Beau Ganesh en bois d'Orissa Le phonème sacré OM

Généralités sur l'hindouisme






Plan du chapitre

Généralités
Conversion ou non ?
Polythéisme ou pas ?
Brahmâ
Vishnu
Shiva
Devî
Quelques autres dieux
Skanda
Ganesh
Autres créatures
Dieux du Népal et du Tibet

Généralités sur l'hindouisme

Il est ambitieux, en quelques pages, de prétendre donner une idée de ce que peut être la religion hindoue. Ceux qui souhaiteraient approfondir une approche de l'hindouisme par le biais de l'iconographie des divinités peuvent consulter un autre site du même auteur.

Tout d'abord, voici quelques précisions qui paraîtront probablement naïves à certains, mais utiles à d'autres.

 Un indien est un habitant de l'Inde, quelle que soit sa religion, hindouisme, islam, christianisme, sikhisme, jainisme, bouddhisme, zoroastrisme. Eh oui, toutes ces religions existent et cohabitent en Inde.
 Un hindou est un adepte de la religion de l'hindouisme. Traditionnellement, on ne devient pas hindou, on naît hindou. Bien que nous énoncions là une règle habituelle, nous n'ignorons pas que de nombreuses exceptions peuvent exister. Mais précisons le sujet, car il est sensible pour de nombreux lecteurs :

 les hindous ne font pas de prosélytisme, ils n'éprouvent pas le besoin de convaincre le monde entier que leur religion est la meilleure; ils n'ont pas de désir compulsif de la soutenir et de la promouvoir ailleurs que dans leur pays; même les hindous fondamentalistes...
 beaucoup d'hindous sont convaincus que l'on ne peut pas se convertir à l'hindouisme.

La question de la conversion à l'hindouisme

Quant on naît hindou, c'est dans une caste donnée (ou hors caste comme c'est malheureuseuement le cas pour ceux que les occidentaux nomment intouchables, et que les indiens désignent sous le nom de dalits - opprimés), on croit, et c'est le cas général, en la puissance des dieux et on les honore. Mais c'est une affaire personnelle et non un dogme imposé par une autorité quelconque, comme c'est le cas dans le christianisme qui édicte les croyances "autorisées".

Au cours des siècles passés, divers grands esprits, des réformateurs, se sont opposés au conservatisme ambiant et, en particulier, ont tenté de contrecarrer la tendance au compartimentage de la société en castes et interdictions diverses.

 Par exemple au 15ème siècle, Râmânanda, philosophe de Bénarès, fut le fondateur d'une secte vishnouïte constituée par des fidèles de Râma; il contribua beaucoup à la diffusion de la doctrine de la bhakti (dévotion envers le Divin), en Inde; c'est à travers la bhakti qu'on doit rechercher l'union avec la divinité suprême, Vishnou dans sa manifestation en tant que Râma. Râmânanda se montra favorable à un dépassement du rigide système des castes, acceptant parmi ses fidèles des membres de toutes les castes, voire des étrangers et des musulmans.

 Par la suite, un de ses disciples, le poète mystique et réformateur Kabîr opéra une synthèse entre le vishnouïsme et la mystique islamique, dont le non moins célèbre Guru Nânak, lié sur le plan doctrinal à ce poète, fonda le sikhisme, religion qui accepte tous les nouveaux fidèles à bras ouverts...

 Enfin, le fondateur d'une des principales sectes vishnouïtes fut le brahmane Caitanya (1485-1534), né au Bengale et considéré comme une incarnation de Krishna. Caitanya rejeta le système des castes ainsi que l'adoration des textes sacrés et élabora une doctrine centrée sur la "dévotion" imprégnée d'un brûlant amour pour Krishna. Cette secte, évidemment, permit à de nombreux "non-hindous" de se "convertir" à l'hindouisme.

Le temps a passé, ces grands êtres, et bien d'autres, ne sont plus de ce monde et il est frappant de constater que c'est précisément dans les temples de Vishnu ou de Ses avatars Râma et Krishna que l'étranger est le moins facilement accepté. Ce n'est pas, tant s'en faut, une règle uniforme, mais le sectarisme n'est pas loin.

