Chapitre Devî

Pârvatî

Plan du chapitre

Pârvatî Gaurî Satî
 
Autres formes Abhiramî Annapûrna Bahuchara Mata Gayatrî Kamakshî
  Kodiyâr Mata Mînakshî Sanjanâ Santoshî  
Associations Pârvatî et Ganesh Pârvatî et Shiva Ardhanarishvara

 

Qui est Pârvatî ?  
Images des formes de Pârvatî

Pârvatî, Gaurî ou Umâ sont trois noms pratiquement similaires qui désignent l'épouse du dieu Shiva. Elle est décrite avec quatre bras lorsqu'elle est représentée seule et deux quand elle accompagne le Seigneur Shiva : ce sont les formes de Shiva qui ont pour nom Umâmaheshvara-mûrti et Umâsahita-mûrti.

Le nom de Pârvatî signifie "Celle qui réside dans les montagnes" ou "Celle qui vient des montagnes", allusion claire à sa filiation, puisqu'elle est fille d'Himavat (Himalaya). Elle reçoit encore bien d'autre noms, tels que Sailasuta (Fille des pics), Giriputrî (Fille des montagnes), Girirâjaputrî (Fille du Roi des montagnes), Girîsha (Maîtresse des montagnes).

Fille d'Himavat (Roi de la montagne Himalaya) et de la reine Menâ, elle est couramment décrite de teinte sombre. D'une très grande beauté, elle tombe amoureuse de Shiva, répétant constamment son nom. Cette attirance est bien normale puisque Pârvatî est la réincarnation de Satî (voir plus loin).

On a des raisons de penser que la déesse originelle n'est pas védique et sa parenté avec le domaine montagnard fait évidemment d'elle une compagne idéale pour Shiva, le dieu méditant des montagnes, pas davantage védique lui non plus. Néanmoins, ses origines sans doute montagnardes ne l'apparentent pas non plus à ces déesses "sauvages" assoiffées de sang que sont les Mâtrika.

De fait, toute sa mythologie tourne autour de sa relation avec Shiva et, plus précisément, autour de la nécessité de donner un fils à Shiva, fils indispensable à la préservation du monde. En ce temps là, sévit un démon très puissant du nom de Târaka. Grand dévot de Shiva, ascète accompli, il a obtenu de Shiva le don de demeurer invincible à toute attaque, sauf si l'attaquant est un fils de Shiva.

Toutefois, Shiva, engagé dans ses méditations, n'entend pas se marier et les dieux doivent user de subterfuges pour qu'il s'intéresse à Pârvatî. Ils envoient auprès de Lui, en émissaire, le dieu Kâma, chargé d'éveiller le désir en Shiva. Il atteint son but, au moyen de ses flèches de fleurs, mais Shiva, courroucé du procédé et furieux d'avoir été distrait de sa méditation, le foudroie d'un éclair jailli de son troisième oeil et le réduit en cendres. Les dieux et Pârvatî s'en lamentent, ainsi que Ratî, l'épouse de Kâma. Shiva répond à leurs supplications et rend son corps à Kâma, mais le dieu du Désir ne pourra plus, désormais, être vu que de son épouse, encore que son pouvoir reste tout à fait entier.

Pârvatî a donc attiré l'attention de Shiva, mais elle veut être digne de Lui. Pour cela, elle entreprend de sévères ascèses, sortant temporairement du monde de la vie ordinaire pour vivre en ermite et en acquérir les pouvoirs. Elle y réussit si bien que les dieux ne peuvent s'opposer à ce mariage avec un dieu aussi effrayant que Shiva, et qu'ils la prient de cesser ses austérités pour procéder à son union avec le Grand Dieu.

La cérémonie va poser problème. La Reine Menâ, voyant sa magnifique fille prête à s'unir à cet être étrange, à l'aspect et aux vêtements si peu conventionnels, prend peur et menace de se suicider !! Mais les choses finissent par s'arranger; après le mariage, les nouveaux époux partent pour le Mont Kailash, la demeure de Shiva. Ils s'unissent sexuellement si intensément et si longtemps que le Cosmos entier en est secoué... Les dieux inquiets (quel enfant peut naître d'une union entre deux Etres si puissants ?), interrompent le rapport amoureux. La semence de Shiva se disperse à tous vents, finit par tomber dans le Gange (Gangâ), donnant naissance, quelques temps plus tard, au dieu Kârttikeya.

