Plan du chapitre |
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Trichy |
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Trichy, abrégé du nom véritable Tiruchirapalli, est la ville du "Rocher Sacré" qui domine abruptement la ville de ses 80 mètres vertigineux. Le lieu fit forte impression sur Pierre Loti lorsque cet écrivain bien connu le visita il y a un siècle...
Les rois Chola
y construisirent une forteresse quasiment imprenable qui fut
au fil des siècles, renforcée puis nommée le Rock Fort
par les Anglais à l'époque de la colonisation.
Le Rock Fort est un gigantesque rocher qui domine la ville de Trichy. Plusieurs temples y ont été édifiés, dont deux dédiés à Ganesh et un à Shiva. L’accès au pied du Rock passe entre deux rangées de petites échoppes d’articles religieux divers et dès le départ, au niveau de la rue, on est plongé dans une atmosphère de religiosité intense. On arrive ainsi dans un petit mandapa. A droite, s’ouvre le temple de Manicka Vinayakar (Ganesh). De nombreux dessins montrent ses différentes formes ainsi que des légendes accrochées aux murs. Précédant le sanctuaire principal, deux statues de procession (Utsav mûrti) sont placées l’une derrière l’autre, celle de l’arrière étant la plus grande et la plus belle.
En ressortant de ce temple, un autre petit sanctuaire de Ganesh semble très fréquenté. La mûrti est recouverte de plaques d’argent. Sa cella est gardée par deux Dvarapala trapus saupoudrés de cendres. Sur le côté, on remarque un petit bas-relief d’Hanuman portant la montagne.
On commence alors l’escalade des marches (ticket 1 Rs plus 10 Rs pour l’appareil photo) qui mèneront progressivement au sommet du Rock ; la première partie est couverte. Les escaliers sont plutôt faciles mais il est quand même plus agréable de grimper le matin. Après 83 marches assez raides, s’ouvrent sur les deux côtés deux vastes mandapas (accès clos), celui de droite semblant avoir de beaux piliers. Après 114 marches, à droite, une chapelle abrite un Shiva Lingam avec Ganesh et Murugan de part et d’autre de l’entrée. Un palier avec trois beaux piliers ornés de chevaux cabrés, permet de souffler à la 143ème marche (lavatory…). Un petit oratoire de Ganesh fait face. A la 180ème marche sur la gauche, un Shiva, encadré de Sarasvatî et de Lakshmî, en stuc coloré accueillent le visiteur qui commence à transpirer. On aperçoit un grand mandapa et un djavastambha, mais l’entrée est interdite aux non-Hindous. Peu après, on quitte la section couverte de la montée, qui se poursuit à l’air libre.
A la marche 204, à gauche, quelques marches donnent accès à une grotte taillée
dans le rocher, d’époque Pallava
, à piliers carrés décorés de beaux lotus
en bas-relief à la base. La cella, gardée par deux
Dvârapâla, est vide. Sur le mur latéral
qui lui fait face, un magnifique relief de Shiva Gangadhara est accompagné d’êtres célestes.
A la 270ème marche, on accède à une grande esplanade où trouvent moyen de pousser deux beaux arbres bien feuillus. Un vent plus frais souffle. Stand de boissons. C’est à flanc de rocher que se poursuit la grimpette de 140 marches dont les dernières sont assez raides.
Le temple d’Uchchi Pillayar, une forme de Ganesh, couronne le sommet du Rocher. De sa galerie périphérique, on jouit d'une vue unique sur la ville, les bassins sacrés en contrebas, l'eacute;glise St Joseph toute blanche, la rivière Kaveri et, au-delà, sur son île, le fameux et gigantesque temple de Ranganath Swami. Sur le hundi (tronc de collecte de dons) de métal devant la cella est figuré un Ganesh en laiton avec le front enfoncé. La légende dit que Nandi voyageait avec son temple portatif. Il le confia à un jeune Brahmane qui passait par là, en lui demandant de ne pas le poser au sol. Il le posa quand même et Nandi fut incapable de faire bouger la mûrti que ce petit temple contenait. Furieux, il donna un coup au visage du garçon, lui faisant un creux dans le front. Celui-ci courut alors jusqu’au sommet du Rock et s’y transforma en Vinayaka (Ganesh). Mais dans la cella, la statue en pierre ne présente pas cette particularité.
