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Ganesh/Ganesha est le nom le plus communément utilisé parmi les fidèles hindous (ainsi que Vinayaka), mais au Tibet, pour les bouddhistes, Ganapati est le nom sanscrit le plus usuel pour désigner Ganesh dans les textes et rituels. En fait, ces deux noms sont tout à fait similaires et se réfèrent au Seigneur des Multitudes (c'est à dire aux Armées de Shiva, l'armée des Gana). On remarque d'ailleurs, que le Ganapati bouddhiste n'est pas la même entité que le Ganesh, fils de la Déesse Pârvatî, dans les rites Shivaites hindous. Le Ganapati tantrique bouddhiste est une émanation d'Avalokiteshavara qui, après avoir tué le Ganesh hindou, coupa sa tête et la plaça sur sa propre tête, prenant ainsi l'apparence du Ganesh vaincu..
Mahakala (Shadbhuja), le protecteur bouddhiste du Dharma, sous sa forme à six bras, est aussi une émanation d'Avalokiteshvara. On le représente se tenant debout sur un personnage à tête d'éléphant, couché sur le dos. Ce personnage est généralement désigné sous le nom de Vinayaka.
Le culte de Ganesh aurait été introduit au Tibet au 11ème siècle par deux lettrés indiens, Atisha Dîpankara Shrîjña et Gayadhara, qui traduisirent en tibétain des oeuvres sanscrites consacrées à Ganesh et composèrent eux-mêmes des hymnes en Son honneur.
Dans la tradition bKa'gyur du bouddhisme tibétain, le Ganapatihrdaya, sutra
traditionnel du Mâhâyana , présente le rôle de Ganapati comme médiateur entre
les traditions Bouddhistes et non Bouddhistes; c'est en utilisant le mantra
contenu dans ce texte que des cérémonies non-boudhistes peuvent
être transformées en cérémonies bouddhistes.
Robert L. BROWN, dans son ouvrage "Ganesh, studies of an Asian God" (1992), indique que le Bouddha aurait appris ce "Ganapati Hridaya Mantra" (ou "Aryaganapatimantra") à son disciple Ananda. Ce sutra de l''enseignement du Bouddha se trouve sur ce site : http://ganesha.bravehost.com/index.html.
Un autre texte de la même tradition, le Mahâ-Ganapati Tantra, est une
compilation de rites variés et de descriptions. Le chapitre 5 décrit un mudrâ
spécifique de Ganapati.
Certaines des caractéristiques des Ganesh tibétains mettent en relief les différences par rapport aux représentations indiennes, comme déjà dit plus haut. Ainsi, les mythes de la naissance de Ganesh rapportent généralement qu'il est fils de Gangâ ou Vârâhî (ici épouse d'Ishvara) ou encore qu'il est Devasenapati, c'est à dire Chef des armées divines, rôle dévolu à Kartikeya en Inde. Une autre différence est qu'il perd sa tête humaine d'origine dans une bataille contre les Asuras (démons) et non lors d'une altercation avec Shiva. Une autre version dit que, puisqu'il était né de Gangâ ou de Vârâhî, Pârvatî en fut jalouse et lui coupa la tête... Enfin, on pense au Tibet que Ganesh tient ses pouvoirs immenses de ses karmas passés.
On raconte qu'Avalokiteshvara
usa d'un stratagème pour s'assurer du contrôle de Ganesh. Il adopta sa forme, se rendit en son palais
où il prit sa place. De retour, Ganesh dut se rendre compte qu'il était
dépossédé de son trône. Il prit donc refuge en Avalokiteshvara (on retrouve ici une formule
bouddhiste habituelle), promit de ne plus nuire désormais à quiconque et, au contraire, d'aider les gens
engagés sur la voie de la spiritualité.
On cite une statue placée au-dessus de l'entrée du monastère de Tabo et une peinture de porte au monastère de Lakhang.
On signale aussi, sur le site du stupa Kumbum (14ème siècle) à Gyantse, que les formes de Mahâraktaganapati, Pita Ganapati et Ganapati accompagnant les Matrika figurent à différents niveaux de ce chaitya.
On trouve encore Ganapati et sa famille sur les murs du Temple Blanc (16ème siècle) à Tsaparang.
Les peintures de thangkas et les statues de bronze de Ganesh ont certainement été introduites au Tibet par le biais des artistes Newar (Vallée de Kathmandu, Népal) qui ont assuré, tout au long de l'histoire, un rôle majeur dans la production d'oeuvres religieuses tibétaines.
