forme triangulaire, au
centre duquel est incrite la syllabe Shrî.
D'autres temples de la Shakti sont signalés à Mont Abu (Arbuda Devî), Rajasthan, Halvad (Sundari), Kolgiri (Harsiddhi), et
Anasuya sur la Narmada.
Lalitâ
Lalitâ est une forme de la Déesse de tempérament passionné, voire "érotique". On la trouve plus particulièrement
dans les rites tantriques où elle est représentée portant une conque, une boite à fards et un fruit.
Un autre nom qu'on lui donne est Tripurâ.
Cependant, la forme de Lalitâ la plus connue est celle qui correspond à une variante de la Déesse
Gaurî.
Mâriammâ
Cette déesse incorpore les énergies sacrées et les forces d'évolution de la Terre Mère. Elle est donc
également apparentée à la montée du Feu de la Kundalini Shakti à partir du muladhara Chakra.
Initialement, c'était uniquement une divinité de village. On la représente souvent sous la forme d'une flamme entourée de
serpents ou sous celle d'un pot : les divinités de village (Gram Devata) n'ont généralement pas d'iconographie précise comme
les divinités hindoues proprement dites. L'incorporation tardive de cette déesse dans l'hindouisme l'a apparentée, disent
certains, à Vishnu, dont elle serait la soeur. D'autres se contentent de penser qu'elle est une forme de Durgâ ou de Kâlî...
On raconte qu'un jour, on installa une mûrti de cette Déesse dans le temple de Sri Ranganath Swami (Vishnu), à Srirangam (Trichy).
Mais le prêtre principal tomba malade et mit cette affection sur le compte de Mariamman. Il fit enlever la statue du temple; des travailleurs
allèrent la déposer à quelque distance (15 km) vers le nord, en un lieu du nom de Kannanoor (=Samayapuram) et l'y
laissèrent. Des gens passant par là virent la statue abandonnée au milieu du village et lui construisirent un temple.
Mâriammâ (de Mâri et Ammâ = Mère) est la Déesse qui protège (ou qui apporte) des maladies telles que la
variole, la varicelle, ou des fièvres comme la maladie fatale qui nous fait nous accrocher aux illusions d'une vie orientée vers les
satisfactions de notre ego. Mâriammâ ou Mariamman est aussi connue, au Bengale et au Bihar principalement, sous le nom de
Sîtalâ Mâtâ ("La Fraîche"). qui chevauche un âne. Nue, un van sur la tête, elle
tient un balai et un pot à eau dans les mains.
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