Une fois redescendu au niveau de la petite rue que l’on croise avant de retrouver le bazar, on peut consacrer quelques minutes pour aller voir un temple rupestre, superbe grotte artificielle d’époque Pallava, creusée à la base du Rocher. Tourner à droite, puis parcourir environ cent mètres et tourner à droite à nouveau dans un sentier qui passe entre des maisons pour attendre quelque 20 mètres plus loin l’entrée d’une esplanade fermée d’une grille.
La grotte comporte une salle hypostyle (mandapa) avec, sur le mur du fond, d’excellentes statues
qui y ont été gravées soit de gauche à droite : un grand bas-relief de
Ganesh à deux bras accompagné de deux Gana
, Shiva, Brahmâ, Sûrya, Durgâ. Entrée libre et enfants curieux garantis.
Les grottes du Rocher et leurs ornementations ont été dégagées du granite au 7-8 ème siècle, sous le règne de Mahendra Varman 1 er.
Ayant regagné le bazar, on peut continuer la promenade dans cette rue animée où abondent les commerces de vêtements, longer un grand bassin sacré d’où la vue sur le Rock Fort est encombrée de maints fils électriques, puis gagner un peu plus loin encore l’Eglise Saint Joseph, édifiée en 1890 à l’initiative de Jésuites de Toulouse.
Le temple de
Ranganatha Swami, dans la banlieue de Trichy, sur l'île de Shrirangam au milieu de la
Kaverià, est dédié au Dieu Vishnu
, sous sa forme de
Seigneur de l'Univers. Sa construction s'est échelonnée sur plusieurs siècles, des Chola aux Nayak
. C'est un temple immense à sept enceintes
concentriques. Les trois premières sont occupées par des maisons
d'habitation et un bazar animé.
Le premier gopuram frappe par son immensité. Il est peu décoré. En fait, on est encore dans la rue et des échoppes de commerçants s’alignent sur les côtés. Il règne une agitation de bazar. On entre enfin dans le temple, après avoir laissé, comme à l’accoutumée, les chaussures à un préposé (et achat d’un ticket à 50 Rs pour le droit de prendre des photos).
Au milieu de la cour, s’élève
un grand djavastambha, puis on passe par un mandapa à piliers ornés où sont aussi
installées quelques boutiques.
Sur la gauche, à une dizaine de mètres, se trouve le joli temple de Venu
Gopala datant du 13 ème siècle (un autre nom
de Krishna
, qui signifie "le Vacher à la flûte"), à l’architecture
élégante et aux statues qui seraient superbes si elles n’étaient pour la plupart assez
abîmées. Observer le caractère très ancien de son architecture et la finesse des bas-reliefs
de figures féminines déhanchées, comme la joueuse de vînâ
. Une vilaine balustrade empêche toute vue générale, et
une porte cadenassée interdit d’en faire le tour.
Presque en face, une entrée anonyme conduit à un escalier donnant accès
à une terrasse d’où l’on bénéficie d’une vue imprenable sur les 21 gopuram
et le toit d'or du Saint des Saints, où réside le dieu.
Passé le mandapa, on tourne à droite, passant ainsi dans le large espace laissé entre deux enceintes. Non loin sur la gauche, une allée donne sur un temple d’Indra, reconnaissable à son bel éléphant Airavata à quatre défenses tout recouvert de plaques d’argent gravées de divers motifs, qui fait face à l’entrée (Hindus only). On revient sur ses pas, notant sur la droite un petit musée un peu poussiéreux mais proposant des statues de bronze de divinités, d'époque Chola, entre autres, ainsi que de beaux ivoires sculptés.
Continuant et contournant la massive muraille, on arrive
au superbe mandapa de Sheshagiriraya très connu pour ses extraordinaires piliers
extérieurs sculptés, dans le style Vijayanagar
, de chevaux
cabrés. Les cavaliers sont armés de lances dont ils transpercent des
bêtes fauves. Le réalisme extrême de ces sculptures est
impressionnant, et leur effet saisissant.