Kârttikeya son père et sa mère, va attaquer le fameux démon Tarakâ qu'il réduit en miettes, sauvant ainsi le monde d'un grand danger. Pârvatî reconnaît cet enfant comme sien et lui voue une telle tendresse que du lait sort de ses seins...

Un second enfant, Ganesh, dont on narre ailleurs les circonstances de la naissance, vient compléter la famille.

Cette famille si particulière fait l'objet de maintes représentations (statuaire, peintures, etc.) qui toutes mettent l'accent sur l'harmonie, le calme et la beauté des dieux et de leurs enfants. Néanmoins, il arrive que Shiva et Pârvatî discutent et se disputent, par exemple lorsque l'épouse reproche à son mari de fumer du hashchich ou lorsqu'une partie de dés tourne mal et que Shiva y perd son pagne. A un autre moment, Pârvatî, passant derrière son mari, pose ses mains sur ses yeux à l'improviste, plongeant ainsi l'Univers dans le noir. Elle le prend mal quand Shiva l'appelle du nom de "noireaude", allusion peu galante à son teint sombre. Elle reprend donc ses exercices d'ascèse et sa peau prend ainsi une belle couleur dorée, qu'elle gardera désormais, ce qui lui permet d'être nommée Gaurî, "Celle qui a une couleur brillante et dorée" (voir plus loin).

L'opposition avec la Pârvatî sombre de peau, que l'on nomme parfois Kâlî, est telle que certains mythes identifient comme une déesse différente le pôle sombre, violent et guerrier de Pârvatî.

On ne soulignera jamais assez le contraste extrême entre le caractère fantasque, incompréhensible, violent, destructeur, destabilisant de Shiva et la douceur féminine, porteuse de valeurs positives, familiales, créatrices de Pârvatî. Pârvatî apprivoise Shiva, le rend approchable mais, ce faisant, déclenche sa sexualité dévastatrice et une fois de plus excessive. Les deux divinités sont si dissemblables mais si complémentaires et étroitement liées que Pârvatî en vient à assumer le rôle actif de Shiva : elle devient sa Shakti, son pouvoir d'action. Ainsi, Shiva peut retourner à son état d'ascète retiré et méditant : Pârvatî assume Son rôle de création, sous Son contrôle et de par Sa volonté. Pour utiliser des notions du Samkhya, Elle est Prakriti, Il est Purusha.

Cette fusion, cette interpénétration nécessaire des deux Principes est bien représentée par Shiva Ardhanareshvara (le Seigneur qui est mi-masculin, mi féminin), et également par le couple Lingam-Yoni.

Un peu moins populaire que Lakshmî, épouse du dieu Vishnu, car cette dernière est unanimement priée pour les bienfaits de richesse et santé dont elle gratifie ceux qui la vénèrent, la déesse Pârvatî est donc la parèdre du dieu Shiva. On ne lui connaît d'ailleurs pas de mythes dans lesquelles elle interviendrait indépendamment de son noble époux. Epouse parfaite, compagne fidèle et dévouée, elle est sans cesse à ses côtés.

Alors que Lakshmî est le plus souvent montrée seule sous sa forme majestueuse de déesse de la richesse, assise en majesté et parée de tous ses atours, ou bien encadrée par deux éléphants (Gaja Lakshmî), les représentations sur lesquelles l'on voit Shiva et Pârvatî côte à côte sont légion : jouant aux dés, assis sur le Mont Kailash, leur résidence divine, se mariant devant l'assemblée des Dieux, assis avec leurs deux enfants (Ganesh et Kârttikeya), ou bien encore gentiment enlacés. A l'inverse, les représentations de Pârvatî seule sont plutôt rares.

Donc, l'épouse (= Shakti) du dieu Shiva s'est manifestée, selon la mythologie, à deux reprises. Dans le premier épisode, elle est Satî, fille du roi Daksha, qui s'immole par le feu pour protester contre l'affront que son père a fait à son époux; dans le second, elle est Pârvatî, fille du roi Himavat (= Himalaya, la montagne divinisée) et de son épouse Menâ.

