Plan du chapitre |
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Généralités
![]() ![]() Brahmâ Vishnu Shiva Devî |
Quelques autres dieux
![]() ![]() Autres créatures Dieux du Népal et du Tibet |
Il est ambitieux, en quelques pages, de prétendre donner une idée de ce que peut être la religion hindoue. Ceux qui souhaiteraient approfondir une approche de l'hindouisme par le biais de l'iconographie des divinités peuvent consulter un autre site du même auteur.
Tout d'abord, voici quelques précisions qui paraîtront probablement naïves à certains, mais utiles à d'autres.
Un indien est un habitant de l'Inde, quelle que soit sa religion, hindouisme, islam, christianisme, sikhisme,
jainisme, bouddhisme, zoroastrisme. Eh oui, toutes ces religions existent et cohabitent en Inde.
Un hindou est un adepte de la religion de l'hindouisme. Traditionnellement, on ne devient pas hindou, on naît
hindou. Bien que nous énoncions là une règle habituelle, nous n'ignorons pas que de nombreuses exceptions peuvent exister. Mais
précisons le sujet, car il est sensible pour de nombreux lecteurs :
Quant on naît hindou, c'est dans une caste donnée (ou hors caste comme c'est malheureuseuement le cas pour ceux que les occidentaux nomment intouchables, et que les indiens désignent sous le nom de dalits - opprimés), on croit, et c'est le cas général, en la puissance des dieux et on les honore. Mais c'est une affaire personnelle et non un dogme imposé par une autorité quelconque, comme c'est le cas dans le christianisme qui édicte les croyances "autorisées".
Au cours des siècles passés, divers grands esprits, des réformateurs, se sont opposés au conservatisme ambiant et, en particulier, ont tenté de contrecarrer la tendance au compartimentage de la société en castes et interdictions diverses.
Par exemple au 15ème siècle, Râmânanda, philosophe de
Bénarès, fut le fondateur d'une secte vishnouïte constituée par des fidèles de Râma; il contribua beaucoup
à la diffusion de la doctrine de la bhakti (dévotion envers le Divin), en Inde; c'est à travers la bhakti qu'on doit rechercher
l'union avec la divinité suprême, Vishnou dans sa manifestation en tant que Râma. Râmânanda se montra favorable à un
dépassement du rigide système des castes, acceptant parmi ses fidèles des membres de toutes les castes, voire des étrangers
et des musulmans.
Par la suite, un de ses disciples, le poète mystique et réformateur
Kabîr opéra une synthèse entre le vishnouïsme et la mystique islamique, dont le non moins
célèbre Guru Nânak, lié sur le plan doctrinal à ce poète, fonda le sikhisme,
religion qui accepte tous les nouveaux fidèles à bras ouverts...
Enfin, le fondateur d'une des principales sectes vishnouïtes fut le brahmane
Caitanya (1485-1534), né au Bengale et considéré comme une incarnation de Krishna. Caitanya rejeta le système
des castes ainsi que l'adoration des textes sacrés et élabora une doctrine centrée sur la "dévotion" imprégnée
d'un brûlant amour pour Krishna. Cette secte, évidemment, permit à de nombreux "non-hindous" de se "convertir" à
l'hindouisme.
Le temps a passé, ces grands êtres, et bien d'autres, ne sont plus de ce monde et il est frappant de constater que c'est précisément dans les temples de Vishnu ou de Ses avatars Râma et Krishna que l'étranger est le moins facilement accepté. Ce n'est pas, tant s'en faut, une règle uniforme, mais le sectarisme n'est pas loin.