Ces chef d’œuvre forment une rangée côté Est du mandapa. Sur une série des piliers intérieurs, on recherchera les dix Avatara du Dieu Vishnu. On continue le contournement de la partie centrale du temple, interdite aux non-Hindous, longeant au passage un petit bassin et divers temples annexes. On notera surtout un temple de Narasimha surélevé qui se signale par deux peintures murales remarquables fortement colorées.
Plus loin, le mandapa
des 1000 colonnes est également un beau monument.
A la sortie de Trichy, à Tiruvanaikkaval, sur
l’autre rive de la Kavery, se trouve le temple de Jambukeshvar, "le Seigneur du bosquet de
jambosiers", un nom local du Seigneur Shiva
. Le temple est orienté à
l’inverse de ce qu’il est coutume de
constater : le gopuram principal est à l’ouest, en sorte que toutes les dispositions dissymétriques
intérieures sont inversées.
Bâti au 17 ème siècle, il représente parfaitement le style Nayak, avec ses énormes gopuram pyramidaux de quinze étages à arêtes légèrement concaves. Il ne comporte que quatre enceintes et sept de ces gopuram mais sa superficie reste cependant gigantesque.
On franchit donc quatre gopuram successifs pour pénétrer dans les enceintes intérieures,
arrivant alors dans un immense mandapa aux très beaux piliers ornés. Quatre énormes piliers
centraux, à la croisée des allées intérieures de ce mandapa, sont renforcés
de chapiteaux en forme de lions. Ils sont gravés de remarquables scènes de Narasimha, Ganesh et plusieurs
représentations de Shiva dont celle qui confère son nom à ce temple où l’on
voit le Seigneur Shiva sous l’arbre jambosier. Le lingam
de Tiruvanaikkaval, célèbre
dans toute l'Inde pour représenter l'élément eau, est vénéré sous
cet arbre jambosier.
Ces quatre piliers monumentaux encadrent deux djavastambha (mât porte-étendard) et un joli Nandi. De ce point central, de larges allées partent latéralement. Un grand couloir mène ainsi, sur la gauche, jusqu’à un temple de la Déesse et, vers la droite, à d’autres petits mandapa.
La jambose est également chère à Ganesh qui, dans ce temple, est
représenté face à la déesse Akhilandeshvari, la Souveraine
de tout l'univers. Cette déesse présentait autrefois un aspect si redoutable
que les fidèles et visiteurs du temple la redoutaient énormément.
Au 8 ème siècle, Shankara
visita ce temple et rendit la
déesse plus aimable en lui offrant une paire de boucles d'oreilles en or et diamant et
en installant face à elle une statue de Ganesh. Ce divin enfant la fit
sourire, dit-on, pour la première fois et elle devint moins terrible. C'est dans
une partie latérale du temple que se trouve la déesse
Akhilandeshvari. De nombreuses femmes y viennent en pèlerinage, pour lui demander
de l'aide.
On pénètre ensuite dans la dernière enceinte, en principe non permise aux non-hindous, mais l’interdiction n’est pas totale. On peut ainsi faire le tour du sanctuaire central. Au cours de cette pradakshina (circumambulation), on voit, au nord, une série des 63 Saints Tamouls en bronze, et les mêmes Saints, en pierre, au sud. Au sud-ouest, un sanctuaire de Ganesh tenant sa Shakti sur ses genoux. Néanmoins, on n'a pas accès, au sanctuaire intérieur proprement dit, qui abrite le lingam immergé par l'eau d'une source.
On peut déambuler longtemps dans les mandapa, vastes salles hypostyles où règne une semi-pénombre, assister au repas d'un éléphant sacré que le cornac nourrit en enfournant profondément dans sa bouche de grosses bouchées de bouillies de céréales...
En banlieue encore, le temple de Mariamman est un endroit très fréquenté. Le temple est un vilain bâtiment moderne. Il faut se frayer un chemin à travers une foule indifférente, essayant d’éviter les détritus et flaques douteuses. Des quidam se jettent sur vous pour vous faire acheter un billet (5 Rs) vous donnant droit de faire la queue courte pour accéder au sanctuaire de la Déesse. On ne voit rien et on a l’impression que le prêtre distribue les bénédictions à la chaîne. Un coup expéditif de cendre sacrée sur le front, pas le temps de dire ouf ! et au suivant. Les quidam réclament un bakchich, pas de problème, on dit non, ils ne s’y attendaient pas vraiment.