Gaurî

Le nom Gaurî signifie "La Dorée", la Déesse jaune doré, couleur qu'elle a acquise au terme d'une longue ascèse. Ce nom explique pourquoi Shiva est parfois désigné comme Gauresha ou "maître de Gaurî". Elle est la Déesse du bonheur conjugale et de la longévité. Les femmes mariées la prient d'accorder longue vie à leur mari.

Cependant, Gaurî est souvent montrée portant des ornements caractéristiques d'une jeune fille non encore mariée.

Gaurî représente donc la pureté et l'austérité. Elle est Kanya Kumari, encore appelée Kumari Amman, la Jeune Vierge Pârvatî qui a accompli de dures ascèses pour mériter d'avoir le Grand Dieu Shiva pour époux. C'est encore Elle, Gaurî, que Sîtâ, a priée pour exhaucer son voeu de se marier au Seigneur Râma.

Dotée de deux bras, elle se tient debout ou assise sur un socle de lotus, tenant un lis bleu de sa main droite, cependant que la gauche pend nonchalamment à son côté. Elle porte un bandeau, le phâlapatta, sur le front; l'une de ses jambes est légèrement pliée (kunchita), l'autre reste droite sur le socle. Elle se tient à la gauche du seigneur Shiva ou du Shiva Lingam, et sa coiffe est constituée d'un karandamakuta, d'un kiritamakuta ou d'un kêshabandha.

Lorsqu'elle a quatre bras, elle porte en coiffe le jatâmakuta d'un dieu mâle. Ses mains inférieures montrent l'abhaya et le varada mudra, alors que les mains supérieures montrent un lotus bleu et un lotus rouge. Parfois, ces mains du haut tiennent le lis et le mala, ou bien encore le noeud coulant et le crochet.

Elle est désignée sous de nombreux noms, par exemple Dakshyanî (fille de Daksha) ou, ce qui est plus fréquent : Umâ, Satî, Aparna, Lalita (ou Lalitambika), Tripurasundarî, Lalitatripurasundarî, Shivakaminî, Shivakamasundarî, etc.

Un millier de ses noms se trouvent dans le Lalita Sahasranamam, sous la forme d'un dialogue entre le Seigneur Hayagrîva et le Rishi Sri Agasthya. C'est le principal texte sacré pour les adorateurs de la Shakti Devî.

Lalitâ / Tripurasundarî

Cette variante bienveillante de la Déesse Gaurî se distingue parce qu'elle est désignée de plusieurs noms pratiquement identiques : Lalita, Tripurasundarî, Lalitatripurasundarî, Shivakamasundarî, Lalitamahâtripurasundarî, Balatripurasundarî, Râjarâjeshvarî et sans doute encore d'autres.

Elle est d'une parfaite beauté, brillant d'un éclat extraordinaire. Dotée de quatre bras, elle porte les emblèmes suivants : le noeud coulant (ou un fruit), l'aiguillon à éléphant (ou une conque), un arc fait de canne à sucre (ou un lotus). Son culte est directement lié aux représentations graphiques des chakra, sur lesquelles on jette de la poudre de kunkum (curcuma) en récitant longuement les noms de Lalitâ (1000, 300, ou 108). Elle se tient souvent sur un chakra (le Shrî Yantra - qui représente Shiva) placé au sol.

Lalitâ commande à un grand nombre de déesses mineures qui, comme des fées, ont de multiples pouvoirs; plus petites que des atomes, elles peuvent entrer partout. Coiffées de jolies nattes, un tilak de kunkum sur le front, précises comme le feu, elles portent des arcs, des flèches, des épées et des boucliers de flammes. Elles personnifient presque toutes les activités bénéfiques qui se déroulent dans l'Univers et, en permanence, elles luttent contre le Mal. C'est avec leur aide que Lalitâ a vaincu et exterminé d'innombrables démons tels que Bhandâsura, Sumbha, Nisumbha, Chanda-Munda et Mahishâsura. Tous ces démons sont, bien sûr, les désirs qui rongent l'homme.