Revenons sur la question initiale : un occidental motivé peut-il se convertir à l'hinduisme ? Depuis quelques décennies, grâce à quelques guru (maîtres spirituels) ayant voyagé dans les pays occidentaux ou même s'y étant fixé, les besoins spirituels en ce sens exprimés par des disciples non-indiens sont pris en considération. L'une des difficultés tient à ce qu'un non-indien n'appartient, par définition, à aucune caste. Il est "hors-caste", donc impur au sens rituel. Des guru ont trouvé la solution en accordant le sannyas à des disciples qualifiés, puisque le sannyas consiste, dans le système hindou traditionnel, à l'abandon de la caste d'origine, qui va de pair avec l'abandon de tout lien social et familial et l'adoption d'une vie érémitique...

On aura compris, sans entrer dans davantage de détails, que devenir hindou est un engagement sérieux qui doit être mûrement pesé; mais on peut en dire autant, si l'on est sérieux dans ses choix, de toute conversion d'une religion à une autre.

L'hindouisme est-il polythéiste ?

On entend parfois, et on peut encore lire, malheureusement, que l'hindouisme est une religion primitive, au motif que l'on y adore de multiples divinités forcément "barbares" sinon animales... Pensez ! On adore le Soleil (Surya) ou la Lune (Chandra), un Dieu Singe (Hanuman), un Dieu à tête d'éléphant (Ganesh), etc.

Sans même vouloir être péjoratif, n'est-il pas raisonnable de penser que les hindous sont polythéistes : il y aurait 33 millions, voire même, tant qu'à faire, 330 millions de Dieux ?

Et pourtant, quand on parle avec des hindous qui vénèrent profondément qui Shiva, qui Krishna, qui Râma, etc., tous vous diront qu'il n'y a qu'un seul Dieu.

Les Dieux sont des fonctions, des modalités d'expression du Dieu inconnaissable et sans forme. Ils sont des expressions de cette Réalité Ultime qu'en Inde on nomme Brahman (genre neutre). Brahman ne peut en aucun cas être défini; les textes sacrés décrivent plutôt ce qu'Il n'est pas. Et l'homme n'est pas fait à son image...

L'hindouisme est une religion complexe et polymorphe, douée d'une très grande capacité d'absorption et d'assimilation d'éléments non autochtones; il en résulte une relative confusion pour qui n'est pas familier avec ses concepts. En tout cas, les Dieux ne sont pas ce que nous occidentaux appelons Dieu.

Les trois grandes Emanations du Brahman L'Absolu, la Réalité Ultime (la Trimûrti ) sont les Dieux Brahmâ, Vishnu et Shiva . Cela n'a rien à voir avec la Trinité chrétienne.

Brahmâ est le Créateur du Monde manifesté (ou plutôt, puisqu'il n'y a pas de création, son démiurge, son organisateur ); Vishnu en est le Préservateur, Celui qui le maintient et le soutient; Shiva en est le Destructeur.

On se gardera de commettre des contresens !. Le Monde manifesté n'a pas été créé une fois pour toutes : les hindous ont une conception cyclique de la Réalité Manifestée. Le Monde apparaît, se déroule et disparaît selon des cycles dont chacun correspond à un kalpa .

De plus, le Monde manifesté n'est pas créé comme nous l'entendons. Il existe et il n'existe pas. Il n'est que la "réalité relative", une illusion que nous prenons pour vraie. Il est le produit de Mâyâ , la puissance d''Illusion. Il est donc cause et produit de l'ignorance fondamentale dans laquelle se trouve l'être humain. C'est du moins le point de vue (Darshana ) du Vedanta , mais il y en a d'autres (quand je vous dis que c'est compliqué !).

Les hindous vénèrent plus spécialement Shiva ou Vishnu. On désigne les gens qui vénèrent Shiva ou Vishnu comme se réclamant d'une secte Shivaïte ou Vishnuïte.

Mais en Inde, le terme de secte n'est porteur d'aucune idée négative ou même péjorative, contrairement à ce qui se passe en Occident où tout ce qui est désigné comme tel sent le soufre.