Revenons sur la question initiale : un occidental motivé peut-il se convertir à l'hinduisme ? Depuis quelques décennies, grâce à quelques guru (maîtres spirituels) ayant voyagé dans les pays occidentaux ou même s'y étant fixé, les besoins spirituels en ce sens exprimés par des disciples non-indiens sont pris en considération. L'une des difficultés tient à ce qu'un non-indien n'appartient, par définition, à aucune caste. Il est "hors-caste", donc impur au sens rituel. Des guru ont trouvé la solution en accordant le sannyas à des disciples qualifiés, puisque le sannyas consiste, dans le système hindou traditionnel, à l'abandon de la caste d'origine, qui va de pair avec l'abandon de tout lien social et familial et l'adoption d'une vie érémitique...
On aura compris, sans entrer dans davantage de détails, que devenir hindou est un engagement sérieux qui doit être mûrement pesé; mais on peut en dire autant, si l'on est sérieux dans ses choix, de toute conversion d'une religion à une autre.
On entend parfois, et on peut encore lire, malheureusement, que l'hindouisme est une religion primitive, au motif que l'on y adore de multiples divinités forcément "barbares" sinon animales... Pensez ! On adore le Soleil (Surya) ou la Lune (Chandra), un Dieu Singe (Hanuman), un Dieu à tête d'éléphant (Ganesh), etc.
Sans même vouloir être péjoratif, n'est-il pas raisonnable de penser que les hindous sont polythéistes : il y aurait 33 millions, voire même, tant qu'à faire, 330 millions de Dieux ?
Et pourtant, quand on parle avec des hindous qui vénèrent profondément qui Shiva, qui Krishna, qui Râma, etc., tous vous diront qu'il n'y a qu'un seul Dieu.
Les Dieux sont des fonctions, des modalités d'expression du Dieu inconnaissable et sans forme. Ils sont des expressions de cette Réalité Ultime qu'en Inde on nomme Brahman (genre neutre). Brahman ne peut en aucun cas être défini; les textes sacrés décrivent plutôt ce qu'Il n'est pas. Et l'homme n'est pas fait à son image...
L'hindouisme est une religion complexe et polymorphe, douée d'une très grande capacité d'absorption et d'assimilation d'éléments non autochtones; il en résulte une relative confusion pour qui n'est pas familier avec ses concepts. En tout cas, les Dieux ne sont pas ce que nous occidentaux appelons Dieu.
Les trois grandes Emanations du Brahman
(la
Trimûrti
) sont les
Dieux Brahmâ, Vishnu
et Shiva
.
Cela n'a rien à voir avec la Trinité chrétienne.
Brahmâ est le Créateur du Monde manifesté (ou plutôt, puisqu'il n'y a pas de création, son démiurge, son organisateur ); Vishnu en est le Préservateur, Celui qui le maintient et le soutient; Shiva en est le Destructeur.
On se gardera de commettre des contresens !. Le Monde manifesté n'a pas été
créé une fois pour toutes : les hindous ont une conception
cyclique de la Réalité Manifestée. Le Monde
apparaît, se déroule et disparaît selon des cycles
dont chacun correspond à un kalpa
.
De plus, le Monde manifesté n'est pas créé comme
nous l'entendons. Il existe et il n'existe pas. Il n'est
que la "réalité relative", une illusion que nous
prenons pour vraie. Il est le produit de Mâyâ
,
la puissance d''Illusion. Il est donc cause et produit de
l'ignorance fondamentale dans laquelle se trouve l'être
humain. C'est du moins le point de vue (Darshana
) du Vedanta
, mais
il y en a d'autres (quand je vous dis que c'est
compliqué !).
Les hindous vénèrent plus spécialement Shiva ou Vishnu. On désigne les gens qui vénèrent Shiva ou Vishnu comme se réclamant d'une secte Shivaïte ou Vishnuïte.
Mais en Inde, le terme de secte n'est porteur d'aucune idée négative ou même péjorative, contrairement à ce qui se passe en Occident où tout ce qui est désigné comme tel sent le soufre.
Vishnuïtes et Shivaïtes se distinguent, hormis leur dévotion spécifique, par des rites particuliers, ou des signes extérieurs (marques sur le visage, vêtements).
