Plan du chapitre |
---|
![]() ![]() |
Madurai |
|
![]() |
Capitale culturelle du Tamil Nadu, Madurai est aussi la plus ancienne cité,
puisqu'elle était déjà citée par des géographes romains.
S’il n’y a qu’une seule visite à faire à Madurai, c’est bien celle de l’immense, du prodigieux, de l’extravagant
temple de Minakshî-Sundareshvar, exemple le plus exubérant de
l'évolution tardive de l'architecture "foisonnante" des temples de l'Inde dravidienne.
Son style est Nayak
(17 ème siècle) : bien que
lieu de très anciens cultes, la plus grande partie du temple fut construite
sous le règne du roi Tirumalai Nayak (1623-1659). Mais certaines parties plus
anciennes témoignent de l'influence des Vijayanagar
qui gouvernèrent ici jusqu'à leur
défaite de Talikota (1565) contre les royaumes musulmans.
On peut y passer des heures sans se lasser. On y pénètre habituellement par le grand gopuram de l’Est, mais n’importe lequel fera l’affaire, celui du Sud, le plus mince et d’apparence le plus élevé, celui de l’Ouest où l’on arrive si on vient à pied du quartier des hôtels modestes-moyens qui se trouve dans cette direction à quelques centaines de mètres, celui du nord si l’on sort d’une de ces boutiques hors de prix où les touristes sont attendus avec des sourires qui ne cachent pas l’avidité des vendeurs.
Il s'agit en fait d'un temple double, consacré à Shiva
Sundareshvara "le Beau Seigneur" et à Meenakshi, "Celle dont les
yeux ont la forme d'un poisson", divinité locale réincorporée
dans le panthéon hindou en tant que Shakti
de Shiva
. Rappelons que la Shakti
est la parèdre, contre-partie féminine, ou plus précisément
énergie de création d'un dieu.
On admirera les immenses gopuram
, au nombre de onze, chargés de milliers
de statues peintes de couleurs vives, atteignant près de 60 m de hauteur et
également caractéristiques avec leurs arêtes légèrement
concaves qui accroissent l'effet de grande hauteur. Les gopuram sud et est sont les plus
beaux. Ils fournissent une riche matière à photos, avec ces hordes de personnages, de Dieux et
Déesses, de monstres en tous genres qui en garnissent les innombrables étages.
Décrire le temple et ses différentes parties n’est pas aisé. Partout, ce ne sont que cours et labyrinthes, halls hypostyles (mandapa) aux piliers ornés de dieux, déesses, créatures célestes et animaux fantastiques...
Cette cité sacrée vit au rythme des "pûjâ"
, rites plusieurs
fois quotidiens que les prêtres mènent pour honorer les divinités.
Les dieux sont éveillés, baignés, nourris, transportés.
Des foules de pèlerins des quatre coins de l'Inde viennent ici.
L’enceinte du bassin du lotus d’or est situé juste en face du gopuram sud. Ce joli bassin où poussent
des fleurs aquatiques est bordé d’escaliers (ghats) et entouré d’une agréable galerie périphérique
aux piliers richement sculptés (galerie ouest) et aux plafonds peints de scènes mythiques. Sur la gauche
dans cette galerie s’ouvre le temple de Minakshi (entrée aux non-Hindous). En continuant tout droit, on
pénètre dans une grand mandapa, croisant une grande allée. Juste en face, dans un sanctuaire
surélevé parfois fermé d’une porte à barreaux, se trouve le très grand et
corpulent Mukuruni Pillayar, grande statue d'une forme de Ganesh dont c'est le nom
local. Sur sa trompe, la syllabe OM, dans sa graphie tamoule
, est inscrite à la pâte de santal.
En contournant la partie centrale du temple, on arrive, sur le côté nord, au Kalyana mandapa, hall des mariages. Puis, revenant sur l’Est, on se trouve devant l’entrée du temple de Shiva Sundareshvar. L’entrée en est interdite aux non-Hindous, elle aussi, mais tout ce que l’on peut voir dans le mandapa qui précède cette entrée est à la fois profus et étourdissant. Les gigantesques piliers sont extraordinaires. On voit également quatre très grandes statues de formes terribles de Shiva et de Kâlî que les visiteurs criblent de petites boulettes de ghee (beurre). Sans doute est-ce un geste auspicieux. Plusieurs représentations de Ganesh peuvent aussi être repérées dans ce mandapa.
A l'extérieur de l'angle nord du sanctuaire de Shiva, remarquer un intéressant autel dédié aux Navagrahâ
. Les pèlerins font leur offrande de feu (boulettes de
ghee) et font neuf fois le tour de l'autel dans le sens des aiguilles d'une montre
Parallèle à l'entrée du gopuram de l'Est, une seconde entrée, à une vingtaine de mètres vers le sud, permet de passer dans l'Ashta Shakti mandapa aux peintures murales anciennes et statues de divinités
Avant de quitter le temple, on consacrera un moment à visiter le
Musée qui est installé dans le mandapa des mille
piliers (Ticket 2 Rs, plus 5 Rs pour l'appareil photo) près du gopuram est. Mal entretenu, poussièreux, sans éclairages
appropriés, sans la moindre étiquette informative, ce Musée, qui aurait besoin d'une réfection complète, est cependant intéressant pour diverses
raisons. Tout d'abord, d'un point de vue architectural, on admirera le grand et magnifique corridor qui fait face à l'entrée,
tout en éclairage de demi-pénombre, avec ses piliers ornés de monstres mythologiques. Les
deux premiers de ces piliers sont gravés de deux représentations exceptionnelles d'un splendide Ganesh debout à gauche,
avec sa Shakti assise sur son genou,
et à droite de Kârtikeya
, frère de Ganesh, assis sur un paon, son
animal-véhicule.