Narthamalai |
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On peut rejoindre ce coin isolé par deux itinéraires : soit à partir de la route Trichy-Pudukottai, soit en joignant Viralimalai à Pudukottai, tourner à gauche (vers le nord) à Anavasal, par une petite route étroite mais très pittoresque serpentant à travers un paysage où apparaissent déjà des cactées, puis un ensemble de grosses collines rocheuses aux formes arrondies. Le site de Narthamalai se trouve au milieu de ces collines. Il faut laisser le véhicule et marcher à flanc de rocher (promenade aisée) pendant un km. Le paysage alentour est beau, avec ses contrastes entre l’aridité des rochers et le fond de vallée tapissé de rizières d’un vert éclatant où s’affairent des paysannes. Chemin faisant, un petit bâtiment récent sans style abrite un Ganesh ancien.
A flanc de rocher s’ouvre une esplanade; deux grottes sont creusées dans l’aplomb du rocher. La première
est marquée par deux rangées de six Vishnu debout, dans un excellent état de conservation,
encadrant l’entrée de la cella. Leur vêtement trahit la période Chola. A terre, devant eux,
sont posés deux Ganesh rustiques. La deuxième grotte, gardée par des Dvârapâla
, renferme un Shiva
Lingam
.
Sur l’esplanade, se dresse un temple élégant du 9ème siècle, du nom de
Vijayalayacholishvaram. Il est entouré de six templions (huit initialement).
L’un abrite une statue de Durgâ
, un autre une Devî, les
quatre autres sont vides. Les sculptures du temple sont érodées; on reconnaît des danseuses en
posture de Bhâratanatyam
, Shiva et Pârvatî
, des Nandi
aux angles du toit et des visages de petite taille dans des kudû
. Dans le temple, des peintures d’époque
sont assez dégradées (Shiva debout).
Sur le retour vers la route, on rencontre un temple ouvert dédié aux Ayannar, divinités protectrices qui éloignent les démons des villages.
Pudukkotai |
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L'agglomération, à 50 km au sud de Trichy, possède un petit mais joli
musée dans le quartier
de Tirugokarna, avec de fort bonnes sculptures des Sapta Mâtrikâ
, de la désse Jyestha, et d'un beau Ganesh dansant en bronze du
14ème siècle, etc...
Non loin de là, le temple de Gokarneshvar (Shiva) est assez grand, mais curieusement agencé. Les parties récentes constituent une juxtaposition de plusieurs mandapa, à des niveaux différents, et de styles variables, plus ou moins raffinés. La partie la plus intérieure du temple, à l'arrière, creusée dans le rocher, est une grotte consacrée au Shiva Lingam. A l'extérieur immédiat de la cella et du vestibule où on voit une statue de Ganesh, et encore Ganesh accompagné des Sept Mères, et un personnage (Virâbhadra ?).
Pillayarpatti |
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A peine un village que l'on peut aussi visiter à partir de Madurai, ce lieu abrite le temple du plus célèbre des Ganesh du Tamil Nadu. La bassin sacré du temple, sur le devant, n’est guère dans état avenant et le gopuram est, dont la décoration de statues n’était pas sans intérêt, sera bientôt largement caché par une haute structure en cours de construction (janvier 2004). Mais l’important n’est pas là.
Le cœur de ce temple est particulièrement ancien puisque le grand Ganesh taillé dans une paroi rocheuse à laquelle le temple est désormais adossé est daté du 4ème siècle. Ce Ganesh est magnifique et très impressionnant. Des reproductions, des photos en sont vendues un peu partout au Tamil Nadu, en sorte que son image est familière à tous, même si beaucoup ne savent pas que l’original se trouve dans cette localité isolée à l’ouest de Madurai.
Le mandapa principal est très vaste et parcouru d’allées en croisillon. Les piliers sont ornés de Yali et leurs chapiteaux de lions. Un autre mandapa, surélevé, est situé sur la gauche en entrant dans le temple ; il est très intéressant car son plafond est peint, ainsi que les lions des chapiteaux. Un deuxième temple a été incorporé tardivement au premier, dans une orientation perpendiculaire ; il est dédié au Dieu Shiva.
Mise en page © 2008 Elephorm et Alsacréations, modifié en 2009 par Ganapati