 

Satî  
Images de Satî et Shiva

Pour gagner le coeur de Shiva, le Dieu ascète dont rien ne vient troubler la méditation, Satî s'adonne à des dévotions et des austérités. Le grand Dieu en est touché et lui accorde un don. Bien entendu, elle demande à être mariée avec Lui, devant l'assemblée des dieux réunis, et avec tout le rituel d'usage. Brahmâ célèbre l'union, mais Shiva s'y est rendu dans son accoutrement extravagant d'ascète sauvage et ses manières ne sont pas le moins du monde policées. Daksha, le père de Satî en est offusqué.

Dans une variante de la légende, Brahmâ, qui se trouve être le père de Daksha, veut rabattre l'orgueil de Shiva. En effet, Shiva s'est moqué de son attirance sexuelle coupable pour sa propre fille et Brahmâ veut donc attirer Shiva dans les pièges de la passion des sens. Il crée donc et attise le désir de Shiva pour Satî.

Après leur mariage, Shiva et Satî vont résider dans le séjour montagnard de Shiva où ils passent des journées oisives et agréables.

Un jour, Daksha décide de célébrer un grand sacrifice. Il y invite tous les dieux (c'est à dire qu'il va, au cours de ce sacrifice, rendre hommage à tous les dieux), sauf à Shiva. Ce dernier reste de marbre, mais Satî, humiliée de cet affront fait à son époux, se rend sur le lieu du sacrifice et s'immole par le feu.

A la nouvelle de ce drame, Shiva entre dans une fureur extrême. De son corps, jaillit Vîrabhadra, une forme furieuse de Shiva, ainsi que nombre d'autres êtres terribles et effrayants qui se ruent sur le terrain du sacrifice, chassent les dieux présents et détruisent tout ce qui est là, à commencer par le roi Daksha. Shiva découvre le corps sans vie de Satî. Il le prend sur ses épaules et parcourt l'Univers, causant de lourdes perturbations dans le fonctionnement du monde. Vishnu est obligé d'intervenir. Utilisant son arme sacrée (chakra), il découpe petit à petit le corps de Satî dont les membres se dispersent et tombent en divers endroits de l'Inde. Ces lieux, devenus sacrés, sont les Shakti Pitha (Sièges de la déesse). Le corps de Satî ayant disparu, la douleur de Shiva s'estompe et le Grand Dieu retourne méditer dans la montagne.

La légende de Satî souligne donc bien le rôle tour à tour méditatif (phase ascétique) et érotique (phase de l'union avec Satî) de Shiva. C'est précisément la pratique ascétique qui crée et renforce la puissance créatrice. Mais c'est bien l'intervention de Satî qui a permis l'expression de cette potentialité, via le Shiva Lingam.

Fille de Daksha, Satî est ausi désignée sous le nom de Dâkshâyani .

Différentes autres formes de la Déesse Pârvatî

Les formes que la Déesse Pârvatî peut revêtir sont extrêmement nombreuses.

Abhirami

Abhirami est la déesse de la Pleine Lune. Sa légende est assocéie avec un poème du nom de Abhirama. C'était un ardent dévot de la déesse et il aimait à dire que celle-ci est toute puissante, qu'elle peut tout. Le roi entendit cela et en fut irrité. Il demanda au poète s'il pouvait faire apparaître la Pleine Lune un jour de Nouvelle Lune. Abhirama, embarassé, pria la Déesse, lui demandant de le tirer de ce mauvais pas. Elle retira son brillant anneau de nez et le déposa dans le ciel. L'éclat de cet anneau était tel que chacun le prit pour la Pleine Lune. Ainsi, la Déesse sauva-t-elle son dévot.

Son temple se trouve à Tirukadayur (Tamil Nadu).

Annapûrna

Annapûrna est la Mère des nourritures matérielles. Un jour, le Seigneur Shiva dit à Pârvatî :
"Le Monde est une illusion, la Nature est une illusion. La matière est un mirage, présente un moment, absente le moment d'après. Même la nourriture est Mâyâ".
Pârvatî perdit son calme et répliqua :
"Si je suis juste une illusion, voyons comment Vous et le reste du monde allez vous accomoder sans moi", et elle disparut sur le champ ! Cet évènement causa un choc terrible dans le Cosmos. Le Temps s'immobilisa, les Saisons ne changèrent plus, la Terre se devint stérile et il y eut une terrible sécheresse. On ne trouvait plus aucune nourriture dans les Trois Mondes. Dieux, Démons et humains souffrirent des affres de la faim. Ils gémissaient comme des enfants qui cherchent leur mère. Les Sages se lamentèrent :"La Libération (Moksha) n'a pas de sens pour un estomac vide !".