Il est curieux que Brahmâ, le Principe de Création, ne soit vénéré qu'en un petit nombre de temples dont les plus connus se situent à Pushkar (Rajasthan) et Khajuraho (Madhya Pradesh). Certaines légendes expliquent cela.
Mais il n'empêche que Brahmâ est fréquemment
représenté sur les murs des temples, avec quatre têtes
regardant vers les quatre points cardinaux, ou doté d'une courte barbe.
Il porte le livre sacré des Veda
dont il est le Maître.
Au début de chaque cycle Cosmique, il émerge du nombril
de Vishnu, lequel est couché endormi sur le serpent
d'Eternité Ananta
.
Le vâhana
de Brahmâ est l'oie (hamsa).
Sa Shakti
est Sarasvatî
qui peut prendre divers
noms : Sâvitrî, Brahmî, Bhâratî, etc.
Elle a quatre bras et elle tient un livre, un mâlâ
et joue
de la vînâ
.
Vishnu a pris, au cours des temps, des formes animales ou humaines
pour accomplir un rôle dans le Monde manifesté. On dit que
ce sont des Avatâras
(le mot français avatar ne veut dire embêtement
que par une regrettable déformation de sens).
Chacune des incarnations de Vishnu est liée à une
légende qui rapporte comment Vishnu
s'est manifesté sous une forme particulière pour
ramener le Dharma
sur terre. Le Dharma, c'est,
pour simplifier,
la Loi Divine, l'Ordre naturel des choses. Autrement dit, les venues
de Vishnu dans le Monde manifesté sont motivées par
sa fonction de préservation, lorsque les démons et
autres forces négatives le menacent de ruine et de destruction.
Il y a eu jusqu'à maintenant neuf Avatâras selon les textes :
Matsya (le Poisson).
Cette légende est en relation avec la version indienne du
Déluge. Cette incarnation de Vishnu en poisson lui permit
d'enseigner à Manu
, le premier homme, comment construire
un navire.
Kûrma (la Tortue).
Sous cette forme de tortue marine, Vishnu plongea au fond de l'océan
d'où il fit émerger, en le portant sur son dos, le mont
mythique Mandara
, permettant
ainsi aux dieux et démons de baratter la mer de lait pour en extraire
l'amrita
.
Varâha (le Sanglier).
Sous cette forme, Vishnu utilisa ses défenses pour remonter
du fond des eaux du Déluge, la Terre qui y avait été
engloutie. Dans une autre légende, c'est le démon Hiranyaksha
qui, pour se venger des dieux, avait
entraîné
la Terre sous les eaux et Vishnu le combattit mille ans avant d'en
venir à bout.
Narasimha (l'Homme-Lion)
qui terrassa le démon Hiranyakashipu
, pourtant invulnérable
grâce aux pouvoirs que lui avait donnés Brahmâ. Mis au
défi de se montrer, Vishnu émergea d'un pilier
de pierre sous la forme terrifiante d'un être mi-homme
mi-bête.
Vâmana (le Nain qui devient
un géant - Trivikrama). Le roi-démon Bali
avait étendu
son empire sur les mondes infernaux, terrestres et célestes.
Bien qu'il fût pieux, il fallait donc le combattre. Vishnu prit la forme
d'un nain mendiant et lui demanda de lui accorder trois pas de terre,
ce que le roi concéda. Vâmana grandit alors démesurément
et en trois enjambées, franchit les trois mondes, qu'il reconquit ainsi.
Parashurâma (Râma
à la hache). Cette légende reflète les luttes qui
opposèrent les castes des Brâhmanes
et
Kshatriya
. Parashurâma fit longuement la guerre aux Kshatriyas et les
vainquit, redonnant leur rôle premier aux Brâhmanes. Cette
légende reflète probablement des faits historiques.
Râma ou Râma-Chandra
(Semblable à la Lune), héros du Râmâyana
, qui
débarrassa l'Inde du joug du roi-démon de Lankâ
,
Râvana, et délivra ainsi, avec l'aide de l'armée
des Singes conduite par Hanuman
,
sa femme Sîtâ que Râvana avait enlevée.
et enfin Krishna
(le
Noir), la plus vénérée des incarnations de Vishnu.