Vishnuïtes et Shivaïtes se distinguent, hormis leur dévotion spécifique, par des rites particuliers, ou des signes extérieurs (marques sur le visage, vêtements).

Brahmâ

Il est curieux que Brahmâ, le Principe de Création, ne soit vénéré qu'en un petit nombre de temples dont les plus connus se situent à Pushkar (Rajasthan) et Khajuraho (Madhya Pradesh). Certaines légendes expliquent cela.

Mais il n'empêche que Brahmâ est fréquemment représenté sur les murs des temples, avec quatre têtes regardant vers les quatre points cardinaux, ou doté d'une courte barbe. Il porte le livre sacré des Veda dont il est le Maître.

Au début de chaque cycle Cosmique, il émerge du nombril de Vishnu, lequel est couché endormi sur le serpent d'Eternité Ananta .

Le vâhana animal symbole, véhicule du 
Dieu de Brahmâ est l'oie (hamsa).

Sa Shakti est Sarasvatî déesse des lettres et des 
arts qui peut prendre divers noms : Sâvitrî, Brahmî, Bhâratî, etc. Elle a quatre bras et elle tient un livre, un mâlâ chapelet à 108 grains pour 
pratiquer les mantra et joue de la vînâ sorte de luth à cinq 
cordes.

Vishnu

Vishnu a pris, au cours des temps, des formes animales ou humaines pour accomplir un rôle dans le Monde manifesté. On dit que ce sont des Avatâras descente, incarnation divine (le mot français avatar ne veut dire embêtement que par une regrettable déformation de sens).

Chacune des incarnations de Vishnu est liée à une légende qui rapporte comment Vishnu s'est manifesté sous une forme particulière pour ramener le Dharma sur terre. Le Dharma, c'est, pour simplifier, la Loi Divine, l'Ordre naturel des choses. Autrement dit, les venues de Vishnu dans le Monde manifesté sont motivées par sa fonction de préservation, lorsque les démons et autres forces négatives le menacent de ruine et de destruction.

Il y a eu jusqu'à maintenant neuf Avatâras selon les textes :

 Matsya (le Poisson). Cette légende est en relation avec la version indienne du Déluge. Cette incarnation de Vishnu en poisson lui permit d'enseigner à Manu , le premier homme, comment construire un navire.

 Kûrma (la Tortue). Sous cette forme de tortue marine, Vishnu plongea au fond de l'océan d'où il fit émerger, en le portant sur son dos, le mont mythique Mandara , permettant ainsi aux dieux et démons de baratter la mer de lait pour en extraire l'amrita nectar de la vie éternelle.

 Varâha (le Sanglier). Sous cette forme, Vishnu utilisa ses défenses pour remonter du fond des eaux du Déluge, la Terre qui y avait été engloutie. Dans une autre légende, c'est le démon Hiranyaksha qui, pour se venger des dieux, avait entraîné la Terre sous les eaux et Vishnu le combattit mille ans avant d'en venir à bout.

 Narasimha (l'Homme-Lion) qui terrassa le démon Hiranyakashipu , pourtant invulnérable grâce aux pouvoirs que lui avait donnés Brahmâ. Mis au défi de se montrer, Vishnu émergea d'un pilier de pierre sous la forme terrifiante d'un être mi-homme mi-bête.

 Vâmana (le Nain qui devient un géant - Trivikrama). Le roi-démon Bali avait étendu son empire sur les mondes infernaux, terrestres et célestes. Bien qu'il fût pieux, il fallait donc le combattre. Vishnu prit la forme d'un nain mendiant et lui demanda de lui accorder trois pas de terre, ce que le roi concéda. Vâmana grandit alors démesurément et en trois enjambées, franchit les trois mondes, qu'il reconquit ainsi.

 Parashurâma (Râma à la hache). Cette légende reflète les luttes qui opposèrent les castes des Brâhmanes religieux, prêtres et Kshatriya  guerriers, détenteurs du pouvoir 
temporel. Parashurâma fit longuement la guerre aux Kshatriyas et les vainquit, redonnant leur rôle premier aux Brâhmanes. Cette légende reflète probablement des faits historiques.