Après quelques temps, la nouvelle parvint à Shiva que Pârvatî était réapparue à Kashi (Varanasi) et y avait installé une cantine. Il y accourut aussi vite que possible, ainsi que tous les affamés du Monde. Comme il présentait son bol de mendiant, constitué d'un crâne humain, à la déesse, il dit :
"Maintenant, je me rends compte que le monde matériel, tout comme l'esprit, ne peut être écarté comme une illusion".
Pârvatî sourit et nourrit Shiva de ses mains. Depuis, Elle est aussi appelée Annapûrna (de Anna = Nourriture, et Purnam = le Plein), la Déesse de la nourriture. Elle est largement vénérée, par exemple à Varanasi, ou au Népal.

On représente Annapûrna comme une déesse assise, à deux (parfois quatre) bras, tenant dans ses mains une cuillère à riz ou à ghee (beurre clarifié), parfois une coupe ou un vase d'Amrita (Nectar d'immortalité). Lorsqu'elle a deux bras supplémentaires, elle tient un noeud coulant et un aiguillon à éléphant dans les mains supérieures, et montre l'abhaya et le varada mudra de ses mains inférieures. Un autre nom local, d'Annapûrnâ, est Vishâlâkshî.

Tulajâ-Bhavânî, tout comme Annapûrnâ, tient dans une main un vase de nourriture délicieuse et dans l'autre, une cuillère pour la distribuer.

Elle a un temple à Unja (Surat, Gujarat) où on la connaît sous le nom de Umiya Mata.

Bahuchara Mata

Bahuchara Mata est la déesse vénérée par les transsexuels (Hijra). Elle est assise sur un coq, un symbole d'innocence. Bahuchara Mata nous enseigne que le meurtre des animaux ou de toute créature est une faute et qu'il faut pratiquer la non-violence. La déesse porte une épée dans sa main droite supérieure et un texte sacré dans sa main gauche supérieure. Elle fait le geste de l'abhaya mudra de sa main droite inférieure et tient un trident dans sa main guache inférieure.

Dans l'un des nombreux contes qui lui sont associés, la déesse fut autrefois une princesse qui castra son époux car il préférait aller dans la forêt pour se travestir et se comporter comme une femme plutôt que d'honorer sa couche... Dans une autre histoire, un homme qui avait essayé d'embêter Bahuchara Mata, se retrouva frappé d'impuissance. La déesse ne lui pardonna que lorsqu'il abandonna sa masculinité, se vêtit en femme et vénéra la déesse.

Le temple de Bahuchara Mata se trouve à Shankhalpur (Gujarat).

Gayatrî

Si Gayatrî est le plus souvent une déesse à part entière, encore que sa définition soit assez complexe, elle est parfois considérée comme une émanation de Pârvatî.

Gayatrî est la Déesse-Mère qui disperse les nuages de l'ignorance (A-vidya) et permet à l'aspirant spirituel de percevoir le soleil spirituel qui luit éternellement derrière ces nuages, ainsi que son Unité intrinsèque avec ce soleil. Ce but est obtenu par la grâce de Gayatrî.

La déesse a cinq têtes de différentes couleurs; ses dix mains portent divers objets, dont dix yeux. Elle est assise sur un lotus rouge. Chacun de ses visages a un sens particulier :