On lui attribue de nombreuses aventures, dont quelques unes sont
contées dans le Mahâbhârata
.
Le neuvième Avatar pour les hindous serait le
Bouddha historique
.
Certains vont jusqu'à considérer Jésus comme la dernière en date des incarnations de Vishnu.
Reste à venir le dernier Avatâra de Vishnu, à
la fin du cycle actuel. Nous sommes dans la dernière partie du
cycle actuel, dite de l'Âge de fer (Kali Yuga). Un cycle ou yuga
dure 4.32 millions d'années terrestres. La dernière
incarnation de Vishnu sera
Kalki
,
monté sur un cheval blanc, brandissant un glaive qui foudroiera les
méchants (air connu) afin de rétablir la pureté chez
les hommes.
Râma et Krishna sont les Avatâras les plus connus de Vishnu; les légendes rapportant leurs hauts-faits, censés s'être produits à des périodes historiques quoiqu'anciennes, se retrouvent dans l'épopée du Râmâyana pour le premier, et du Mahâbhârata pour le second.
L'un des chapitres du Mahâbhârata
est constitué de la
Bhagavat-Gîtâ
(Le chant du Bienheureux Seigneur), dans laquelle certains ont vu
l'Evangile des hindous, et qui est, en tout cas, l'un des plus beaux
textes spirituels de l'Humanité, toutes religions confondues.
Connu dans le monde des humains par ses Avatâras, Vishnu prend
également, dans le monde des Dieux (les Deva ), de
multiples autres noms. Quelques uns des plus connus sont :
Gopala (le Vacher, autre nom de Krishna),
Narayana, également appelé Shesheya (Celui qui
repose sur les eaux primordiales, allongé sur Ananta, le
Serpent d'Eternité),
Keshava (le Bienveillant),
Sharangapani (le Seigneur des instruments de musique),
Janardana (forme terrible : Qui afflige les humains), etc.
On accorde deux Shakti
à Vishnu : Lakshmî
(dite aussi Shri Devî) et Bhû Devî
qui peuvent aussi prendre de multiples formes et noms, selon les us et
coutumes locaux.
Les attributs habituels de Vishnu sont la conque (shanka
), la roue ou
disque solaire (chakra
), la massue et
la fleur de lotus. Il est souvent
couronné d'une haute coiffe tronconique. Son animal-monture est
l'aigle Garuda
, souvent représenté avec une tête humaine.
Les Shivaïtes vénèrent Shiva. Celui-ci se manifeste rarement aux humains. Il est désigné, selon sa fonction particulière ou l'aspect qu'on lui prête dans son iconographie, d'une multitude de noms (symboliquement 1008 noms). Il peut avoir un aspect terrible (Bhairava, fréquemment dépeint en Inde du sud (Tamil Nadu) et dans la vallée de Kathmandu au Népal) mais aussi un aspect bienveillant. Parmi les noms de Shiva, on citera :
Shiva Natarâja
(Celui qui exécute la danse cosmique
de destruction et création des mondes),
Shiva Natesha
(Shiva de
la danse),
Bhikshâtâna-mûrti
(Celui qui mendie),
Lingaraja (le Maître du Linga),
Pashupati (le Maître des animaux),
Yogeshavara (le Roi des yogi),
Shiva Lakulîsha
(le Maître des Yogi),
Kumbeshvara (le Maître des pots),
Nageshvara (le Maître des Nâga),
Dakshinâmûrti (le Maître des
Arts et de la Musique); il regarde vers le sud (dakshina) sur les murs des temples et porte le livre sacré des Veda
Mahâdeva (le Grand Dieu),
Lingodbhava-murtî (Celui qui jaillit du Lingam),
Nîlakhanta
(Shiva à la gorge bleue),
Sundareshvara (le Beau Seigneur, vénéré à Madurai),
Ardhanarishvara (Shiva représenté avec un côté du corps masculin, l'autre féminin),
et, très étonnant, Harihara, représentation mixte de Shiva
et de Vishnu, etc.