 Râma ou Râma-Chandra (Semblable à la Lune), héros du Râmâyana épopée parmi les plus célèbres de l'Inde, qui débarrassa l'Inde du joug du roi-démon de Lankâ ancien nom du Srî Lankâ, dit aussi Ceylan, Râvana, et délivra ainsi, avec l'aide de l'armée des Singes conduite par Hanuman , sa femme Sîtâ que Râvana avait enlevée.

 et enfin Krishna (le Noir), la plus vénérée des incarnations de Vishnu. On lui attribue de nombreuses aventures, dont quelques unes sont contées dans le Mahâbhârata .

 Le neuvième Avatar pour les hindous serait le Bouddha historique Siddharta Gautama Bouddha.

Certains vont jusqu'à considérer Jésus comme la dernière en date des incarnations de Vishnu.

Reste à venir le dernier Avatâra de Vishnu, à la fin du cycle actuel. Nous sommes dans la dernière partie du cycle actuel, dite de l'Âge de fer (Kali Yuga). Un cycle ou yuga il y a quatre Yuga ou Âges dans la conception cyclique indienne
du Monde dure 4.32 millions d'années terrestres. La dernière incarnation de Vishnu sera Kalki , monté sur un cheval blanc, brandissant un glaive qui foudroiera les méchants (air connu) afin de rétablir la pureté chez les hommes.

Râma et Krishna sont les Avatâras les plus connus de Vishnu; les légendes rapportant leurs hauts-faits, censés s'être produits à des périodes historiques quoiqu'anciennes, se retrouvent dans l'épopée du Râmâyana pour le premier, et du Mahâbhârata pour le second.

L'un des chapitres du Mahâbhârata livre six est constitué de la Bhagavat-Gîtâ (Le chant du Bienheureux Seigneur), dans laquelle certains ont vu l'Evangile des hindous, et qui est, en tout cas, l'un des plus beaux textes spirituels de l'Humanité, toutes religions confondues.

Connu dans le monde des humains par ses Avatâras, Vishnu prend également, dans le monde des Dieux (les Deva ), de multiples autres noms. Quelques uns des plus connus sont :

 Gopala (le Vacher, autre nom de Krishna),
 Narayana, également appelé Shesheya (Celui qui repose sur les eaux primordiales, allongé sur Ananta, le Serpent d'Eternité),
 Keshava (le Bienveillant),
 Sharangapani (le Seigneur des instruments de musique),
 Janardana (forme terrible : Qui afflige les humains), etc.

On accorde deux Shakti à Vishnu : Lakshmî (dite aussi Shri Devî) et Bhû Devî qui peuvent aussi prendre de multiples formes et noms, selon les us et coutumes locaux.

Les attributs habituels de Vishnu sont la conque (shanka ), la roue ou disque solaire (chakra ), la massue et la fleur de lotus. Il est souvent couronné d'une haute coiffe tronconique. Son animal-monture est l'aigle Garuda , souvent représenté avec une tête humaine.

Shiva

Les Shivaïtes vénèrent Shiva. Celui-ci se manifeste rarement aux humains. Il est désigné, selon sa fonction particulière ou l'aspect qu'on lui prête dans son iconographie, d'une multitude de noms (symboliquement 1008 noms). Il peut avoir un aspect terrible (Bhairava, fréquemment dépeint en Inde du sud (Tamil Nadu) et dans la vallée de Kathmandu au Népal) mais aussi un aspect bienveillant. Parmi les noms de Shiva, on citera :