Comme on l'a vu, le Thangka de Mahakala montre parfois cette divinité debout sur un Ganesh qu'il écrase au sol de sa puissance. Cette représentation se retrouve aussi dans la statuaire de bronze. Elle reflète l'assujettissement d'un dieu hindou par le bouddhisme triomphant; le symbolisme est donc clair : l'incorporation de dieux hindous dans le bouddhisme se fait au prix d'une subordination qui leur assigne le rôle accessoire de protecteurs de la Loi (Dharma). Néanmoins, cette position n'est ni complète ni définitive, puisque sur le même tangka, dans un angle, on représente un moine priant ... Ganesh. Cette position subalterne de Ganesh existe aussi avec d'autres divinités comme Aparajita, Kâlachakra, Vighnantaka.
Cet assujettissement de Ganesh par une divinité bouddhique procède d'une double démarche :
1. Ganesh est fondamentalement un Vinâtaka, démon créant les obstacles, tenant dans les mains une fleur, un rat ou une
calotte crânienne. Il convient donc de le soumettre pour l'empêcher de nuire.
2. Ganesh n'est pas d'origine bouddhique. Son incorporation parmi les divinités secondaires du bouddhisme, dans
le but d'en faire un défenseur du dharma suppose une "mise en forme" préalable.
Au Tibet, Ganesh porte divers noms et les textes décrivant les thangkas distinguent Sita Ganapati (Ganapati Blanc), Mahâraktaganapati (Grand Ganapati Rouge), Pita Ganapati (Ganapati Jaune). Sur les thangkas, il est habituellement doté de quatre bras (sauf Mahârakta Ganapati qui a douze bras), porte un bol, un radis, une cloche, un mala (rosaire), un trident, une massue, etc. et il est assis ou dansant sur une ou plusieurs souris.
Un reliquaire était en usage au monastère de dPal-Lor-C'os-de à Gyantse pour abriter les vêtements et écrits des fondateurs et de leurs successeurs immédiats. L'ouvrage consiste en plaques de bronze doré gravées de toutes sortes de motifs, images de divinités, rosettes de petites pierreries et de pierres plus grandes creusées comme des camées. Elles représentent Ganesh. Sur les quatre côtés et le couvercle se tiennent, en haut relief, des formes d'Avalokiteshvara à multiples bras, accompagnées de deux dévots, en l'occurrence des moines portant des chasse-mouches.
Dans la bibliographie, on recense souvent des thangkas et statuettes.
Thangka de Ganesha dansant, Tibet central, monastère
Sakyapa, début du 17ème siècle. Dimensions 0.29 x 0.235 m.
Cité par Pal, P. (1984). Pl. 75. Il se rattache au style Sakyapa primitif
avec des rochers dans un halo rouge. Oiseaux et arbres contribuent à créer
un effet esthétique.
Un Ganesh dansant presque identique occupe la place centrale,
à droite de la Tara
assise (Tibet central, style Sakyapa, env. 1400,
collection privée américaine) de la planche 25 du même ouvrage.
Un thangka, appartenant à une série consacrée à la
vie d'un moine tibétain, intitulé "'Phags-pa crée
le système administratif Sakhya et désigne les Fonctionnaires, puis part de
la cité". La figure du centre est Vinâtaka symbolisant sagesse et chance. Il
s'agit d'un Ganesh de couleur jaune. Figure dans Yang Shuwen, Zhang Jiayan, An Xu et Luo Dan, 1987
Dans "Ganesh the benevolent", Pratapaditya Pal, 1995
Un fort expressif Maharakta Ganapati du 16ème siè:cle, pp126-127
Deux statuettes de bronze d'argent de Vighnantaka debout sur Ganesh, 13ème siècle , p.131
Un thangka de Ganesha dansant, p125 (mais aussi Pal, P., 1984, planche 26) est
du Tibet central; de style Sakyapa; il est
daté du début du 15ème siècle. Ce style se caractérise par une
dominante de couleur rouge et l'influence d'artistes Newar
(Népalais).
Un certain nombre d'oeuvres dites sino-tibétaines proviennent du Tibet, ou parfois de Mongolie, mais montrent, tant dans les expressions des visages ou les vêtements des divinités que dans la composition des décors (pour ce qui concerne les thangkas) une influence chinoise nette, tant il est vrai qu'en matière d'art les frontières, qui d'ailleurs n'étaient pas à ces époques ce qu'elles sont de nos jours, sont perméables et que les artistes trouvent des motifs d'inspiration dans diverses cultures.
La relative rareté des oeuvres réellement tibétaines (car les marchands ont vite fait de baptiser tibétain ce qui est népalais) fait que nous ne présentons que des photos de Ganesh anciens, la plupart étant des thangkas. Ces photos sont trouvées sur le Web, en partie dans des livres; les crédits photographiques sont donc indiqués. Certaines de ces oeuvres sont datées, d'autres non, mais sont indéniablement anciennes.
Mise en page © 2008 Elephorm et Alsacréations, modifié en 2009 par Ganapati