Shiva est fréquemment en compagnie de son épouse. Ce terme doit être compris sous le sens particulier, déjà décrit plus haut, de parèdre, ou Shakti.
La Shakti, c'est l'énergie cosmique, créatrice du dieu. Elle n'est pas réellement distincte de lui.
Selon ses fonctions, la Shakti de Shiva est bienveillante
(
Pârvatî
), guerrière
(Durgâ
),
ou terrible et destructrice (
Kâlî
).
Néanmoins, Kâlî est souvent vénérée comme le Grande Mère, à Calcutta par exemple. Ces déesses ont elles-mêmes des formes et des noms variés. Par exemple, Pârvatî (la Montagnarde, fille du Roi des Himalayas) peut être désignée sous les noms de
Umâ,
Minakshi ("Celle qui a l'oeil en forme de poisson", vénérée à Madurai),
Kumârî
(vénérée au Népal),
Mâyâ, Châmundâ, Annapûrnâ,
etc..
Par exemple encore, Durgâ, souvent représentée sous la forme très connue de Mahîshâsuramardinî, Durgâ à seize bras montée sur un lion, tuant dans un combat féroce le roi des démons Mahisha qui a pris l'apparence d'un buffle.
Shiva, comme tous les dieux, porte dans ses mains des objets, des attributs particuliers qui sont les emblèmes de ses fonctions :
le trident
la flamme que le Shiva Natarâja tient dans une main,
le croissant de lune dans la chevelure,
un ou des crânes,
une hache magique (parashu),
une peau de tigre,
une antilope, etc.
Son vahana
est un beau taureau blanc, Nandi
,
que l'on voit partout, assis face à la porte des temples et
sanctuaires dédiés à Shiva.
Mais dans ses innombrables temples, Shiva est le plus souvent
adoré sous la forme symbolique du Lingam
,
cylindre de pierre, parfois de taille considérable, à extrémité
ovoïde enchâssée dans un socle creux de forme
ovoïde ou ronde, le Yoni
.
L'ensemble figure le Principe Créateur, l'union du principe masculin et du principe féminin. Car il faut comprendre que Shiva ne détruit que pour permettre au cycle de la vie de se perpétuer.
La prééminence du symbolisme féminin de
la Shakti
accorde une place particulière aux figures divines dans les
cultes. La Shakti est le Pouvoir
qui permet au Dieu d'agir.
L'aspect à la fois créateur, au sens opératoire, et destructeur de la Shakti est souligné à travers une iconographie abondante.
La Shakti de chacun des trois grands Dieux de la Trimûrti, leur est fréquemment associée, sous l'un ou l'autre nom, dans l'iconographie des sculptures et autres représentations.
On englobe les Shakti sous le terme générique de Devî.
La Devî constitue, conjointement avec Shiva, Vishnu, Sûrya et Ganesh, les Pañcha Devata, les Cinq Dieux majeurs de l'Hindouisme, objets des rituels quotidiens depuis plus de 1000 ans.
L'objet de cette introduction n'est pas de fournir un panorama savant sur l'hindouisme ni d'initier aux arcanes d'une religion extrêmement complexe, aux rites innombrables. C'est pourquoi l'on se limite à quelques définitions et à quelques exemples.
L'histoire de l'Inde plonge dans les racines d'un lointain passé. Les fouilles de cités anciennes (Mohenjo-Daro, Harappa) ont montré l'existence d'une civilisation agraire florissante il y a quelque quatre millénaires. Cette civilisation déclina pour diverses raisons. On a démontré, entre autres, que le fleuve Sarasvatî, sur les rives duquel s'épanouit diverses villes et une riche agriculture, changea d'orientation et disparut quasiment à la suite de sésmes.