 Shiva Natarâja (Celui qui exécute la danse cosmique de destruction et création des mondes),
 Shiva Natesha (Shiva de la danse),
 Bhikshâtâna-mûrti (Celui qui mendie),
 Lingaraja (le Maître du Linga),
 Pashupati (le Maître des animaux),
 Yogeshavara (le Roi des yogi),
 Shiva Lakulîsha (le Maître des Yogi),
 Kumbeshvara (le Maître des pots),
 Nageshvara (le Maître des Nâga),
 Dakshinâmûrti (le Maître des Arts et de la Musique); il regarde vers le sud (dakshina) sur les murs des temples et porte le livre sacré des Veda
 Mahâdeva (le Grand Dieu),
 Lingodbhava-murtî (Celui qui jaillit du Lingam),
 Nîlakhanta (Shiva à la gorge bleue),
 Sundareshvara (le Beau Seigneur, vénéré à Madurai),
 Ardhanarishvara (Shiva représenté avec un côté du corps masculin, l'autre féminin),
 et, très étonnant, Harihara, représentation mixte de Shiva et de Vishnu, etc.

Shiva est fréquemment en compagnie de son épouse. Ce terme doit être compris sous le sens particulier, déjà décrit plus haut, de parèdre, ou Shakti.

La Shakti, c'est l'énergie cosmique, créatrice du dieu. Elle n'est pas réellement distincte de lui.

Selon ses fonctions, la Shakti de Shiva est bienveillante ( Pârvatî ), guerrière (Durgâ ), ou terrible et destructrice ( Kâlî ).

Néanmoins, Kâlî est souvent vénérée comme le Grande Mère, à Calcutta par exemple. Ces déesses ont elles-mêmes des formes et des noms variés. Par exemple, Pârvatî (la Montagnarde, fille du Roi des Himalayas) peut être désignée sous les noms de

 Umâ,
 Minakshi ("Celle qui a l'oeil en forme de poisson", vénérée à Madurai),
 Kumârî (vénérée au Népal),
 Mâyâ, Châmundâ, Annapûrnâ, etc..

Par exemple encore, Durgâ, souvent représentée sous la forme très connue de Mahîshâsuramardinî, Durgâ à seize bras montée sur un lion, tuant dans un combat féroce le roi des démons Mahisha qui a pris l'apparence d'un buffle.

Shiva, comme tous les dieux, porte dans ses mains des objets, des attributs particuliers qui sont les emblèmes de ses fonctions :

 le trident Trishûlâ
 la flamme que le Shiva Natarâja tient dans une main,
 le croissant de lune dans la chevelure,
 un ou des crânes,
 une hache magique (parashu),
 une peau de tigre,
 une antilope, etc.

Son vahana animal-véhicule est un beau taureau blanc, Nandi , que l'on voit partout, assis face à la porte des temples et sanctuaires dédiés à Shiva.

Mais dans ses innombrables temples, Shiva est le plus souvent adoré sous la forme symbolique du Lingam , cylindre de pierre, parfois de taille considérable, à extrémité ovoïde enchâssée dans un socle creux de forme ovoïde ou ronde, le Yoni .

L'ensemble figure le Principe Créateur, l'union du principe masculin et du principe féminin. Car il faut comprendre que Shiva ne détruit que pour permettre au cycle de la vie de se perpétuer.

Devî

La prééminence du symbolisme féminin de la Shakti accorde une place particulière aux figures divines dans les cultes. La Shakti est le Pouvoir qui permet au Dieu d'agir.

L'aspect à la fois créateur, au sens opératoire, et destructeur de la Shakti est souligné à travers une iconographie abondante.

La Shakti de chacun des trois grands Dieux de la Trimûrti, leur est fréquemment associée, sous l'un ou l'autre nom, dans l'iconographie des sculptures et autres représentations.

On englobe les Shakti sous le terme générique de Devî.

La Devî constitue, conjointement avec Shiva, Vishnu, Sûrya et Ganesh, les Pañcha Devata, les Cinq Dieux majeurs de l'Hindouisme, objets des rituels quotidiens depuis plus de 1000 ans.

Quelques autres Dieux

L'objet de cette introduction n'est pas de fournir un panorama savant sur l'hindouisme ni d'initier aux arcanes d'une religion extrêmement complexe, aux rites innombrables. C'est pourquoi l'on se limite à quelques définitions et à quelques exemples.