 Visage de perle : les perles sont ramassées au sein de coquillages. Ces coquillages viennent à la surface des eaux de la mer, leurs yeux et leur bouche ouverts. Lorsqu'il pleut, les gouttes de pluie tombent dans leur bouche et si, à ce moment-là, une étoile particulière se trouve dans le ciel, ses radiations transforment les gouttes de pluie en perle. Ces perles naturelles sont divines par nature. Le premier visage de Gayatrî est de la couleur de la perle, ainsi que son éclat
 Visage de corail : (rouge brillant). ce second visage développe le principe du nitchala Tattwa (Calme) dans l'esprit des aspirants
 Visage d'Or : il est extrêmement brillant. Le fait de simplement voir cette couleur et de s'exposer à son éclat améliore le charme de l'aspirant
 Visage bleu : il représente le Ciel, tout comme la Mer; le Seigneur Vishnu-Nârâyana est aussi de couleur bleue (Vishnu Tattva). Ce visage emplit l'aspirant de bien-être et lui donne la Grâce Divine du Seigneur Nârâyana
 Visage blanc : ce visage représente la pureté. Il développe la pureté dans l'esprit de l'aspirant et donne aussi la Grâce Divine de Sarasvatî.

Kamakshî

Kamakshî est la Déesse Suprême de la Beauté et l'incarnation de la quiétude. Quelquefois assise dans le Sri Chakra Yantra, elle est aussi connue sous les noms de Lalitambika et Tripurasundarî.

La déesse, sous sa forme charmeuse et superbe, est assise sur un lotus; elle est vêtue de rouge et parée de joyaux d'or ornés de pierres précieuses et de perles. De ses quatre bras, elle tient un noeud coulant et un crochet à éléphant dans ses mains supérieures gauche et droite, un lotus et un arc fait d'une tige de canne à sucre (symbole de la douceur dans la vie) - ou un perroquet- dans ses mains inférieures gauche et droite.

La déesse revêtit cette forme lorsque Kâma, le Dieu de l'Amour, fut réduit en cendres par le troisième oeil de Shiva. Chitra Karma, le Dieu de l'Art, ramassa ces cendres et, les répandant habilement, dessina une forme humaine. Shiva jeta un coup d'oeil sur ce dessin et cela suffit à lui insuffler la vie. Chitra Karma informa la créature qu'elle devait la vie au regard miséricordieux de Shiva auquel il serait donc bon de rendre grâce par des pénitences appropriées.

Shiva en fut satisfait et accorda à l'homme de cendres sa bénédiction, le nomma Bhanda et lui donna la haute main sur les affaires du monde pour 60000 ans. Brahmâ craignait que cette faveur ne causa quelque désordre, ce qui ne manqua pas de se produire. Le Seigneur Indra, dont le Paradis avait subi des dégâts, décida d'accomplir un sacrifice du Feu (Homa) pour complaire à Shakti, la Déesse-Mère. De ce Feu jaillit un magnifique Sri Chakra qui portait Kamakshî, la déesse-Mère. Elle rassura les Dieux et les Déesses rassemblés et leur annonça la fin proche de Bhanda. La bataille fut féroce et dura quatre jours. Kamakshî finit par tuer Bhanda ainsi que tous ses alliés. Indra put regagner son Séjour Céleste. La Paix était revenue sur Terre.

Un important temple de Kamakshî Amman (Amman = Mata) se trouve à Kanchipuram (Tamil Nadu). La Déesse est assise en padmasana (posture du lotus) - contrairement aux classiques postures debout de Pârvatî- , déployant une grâce, une paix et une plénitude perceptible par tous ceux qui viennent quérir son darshan.

Sri Kamakshî Devî se nomme aussi Raja Rajeshvarî - Reine des Reines - (ou Rajeshvarî), car elle incarne le Pouvoir Universel de la Shakti. Sri Adi Sankara (Shankaracharya) en personne consacra un Sri Chakra Yantra en face de la mûrti de la déesse et un culte lui est rendu chaque jour. En effet, à l'origine, Kamakshî était une déesse plus sanguinaire qui réclamait des sacrifices sanglants. En la propitiant, Shankaracharya la pacifia.

Kamakshî est la divinité tutélaire de la ville de Kanchipuram.

Dans l'ardha-mandapa du temple qui précède la garbha-griha (sanctuaire central), la Déesse réside dans un petit sanctuaire où elle porte le nom de Sri Vidya Parameshvarî.

Il existe un Shri Kamakshi Saunsthan Shiroda Temple à 40 km de Panaji, à Goa.