La thèse du déclin de cette civilisation de l'Indus en raison d'incursions de tribus aryennes (éleveurs transhumants et guerriers), originaires des steppes de l'Asie centrale, n'est plus guère crédible de nos jours, même si elle a encore la faveur de divers "spécialistes". Autrement dit, la civilisation et la religion sont autochtones même si des influences ultérieures, depuis le début du second millénaire, essentiellement dues à l'Islam des Moghols, sont évidentes, surtout en Inde du nord.
Les Dieux des Veda, symbolisant initialement des éléments naturels, se rencontrent sur
les murs des temples : Sûrya (le Soleil, à
qui a été dédié le fameux temple de Konarak en Orissa
(), Indra
,
(le Ciel, le Maître des Dieux),
Varuna
(les Eaux),
Agni
(le Feu),
Vâyu
(le Vent),
Chandra
(la Lune),
Usha (l'Aube), etc.
Frère de Ganesh, Skanda
chevauche un paon;
c'est le dieu de la guerre. Skanda est parfois représenté
avec son frère Ganesh en compagnie de leurs parents Shiva et
Pârvatî. Il est facile à reconnaître par sa monture, le paon. Sur
d'autres représentations (Tamil Nadu) il est doté de six têtes et pour
cela désigné sous le nom de Shanmukha (Shan = six, mukha = visages). A
l'issue de sa compétition malheureuse avec son frère Ganesh, il décida
de rester célibataire. Mais d'autres légendes le créditent de deux
épouses, Valli et Devanai.
Ganesh est communément désigné sous le nom de Ganesha (a final peu prononcé), ou Ganapati.
Il s'agit là d'un Dieu assez particulier, d'apparition relativement tardive. Bien qu'il n'y ait pas unanimité parmi les spécialistes, on pense généralement que les premières représentations de Ganesh dateraient du début de notre ère, ainsi qu'en attestent des terres cuites récemment découvertes.
Ganesh est l'un des Dieux les plus importants de l'Hindouisme,
non par le rang hiérarchique qu'il occupe, car
à l'origine il était loin de figurer sur le même "
plan " que les figures majeures de la Trimûrti
(Brahmâ, Vishnu et
Shiva), mais bien par son omniprésence dans la vie quotidienne des
gens.
A telle enseigne que les innombrables fidèles de Ganesh le
considèrent comme la Divinité Suprême.
La secte active des Gânapatîya
sur la côte Ouest
de l'Inde, très active depuis plus de 1 000 ans, en témoigne.
Fils de Shiva, Ganesh n'est pas, en principe, honoré par les Vishnuïtes. Mais, en fait, on constate qu'il transcende les barrières sectaires et son universalité est telle qu'une légende en fait aussi le fils de Vishnu. On trouve parfois de petits oratoires à Ganesh dans les temples consacrés à Vishnu.
Sa qualité de Vighneshvara, "Seigneur des Obstacles" (c'est à dire de dieu capable de lever les obstacles, ainsi que d'en placer si on ne l'honore pas convenablement), le fait vénérer en tous lieux de l'Inde.
Cette ferveur a porté Ganesh au nombre des Pañcha Devata.
C'est le grand philosophe du Vedanta
,
Shankarâchârya
, qui a
"officialisé" ce culte de Ganesh
dans l'hindouisme orthodoxe
au 9 ème siècle.
Le culte de Ganesh s'est également répandu
chez les Jaïns de la branche majoritaire des Svetâmbara
, ainsi que chez les bouddhistes du Népal et d'autres
pays.
L'importance de Ganesh / Ganapati dans la période post-bouddhiste
se trouve confortée par la croyance du Bouddhisme Mahâyâna
que
le Ganapati Hridaya mantra aurait été enseigné
à Ananda par le Bouddha lui-même.