L'histoire de l'Inde plonge dans les racines d'un lointain passé. Les fouilles de cités anciennes (Mohenjo-Daro, Harappa) ont montré l'existence d'une civilisation agraire florissante il y a quelque quatre millénaires. Cette civilisation déclina pour diverses raisons. On a démontré, entre autres, que le fleuve Sarasvatî, sur les rives duquel s'épanouit diverses villes et une riche agriculture, changea d'orientation et disparut quasiment à la suite de sésmes.

La thèse du déclin de cette civilisation de l'Indus en raison d'incursions de tribus aryennes (éleveurs transhumants et guerriers), originaires des steppes de l'Asie centrale, n'est plus guère crédible de nos jours, même si elle a encore la faveur de divers "spécialistes". Autrement dit, la civilisation et la religion sont autochtones même si des influences ultérieures, depuis le début du second millénaire, essentiellement dues à l'Islam des Moghols, sont évidentes, surtout en Inde du nord.

Les Dieux des Veda, symbolisant initialement des éléments naturels, se rencontrent sur les murs des temples : Sûrya (le Soleil, à qui a été dédié le fameux temple de Konarak en Orissa (), Indra , (le Ciel, le Maître des Dieux), Varuna (les Eaux), Agni (le Feu), Vâyu (le Vent), Chandra (la Lune), Usha (l'Aube), etc.

Skanda

Frère de Ganesh, Skanda chevauche un paon; c'est le dieu de la guerre. Skanda est parfois représenté avec son frère Ganesh en compagnie de leurs parents Shiva et Pârvatî. Il est facile à reconnaître par sa monture, le paon. Sur d'autres représentations (Tamil Nadu) il est doté de six têtes et pour cela désigné sous le nom de Shanmukha (Shan = six, mukha = visages). A l'issue de sa compétition malheureuse avec son frère Ganesh, il décida de rester célibataire. Mais d'autres légendes le créditent de deux épouses, Valli et Devanai.

Ganesh

Ganesh est communément désigné sous le nom de Ganesha (a final peu prononcé), ou Ganapati.

Il s'agit là d'un Dieu assez particulier, d'apparition relativement tardive. Bien qu'il n'y ait pas unanimité parmi les spécialistes, on pense généralement que les premières représentations de Ganesh dateraient du début de notre ère, ainsi qu'en attestent des terres cuites récemment découvertes.

Ganesh est l'un des Dieux les plus importants de l'Hindouisme, non par le rang hiérarchique qu'il occupe, car à l'origine il était loin de figurer sur le même " plan " que les figures majeures de la Trimûrti (Brahmâ, Vishnu et Shiva), mais bien par son omniprésence dans la vie quotidienne des gens.

A telle enseigne que les innombrables fidèles de Ganesh le considèrent comme la Divinité Suprême. La secte active des Gânapatîya sur la côte Ouest de l'Inde, très active depuis plus de 1 000 ans, en témoigne.

Fils de Shiva, Ganesh n'est pas, en principe, honoré par les Vishnuïtes. Mais, en fait, on constate qu'il transcende les barrières sectaires et son universalité est telle qu'une légende en fait aussi le fils de Vishnu. On trouve parfois de petits oratoires à Ganesh dans les temples consacrés à Vishnu.

Sa qualité de Vighneshvara, "Seigneur des Obstacles" (c'est à dire de dieu capable de lever les obstacles, ainsi que d'en placer si on ne l'honore pas convenablement), le fait vénérer en tous lieux de l'Inde.

Cette ferveur a porté Ganesh au nombre des Pañcha Devata. C'est le grand philosophe du Vedanta doctrine métaphysique, un des fondements de l'hindouisme, Shankarâchârya , qui a "officialisé" ce culte de Ganesh dans l'hindouisme orthodoxe c'est à dire reconnaissant l'autorité des Veda au 9 ème siècle.

Le culte de Ganesh s'est également répandu chez les Jaïns de la branche majoritaire des Svetâmbara Ceux qui sont 
vêtus de blanc, ainsi que chez les bouddhistes du Népal et d'autres pays.

L'importance de Ganesh / Ganapati dans la période post-bouddhiste se trouve confortée par la croyance du Bouddhisme Mahâyâna que le Ganapati Hridaya mantra aurait été enseigné à Ananda par le Bouddha lui-même.