Khodiyâr Mata

Khodiyâr Mata est la déesse des pouvoirs surnaturels. Mamâldev et sa femme restaient sans enfants et cela le désespérait. Personne, d'ailleurs, dans le village, n'osait plus les regarder en face car ils les détestaient tous. Cependant Mamâldev avait une foi sans borne pour Shiva et restait sûr que, plus tard, le Grand Dieu leur accorderait un enfant. Un jour, un groupe d'ermites et de sages s'en vinrent chez eux et leur demandèrent à les nourrir mais, apprenant que le couple n'avait pas d'enfant, ils refusèrent le repas et s'en allèrent. C'en était trop pour Mamâldev. Il se rendit un temple de Shiva prêt, si le Dieu ne lui accordait pas un enfant, à poser sa tête sur le Shiva Lingam et à la couper sur place.Il commença ses prières avec toute sa dévotion et son amour pour Shiva. Mais dès qu'il posa son épée sur son cou pour le trancher, le Seigneur Shiva lui apparut dans un fracas de tonnerre, devant le Lingam. Mamâldev pétri d'émotion, se mit à pleurer. Shiva lui ordonna d'aller, avec sa femme, aux grottes de Nâgdevata, ce qu'ils firent. Le lendemain matin, alors que le village était endormi, Mamâldev et son épouse eurent une vision : devant eux, sept cobras apparurent dans le ciel doré et descendirent vers eux pour se poser sur le sol. Ils se transformèrent en bébés, un garçon et six filles. Ils se rendirent alors compte que ce n'était pas une illusion mais la réalité. Parmi ces bébé, Khodiyâr était la fille dotée de pouvoirs surnaturels.

Sa venue sur Terre permit de protéger les gens de la sorcellerie et de la magie noire. Elle donna la joie d'enfanter &agrace; ceux qui n'avaient d'enfants, aida le pauvre et soigna le malade. Désormais, tout avait changé dans le village.

Son temple principal se trouve à Matel (Gujarat).

Mînâkshî

Mînâkshî est une autre forme de la Déesse-Mère Pârvatî, sous la forme d'épouse de Shiva Sundareshvar. Elle réside dans la ville de Madurai (Tamil Nadu). Autrefois, Mînâkshî était une princesse de Madurai du nom de Thadathagai qui serait apparue, sous la forme d'une enfant de trois ans, d'un feu sacrificiel pour devenir fille du Roi Pandya Malayadvaja et de la Reine Kanchanamala. Elle montait sur des chevaux et des éléphants domestiques, luttait avec des buffles et chassait le lion. Elle conduisit ses armées à la conquête des quatre coins du monde et vainquit maints rois et chefs de guerre. Au pied des montagnes de l'Himalaya, elle découvrit un ermite qui refusa de reconnaître sa suzeraineté. Il s'agissait de Shiva dont elle tomba amoureuse. Ils se marièrent à Madurai et furent bénis par le Seigneur Vishnu. Le lieu divin où lieu cette union est devenu un pèlerinage sacré.

C'est après ce mariage qu'elle prit le nom de Mînâkshî qui signifie la "Déesse aux yeux de poisson". Elle protège ses descendants de son regard miséricordieux, comme la femelle poisson garde ses oeufs.

On dit aussi que Mînâkshî symbolise le Pouvoir de Shakti, ou encore qu'elle est Prakriti (Nature).

Sanjanâ

Sanjanâ, encore appelée Bhagwathi Randal, est le nom de la Déesse fille de Vishvakarma (l'Architecte de l'Univers). Dans les Veda, elle est aussi désignée sous le nom de Sandhya ou Chhâyâ. Sa naissance se produisit alors que la Terre était en proie à une grave sécheresse; pas de pluie, pas de grains, pas de fruits. La déesse convoqua les nuages, le tonnerre gronda et la pluie creva les nuages. Le sol redevint fertile quand les pieds de la Déesse le touchèrent et aussitôt, les champs et les jardins reverdirent. Sanjanâ n'était évidemment pas une fille ordinaire et, grâce à ses pouvoirs, elle soignait les malades et les guérissait, même les aveugles.