La seconde raison qui nous conduit à conseiller la visite de ce Musée est la présence d'un certain nombre de très
beaux bronzes de divinités, d'époque Chola
, ainsi que de sculptures de pierre. On citera pêle-mêle : plusieurs Ganesh, Bhuta Gana, Nagarâja,
Shiva Natarâja, Nandi, Yali, et un Ratha de Brahmâ.
Enfin, de l'autre côté de la rue qui passe devant le gopuram de l'Est, le Pudhu
Mandapa
a été transformé un bazar où travaillent, entre autres,
des tailleurs.
On peut, le soir, assister au milieu de grandes foules de fidèles, à la cérémonie du coucher des divinités du temple. C'est ainsi que les prêtres emmènent, en musique, le dieu Shiva rejoindre Minakshi.
A quelques km du centre ville, on s'arrêtera quelques instants au Mariamman Tepakhulam, grand bassin quadrangulaire aménagé au 17 ème siècle où, en janvier-février, à l'occasion de la fête de la pleine lune, les effigies de Shiva et de la déesse, richement parées, sont transportées en grande pompe et installées sur un radeau.
Le Gandhi Museum est consacré aux étapes de la lutte menée par l'Inde pour son indépendance depuis le dix neuvième siècle. Nombreux et intéressants documents d'époque. Le point de vue sur l'action de la puissance coloniale (la Grande Bretagne) est certes partial, mais instructif.
Tirupparankunram |
|
![]() |
Cette agglomération, proche de Madurai (10 km) est très connue pour son grand temple d’époque Nayak, dédié à Murugan, un autre nom - Tamoul- pour Kârtikeya, Subrahmanian, le frère de Ganesh. Adossé à une énorme colline granitique aride, le temple se voit de loin lorsqu'on arrive en ville.
Après une entrée marquée par des piliers colorés et
décorés de motifs animaliers, on visite deux mandapa à la suite. Le premier est pourvu de piliers gravés de statues de
plusieurs divinités et diverses boutiques d'articles religieux s'alignent sur les côtés. A
l'entrée du second mandapa, se tient un éléphant qui prodigue ses bénédictions.
Puis on passe dans un troisième mandapa. Au centre, on remarquera, côte à côte, un
énorme Nandi
encadré d'un rat de Ganesh et d'un paon de Murugan, tous regardant en direction de la cella
. Derrière eux, se dresse un beau djavastambha
doré.
Pour accéder à la cella il faut, au-delà du troisième mandapa monter une
série de marches, parvenir à un palier où se presse une foule abondante et faire la queue
pour parvenir devant la cella où des prêtres officient à longueur de
journée. On se rend alors compte que les statues divines (mûrti) ont été
excavées du rocher à une époque très ancienne.
C'est en effet un ancien sanctuaire rupestre d’époque Pandya
subsistant dans une grotte,
précédée de piliers et pilastres lourds et massifs.
En y pénétrant, on dénombre trois sanctuaires s’adossant au mur du fond,
face à la salle hypostyle, et deux autres sanctuaires latéraux. Les sculptures
massives et impressionnantes des divinités sont noircies par la fumée et
luisantes d'huiles. Sur la droite, se trouve un
très beau Ganesh puis, en avançant doucement vers la gauche, on passe
devant Durgâ
et enfin Murugan Kârtikeya, objet ici du culte principal. Les murs de retour, de
part et d'autre de cette série, sont creusés de
deux autres cellas secondaires, où sont gravées à droite un Shiva Lingam
, à gauche un Mahâvishnu
d'allure
semblable à Narasimha
mais qu'une pancarte identifie formellement.
D'autres statues peuvent encore être dénichées dans diverses salles d'époque
Pandya, ou plus tardives, que l'on découvre
à partir du troisième mandapa, vers la droite quand on regarde la cella. On peut aussi se diriger vers
la gauche : une sortie latérale du temple mène vers un
bassin des ablutions. En s'y rendant, on voit sur la gauche une école de jeunes adolescents Brahmanes
, habillés de jaune,
répétant à longueur de journée des textes sacrés en sanskrit qu'ils apprennent par
coeur.
On ne quittera pas Tirukalikundram sans se rendre (2 km), par une petite route qui contourne vers le sud la grosse
colline, jusqu'à une grotte d'époque Pandya
(8ème siècle) taillée dans la paroi rocheuse. Cette
grotte d'Umaiyantankovil est dédié au dieu Shiva
Une série de marches donne accès à une plate-forme sur laquelle s'ouvre la
grotte. De part et d'autre de l'entrée, sur la paroi rocheuse verticale, ont été
gravés, dans des niches peu profondes :
Ganapati (autre nom de Ganesh), Bhairava
accompagné de son chien, un Shiva dansant
et ses deux serviteurs et, enfin, un Ganesh très usé ainsi que des Tirthankara
en méditation, ce qui montre que ce lieu connut, à certaines époques,
des cultes Jains
.
En entrant dans la grotte, on voit sur le mur du fond un bas-relief tout à
fait remarquable représentant Heramba Ganapati (Ganesh assis en amazone sur un lion) à
cinq têtes et dix bras, entouré d'une série de huit petits Ganesh assis et à droite, un
Kârtikeya
; les deux encadrent un Shiva Natarâja
, ce dernier très abîmé. Sur le mur de droite, on reconnaît
Vishnu et Shakti
. Les gros piliers de la grotte sont décorés de lotus
gravés.
D'autres bas-reliefs sont visibles, de moindre intérêt : Shivakamasundari,
Ardhanarishvara .
Mise en page © 2008 Elephorm et Alsacréations, modifié en 2009 par Ganapati