Le culte de Ganesh s'est donc répandu hors de l'Inde ( ) en Asie du sud-est, au Tibet, en Chine, en Asie Centrale, en Mongolie et au Japon en même temps que le Bouddhisme Mahâyâna.

Au Japon, par exemple, un culte spécial lui est accordé. Et l'on trouve des témoignages de sa présence, à d'autres époques, au Cambodge, durant la période Khmer, au Vietnam, en Afghanistan, en Thaïlande, en Indonésie.

Selon la définition habituelle, Ganesh ou Ganapati est "Celui qui écarte les obstacles" et le "Dispensateur du succès" (Siddhi ).

Depuis probablement plus de deux mille ans, on l'invoque au commencement des plus auspicieuses cérémonies, les mariages en particulier, et aussi lors de diverses autres occasions (inauguration d'un magasin, début d'un voyage, passage d'un examen, etc.).

C'est depuis les premières périodes médiévales (environ 9ème siècle), que les Jaïns et les Bouddhistes semblent aussi avoir incorporé Ganesh dans leur culte. Cette assimilation s'est seulement produite après le développement d'un culte spécifique à Ganesh dans la première période Gupta , à partir du 5ème siècle. Ce qui s'est passé avant cette dynastie, caractérisée par une formidable floraison cultuelle et artistique, est moins attesté, vu la rareté des preuves matérielles.

Les lieux où l'on rencontre Ganesh en Inde sont réellement innombrables. Toutes les villes, tous les villages ont leur temple ou leur oratoire, petit ou grand, une stèle, une pierre marquant symboliquement le lieu du culte...

Chacun possède son histoire ou légende locale. Et les images de Ganesh dans les jardins publics, sur les trottoirs des rues, sur les bords des ghats des fleuves, au-dessus des linteaux des portes des maisons, depuis les palais jusqu'aux maisons les plus humbles, se retrouvent partout...

Autres créatures

Elles sont littéralement innombrables :

 les symboles déifiés des fleuves majeurs ( Gangâ , Yamunâ ),

  Hanuman , le Roi des Singes, qui vient en aide à Râma dans sa lutte contre Râvana, le roi de Lankâ qui a ravi son épouse Sîtâ

 des démons comme les Râkshasa , dont le plus connu est justement le roi-démon Râvana

 des "gardiens du seuil" des temples (Dvârapâla )

 des créatures célestes comme les Kinnara, les Yakshi , les Apsarâ , les Gandharva

 les Yoginî , accompagnatrices terribles de Kâlî

 les Nâga , serpents protecteurs des Dieux

 l'armée des Gana , serviteurs de Shiva,

 des monstres comme les Yâlî ), etc.

Les dieux du Népal et du Tibet

Bien que Ganesh soit très présent au Népal (mais moins au Tibet, semble-t-il), l'on ne développera pas sur ce site la description des dieux vénérés dans ces régions. Quelques mots, cependant.

Beaucoup de formes divines sont des noms "spécialisés" du Bouddha; ce ne sont donc pas des Dieux de l'hindouisme : les cinq Jina Bouddha , les Bouddha de médecine, les parèdres des Bouddha (dont les plus connues sont la Târâ verte (Shyâmatârâ) et la Târâ blanche (Sitatârâ).

Ce sont aussi les Boddhisattva, dont le plus connu est Avalokiteshvara .

Les Boddhisattva sont des êtres accomplis ayant, par compassion envers tous les êtres vivants, fait le voeu de se réincarner autant de fois que nécessaire pour les aider dans la voie qui les guide vers la Libération.

D'autres Dieux ont pris une importance régionale considérable : c'est le cas de Bhairava (forme terrible de Shiva) au Népal, de Mahâkâla (autre forme de Shiva, sous la forme du Grand Destructeur - Kâla étant le Temps qui, effectivement détruit tout), de Vajrapani (l'un des noms d'Indra), de Palden Lamö.

On ne saurait les citer tous (encore moins les déités annexes), et ce n'est pas le propos de ce site.