On dit qu'elle est l'une des épouses de Sûrya (le Soleil); un jour, la déesse prit la forme d'une cheval et vint sur Terre mais Sûrya voulait rester avec elle. Aussi, se divisa-t-elle en deux formes : Sandhya (le Crépuscule) et Chhâyâ (l'Ombre). Sanjanâ est le nom de la déesse qui s'est transformée en cheval pour s’enfuir de son mari qu'il l'a trahie. Après l’avoir rattrapé, ils s’accouplèrent et donnèrent naissance à des jumeaux qui devinrent cavaliers, les Ashvini Kumara, c'est-à-dire les cavaliers jumeaux (appelés aussi les cavaliers de la physique ou de la médecine). Le symbole de la demeure lunaire Ashwini est une tête de cheval. On peut noter que la symbolique sous entend de nombreux aspects propres au Bélier (rapidité, attitude brutale et instinctive, esprit conquérant et persévérant). L'expression symbolique d'Ashvini est "l’aube" personnifiée entre Chhâyâ (ombre) et Ravi (lumière), jour et nuit, une fois le matin et encore en soirée. Elle représente les idées jumelles qui sont Jnana (la sagesse) et Ajnana (l’ignorance et le vice).

Elle a un temple situé à Dadva (80 km de Rajkot, Gujarat) où elle est connue sous le nom de Shree Ravi Randal.

Santoshî

Santoshî est la Déesse de la patience. Elle est fille du Seigneur Ganesh et elle aide ses dévots en difficulté. Ses quatre bras porte, à gauche en haut un trident, une épée à droite en haut. Sa main droite inférieure fait le geste de l'abhaya mudra, pour rassurer ses fidèles. De sa main gauche en bas, elle porte un plat plein de pudding de riz, son mets favori.

Santoshî est un symbole d'Amour, de Contentement, de pardon, de Bonheur et d'Espoir. On dit que jeûner 16 vendredi de suite tout en la priant apporte la paix et la prospérité dans la famille. Santoshî inspire à ceux qui la prient les valeurs familiales et les aide à sortir des crises avec détermination.

Deux de ses temples les plus connus se trouvent à Mumbai, dans le Ladi Bazar (Azad Rd) et à Secunderabad (Andhra Pradesh)

 

Pârvatî en association   
Images de Pârvatî en association

Pârvatî et Ganesh

Ganesh est le fils de Pârvatî ainsi que le conte la légende mainte fois reproduite dans les textes sacrés. On trouvera dans le site de Ganesh davantage d'informations sur les relations entre Ganesh et sa mère, ainsi que les légendes ayant trait à sa naissance.

Pârvatî et Shiva

Pârvatî, épouse du dieu Shiva, est souvent représentée en compagnie de son divin "mari". Ces représentations portent les noms suivants :

Umâmaheshvara-mûrti,
Umâsahita-mûrti,
Alingana-Chandrashekara-mûrti, (en travaux)
Râvanânugraha-mûrti,
et divers autres.

Par rapport à ces formes classiques de l'iconographie divine, les arts graphiques se sont permis, au cours des trois derniers siècles, une certaine liberté dans la manière dont Shiva et Pârvatî sont représentés au cours de leur vie "de couple".

Bien entendu, les représentations (lithographies, peintures, posters) sur lesquelles figure la "famille divine" que constituent Shiva, Pârvatî, leur fils aîné Ganesh et parfois leur second fils Karttikeya sont également fort nombreux.

Pârvatî et Shiva sous une forme unique = Ardhanarishvara

On entend parfois dire en occident que Shiva est une divinité féminine. C'est à la fois faux et vrai. Faux car les innombrables représentations de Shiva montrent, à l'évidence, un dieu masculin. Mais vrai parce que le concept de Shiva englobe à la fois une entité masculine (Shiva stricto sensu) et une entité féminine qui a pour nom Pârvatî, Durgâ, Kâlî, plus un millier de noms... ou, d'une manière plus générale, la Déesse (Devî ou Shakti).

Pour symboliser cette double appartenance qui, bien entendu, n'est pas sexuelle mais, en quelque sorte, l'"essence de la sexualité", l'hindouisme a imaginé une figure androgyne de Shiva que l'on désigne sous le nom d'Ardhanarishvara. Sur ces représentations, l'aspect masculin est du côté droit de l'image, l'aspect féminin (la Déesse donc) du côté gauche.

 

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