Le culte de Ganesh s'est donc répandu hors de l'Inde
(
) en Asie du sud-est, au
Tibet, en Chine, en Asie Centrale, en Mongolie et au Japon en même temps que le
Bouddhisme Mahâyâna.
Au Japon, par exemple, un culte spécial lui est accordé. Et l'on trouve des témoignages de sa présence, à d'autres époques, au Cambodge, durant la période Khmer, au Vietnam, en Afghanistan, en Thaïlande, en Indonésie.
Selon la définition habituelle, Ganesh ou Ganapati est
"Celui qui écarte les obstacles" et le
"Dispensateur du succès" (Siddhi
).
Depuis probablement plus de deux mille ans, on l'invoque au commencement des plus auspicieuses cérémonies, les mariages en particulier, et aussi lors de diverses autres occasions (inauguration d'un magasin, début d'un voyage, passage d'un examen, etc.).
C'est depuis les premières périodes
médiévales (environ 9ème siècle), que
les Jaïns
et les Bouddhistes
semblent aussi avoir incorporé
Ganesh dans leur culte. Cette assimilation s'est seulement
produite après le développement d'un culte spécifique
à Ganesh dans la première période Gupta
, à
partir du 5ème siècle. Ce qui s'est passé
avant cette dynastie, caractérisée par une formidable floraison
cultuelle et artistique, est moins attesté, vu la rareté des preuves
matérielles.
Les lieux où l'on rencontre Ganesh en Inde sont réellement innombrables. Toutes les villes, tous les villages ont leur temple ou leur oratoire, petit ou grand, une stèle, une pierre marquant symboliquement le lieu du culte...
Chacun possède son histoire ou légende locale. Et les images
de Ganesh dans les jardins publics, sur les trottoirs des rues, sur les bords des ghats
des fleuves,
au-dessus des linteaux des portes des maisons, depuis les palais jusqu'aux
maisons les plus humbles, se retrouvent partout...
Elles sont littéralement innombrables :
les symboles déifiés
des fleuves majeurs (
Gangâ
,
Yamunâ
),
Hanuman
, le Roi des
Singes, qui vient en aide à Râma dans sa lutte contre Râvana, le roi de
Lankâ qui a ravi son épouse Sîtâ
des démons comme les
Râkshasa
, dont le plus connu
est justement le roi-démon Râvana
des "gardiens du seuil" des
temples (Dvârapâla
)
des créatures célestes
comme les Kinnara, les Yakshi
, les Apsarâ
, les Gandharva
les Yoginî
, accompagnatrices terribles de Kâlî
les Nâga
, serpents
protecteurs des Dieux
l'armée des Gana
, serviteurs de Shiva,
des monstres comme les Yâlî
), etc.
Bien que Ganesh soit très présent au Népal
(mais moins au Tibet, semble-t-il), l'on ne développera
pas sur ce site la description des dieux
vénérés dans ces régions. Quelques mots, cependant.
Beaucoup de formes divines sont des noms "spécialisés"
du Bouddha; ce ne sont donc pas des Dieux de l'hindouisme :
les cinq Jina Bouddha
, les Bouddha de
médecine, les parèdres des Bouddha (dont les plus connues sont la
Târâ verte
(Shyâmatârâ) et la Târâ blanche
(Sitatârâ).
Ce sont aussi les Boddhisattva, dont le plus connu est Avalokiteshvara
.
Les Boddhisattva sont des êtres accomplis ayant, par compassion envers tous les êtres vivants, fait le voeu de se réincarner autant de fois que nécessaire pour les aider dans la voie qui les guide vers la Libération.
D'autres Dieux ont pris une importance régionale considérable : c'est le cas de Bhairava (forme terrible de Shiva) au Népal, de Mahâkâla (autre forme de Shiva, sous la forme du Grand Destructeur - Kâla étant le Temps qui, effectivement détruit tout), de Vajrapani (l'un des noms d'Indra), de Palden Lamö.
On ne saurait les citer tous (encore moins les déités annexes), et ce n'est pas le propos de ce site.
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